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Sélection divergente pour la longévité de la lapine en reproduction H. GARREAU 1 , V. DUCROCQ 2 , F. TUDELA 3 , G. SALEIL 1 , J. ESPARBIÉ 1 H. JUIN 4 , E. LAMOTHE 4 , SORDELLO J.J. 3 , C. LARZUL 2 1 INRA, SAGA Chemin de Borde Rouge, BP 52627, 31326, Castanet Tolosan, France 2 INRA, SGQA, Domaine de Vilvert, 78352, Jouy en Josas, France 3 INRA, SELAP, BP 52627, 31326, Castanet Tolosan, France 4 INRA, EASM, Le Magneraud, Saint-Pierre-d'Amilly, BP 52, 17700, Surgères, France Résumé. Une sélection divergente pour la longévité fonctionnelle, basée sur un index estimé grâce aux techniques d’analyse de survie, a été conduite dans la souche INRA 1077. L’expérience a été mise en place pour vérifier l’efficacité de ce type de sélection et pour analyser les conséquences sur les autres caractères de reproduction. Sachant que ces femelles sont conduites en bande, le critère retenu pour estimer la durée de vie productive a été le nombre d’inséminations artificielles sans élimination pour infertilité. L’expérience s’est déroulée sur deux générations. Un total de 48 mâles ont été testés sur descendance (10 filles/père). Sur la base de leur valeur génétique, 5 mâles "haut" et 5 mâles "bas" ont été retenus et ont servi à produire une nouvelle génération de mâles (5/père). Ces 48 nouveaux mâles ont été testés sur descendance dans les mêmes conditions pour estimer la réponse à la sélection. Une différence significative de longévité (+0.92 IA soit 39 jours) a été mesurée entre les deux lignées. Hormis pour le nombre de nés totaux plus élevé dans la lignée basse, Il n’y avait pas de différence entre les deux lignées pour les caractères de reproduction enregistrés à chaque mise-bas. Abstract. Divergent selection for longevity in breeding does. A divergent selection for functional longevity, based on genetic merit estimated through survival analysis techniques was carried out in the INRA 1077 rabbit line. The experiment was conducted to estimate the efficiency of such a selection and to analyse the consequences on other reproduction traits. Given the herd management, length of productive life was measured as the number of artificial inseminations without any culling for infertility for rabbit does. A total of 48 males were progeny tested based on the longevity of ten daughters. Based on their estimated genetic merit, 5 “high longevity” and 5 “low longevity” males were selected and produced a new generation (5 sons /sire). These 48 males were similarly progeny tested to estimate the direct and correlated responses to selection. A significant difference in longevity (+0.92 AI i.e 39 days) was observed between the two lines. Except for the total number born which was higher in the low line, there was no difference between the two lines for reproduction traits recorded for each kindling. Introduction Dans les élevages de production, la mortalité des femelles explique partiellement la "fonte de cheptel" (30 %). Les autres causes de réforme sont variées mais elles dépendent souvent de la baisse de fertilité des femelles ou de leur inaptitude à réaliser plusieurs mises-bas successives. Ce renouvellement engendre des coûts supplémentaires liés à leur remplacement. Il est également responsable de l’utilisation d’une proportion excessive de jeunes femelles qui, en raison de leur immaturité, sont moins prolifiques et plus sensibles aux maladies. Les facteurs liés à la conduite d’élevage ont permis d’améliorer la longévité des femelles, notamment par la gestion du début de carrière, la maîtrise sanitaire de l’élevage et une meilleure nutrition des femelles. L’amélioration génétique de ce caractère est également une voie pour accroître la vie productive des lapines. Cependant, la longévité est un caractère particulier qui doit être analysé selon une méthodologie spécifique, appelée analyse de survie. L’analyse du déterminisme génétique de ce caractère a montré qu'il était héritable (Sanchez et al., 2004 ; Pires et al., 2006). Il restait cependant à vérifier que ce type de sélection pouvait effectivement être appliqué dans une population de lapins et à déterminer les conséquences sur les autres caractères d’intérêt tels que la prolificité. Cette étude présente donc les résultats d’une expérience de sélection divergente sur la longévité des lapines. 1. Matériel et méthodes 1.1 La première génération Quarante-huit mâles des souches INRA 1077 et INRA 1777 ont été accouplés deux fois avec 200 femelles INRA 1077 et INRA 1777 pour produire, à 4 mois d’intervalle, deux bandes de 240 femelles en conservant 5 filles par mâle dans chaque bande. Les accouplements et les naissances ont été réalisés à la station expérimentale INRA (SELAP). Les femelles de la première bande ont été transférées après leur sevrage à l’installation expérimentale de la SAGA (Auzeville). Les femelles de la deuxième bande ont été transférées le lendemain de la naissance à l’unité expérimentale EASM (Magneraud). Les lapereaux ont été adoptés par un troupeau de femelles EOPS (Exempt d’Organismes Pathogènes Spécifiques) allaitantes. Les lapines des 2 bandes ont été mises à la reproduction pendant 7 séries d’insémination (IA) à partir de l’âge de 19 et 16 semaines sur les sites expérimentaux respectifs de l’EASM et de la SAGA. Elles ont été réformées après le sevrage des lapereaux 12èmes Journées de la Recherche Cunicole, 27-28 novembre 2007, Le Mans, France 129

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Sélection divergente pour la longévité de la lapine en reproduction

H. GARREAU1, V. DUCROCQ2, F. TUDELA3, G. SALEIL1, J. ESPARBIÉ1

H. JUIN4, E. LAMOTHE4, SORDELLO J.J.3, C. LARZUL2

1INRA, SAGA Chemin de Borde Rouge, BP 52627, 31326, Castanet Tolosan, France2INRA, SGQA, Domaine de Vilvert, 78352, Jouy en Josas, France

3INRA, SELAP, BP 52627, 31326, Castanet Tolosan, France4INRA, EASM, Le Magneraud, Saint-Pierre-d'Amilly, BP 52, 17700, Surgères, France

Résumé. Une sélection divergente pour la longévité fonctionnelle, basée sur un index estimé grâce aux techniques d’analyse de survie, a été conduite dans la souche INRA 1077. L’expérience a été mise en place pour vérifier l’efficacité de ce type de sélection et pour analyser les conséquences sur les autres caractères de reproduction. Sachant que ces femelles sont conduites en bande, le critère retenu pour estimer la durée de vie productive a été le nombre d’inséminations artificielles sans élimination pour infertilité. L’expérience s’est déroulée sur deux générations. Un total de 48 mâles ont été testés sur descendance (10 filles/père). Sur la base de leur valeur génétique, 5 mâles "haut" et 5 mâles "bas" ont été retenus et ont servi à produire une nouvelle génération de mâles (5/père). Ces 48 nouveaux mâles ont été testés sur descendance dans les mêmes conditions pour estimer la réponse à la sélection. Une différence significative de longévité (+0.92 IA soit 39 jours) a été mesurée entre les deux lignées. Hormis pour le nombre de nés totaux plus élevé dans la lignée basse, Il n’y avait pas de différence entre les deux lignées pour les caractères de reproduction enregistrés à chaque mise-bas.Abstract. Divergent selection for longevity in breeding does. A divergent selection for functional longevity, based on genetic merit estimated through survival analysis techniques was carried out in the INRA 1077 rabbit line. The experiment was conducted to estimate the efficiency of such a selection and to analyse the consequences on other reproduction traits. Given the herd management, length of productive life was measured as the number of artificial inseminations without any culling for infertility for rabbit does. A total of 48 males were progeny tested based on the longevity of ten daughters. Based on their estimated genetic merit, 5 “high longevity” and 5 “low longevity” males were selected and produced a new generation (5 sons /sire). These 48 males were similarly progeny tested to estimate the direct and correlated responses to selection. A significant difference in longevity (+0.92 AI i.e 39 days) was observed between the two lines. Except for the total number born which was higher in the low line, there was no difference between the two lines for reproduction traits recorded for each kindling.

IntroductionDans les élevages de production, la mortalité des femelles explique partiellement la "fonte de cheptel" (30 %). Les autres causes de réforme sont variées mais elles dépendent souvent de la baisse de fertilité des femelles ou de leur inaptitude à réaliser plusieurs mises-bas successives. Ce renouvellement engendre des coûts supplémentaires liés à leur remplacement. Il est également responsable de l’utilisation d’une proportion excessive de jeunes femelles qui, en raison de leur immaturité, sont moins prolifiques et plus sensibles aux maladies. Les facteurs liés à la conduite d’élevage ont permis d’améliorer la longévité des femelles, notamment par la gestion du début de carrière, la maîtrise sanitaire de l’élevage et une meilleure nutrition des femelles. L’amélioration génétique de ce caractère est également une voie pour accroître la vie productive des lapines. Cependant, la longévité est un caractère particulier qui doit être analysé selon une méthodologie spécifique, appelée analyse de survie. L’analyse du déterminisme génétique de ce caractère a montré qu'il était héritable (Sanchez et al., 2004 ; Pires et al., 2006). Il restait cependant à vérifier que ce type de sélection pouvait effectivement être appliqué dans une population de lapins et à déterminer les conséquences sur les autres

caractères d’intérêt tels que la prolificité. Cette étude présente donc les résultats d’une expérience de sélection divergente sur la longévité des lapines.

1. Matériel et méthodes1.1 La première générationQuarante-huit mâles des souches INRA 1077 et INRA 1777 ont été accouplés deux fois avec 200 femelles INRA 1077 et INRA 1777 pour produire, à 4 mois d’intervalle, deux bandes de 240 femelles en conservant 5 filles par mâle dans chaque bande. Les accouplements et les naissances ont été réalisés à la station expérimentale INRA (SELAP). Les femelles de la première bande ont été transférées après leur sevrage à l’installation expérimentale de la SAGA (Auzeville). Les femelles de la deuxième bande ont été transférées le lendemain de la naissance à l’unité expérimentale EASM (Magneraud). Les lapereaux ont été adoptés par un troupeau de femelles EOPS (Exempt d’Organismes Pathogènes Spécifiques) allaitantes.Les lapines des 2 bandes ont été mises à la reproduction pendant 7 séries d’insémination (IA) à partir de l’âge de 19 et 16 semaines sur les sites expérimentaux respectifs de l’EASM et de la SAGA. Elles ont été réformées après le sevrage des lapereaux

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de la 7ème série. Des femelles de renouvellement, qui ne participaient pas au protocole, ont été introduites régulièrement dans la cellule pour maintenir constantes les conditions de production. Les politiques de réformes ont été standardisées entre les deux élevages. Les femelles étaient réformées seulement pour très mauvais état général ou sanitaire au moment de l’IA. Les portées n’étaient pas standardisées.1.2. La sélection des mâles A l’issue des 7 IA des femelles de la G1 une analyse de survie a été réalisée à l’aide du "kit de survie" (Ducrocq et Solkner, 1998). Ce logiciel a été développé par l’INRA pour estimer les effets agissant sur la survie. Les modèles utilisés par le kit de survie sont appliqués à une variable de temps. Le nombre d’IA réalisées sur les femelles a été retenu comme critère de durée de vie productive et analysé en variable discrète. Les effets introduits dans le modèle ont été : la saison intra élevage, le rang de portée, la taille de portée, le père et le grand-père maternel. L’estimation de l’effet père (valeur génétique de longévité) a permis de classer les mâles sur leur index de longévité. Les cinq mâles présentant les valeurs génétiques de longévité les plus faibles et, respectivement, les plus fortes ont été retenus pour constituer la lignée basse (B) et, respectivement, la lignée haute (H). L’écart moyen de valeurs génétiques entre les deux groupes de mâles sélectionnés représentait 3 écart-types d’index.Chacun des 5 mâles de la lignée basse et haute a été accouplé avec 4 femelles INRA 1077 ou INRA 1777. Les accouplements et les naissances ont été réalisés à la station expérimentale de la SELAP Quarante-huit mâles issus de ces accouplements (environ 5 par père) ont été choisis au hasard.1.3. La réponse à la sélectionComme pour la première génération, les quarante-huit mâles de la seconde génération ont été accouplés à deux fois 200 femelles pour produire deux bandes de 240 femelles. Les femelles ont été transférées dans les conditions décrites précédemment vers les deux élevages expérimentaux. Les lapines ont été conservées jusqu’au sevrage des lapereaux issus de la 8ème IA.1.4. Les mesuresLes femelles étaient élevées en cage individuelle. Elles étaient inséminées toutes les 6 semaines, avec de la semence de mâles issus d’une lignée paternelle lourde. Les mâles utilisés à la SAGA et à l’EASM appartenaient à des lignées différentes. Les lapereaux étaient sevrés à 30 jours. Pour les performances de reproduction, les mesures enregistrées étaient le nombre de nés totaux, le nombre de nés vivants et le nombre de lapereaux sevrés. Le nombre total de nés et de nés vivants a été calculé pour chaque lapine sur l’ensemble de sa carrière. Le critère de longévité retenu était le nombre

d’IA. Les femelles encore présentes après la 8ème IA ont été considérées comme "censurées" : pour ces femelles, la durée réelle de leur carrière est inconnue puisqu'elles étaient encore présentes en 8e IA. La prise en compte de cette censure dans l’analyse permet de ne pas faire d’hypothèse sur la valeur exacte de la durée de carrière. La vraie valeur de leur longévité est au moins égale à la valeur mesurée.

2. RésultatsLa courbe de survie des 2 bandes de la première génération est donnée dans la figure 1. Les mortalités ont été plus élevées dans la bande conduite à la SAGA que dans la bande conduite à l’EASM. Les courbes de survie des femelles de la deuxième génération sont représentées dans la figure 2 par lignée et par élevage. Une analyse de survie des femelles de cette génération a permis de mettre en évidence l’effet significatif de la lignée (p=0,001). La différence de longévité entre les 2 lignées est de 0,92 IA soit 39 jours. Comme dans la première génération, les mortalités ont été plus élevées à la SAGA qu’à l’EASM. Les différences de survie entre les 2 lignées s’expliquent essentiellement par les éliminations à la SAGA (26% des femelles dans la lignée basse contre 14% dans la lignée haute), les mortalités étant équivalentes dans les 2 lignées. De même, à l’EASM les mortalités et les éliminations sont plus fortes dans la lignée basse que dans la lignée haute (33 % contre 15 % et 19 % contre 7 % respectivement).Tableau 1. Destination des femelles de la génération 2 : Proportion de femelles mortes et de femelles éliminées par lignée et élevage.

Lignée B Lignée H SAGA EASMSAGAEASMMortes (%)dont autour mise bas

5623

3320

5413

156

Eliminées (%)dont mauvais état général

2610

197

144

72

Le nombre de portées réalisées par femelle était significativement différent entre les 2 lignées (4,26 dans la lignée haute contre 3,64 dans la lignée basse). Le nombre de nés totaux était plus élevé dans la lignée basse que dans la lignée haute (9,93 contre 9,45) mais il n’y a pas eu de différences significatives entre les deux lignées pour le nombre de nés vivants ou sevrés par mise-bas (tableau 2). En revanche, compte tenu des différences de longévité, quand il est mesuré sur l’ensemble de la carrière, le nombre de nés vivants et de lapereaux sevrés est supérieur pour les femelles de la lignée haute (+ 5 lapereaux).

3. DiscussionLes différences de longévité entre les deux élevages s’expliquent principalement par des raisons sanitaires. A la SAGA, les femelles ont été soumises à un épisode pathologique à la deuxième génération (pasteurelles après la deuxième IA). Cela a d’ailleurs entraîné la mise en place d’une couverture

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Tableau 2. Fertilité, tailles de portée par mise-bas et nombres de lapereaux nés vivants et sevrés, par lapine sur l’ensemble de leur carrière dans la lignée haute (H) et dans la lignée basse (B).

Lignée B Lignée H Effet lignéeFertilité (%) 70,5 68,9 NSNombre de portées 3,64 4,26 ***Nés Totaux / mise-bas 9,93 9,45 *Nés vivants / mise-bas 8,88 8,79 NSSevrés / portée sevrée 7,81 7,89 NSTotal nés vivants / femelle 32,3 37,0 *Total sevrés / femelle 24,6 29,5 **Significativité du test : NS : Non significatif, * : P< 0,05, ** : P<0,01, *** : P<0,001

Figure 1 : Courbe de survie des femelles de la génération 1 élevées à l’EASM et à la SAGA

0

0.2

0.4

0.6

0.8

1

1 2 3 4 5 6 7

Nombre d'IA

EASM

SAGA

Figure 2 : Courbe de survie des femelles de la lignée haute (H) et de la lignée basse (B) de la génération 2 élevées à l’EASM et à la SAGA

0

0.2

0.4

0.6

0.8

1

1 2 3 4 5 6 7 8

Nombre d'IA

Lignée H SAGA

Lignée B SAGA

Lignée H EASM

Lignée B EASM

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antibiotique qui peut avoir atténué les différences entre les deux lignées. En revanche, à l’EASM, les femelles n’ont subi aucun épisode pathologique et aucune couverture antibiotique n’a été mise en place.Cette distinction entre les deux élevages a mis en évidence que les différences de longévité peuvent être plus marquées dans un environnement « favorable » (bon niveau sanitaire, pas d’antibiotiques) que dans un environnement plus difficile (niveau sanitaire moins exigeant avec utilisation d’antibiotiques). L’absence de différence entre les deux lignées pour les caractères numériques de la portée était attendue. En effet, bien que les relations génétiques entre productivité et longévité soient mal connues, elles semblent relativement faibles. Ainsi, Tudela et al. (2003) ont montré que la sélection sur la taille de portée n’accroissait pas le risque de réforme. Sanchez et al. (2006) ont estimé des corrélations génétiques entre la longévité et le nombre de nés vivants et sevrés. Les corrélations estimées avaient des valeurs faibles, non significativement différentes de 0. Cependant, en analysant plus finement l’évolution de la taille de la portée au cours de la carrière dans une lignée sélectionnée pour la taille de portée et une lignée créée pour avoir une grande longévité, Theilgaard et al. (2007) ont montré que la taille de portée pouvait ne pas différer en moyenne mais que des différences pouvaient apparaître lorsque le niveau de parité augmentait.

ConclusionLa mise en oeuvre expérimentale d’une sélection divergente sur la longévité avait pour but de vérifier la validité des résultats déjà obtenus, de déterminer les conséquences sur les autres caractères de reproduction et de proposer une solution adéquate à l’augmentation de la carrière reproductive des lapines. Les résultats

de cette expérimentation permettront en outre une caractérisation plus fine du déterminisme de la longévité de lapine, ce résultat pouvant également être d’intérêt pour d’autres espèces.

RemerciementsLes auteurs remercient les personnels de la SELAP, de l'unité expérimentale d’Auzeville et de l’EASM pour leur participation technique. Ce projet a reçu le soutien financier du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, dans le cadre d'une action innovante d'acronyme SELONG financée par le bureau de la génétique animale de la DGPEI.(Direction générale des politique économique, européenne et internationale).

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SÁNCHEZ J.P., BASELGA M., DUCROCQ V., 2006. Genetic and environmental correlations between longevity and litter size in rabbits. J. Anim. Breed. Genet., 123, 180-185.

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THEILGAARD P., SÁNCHEZ J.P., PASCUAL J.J., BERG P., FRIGGENS N., BASELGA M., 2007. Late reproductive senescence in a rabbit line hyper selected for reproductive longevity, and its association with body reserves. Genet. Sel. Evol. 39, 207-223.

TUDELA F., HURTAUD J., GARREAU G., DE ROCHAMBEAU H., 2003. Comparaison des performances zootechniques de femelles parentales issues d’une souche témoin et d’une souche sélectionnée sur la productivité numérique. 10èmes Journ. Rech. Cun., Paris, France, 53–56.

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Sélection sur la variabilité du poids des lapereaux à la naissance.Réponses à la sélection et caractéristiques de l'utérus des lapines.

G. BOLET1, H. GARREAU1, J. HURTAUD2, G. SALEIL1, J. ESPARBIÉ1, J. FALIERES1, M. THEAU-CLEMENT1, L. BODIN1

1 INRA, SAGA, BP 52627, F31326 Castanet-Tolosan, France2 Grimaud Frères Sélection, La Corbière F49450 Roussay, France

Résumé. Une expérience de sélection divergente sur la variabilité intra-portée du poids des lapereaux à la naissance a été conduite par l'INRA. Deux lignées divergentes ont été sélectionnées à partir de la souche AGP22 (Grimaud Frères sélection). Cette sélection "canalisante" implique un nouveau modèle incluant une valeur génétique pour la moyenne et une valeur génétique pour la variabilité environnementale. Il y a eu une divergence significative pour l'écart-type du poids des lapereaux intra-portée entre les lignées sélectionnées pour augmenter (HOM) et diminuer (HET) l'homogénéité de la portée. Une réponse corrélée favorable a été observée pour la viabilité des lapereaux à la naissance et entre la naissance et le sevrage ; il n'y a pas eu d'effet sur le poids moyen des lapereaux à la naissance. Des femelles ont été abattues à la fin de la 3ème et de la 6ème génération pour mesurer la longueur des cornes utérines et leur élasticité en ajoutant un poids de 50 g puis 70 g. la longueur et l'élasticité des cornes utérines de la lignée HOM étaient significativement supérieures à celles de la lignée HET, quel que soit le poids ajouté.Abstract. Canalising selection on within litter variabilty of birth weight in rabbits: responses to selection and characteristics of the uterus of the does. A divergent selection experiment on within litter homogeneity of birth weight in rabbits was carried out at INRA. The two lines have been created by selecting breeding does and bucks from the female strain AGP22 bred at the Grimaud Frères Sélection Company. This involved a new model incorporating a genotypic value for the mean and a genotypic value for the environmental variance. There was a favourable selection response with a significant difference in within-litter standard deviation of birth weight between the lines selected for increasing (HOM) or decreasing (HET) the homogeneity. There was a favourable correlated response for the young survival at birth and from birth to weaning, and no effect of selection for variability on individual weight of young at birth. At the end of the 3 rd and the 6th generation, females were sacrificed to collect the uterine horns and measure their initial length and their length after elongation with a weight of 50 g and then 70 g. The length and the elongation were significantly higher in the homogeneous line.

IntroductionLe poids à la naissance des lapereaux au sein d'une portée est très hétérogène (Bolet et al., 1996). Les lapereaux les plus légers sont susceptibles de mourir très vite ou, s'ils survivent, d'être plus sensibles aux maladies (Poignier et al., 2000). Il est possible, en homogénéisant le poids des portées par des transferts de lapereaux, d'augmenter les chances de survie des plus chétifs (Perrier et al., 2003). Mais cette technique est fastidieuse ; de plus, elle augmente les risques de dissémination de maladies.Une sélection pour réduire la variabilité du poids à la naissance au sein de la portée serait une solution séduisante, à condition qu'elle ne contribue pas à réduire le poids moyen. L'objectif est donc d'agir par sélection sur la variabilité d'un caractère, et non sur sa moyenne. C'est ce qu'on appelle la sélection "canalisante". En génétique quantitative, des modèles ont été développés avec l'hypothèse que, en plus des facteurs de milieu, des effets génétiques peuvent modifier la variabilité environnementale d'un caractère (San Cristobal et al. 1998). La part génétique additive de cette variabilité est généralement faible (Bodin et al., 2002), et l'efficacité de cette méthode n'a jamais été vérifiée expérimentalement. C'est pourquoi une expérience de sélection divergente sur l'homogénéité du poids des

lapereaux à la naissance a été entreprise en 2001 par l'INRA et Grimaud Frères Sélection. Nous présentons ici les résultats de 7 générations de sélection divergente. Par ailleurs, nous avons comparé les caractéristiques de l'utérus des lapines, pour vérifier si elles avaient évolué différemment dans les lignées divergentes.

1. Matériel et méthodes1.1. Animaux et sélection des lignées divergentesLes deux lignées divergentes ont été crées à partir de 193 femelles et 108 mâles de la lignée AGP22 (Grimaud Frères Sélection). Pour constituer la première génération (G0) de la lignée "hétérogène" (HET), les 15 femelles et 4 mâles ayant les plus faibles valeurs génétiques pour la variabilité du poids à la naissance ont été retenues ; de même, 14 femelles et 5 mâles ayant les plus fortes valeurs génétiques ont été retenues pour constituer le G0 de la lignée homogène (HOM). Les femelles ont été introduites à l'élevage expérimental de l'INRA, tandis que les mâles restaient dans l'élevage d'origine et étaient utilisés en insémination artificielle. A chaque génération, une estimation des valeurs génétiques des mâles et des femelles était réalisée après 3 séries d'inséminations pour sélectionner dans chaque lignée les reproducteurs de la génération suivante. Les résultats analysés concernent les générations G0 à G7.

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1.2. Calcul des valeurs génétiquesNous avons utilisé le modèle développé par San Cristobal-Gaudy et al. (1998) introduisant une valeur génétique pour la moyenne et une valeur génétique pour la variabilité environnementale, toutes deux associées à une seule valeur phénotypique. Le caractère analysé, mesuré dans la population de base, était le poids individuel des lapereaux vivants à la naissance attribué à la femelle mère des lapereaux. Nous avons estimé dans un premier temps les paramètres génétiques de la moyenne du caractère. Nous avons ensuite estimé les paramètres génétiques d’une fonction de la résiduelle, qui contient l’information relative à la variabilité environnementale, à l’aide d’un autre modèle introduisant à son tour des effets de milieu et des effets génétiques. Nous avons utilisé pour ces 2 analyses la méthode du REML appliquée à un modèle animal, à l’aide du logiciel VCE (Neumaier et Groeneveld, 1998). Ces paramètres génétiques nous ont permis de calculer pour chaque animal de la population fondatrice une valeur génétique BLUP de la variance du poids à la naissance, en utilisant le logiciel PEST (Groeneveld et Kovac, 1990). 1.3.Caractéristiques du tractus génital des femellesAu sevrage de leur 3ème portée, les femelles de la G3 (31 dans la lignée HOM et 33 dans la lignée HET) ont subi un traitement de superovulation et ont été sacrifiées 72 heures après avoir été inséminées. Nous avons relevé le nombre de corps jaunes, le poids de chaque ovaire. Chaque corne utérine a été isolée, séparée de son tissu conjonctif, perfusée pour recueillir les embryons et pesée. Ensuite, elle a été suspendue à un support et mesurée, après avoir été lestée pendant 1 minute, d'abord avec un poids de 5 g pour assurer sa tension (longeur=L1), puis un poids de 50 g (L2), puis un poids de 70 g (L3). L'objectif était de mesurer sa longueur initiale et son élasticité. Les mêmes mesures ont été faites sur 64 femelles à la fin de la G6 (31 de la lignée HET et 33 de la lignée HOM) 72 heures après insémination, sans traitement de superovulation. 1.4.Analyses statistiquesRéponse à la sélectionLes variables analysées sont : l'écart-type du poids des lapereaux intra-portée à la naissance (ETN) et au sevrage (ETS), le nombre de lapereaux nés totaux (NT), nés vivants (NV) et sevrés (NS) par portée, le poids individuel des lapereaux à la naissance (PN), le taux de mortalité à la naissance (TMN) et de la naissance au sevrage (TMNS). Des analyses de variance ont été réalisées avec le logiciel SAS. Dans tous les modèles figuraient les effets fixés de la génération et de la lignée intra-génération. Différentes procédures ont été utilisées en fonction des variables : GLM avec l'effet fixé du numéro de portée pour NT, NV, NS, ETN, ETS, PN, et GENMOD avec l'effet fixé du numéro de portée pour TMN et TMNS. Pour

PN, l'effet aléatoire de la mère et la covariable taille de portée ont été ajoutés aux modèle (pour plus de détail sur ces analyses, voir Garreau et al., 2004).Mesures du tractus génital.Les conditions expérimentales étant très différentes, les deux générations ont été analysées séparément. Nous avons soumis les données à une analyse de variance avec les effets fixés lignée (HOM et HET), côté (droite et gauche) et les autres effets fixés qui différaient dans les deux générations (lot, état physiologique, taille de la portée précédente) Les variables analysées sont le nombre de corps jaunes, le poids des ovaires et des cornes utérines, la longueur à chaque mesure (L0, L1, L2) et l'élongation (∆L1= L1 – L0 ; ∆L2= L2 – L1 ; ∆LT= L2 – L0).

2. Résultats2.1. Réponses à la sélectionLes analyses de variance font apparaître pour toutes les variables un effet significatif de la lignée intra-génération. Figure 1. Différence entre les lignées homogène et hétérogène (HOM – HET) pour l'écart-type intra-portée du poids à la naissance (en grammes).

-1.8

-1.6

-1.4

-1.2

-1

-0.8

-0.6

-0.4

-0.2

00 1 2 3 4 5 6 7

Génération

L'écart-type intra-portée du poids des lapereaux à la naissance diverge entre les deux lignées dès la G0, (figure 1). La différence d'écart-type entre lignées est alors d'environ 0,6 g, soit 7% de la moyenne de cet écart-type (8,7 g en G0). En G7, la différence entre lignées atteint 1,6 g, soit 19% de la moyenne de cet écart-type (7,7 g en G7). Cet écart se retrouve au sevrage, puisque la différence d'écart-type entre lignées va de 5 g. en G0 (6% de la moyenne de cet écart-type) à 9 g en G7 (12% de la moyenne) (figure 2). Il est intéressant d'observer que cette sélection n'a pas d'effet sur la moyenne du poids des lapereaux à la naissance, qui ne diverge pas entre lignées en dehors de fluctuations entre générations sans tendance nette (figure 3). On observe une réponse corrélée sur la mortalité des lapereaux : le taux de mortinatalité est inférieur dans la lignée homogène, cette différence apparaissant dès la G0 et variant de 1,4 à 9,5 points de pourcentage, sauf en G7. Le taux de mortalité naissance-sevrage tend également à être inférieur dans la ligné HOM (figure 4).

12èmes Journées de la Recherche Cunicole, 27-28 novembre 2007, Le Mans, France134

Figure 2. Différence entre les lignées homogène et hétérogène (HOM – HET) pour l'écart-type intra-portée du poids au sevrage (en grammes).

-14

-12

-10

-8

-6

-4

-2

00 1 2 3 4 5 6 7

Génération

Figure 3. Différence entre les lignées homogène et hétérogène (HOM – HET) pour le poids individuel des lapereaux à la naissance (en grammes).

Génération

-3

-2

-1

0

1

2

3

4

0 2 4 6 8

Figure 4. Différence entre les lignées homogène et hétérogène (HOM – HET) pour le taux de mortinatalité et de mortalité naissance-sevrage (en %).

-18

-16

-14

-12

-10

-8

-6

-4

-2

0

2

0 1 2 3 4 5 6 7

génération

Mortalité naissance-sevrage Mortinatalité

2.2. Caractéristiques du tractus génitalNous ne présentons pas ici les résultats concernant les effets autres que la lignée et le côté, car ils sont spécifiques à chaque expérience. Ils sont présentés plus en détails par Bolet et al. (2007) et Theau-Clement et al. (2007) pour la G3. Pour les deux générations, il n'y a pas d'effet significatif du côté sur les variables analysées.L'effet de la lignée n'est pas significatif sur le nombre de corps jaunes. En G3, le poids des ovaires et des cornes utérines ne diffère pas entre lignées, alors qu'il est significativement plus élevé dans la lignée HOM en G6.Le principal résultat est l'effet significatif à très

significatif de la lignée sur la longueur et l'élasticité des cornes utérines. Quelle que soit la génération et l'élongation à laquelle elle est soumise, la corne utérine de la lignée HOM est plus longue et plus élastique (figure 5). Figure 5. Longueur initiale (L0) et élongation de la corne utérine après ajout d'un poids de 50 g. (L1) ou 70 g. (L2) dans les deux lignées divergentes en 3ème (5a) et sixième (5b) générations.

5a

100

150

200

250

L0 L1 L2

Long

ueur

(mm

)HOM HET

***

*

***

5b

50

100

150

200

L0 L1 L2

Lon

gueu

r (m

m)

HOM HET

***

***

***

3. DiscussionL'objectif de la sélection canalisante est d'agir sur la variabilité et non la moyenne des caractères sélectionnés. Son efficacité théorique avait déjà été montrée (Bodin et al., 2002), mais c'est la première fois qu'une réponse positive chez des animaux d'élevage est mise en évidence. Bien que la sélection ne porte pas directement sur l'écart-type du poids, mais sur un critère plus complexe (Garreau et al., 2004), la différence entre lignées atteint 19% de la moyenne de cet écart-type au bout de 7 générations. Il faut toutefois noter qu'une grande partie de la différence entre lignées s'est établie dès la première génération, car la pression de sélection a été beaucoup plus importante en G0, les deux lignées ayant été constituées à partir d'une grande population, que dans les générations suivantes. L'évolution de la variabilité du poids au sevrage similaire à celle du poids à la naissance semble indiquer à tout le moins que la corrélation entre ces deux paramètres n'est pas négative.L'absence d'évolution du poids du lapereau à la naissance montre qu'il est possible d'agir sur la variabilité d'un caractère indépendamment de la moyenne. L'hypothèse de base de la méthode

12èmes Journées de la Recherche Cunicole, 27-28 novembre 2007, Le Mans, France135

employée est qu'il existe des gènes agissant sur la variabilité d'un caractère et, au moins partiellement, indépendants de ceux agissant sur la moyenne. Nos résultats confirmeraient cette hypothèse, bien qu'il soit peu probable qu'il y ait une totale indépendance génétique entre moyenne et variance. Ainsi, chez le porc, Damgaard et al. (2003) ou Huby et al. (2003) ont mis en évidence une corrélation génétique positive entre moyenne et écart-type du poids à la naissance.Une réponse indirecte a été observée pour la mortalité des lapereaux de la naissance au sevrage, en faveur de la lignée sélectionnée pour l'homogénéité. Ce résultat est en accord avec les corrélations génétiques calculées chez le porc par Damgaard et al. (2003) et Huby et al. (2003). Chez le porc, Milligan et al. (2002) observent qu'une forte variabilité du poids à la naissance est associée avec un faible taux de survie, indépendamment de la taille de portée.Nos résultats montrent que la longueur et l'élasticité des cornes utérines sont significativement supérieures dans la lignée homogène. Cette observation a été faite dans les tous premiers jours de gestation, mais a une incidence sur la suite de la gestation. Bolet et al. (1996) ont mis en évidence, en comparant des lapines ovariectomisées unilatéralement à des témoins, que l'élasticité de l'utérus permettait de compenser le surpeuplement d'une corne utérine sans effet majeur sur le poids moyen des lapereaux. Lebas (1982) a montré que l'emplacement du foetus dans la corne utérine avait un effet sur son poids, ceux situés aux extrémités étant plus lourds. La sélection divergente a-t-elle agi en réduisant ce phénomène dans la lignée homogène, ou par d'autres mécanismes concernant le métabolisme de la corne utérine ? Sous l'influence des oestrogènes et de la progestérone, le myomètre est soumis pendant la gestation à une hyperplasie et une hypertrophie (Gilloteaux et Szczepanski, 2000) ; il sera donc intéressant de comparer, au delà de l'élasticité, les caractéristiques du tissu musculaire utérin.

ConclusionC'est la première fois qu'une réponse positive à une sélection canalisante, agissant sur la variabilité et non la moyenne, a été observée chez des animaux d'élevage. Ce résultat sur la variabilité du poids à la naissance est accompagné de réponses corrélées favorables sur la viabilité des lapereaux. Ce résultat est suffisamment significatif pour que cette méthode de sélection ait d'ores et déjà été mise en oeuvre chez le sélectionneur associé à ces travaux. A l'INRA, cette expérience se poursuit pour mieux comprendre les mécanismes physiologiques et rechercher des gènes impliqués dans cette réponse.

RemerciementsNous remercions la société Grimaud Frères Sélection pour son implication dans ce projet et le personnel de

l'élevage expérimental de l'INRA à Auzeville pour la qualité du travail sur les lapereaux nouveau-nés.

RéférencesBODIN, L., ROBERT-GRANIÉ, C., LARZUL, C., ALLAIN, D., BOLET, G.,

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Comparaison phénotypique de lapins de race Brun Marron de Lorraine issus d'embryons congelés en 1992 avec des lapins de la

même population vivant en 2007.

S. BOUCHER1, J.J. MENIGOZ2, P. SALVETTI3, T. JOLY3, J. ARNOLD2, J. HURTAUD4

1LABOVET CONSEIL (Réseau Cristal) - BP 539 - 85505 Les Herbiers cedex, France2FFC, 28 rue du Rocher, 75008 Paris, France

3Université de Lyon, ENVL/ISARA-LYON, unité CRYOBIO, 1 avenue Bourgelat, 69280 Marcy L’Étoile, France

4Grimaud Frères Sélection – La Corbière – 49450 Roussay, France

Résumé. 40 lapins de race Brun Marron de Lorraine issus d’embryons congelés en 1992 sont comparés phénotypiquement, à l’âge de 6 mois, à 39 lapins de la même race, descendants des mêmes familles, élevés actuellement. On note une nette amélioration de la conformation des sujets mais une dégradation de la forme de la tête qui s’arrondit au lieu d’être anguleuse. La masse des lapins, leurs couleur, sous-couleur et entre couleur restent inchangées. Les auteurs notent donc que la race n’est pas figée et que la cryobanque devrait prendre en compte cette évolution. Il serait sans doute utile de prévoir la congélation d’embryons selon un rythme déterminé, à des intervalles définis, pour prendre en compte la variation génétique probable des races de lapins. Abstract. Phenotypic comparison of rabbits of breed Brun Marron de Lorraine resulting from embryos frozen in 1992 with rabbits of the same population and alive in 2007. Forty rabbits of the Brun Marron de Lorraine breed, issuing from embryos frozen in 1992, were compared phenotypically, at 6 months of age, to 39 rabbits of the same breed, descendants of the same families. There was a clear improvement of the conformation but a degradation of the shape of the head which swells instead of being angular. The mass of rabbits, their colour, under-colour and between colour remained unchanged. The authors thus note that the breed is not fixed and that the cryobank should allow to take into account this evolution. It would undoubtedly be useful to plan the freezing of embryos according to a determined rhythm, with defined intervals, to take into account the probable genetic variation of the rabbit breeds.

IntroductionLa cryobanque nationale a été officiellement inaugurée en 2003 (Danchin-Burge et al., 2003). Dans le cadre de la mise en œuvre de la Cryobanque Nationale lapin, une trentaine d’animaux d’exposition de race Brun Marron de Lorraine ont été échantillonnés en 1992 pour représenter la race dans les collections cryoconservées. Ainsi, plus de 300 embryons ont été congelés puis conservés dans l’azote liquide (Joly, 1997, Joly et al., 1994, 1998). Après 14 ans de stockage, une centaine d’embryons ont été décongelés puis réimplantés dans des mères porteuses nullipares de souche Hyplus en novembre 2006 et, au total, 69 lapereaux sont nés (Salvetti et al., 2007). L’intérêt de la cryobanque dans la conservation du patrimoine génétique, et en particulier des populations à faible effectif, n’est plus à démontrer. Restait à montrer que la cryobanque ne doit pas être une entité conservatrice uniquement mais qu’elle doit suivre l’évolution liée à la sélection des races de lapins. Le travail que nous avons effectué permet d’évaluer simultanément l’évolution phénotypique de lapins issus d’une race à faible effectif vivant en 1992 avec les descendants actuels de cette population, 14 ans plus tard. 1. Matériel et méthodesEn 1992, 300 embryons de lapins de race Brun Marron de Lorraine issus de lapins d’exposition ont été congelés au stade morula 65 heures après

accouplement (Joly, 1997, FFC, 2000). Les femelles produisant les embryons ont subi un traitement de super ovulation à l’aide de pFSH (STIMUFOL ND) à la dose de 2 mg/ animal en 5 injections sous-cutanées (0,25 mg matin et soir de J1, 0,625 mg matin et soir de J2 et 0,25 mg matin de J3). Le déclenchement de l’ovulation le jour de la saillie (J3) s’est fait à l’aide d’injection intra musculaires de GnRH de synthèse (RECEPTAL ND) à la dose de 0,2 ml de la spécialité. Les embryons ont été collectés, après sacrifice des femelles, par lavage utérin avec du PBS. Ils ont ensuite été triés et les embryons considérés comme viables ont ensuite été mis en paillette dans un liquide cryoprotecteur et congelés progressivement à -196°C dans de l’azote liquide. Ils ont ensuite été conservés dans des cuves contenant de l’azote liquide jusqu’à leur décongélation qui est effectuée rapidement par trempage des paillettes dans un bain-marie à 20 °C durant 30 secondes afin d’empêcher la recristallisation éruptive de la glace intracellulaire. Les embryons ont été placés successivement 5 mn dans 2 bains de PBS contenant 1M et 0,5 M de DMSO puis ils ont été lavés dans 3 bains de PBS. Seuls les embryons jugés viables visuellement ont été conservés, les embryons dégénérés ont été éliminés. Une centaine d’embryons ont ainsi été préparés pour être réimplantés dans des mères porteuses. Ces lapines étaient des femelles nullipares de souche Hyplus. Elles ont reçu du GnRH à raison de 0,4 ml de

12èmes Journées de la Recherche Cunicole, 27-28 novembre 2007, Le Mans, France137

la spécialité RECEPTAL ND injectée en intra musculaire, 50 à 60 heures avant le transfert embryonnaire (Joly, 1997). La lapine a été anesthésiée à l’aide de kétamine (30 mg/Kg) et de xylasine (5 mg/Kg) administrés en intra musculaire simultanément. Après avoir pratiqué une tonte soignée puis une désinfection (alcool 70° et povidone iodée 10% en 3 passages successifs) on a pratiqué une laparotomie sur environ 5 cm à partir de l’ombilic. 5 embryons ont été implantés dans chaque corne utérine (soit dix par lapine). Pour cela, on a pratiqué une effraction à l’aide d’une aiguille stérile 25/6 puis on a fait pénétrer une fine pipette en verre contenant les embryons qui ont été poussés dans la corne à l’aide d’une seringue remplie de 0,5 ml d’air.Deux populations de lapins ont été évaluées simultanément : des lapins issus d’embryons congelés en 1992 et des lapins Brun Marron de Lorraine élevés en 2007. Sur les 69 lapereaux nés et issus d’embryons, 50 ont été sevrés et 40 ont atteint l’âge adulte de 6 mois. Le Brun Marron de Lorraine étant une race dite « rustique », nous avons souhaité élever les animaux sans adjonction de médicaments pour bénéficier d’une certaine sélection naturelle favorable à l’entretien des qualités raciales de nos animaux. En effet, les meilleurs d’entre eux ont été destinés à la reproduction. La population de lapins permettant la comparaison était constituée par 39 lapins élevés et nés naturellement en 2006, provenant d’élevages de sélectionneurs amateurs qui exposent leurs animaux. Ils étaient issus de l’Est de la France, de la région parisienne et de l’Ouest, zones d’élevage de cette race. Ils avaient des origines communes avec les animaux congelés en 1992. Il s’agissait en majorité de lapins adultes triés pour être exposés et de lapins reproducteurs. Dix sujets âgés de quatre mois étaient issus de deux portées avant que le tri ne soit opéré par l’éleveur. Quatre juges cunicoles officiels de la FFC (Fédération Française de Cuniculiculture) ont expertisé les lapins selon la méthode de jugement enseignée par la Commission technique et des standards de la FFC. Les lapins étaient répartis au hasard pour chaque juge. Un lapin a été jugé par un seul juge. Un second juge, toujours le même, a regardé les concordances des remarques et pointages avec les photographies afin de limiter les éventuelles remarques non justifiées. Pour juger "sur pieds", ils ont pris en compte 6 critères raciaux (notés selon un barème utilisé en jugement sur 95 points) définis par le standard de la race Brun Marron de Lorraine pour apprécier les qualités des sujets : aspect général (20 points), masse (10 points), fourrure (20 points), tête, yeux et oreilles (15 points), couleur (15 points), sous-couleur et entre-couleur (15 points)L’ensemble des défauts raciaux (dits légers ou

disqualificatifs) ont été mentionnés sur des fiches individuelles. Des photos (côté gauche et côté droit pour chaque sujet) ont été adjointes au dossier. Les animaux sont pesés et les oreilles mesurées avec un chablon (méthode officielle décrite FFC 2000).Une synthèse des jugements a été réalisée pour chaque groupe (lapins issus des embryons congelés et lapins actuellement élevés). Cinq points sont habituellement réservés à la présentation et aux soins des lapins présentés en exposition (ce qui amène le barème maximum à 100 points). Nous n’en avons pas tenu compte dans cette étude. Lors d’un jugement classique, un lapin en tous points conforme au standard obtient une note de 96 points sur 100 (0,96), un très bon sujet obtiendra 0,95, un bon sujet aura 0,94, un sujet moyen aura 0,93, un sujet qui ne serait pas de la race serait noté en dessous de 0,9.

2. Résultats 2.1. Lapins issus des embryons collectés en 1992 Les lapins expertisés ont obtenu une note globale moyenne de 93 points. Ils étaient dans l’ensemble considérés comme des lapins moyens. Ils présentaient une mauvaise conformation (les os du bassin étaient saillants et les masses musculaires de la croupe pas assez développées). Les masses s’échelonnent de 1,9 kg à 2,6 kg. On note une majorité (62%) de lapins obtenant dix points. 3 sont trop lourds pour être éligibles au standard et aucun n’est trop léger. pour un barème réparti comme suit (tableau 1, figure 1).Tableau 1. Pointage des masses selon le standard et nombre de sujets de chaque catégorie (population 1992).

Masse standard Pointage masses Nombre1,50 - 1,75 8 01,75 – 2,00 9 42,00 - 2,40 10 252,40 - 2,50 9 8au-delà éliminé 3

Figure 1. Pourcentage de lapins d’une classe de masses (population 1992)

10%

62%

20%

8%

1,75 - 2 Kg2 - 2,4 Kg2,4 - 2,5 Kgau-delà de 2,5 Kg

Leur fourrure était de très bonne qualité avec une bonne tenue, un bon lustre. Quelques sujets présentaient une fourrure qui manquait un peu de densité. La forme de la tête était globalement excellente et conforme au standard de la race (petite, anguleuse et aux yeux proéminents). La taille des oreilles (8,53 cm de moyenne) et leur forme étaient conformes aux

12èmes Journées de la Recherche Cunicole, 27-28 novembre 2007, Le Mans, France138

exigences du standard. 30 % des lapins avaient des oreilles plutôt petites et 70 % se trouvait dans la fourchette idéale (Figure 2). Figure 2. Répartition des lapins en fonction de la taille des oreilles (population 1992)

Il existait une grande disparité de couleur, sous-couleur et entre-couleur, certains animaux étant fortement marqués de feu, d’autres présentant un manteau plutôt pâle. La note moyenne était cependant satisfaisante. Tableau 2 . Moyenne des pointages obtenus par les lapins issus d’embryons congelés en 1992

Points obtenus

Maximum possible

Aspect général 18,26 20Masse 9,35 10Fourrure 19,05 20Tête, yeux, oreilles 14,18 15Couleur 13,78 15Sous-couleur et entre couleur 13,81 15Total 88,63 95Pointage (sur 100) 93 points (0,93)

Les défauts légers (non éliminatoires mais pénalisés) qui ont été retrouvés sont :- corps un peu lourd : 1- couleur insuffisamment uniforme : 5- quelques poils blancs : 3- entre couleur un peu claire ou peu étendue : 5Les défauts éliminatoires rencontrés (qui pour les besoins de l’étude ont fait perdre 2 points au lapin concerné plutôt que de lui coûter son élimination comme cela aurait dû l’être en concours) sont :- os de la croupe trop saillants : 5- malformation dentaire : 3- présence de poils blancs nombreux : 1- lapin trop lourd : 32.2. Lapins de la population 2007Les lapins expertisés ont obtenu une note globale moyenne de 94 points. Ils étaient dans l’ensemble considérés comme des lapins représentant bien leur race. Contrairement aux lapins de 1992, ils présentaient une bonne conformation. C’est le point qui a le plus été amélioré par la sélection. Les masses s’échelonnent de 1,9 Kg à 2,7 Kg. Les animaux présentés étaient plus massifs que ceux de 1992. Une majorité (61%) de lapins obtenaient dix points, 4 étaient trop lourds pour être éligibles au standard et aucun n’était trop léger. On notait globalement un très léger alourdissement des sujets présentés. (tableau 3, figure 3).

Tableau 3. Pointage des masses selon le standard et nombre de sujets de chaque catégorie (population 2007)

Masse standard Pointage masses Nombre1,50 - 1,75 8 01,75 – 2,00 9 12,00 - 2,40 10 242,40 - 2,50 9 10au-delà éliminé 4

Figure 3. Pourcentage de lapins d’une classe de masses (population 2007)

3%

61%

26%

10%

1,75 - 2 Kg2 - 2,4 Kg2,4 - 2,5 Kgau-delà de 2,5 Kg

Leur fourrure restait de très bonne qualité. La forme de la tête déviait en revanche un peu du type anguleux demandé et à tendance à devenir plus massive et plus arrondie. La taille des oreilles (8,62 cm de moyenne) montre un très léger allongement mais 70 % des animaux se trouvaient toujours dans la fourchette idéale (figure 4). Figure 4 : pourcentage de lapins répartition des lapins en fonction de la taille des oreilles (population 2007)

Il existait toujours une disparité de couleur, sous-couleur et entre-couleur. La note moyenne était cependant satisfaisante. Tableau 4 : moyenne des pointages obtenus pour chaque lapin élevés en 2007

Points obtenus

Maximum possible

Aspect général 18,78 20Masse 9,51 10Fourrure 19,01 20Tête, yeux, oreilles 13,81 15Couleur 13,92 15Sous-couleur et entre couleur 13,85 15Total 88,88 95Pointage (sur 100) 94 points (0,94)Les défauts légers qui ont été retrouvés sont :- corps un peu lourd : 5- couleur insuffisamment uniforme : 4- quelques poils blancs : 1- entre couleur un peu claire ou peu étendue : 3Les défauts éliminatoires rencontrés qui, pour les besoins de l’étude ont fait perdre 2 points au lapin concerné plutôt que de lui coûter son élimination, sont :

12èmes Journées de la Recherche Cunicole, 27-28 novembre 2007, Le Mans, France

30%

70%

de 7,5 à 8,5 cmidéal 8,5 à 9,5 cm

31%

69%

de 7,5 à 8,5 cmidéal 8,5 à 9,5 cm

139

- os de la croupe trop saillants : 0- malformation dentaire : 0- présence de poils blancs nombreux : 0- lapin trop lourd : 4Tableau 5 : Comparaison des points obtenus par les deux populations.

Population1992 2007

Aspect général 18,26 18,78Masse 9,35 9,51Fourrure 19,05 19,01Tête, yeux, oreilles 14,18 13,81Couleur 13,78 13,92Sous-couleur et entre couleur 13,81 13,85TOTAL 88,63 88,88

3. DiscussionCette étude, très qualitative, fait appel à l’expertise de gens formés au jugement des lapins. Le nombre de juges a été restreint au maximum pour limiter les biais dus au changement d’experts. Une part de subjectivité non négligeable demeure cependant dans ce travail. On note une nette amélioration de la conformation des lapins. Ce critère se retrouve pour de nombreuses autres races de lapins de concours. La pression forte exercée par les juges oriente la sélection vers des lapins présentant une meilleure répartition des masses musculaires de la croupe. Mais cette sélection entraîne de facto la sélection de lapins présentant une tête plus massive que leurs homologues de 1992. Ce caractère est jugé comme une détérioration de l’aspect phénotypique recherché chez le Brun Marron de Lorraine. On note cette évolution dans quelques autres races comme les lapins de Vienne, l’influence venant d’Allemagne. Les juges français auront donc à corriger cette évolution, tout comme cela a été fait dans les années 1990 pour l’Argenté anglais. Les couleurs, sous-couleur et entre-couleur restent assez hétérogènes mais acceptables dans leur ensemble. La taille des oreilles dont la mesure systématique est récente lors de jugements en France ne pose pas de problème. Les lapins se situent aisément dans la fourchette autorisée tant en 1992 qu’actuellement. Un biais important figure cependant dans cette étude. Le choix des lapins effectué pour la comparaison a porté sur des lapins de concours issus de portées où le tri avait déjà été effectué par l’éleveur sélectionneur. Ainsi, les animaux présentant des défauts tels que les dents trop longues n’ont pas pu être observés alors qu’ils sont présents dans la population de lapins issus de transplantation, aucun sujet n’ayant été éliminé à l’avance. On peut également se demander si le traitement de congélation des embryons a une influence sur le phénotype et/ou la résistance des lapins auxquels ils donnent naissance.

ConclusionCette étude, bien que comportant quelques biais inhérents à la méthode choisie, montre clairement qu’une race évolue au cours du temps. Ce phénomène est décrit par de nombreux auteurs qui observent les populations d’animaux d’époques différentes (Arnold et Rochambeau 1983, Boucher 1988, Arnold 1993, FFC 1993, Boucher 1993, Boucher 1995, FFC 2000) L’originalité de cette étude est de pouvoir comparer les lapins en un même temps et pour partie en un même lieu, les biais inhérents à l’influence de l'environnement étant ainsi partiellement gommés. Il est donc utile, dans la constitution de la cryobanque nationale, de prévoir de congeler des embryons à des intervalles réguliers afin de permettre à cette banque d’être évolutive et de suivre l’évolution des races et souches d’animaux.

RéférencesARNOLD J., ROCHAMBEAU H. de, 1983: Inventaire des

races menacées et des actions de conservation : les animaux de basse-cour. Ethnozootechnie, 33.

ARNOLD J., 1993. Historique de l’élevage de lapin. Compte rendus de l’Académie d’Agriculture 80 (4) : 3 – 12.

BOUCHER S. 1988. Qu’est-ce qu’une race aujourd’hui ? Mémoire de fin d’études UNIVERSITE PARIS VI - Sciences de la nature et de la vie - Biologie des organismes.

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BOUCHER S., 1995: Les races de lapins. Souches utilitaires, souches d'agrément. In: BRUGERE. Pathologie du lapin et des rongeurs domestiques, Ecole Nationale Vétérinaire, Maison-Alfort.

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JOLY T. 1997. Etablissement d’une cryobanque de semences ou d’embryons pour la conservation es situ de la diversité génétique chez les mammifères domestiques : exemple du lapin (Oryctolagus cuniculus). Thèse INSA Lyon N°94. 143 p

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JOLY T., ROCHAMBEAU H. DE, RENARD J.P., 1998: Etablissement d'une cryobanque d'embryons pour la conservation ex situ de la diversité génétique chez le lapin : aspects pratiques. Genet. Sel. Evol., 30 (Supp. 1), S259-S269.

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Productivité des lapines d'une souche blanchede la région de Tizi-Ouzou en Algérie

N. ZERROUKI1, R. HANNACHI2, F. LEBAS2 , A. SAOUDI3

1 Université Mouloud Mameri, Laboratoire de Biocimie Analytique et Biotechnologie, Tizi Ouzou, Algérie2 Cuniculture, 87A Chemin de Lasserre, 31450 Corronsac, France

3 Coopération de production cunicole , Djelba, Ouaguenoune, Algérie

Résumé : Les performances de reproduction de 172 femelles d'une souche blanche (638 mises bas) ont été enregistrées dans le clapier de Djebla (Tizi-Ouzou) entre juillet 2005 et février 2007. Elles descendent majoritairement d’hybrides importés de France en 1986-1987. Les femelles sont saillies le plus souvent 8 à 14 jours après la mise bas et sont éliminées après trois saillies négatives. Le sevrage a lieu entre 30 et 35 jours. Les lapines ont en moyenne 7,1 ± 2,4 nés totaux par mise bas dont 6,7 ± 2,8 vivants et 5,8 ± 2,4 sevrés par sevrage. Les taux de mortinatalité et les pertes naissance-sevrage sont de 7,3% des nés totaux et 15,8% des nés vivants, respectivement. La prolificité enregistrée avec ces lapines est proche de celle enregistrée avec les lapines de la population locale. Par contre les taux de mortalités sont plus faibles. Enfin, ces lapines pèsent en moyenne 15% de plus à la saillie que les lapines de population locale (3,34 vs 2.90 kg). Les effets de la parité et de la saison sont également analysés.Abstract. Productivity of rabbit does of a white population used in the Tizi-Ouzou area in Algeria. Reproductive performance of 172 rabbit does of a white strain (638 litters) were registered in the Djelba rabbitry in Algeria between July 2005 and February 2007. Those does were mainly issued from commercial French hybrid rabbits imported in Algeria in 1985-86, without external introduction since that time. Does were generally mated 8-14 days after kindling and eliminated after 3 infertile mating. Young were weaned when 30-35 days old. On average litter size at birth was 7.1 ± 2.4 total born, of which 6.7 ± 2.8 born alive. Litter size at weaning was 5.8 ± 2.4. Stillbirth proportion was 7.3% of total kits born, and birth to weaning mortality was 15.8% of kits born alive. Prolificacy was similar to that observed for does of the local population, but kit's mortality was lower. The average does live weight at mating was 15% higher than that of the local population (3.34 vs 2.9 kg). Effects of parity and of season were also analysed.

IntroductionAu cours des années 1980, l’Algérie a importé de France des lapins « hybrides commerciaux », mais n’a pas organisé le renouvellement à partir des lignées parentales. Le remplacement des reproducteurs a été effectué sur place, en choisissant parmi les sujets normalement destinés à la boucherie, avec certainement des animaux de la population locale. Cette pratique a été maintenue jusqu’à ce jour, pratiquement sans apport extérieur, en particulier dans la coopérative d’état de Djelba chargée de diffuser des reproducteurs auprès des éleveurs. Il s’est ainsi progressivement constitué une population qui est désignée localement sous le nom de «Souche blanche» et qui est désormais souvent utilisée par les éleveurs de la région. La présente communication a pour objet de décrire les performances de reproduction de cette "souche blanche".

1. Matériel et Méthodes1.1. Origine des animaux et des donnéesLes performances de 172 lapines du clapier de Djebla (638 mises bas) ont été enregistrées à partir de leurs fiches d’élevages. Elles couvrent les mises bas situées entre juillet 2005 et février 2007. Ces lapines descendent des hybrides commerciaux importés dans les années 1985-86. Elles sont toutes albinos. Certaines sont totalement blanches tandis que d’autres sont porteuses du gène "himalayan" caractérisant les

lapins californiens utilisés pour la constitution des hybrides initiaux. Il n’existe aucun schéma de sélection bien défini, les plans d’accouplements visent à éviter la consanguinité proche sans véritable gestion génétique de cette souche. Le seul objectif est de produire le maximum d’animaux destinés à la vente aux éleveurs en tant que reproducteurs et également en carcasses (restaurants et autres).1.2. Le site d’élevageL’unité d’élevage de Djebla est située dans la commune de Ouaguenoune à 18 km au nord de Tizi-Ouzou. Elle se situe à une altitude de 135 m. Le climat est de type méditerranéen, chaud en été et froid et humide en hiver. Le bâtiment d’élevage d’une superficie de 330m² comprend en particulier 110 cages de reproduction grillagées disposées en flat-deck. Dans le même local sont situées 120 cages collectives d’engraissement et 192 cages individuelles destinées aux futurs reproducteurs (renouvellement et vente). 1.3. Conduite d’élevage et enregistrementLes femelles sont mises en reproduction en principe entre 8 et 14 jours après la mise bas. Toutefois, après naissance d’une portée de faible effectif, la saillie peut être effectuées post partum. Elle peut aussi être effectuée nettement plus tard si l’état de la femelle l’exige. Les femelles sont mises en reproduction à un poids minimum de 2,5 kg correspondant à un âge de

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3,5 à 4 mois environ. Les femelles infertiles sont éliminées après 3 saillies négatives. Une palpation abdominale est pratiquée entre le 12ème et le 14ème jour après la saillie. Les femelles non gestantes sont immédiatement saillies.. Les boites à nids sont placées 3 à 4 jours avant la mise bas. Les lapines sont alimentées à volonté avec un aliment mixte du commerce (17% de protéines et 13% de cellulose brute). L’eau est également distribuée à volonté. A la mise bas, les lapereaux sont dénombrés (nés totaux et nés vivants). Il en est de même au sevrage. Celui-ci a lieu généralement 34-35 après la naissance des lapereaux, mais parfois dès 30 jours. En fin de période d’observation, des portées ont été pesées à la naissance (nés vivants) et au sevrage (35 jours), de même que les mâles et les femelles lors de la saillie. 1.4. Analyse des donnéesLes données enregistrées ont été étudiées par analyse de variance selon la procédure GLM (SAS, 1988). Les facteurs étudiés ont été d'une part le numéro de portée pour l'ensemble des données, d'autre part la saison de mise bas (tranches de 3 mois civils) seulement pour les portées de rang 1 (en raison de la répartition trop hétérogène des portées d’autres rangs en fonction de la saison). Compte tenu des effectifs observés seules 3 saisons ont été prise en compte. Les mortalités ont été analysées par test de chi² global et les mortalités par classe ont été comparées 2 par 2 par test de Fisher (SAS, 1988). L'absence de fiabilité de l'enregistrement des saillies infécondes a interdit de calculer des taux de fertilité pour la population étudiée. C'est pourquoi ce critère a été estimé de manière indirecte par l'intervalle entre mises bas.

2. Résultats et discussion2.1. Performances moyennesEn moyenne les lapines de la "souche blanche" ont une prolificité tout à fait comparables à celle de la population locale élevée à l'université de Tizi Ouzou dans des conditions similaires (Daoud-Zerrouki, 2006) : 7,14 vs 7,20 nés totaux par mis bas (tableau 1). Cette prolificité est nettement inférieure à celle des hybrides à l’origine de la souche (9,8 nés totaux/MB, Brun et Saleil, 1994) et même inférieure à celle des lignées parentale de ces hybrides (8,5-8,6 selon ces mêmes auteurs). Au sevrage les portées sont un peu plus nombreuses dans la "souche blanche" que dans la population locale (5,75 vs 5,45 sevrés par sevrage) en raison principalement d’un taux de mortinatalité nettement plus faible (7,3 vs 16,0). Il est plausible que les conditions d’élevage expliquent une partie importante de cet écart : l’élevage est moins confiné à Djelba qu’à l’Université de Tizi-Ouzou., mais il ne faut pas exclure un écart d’origine génétique.Bien que les pesées à la saillie n’aient porté que sur un nombre limité de lapines de Souche Blanche il

s’avère que ces dernières pèsent en moyenne 15% de plus que leurs homologues de la population locale : 3,34 kg vs 2,90 kg.L’intervalle moyen ente 2 mises bas (44,4 jours) conduit à une productivité théorique de 8,22 mises bas par an et 7,97 sevrages, soit 45,8 lapereaux sevrés par lapine et par an. Il faut toutefois souligner que ce calcul reste "optimiste" puisque les lapines n'ayant jamais sevré de lapereaux, par exemple, ne sont pas prises en compte. Malgré ces restrictions il parait pertinent de remarquer que cette productivité de 45,8 sevrés par lapine et par an est comparable à celle obtenu en France (47,1 sevrés/ lapine et /an) dans la quarantaine d'élevages du réseau Renalap conduits aussi en saillie naturelle (Azard et Lebas, 2006). Par ailleurs, ce chiffre de 45,8 sevrés est nettement supérieur à la valeur de 29 à 32 lapereaux sevrés par femelle et par an constaté en moyenne pour la population locale dans la région , tant en station que dans 17 élevages de terrain (Zerrouki et al., 2005). 2.2. Effet du numéro de portéeDe manière à minimiser l’effet des lapines éliminées précocement pour infécondité, l’analyse de l’effet du numéro d’ordre des portées a été analysé sur les 100 lapines qui ont effectué au moins 4 portées au cours de la période d’étude. L'effet est significatif pour le nombre de lapereaux nés totaux et vivants, sur l'intervalle entre deux mises bas et sur le taux de mortalité à la naissance ou en période d'allaitement.Très classiquement, la taille de la portée à la naissance s’accroît de la première à la troisième portée (tableau 2) puis tend à décroître légèrement ensuite. En raison d’une mortalité sous la mère particulièrement élevée dans les portées de rang 3 et 4 (17 et 23% contre 11 à 14% pour les autres numéros de portée), les différences de taille de portée sont atténuées au sevrage et ne sont alors plus significatives.On pourrait penser que ces fortes différences de mortalité sous la mère en fonction du numéro de portée sont au moins en partie dues à un effet de la saison, en raison de la répartition très inégale des différents numéros de portée entre les 4 saisons (tableau 2). Mais cela parait peu vraisemblable dans la mesure où, par exemple, les portées de rang 4 (mortalité de 22,7% des lapereaux sous la mère) et celles de rang 5 et plus, (mortalité de 12,0%) sont toutes deux concentrées sur les 2 saisons d’hiver et de printemps. Cette forte mortalité dans les portées de rang 3 et 4 reste donc pour l’instant inexpliquée.Enfin, nous devons remarquer que la fécondation des lapines est un peu plus difficile après la première portée (intervalle de 46 jours entre 1ère et 2ème portée) qu’à la suite des portées ultérieures (intervalles entre mises bas de 41 à 43 jours). Toutefois, bien que statistiquement significative, cette différence est numériquement peu importante, le retard de fécondation étant de 4 jours en moyenne.

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Tableau 1 : Performances moyennes de reproduction de la Souche Blanche en comparaison avec celles observés sur la Population locale de la région, décrite par Daoud-Zerrouki en 2006. (nombre d’observations, moyenne et écart type de la population).

PerformancesSouche blanche(présente étude)

Population locale(Daoud-Zerrouki, 2006)

n Moyenne Ecart type n Moyenne Ecart typePoids femelles à la saillie (g) 43 3340 416 320 2900 341Intervalle entre 2 mises bas (jours) 460 44,4 12,6 - - -Fertilité (% de saillies fécondes) - - - 1017 73,5 43,5Nés totaux par mise bas 637 7,14 2,42 749 7,20 2,43Nés vivants par mise bas 637 6,67 2,76 663 6,16 2,53Poids de portée à la naissance 14 439 108 663 296 113Poids moyen à la naissance 14 62,0 10,0 663 49,5 10,0Mortinatalité (%) 637 7,3 25,9 633 16,0 22,8Sevrés par sevrage 1 617 5,75 2,42 550 5,45 2,10Poids portée au sevrage (g) 1 19 3448 1159 550 2296 800Poids moyen au sevrage (g) 1 19 557 141 550 450 112Mortalité avant sevrage (% nés vivants) 617 15,7 25,2 550 14,0 19,21 sevrage à 35 jours pour la Souche blanche et à 28 jours pour la Population locale

Tableau 2 : Variations des performances de reproduction en fonction du numéro de portée, pour les lapines ayant effectué au moins 4 portées (le rang le plus élevé atteint dans la série d’observations est la 8e portée)

Numéro de portée1 2 3 4 5 et +

Coef var résiduel

P

Nombre total de mise bas (MB) 100 100 99 100 68 - -dont MB d’été 58 0 0 1 6 - - MB d’automne 35 86 60 0 0 - - MB d’hiver 7 11 32 77 27 - - MB de printemps 0 3 7 22 35 - -Intervalle entre 2 MB (jours) - 46,3a 41,1b 43,4ab 41,8b 24,3% 0,004Nés totaux / MB 6,60a 6,78a 7,89b 7,68b 7,25ab 33,6% < 0,001Nés vivants / MB 6,12a 6,50ab 7,37b 7,01ab 6,63ab 41,0% 0,018Mortinatalité % 7,27bc 4,13a 6,53b 8,73c 8,52c - 0,007Nbre MB avec au moins 1 né vivant 96 98 97 95 67 - -Sevrés par MB avec au moins 1 né vivant 5,51 5,88 6,28 5,71 5,93 42,0% ns

Mortalité naissance-sevage % 13,6ab 11,4a 16,6b 22,7c 12,0a - < 0,001P : signification statistique de l'effet numéro de portée ns : non significatifa, b : avec la même lettre les valeurs d’une ligne ne diffèrent pas entre elles au seuil P = 0,05

Tableau 3 : Variations des performances en première portée en fonction de la saison.

SaisonEté Automne Hiver

Coef var. résiduel P

Nombre de mises bas (MB) 77 73 21 - -Nés totaux /MB 6,69 6,37 6,48 37,0% nsNés vivants /MB 6,16 5,92 6,38 44,0% nsMortinatalité % 7,98a 7,10a 1,47b - 0,028Nbre MB avec au moins 1 né vivant 75 71 21 - -Sevrés par MB avec au moins 1 né vivant 5,43 4,89 5,43 46,0% ns Mortalité naissance-sevage % 14,1 19,7 14,9 - 0,070P : signification statistique de l'effet numéro de portée ns : non significatifa, b : avec la même lettre les valeurs d’une ligne ne diffèrent pas entre elles au seuil P = 0,05

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2.3. Effet de la saison en première portéeEn raison des fortes fluctuations climatiques mentionnées en introduction, on est en droit de soupçonner le climat d’influencer les performances de reproduction. Malheureusement la répartition des mises bas en fonction des saisons est très inégale comme nous l’avons vu au paragraphe précédent à propos des lapines qui ont fait au moins 4 portées. De ce fait, il nous a été difficile de faire une analyse complète de l’effet de la saison à partir des 638 mises bas disponibles, si l'on veut éviter la confusion avec d'autres effets comme celui du numéro de portée. Les effets de la saison sont donc présentés ci-après en nous limitant aux premières portées mieux réparties, et pour 3 saisons seulement (été, automne et hiver). Sur les 171 portées étudiées, la saison de mise bas n’a pas d’effet significatif sur la taille de la portée, que ce soit à la naissance ou au sevrage (tableau 3). Par contre la mortinatalité est significativement plus faible en hiver (1,47%) qu’en été ou en automne (7,98 et 7,10%). La mortalité sous la mère est significativement plus forte en automne (19,7%) que pour les 2 autres saisons prises ensemble (14,1% - P=0,014). Il nous semble important de retenir que les périodes de température extrêmes (été ou hiver) exercent finalement peu d’influence sur la productivité des lapines. Nous retrouvons ainsi pour cette "souche blanche" des résultats similaires à ceux observés sur la population locale de lapins de la même région (Daoud-Zerrouki, 2006).

ConclusionLes lapines de la "souche blanche" étudiées dans le cadre de cette communication ont une prolificité modérée, similaire à celle des lapines de la population locale entretenue sur place depuis beaucoup plus longtemps. Par contre, en raison d'un faible intervalle entre mises bas, la productivité numérique (sevrés par lapine et par an) semble nettement plus élevée que celle constatée pour la population locale. Il

conviendra de vérifier ce point important pour l'avenir de la souche, en travaillant dans des conditions mieux contrôlées d'enregistrement (par exemple inclusion des femelles n'ayant jamais sevré mais ayant occupé des places de reproduction dans l'élevage, …) et dans des situations d'élevage différentes de celles de l'unité d'élevage de la coopérative qui bénéficie d'un fort encadrement technique en raison de son rôle dans l'entretien et la diffusion de la "souche blanche". Enfin il sera intéressant de comparer les performances de reproduction de cette souche à celles de la lignée synthétique en cours de création en Algérie (Gacem et Bolet, 2005).

Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier le Pr M. Berchiche pour le soutien qu'il a apporté à la conduite de ce projet, ainsi que le personnel de l'élevage de Djelba pour sa précieuse collaboration.

Références AZARD A., LEBAS F., 2006. Productivité des élevages cunicoles

professionnels en 2005. Résultats de RENALAP et RENACEB. Cuniculture Magazine, 33, 92-96.

BRUN M., SALEIL G ., 1994. Une estimation, en fermes, de l’hétérosis sur les performances de reproduction entre les souches de lapin INRA A2066 et INRA A1077. 6èmes

Journées de la Recherche Cunicole, 203-210.DAOUD-ZERROUKI N, 2006. Caractérisation d’une population

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GACEM M., BOLET G., 2005. Création d'une lignée issue du croisement entre une population locale et une souche européenne pour améliorer le production cunicole en Algérie. 11èmes Journées de la Recherche Cunicole, 15-18.

SAS 1988, SAS/STAT for Micro, Release 6.02, SAS Inst Inc. Cary NC, USA.

ZERROUKI N., KADI S.A., BERCHICHE M., BOLET G., 2005. Evaluation de la productivité des lapines d'une popuation locale algérienne, en station expérimentale et dans des élevages. 11èmes Journées de la Recherche Cunicole, 11-14.

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Performances de reproduction de lapines de races Néo-Zélandais Blanc, Californien et Géant Blanc du Bouscat ou croisées,

en élevage assaini au Québec

A. OUYED1, F. LEBAS2, M. LEFRANÇOIS3, J. RIVEST4

1Centre de Recherche en Sciences Animales de Deschambault, 120A chemin du Roy (Qc), Canada. G0A 1S0.2 Cuniculture, 87A Chemin de Lasserre, 31450 Corronsac, France.

3 Université Laval. FSAA, pavillon Paul Comtois. Sainte-Foy (Qc), Canada G1K 7P4.4Centre de développement du porc du Québec inc. 2795 Bd. Laurier, Sainte-Foy (Qc), Canada G1V 4M7.

Résumé : L’objectif de cette étude est de caractériser les performances de reproduction des lapines des races pures Néo-Zélandais Blanc (NZ), Californien (CA) et Géant Blanc du Bouscat (GB) et des croisées (pèrexmère) CAxNZ, GB x NZ et NZ x GB (père x mère) dans des conditions d’élevage assaini. Les résultats obtenus avec les 293 lapines démontrent des différences significatives (P<,05) pour la taille de la portée à la naissance et au sevrage en fonction du type génétique. Les lapines CA x NZ sont celles qui présentent les performances de reproduction les plus intéressantes avec 9,46 ± 2,40 nés totaux, 8,65 ± 2,86 nés vivants et un intervalle moyen entre mises-bas de l’ordre de 44 ± 7 jours. La régularité dans le rythme de reproduction et leur productivité moyenne au sevrage de l’ordre de 58,8 lapins/an favorisent les femelles CA x NZ comparativement aux autres types de croisement. Abstract. Reproductive performance of purebred White New Zealand, Californian, and Giant Blanc du Bouscat) and hybrid does kept under uncontaminated conditions in Québec. Abstract : This study was undertaken to evaluate the reproductive performance of purebred White New Zealand (NZ), Californian (CA), and Giant Blanc du Bouscat (GB) and crossbred does CAxNZ, GBxNZ et NzxGB (sirexdam) bred in an uncontaminated environment. A total of 293 does were under investigation. Results showed significant differences (P<0.05) for total born and weaned rabbits per litter, depending on does genetic background. In particular, CA x NZ does had the best results with 9.46 ± 2.40 total born and 8.65 ± 2.86 weaned rabbits per litter with a 44 ± 7 days littering interval. When compared to other crosses, the CA x NZ hybrids does performed specially well with regards to the regularity of reproduction and average annual productivity (58.8 rabbits weaned per year).

IntroductionLa production cunicole québécoise connaît un nouvel essor depuis quelques années. En effet, le secteur a profité de la mise en place d’installations nécessaires pour la production de lapins croisés et assainis et d’une meilleure mise en marché des lapins de chair via une nouvelle agence de vente spécialisée. Depuis 2001, le Centre de Recherche en Sciences Animales de Deschambault (CRSAD) met à la disposition du secteur cunicole des clapiers pour la sélection et la production de lapins croisés. La diffusion de ces lapins aux producteurs cunicoles est effectuée par le Regroupement pour l’Amélioration Génétique Cunicole du Québec (RAGCQ). Du côté de la recherche, la première étape a été orientée vers la caractérisation des performances de reproduction et de croissance des lapins de races pures et croisés. Parallèlement à cela, une sélection basée sur les performances individuelles est pratiquée en s’appuyant sur les travaux déjà réalisés en Europe. Compte tenu des performances modeste des souches de base, les lapins issus de lignée maternelle sont sélectionnés sur la taille de la portée à la naissance ou au sevrage (Bolet, 1998) et le poids des lapereaux au sevrage (Garreau et al., 2005) alors que la sélection des lapins de lignée paternelle est principalement orientée vers l’augmentation de la vitesse de croissance (Larzul et Gondret, 2005). Dans la présente communication sont présentés les performances

de reproduction des lapines de race pure et de certaines lapines croisées entre ces races avant sélection. Une autre communication (Ouyed et al., 2007) présente les performances d'engraissement.

1.Matériel et méthodes1.1. Les animauxUn total de 1579 portées issues de 293 lapines a été utilisé pour cette étude. Ces femelles appartenaient à 3 races pures Néo-Zélandais Blanc (NZ), Californien (CA) et Géant Blanc du Bouscat (GB), ainsi qu'à 3 génotypes croisés CA x NZ [génotype père x génotype mère], GB x NZ et NZ x GB. Les géniteurs initiaux de races pures ont été acquis au Canada et aux États-Unis auprès d'éleveurs de l’American Rabbit Breeder Association (ARBA). Pendant toute la durée de l’étude, les lapins de races pures étaient contemporains aux lapins croisés. Le taux de renouvellement annuel des lapines était compris entre 80 et 120 % en fonction du génotype. Les lapines ont été mises à la reproduction pour la première fois à un âge moyen de 15,2 semaines (± 1,2) et à un poids moyen de 3,67 kg (± 0,35 kg). Le rythme de reproduction standard de l'élevage consistait à une remise au mâle 10 à 12 jours après la mise bas. Le diagnostic de gestation était effectué 12 à 14 jours après la saillie par palpation abdominale. Les femelles non gestantes étaient représentées au mâle le lendemain. Pendant la période de la lactation, l’accès au nid était limité à une seule fois par jour pour l'allaitement. Le sevrage des lapereaux avait

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lieu à 34 jours d’âge en moyenne. À la mise bas, un maximum de huit lapereaux était en principe laissé à chaque femelle pour la période d'allaitement, et aucune adoption n’a été pratiquée. Les femelles ont été nourries à volonté durant tout l'essai avec un aliment commercial (2 500 Kcal / kg d’aliment et de 18% de protéines brutes) permettant de répondre aux besoins de la gestation et de la lactation.1.2. Les bâtimentsL'expérimentation a eu lieu dans 2 clapiers du CRSAD en tous points identiques en dehors de leur capacité : 40 lapines pour DC-0111 (races pures principalement) et 120 lapines pour DC-0131 (femelles croisées principalement). La spécificité des deux clapiers réside dans leur caractère assaini. En effet, des mesures de biosécurité et des procédures normalisées de fonctionnement (PNF) ont été mises en place afin de minimiser l’introduction de germes pathogènes dans ces clapiers. Le lavage et le nettoyage des équipements et des installations étaient faits régulièrement. L’accès aux clapiers était restreint aux personnes y travaillant qui devaient obligatoirement prendre une douche avant d'y pénétrer. L’introduction de nouveaux lapins de l’extérieur s'est fait uniquement par césarienne et les lapereaux nouveau-nés ont été adoptés par des mères receveuses. De plus, les conditions du milieu, à savoir la température (18°C pendant l’hiver), l’éclairage (16 h de lumière /24 h – bâtiment sans fenêtre), l’humidité et les paramètres de ventilations, étaient constamment contrôlées. Les données étaient enregistrées quotidiennement. 1.3. Contrôles effectués et paramètres calculésLes données relatives à la reproduction ont été recueillies pendant toute la période allant du mois d’août 2004 au mois d’avril 2006. Elles ont permis de calculer les performances des lapines, à savoir, l’intervalle entre

deux mises bas, la prolificité à la naissance et au sevrage, le poids de la portée à la naissance, la mortalité à la naissance, la mortalité naissance-sevrage (par rapport aux lapereaux laissés à la mère) et la productivité annuelle estimée au sevrage ( = nombre de lapins sevrés par MB x [365 / intervalle entre 2 MB]). L’hétérosis, ou plus précisément la supériorité phénotypique des croisés par rapport aux races pures, est calculé comme suit : H=[(PF1-PP)/PP]x100. Avec, PF1=Performances des croisés, PP=(PA+PB)/2, est la moyenne des performances des deux parents (A et B).1.4. Analyses statistiquesL'effet des différents types génétiques a été étudié par analyse de variance en utilisant la procédure GLM pour SAS Micro (SAS, 1988). Pour toutes les portées, les effets du numéro de la portée (tableau 2) , de la saison de mise bas (Printemps, été, automne et hiver) , du type génétique du mâle (accouplé seulement avec les femelles NZ), du génotype de la femelle et l’interaction éventuelle ont été pris en compte dans l’analyse. Les résultats sont présentés sous forme d'estimées des moindres carrés et les moyennes ont été comparées par la procédure "pdiff" (SAS, 1988). L'effet du génotype sur la mortalité entre la naissance et le sevrage a été analysé par tests de Chi2

global et appariés.

2. Résultats et discussionNi l'effet de la saison, ni les interactions génotype x saison ou génotype x N° portée ne sont significatifs. Ils ne sont donc pas présentés ici.2.1. Effet du type génétique de la femelleLes résultats de cette expérience montrent des différences significatives pour la taille de la portée à la naissance et au sevrage en fonction du type génétique de la femelle (Tableau 1). Il apparaît que les femelles croisées CA x NZ présentent une supériorité

Tableau 1 : Performances de reproduction en fonction du génotype des femelles.

CritèresGénotype des femelles(a)

CA GB NZ CA x NZ GB x NZ NZ x GBCV%

résiduelEffet

génotype

Nombre de femelles 18 13 183 24 35 20 - -Nbre. de Mises Bas 70 39 1051 160 150 109 - -

Nés totaux /MB 5.93a 8,00b 9,12c 9,46cd 9,72cd 10,26d 32,2% < 0,0001Nés vivants /MB 5,04a 6,62b 8,32c 8,65c 8,55c 8,66c 40,2% < 0,0001Nés morts /MB 0,90ab 1,47bc 0,79a 0.82ab 1,19bc 1,57c 208% = 0,0004

Nbre. portées laissées 67 37 1020 155 145 104 - -Laissés / portée 5,22a 6,14b 7,10c 7,42d 7,06cd 7,07cd 25,2% < 0,0001

Poids moyen nais. (g) 62,7a 70,6c 67,4b 63,9a 64,9a 65,9ab 18,8% = 0,0002Intervalle 2 MB (jours) 50,4b 60,9c 47,6b 43,9a 47,3b 47,9b 26,0% < 0,0001Nbre. sevrages (0 compris) 64 36 985 144 139 163 - -Sevrés par MB (laissé 1 et+) 4,38a 5,52b 6,62c 6,82c 6,42bc 6,10bc 32,4% <0,0001

% Mortalité MB-sevrage 16,8%a 14,3%a 8,0%c 7,64%c 9,9%b 14,9%a - <0,0001 Sevrés par sevrage 4,61a 5,80b 6,70c 6,88c 6,62c 6,53bc 27,1% <0,0001Poids moyen au sevrage g 913a - 1022bc 995b 1041c 1055c 14,1% <0,0001Productivité numérique 35,2a 37,4a 52,6b 58,8c 51,9b 50,9b 36,1% <0,0001

a, b, c ..: sur une même ligne les moyennes ajustées affectées d'une lettre différente, différent entre elles au seuil P=0,05Nbre = Nombre, MB = mise bas, CV% = Coefficient de variation (= écart type / moyenne générale). (a) : Le type génétique du père est donné en premier.

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Tableau 2 : Effets du numéro de portée sur les performances de reproduction (tous génotypes confondus)

Critères Numéro de Portée1 2 3 4-5 6 et +

CV% résiduel

Effet N° Portée

Nbre. de Mises Bas 282 236 209 306 546 - -Nés totaux /MB 8,47 8,86 8,99 8;76 8,57 32,3% > 0,10 nsNés vivants /MB 7,17 7,99 7,74 7;63 7,64 40,1% > 0,10 nsNés morts /MB 1,30 0,87 1,24 1,12 0,93 208% > 0,10 nsLaissés / portée 6,50 6,73 6,85 6,66 6,77 25,2% > 0,10 ns

Poids moyen nais. (g) 57,5a 66,9b 67,3bc 70,5c 69,3bc 17,9% < 0,0001Intervalle 2 MB (jours) - 51,6 50,8 49,6 48,7 25,8% > 0,10 nsSevrés par MB (laissé 1et+) 5,43a 6,13b 6,22b 6,00b 6,10b 32,4% = 0,0345% Mortalité MB-sevrage 15,0%a 7,3%c 9,3%b 8,6%bc 8,61%c - <0,0001 Sevrés par sevrage 6,02 6,18 6,39 6,16 6,20 27,1% >0,10 nsPoids moyen au sevrage g 879a 1001b 1050c 1050c 1048c 14,1% <0,0001a, b, c ..: sur une même ligne les moyennes ajustées affectées d'une lettre différente, différent entre elles au seuil P=0,05Nbre = Nombre, MB = mise bas, CV% = Coefficient de variation (= écart type / moyenne générale).phénotypique pour la prolificité à la naissance et au sevrage comparativement aux lapines des autres types génétiques. De plus, elles ont l’intervalle entre mise-bas le plus court (43,9 jours) démontrant leur bonne fertilité. Ces résultats corroborent ceux de Rouvier et Brun (1990) qui rapportent une augmentation de la taille de portée à la naissance chez les femelles croisées en utilisant en croisement les mâles d’origine Californienne et les femelles d’origine Néo-Zélandaise. La supériorité phénotypique des femelles croisées de type CA x NZ est de 25,6% (9,46 vs 7,53) pour les nés totaux et 29,5% (8,65 vs 6,68) pour les nés vivants. Concernant les lapines GB x NZ et NZ x GB, elle est de 13,6% et 19.9% pour les nés totaux, de 14,5% et 15.9% pour les nés vivants respectivement. Orengo et al. (2003), rapportent des valeurs d’hétérosis de 10 à 13% pour les nés totaux, 8 à 16% pour les nés vivants pour les lapins des lignées espagnole. Nofal et al. (1996) obtiennent des valeurs d’hétérosis de 12,5% et 10% pour les nés totaux et nés vivants. Aussi, ces valeurs sont de 13,6% et 20,7% selon Brun et al. (1998). Il en résulte qu’en fonction du type génétique utilisé, l’hétérosis pour la taille de la portée varie entre 8 et 21%. Les résultats montrent clairement que les femelles croisées donnent toutes des lapereaux (laissés sous la mère) d'un poids à la naissance inférieur à la moyenne des 2 parents, tout particulièrement lorsque la race GB est impliquée. Ceci peut trouver une explication en partie dans l'accroissement de la taille de portée chez les lapines croisées. D’autre part, des différences significatives sont obtenues sur le poids des lapins au sevrage avec des moyennes allant de 913g pour le type CA à 1055g pour le type NZ x GB alors même que la taille des portées était limitée à 8 après la naissance. Les portées des lapines GB présentent une mortalité élevée à la naissance avec 1,47 mort-nés/MB. On peut remarquer que les femelles croisées NZ x GB ont aussi la plus forte mortinatalité des 6 génotypes expérimentaux (1,57 mort- nés/MB. Si on estime la productivité moyenne annuelle des 6 génotypes, exprimée en nombre de lapereaux sevrés par femelle et par an, on constate une productivité beaucoup

plus forte pour les lapins croisées CA x NZ avec un hétérosis apparent de 34%. Cet hétérosis permet aux lapines croisées de produire 6 lapins de plus que la meilleure des 2 lignées parentales (femelles NZ avec 52,6 sevrés/an). Il y a aussi un hétérosis pour les deux autre types de lapines croisées (GB x NZ 15,3% et NZ x GB 13,1%), mais celui-ci est insuffisant pour permettre de produire plus de lapereaux sevrés qu'avec la meilleure des 2 souches parentales (souche NZ).2.2. Effet du numéro de la portéeLes résultats ne montrent aucun effet significatif du numéro de la portée sur la taille de la portée à la naissance et au sevrage, ni d'interaction significative pour aucun critère. Seul le poids moyen des lapereaux à la naissance (laissés sous la mère) et au sevrage varie significativement en fonction du numéro de la portée. Classiquement, le poids s'accroît avec le numéro de la portée (Tableau 2). En moyenne, les lapereaux pèsent 13g de plus à la naissance et 171g de plus au sevrage dans les portées de rangs 4 et 5 comparativement à la 1ère

portée. La mortalité sous la mère est pratiquement deux fois plus élevée au cours de la première portée par rapport aux suivantes. Contrairement à ces résultats, Kpodekon et al. (2006) ont obtenu une augmentation de la mortalité entre la naissance et le sevrage de 11 à 19% de la 1ère portée à la 6ème portée et plus.1.1.Effet du génotype du mâle (accouplement avec des lapines NZ exclusivement)L’effet négatif du génotype GB sur la viabilité des lapereaux à la naissance mentionné lors de l'analyse de l'effet du génotype des lapines est clairement démontré dans cette analyse : les portées issues de pères GB ont une mortinatalité de 1,14 lapereaux par MB contre 0,58 et 0,78 lapereaux pour les 2 autres génotypes de père (P<0,05). Par ailleurs, les lapereaux croisés tendent à être un peu plus lourds à la naissance (mâles CA ou GB) que les lapereaux issus du génotype NZ sans que cet effet puisse être relié à une variation de la taille des portées. Au sevrage, le poids des lapereaux diffère significativement pour chacun des 3 génotypes de père (dans l’ordre croissant : CA, NZ et puis GB). La productivité moyenne annuelle n'est pas

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Tableau 3: Effet du génotype du mâle accouplé avec les femelles NZ sur les performances de reproduction

CritèresGénotype du mâle

CA GB NZCV%

résiduelEffet du type

de mâleNombre de mâles 16 19 42 - -Nbre. de Mises Bas 247 325 439 - -

Nés totaux /MB 9,07 9,41 8,99 32,7% > 0,10 nsNés vivants /MB 8,48 8,27 8,21 39,7% > 0,10 nsNés morts /MB 0,59a 1,14b 0,78a 225% = 0,0065Laissés / portée 7,06 6,93 7,21 25,3% > 0,10 ns

Poids moyen nais. (g) 67,0ab 67,7a 65,5b 17,7% = 0,0908Intervalle 2 MB (jours) 46,7 47,5 47,9 25,8% > 0,10 nsSevrés par MB (laissé 1et+) 6,46ab 6,18a 6,72b 31,7% = 0,0107Mortalité MB-sevrage 8,9%a 9,5%a 6,8%b - < 0,0001Sevrés par sevrage 6,67ab 6,46a 6,87b 26,6% = 0,0358Poids moyen au sevrage g 981a 1072c 1022b 14,3% < 0,0001Productivité numérique 52,6 51,9 54,1 35,6% > 0,10 ns

a, b, c ..: sur une même ligne les moyennes ajustées affectées d'une lettre différente, différent entre elles au seuil P=0,05Nbre = Nombre, MB = mise bas, CV% = Coefficient de variation (= écart type / moyenne générale).significativement affectée par le type de mâle accouplé avec les lapines NZ. Cependant, une interaction significative avec la saison considérée (P = 0,0016) a été obtenue. La productivité annuelle enregistrée est de 55,5 sevrés pour les naissances d'automne et de seulement 50,5 sevrés/femelle/an pour les mises bas d'hiver (P= 0,0016). L'interaction vient de ce que les femelles accouplées aux mâles CA ont une intensité de production maximale en automne (62,3 sevrés/femelle/an) et minimum en hiver (45,7 sevrés/femelle/an) tandis que lorsqu'elles sont accouplées à des mâles GB l'intensité maximale est observée au printemps (57,4 sevrés/femelle/an) et minimale en été (46,7 sevrés/femelle/an). De leur côté, les femelles accouplées à des mâles NZ ont une intensité de production régulière toute l'année (entre 53,1 et 54,9 sevrés/femelle/an).

ConclusionIl ressort de ces résultats que parmi les 6 génotypes testés, l’utilisation d'un père CA et d'une mère NZ est à favoriser pour la production de femelles reproductrices. La régularité dans le rythme de reproduction semi-intensif et leur productivité moyenne au sevrage de l’ordre de 58,8 lapins/an privilégient les femelles CA x NZ par rapport aux races pures et aux autres types de croisement testés. Une étude complémentaire incluant les croisements réciproques devrait permettre de confirmer les résultats du présent travail.

RemerciementsLe travail a été réalisé en collaboration avec le RAGCQ, le CRSAD et le Syndicat des producteurs de lapins du Québec (SPLQ). Il a été soutenu financièrement en partie par le Conseil pour le développement de l’agriculture au Québec (CDAQ) et par le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

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Performances de croissance de lapins de races pures et croisésen élevage assaini au Québec

A. OUYED1, F. LEBAS2, M. LEFRANÇOIS3, J. RIVEST4

1Centre de Recherche en Sciences Animales de Deschambault, 120A chemin du Roy (Qc), Canada. G0A 1S0.2 Cuniculture, 87A Chemin de Lasserre, 31450 Corronsac, France.

3Université Laval. FSAA, pavillon Paul Comtois. Sainte-Foy (Qc), Canada. G1K 7P4.4Centre de développement du porc du Québec inc. 2795 Bd. Laurier, Sainte-Foy (Qc), Canada G1V 4M7.

Résumé. Les performances moyennes de croissance de 861 portées (5733 lapins) des races pures Néo-Zélandais Blanc (NZ) et Californien (CA) et des croisées CA x NZ, NZ x CA, GB x NZ, NZ x (CA x NZ), NZ x (GB x NZ) et NZ x (NZ x GB) (père x mère) ont été suivies dans un élevage assaini pendant 28 jours à partir du sevrage (à 35 j). Les lapins étaient logés par portée. Il existe des différences hautement significatives des performances en fonction du type génétique des lapereaux. Les lapereaux issus des mâles NZ croisés avec des femelles NZ x GB sont ceux qui présentent les meilleurs performances pour le poids à 63 jours (2 461 g), le GMQ (49,6 g/j) et l’IC (2,91) comparativement aux autres types génétiquesAbstract. Growth performance of some purebred and crossbred rabbits raised under uncontaminated conditions in Québec. Abstract : This study was conducted to compare growth performance from purebred White New Zealand (NZ) and Californian (CA) rabbits and from crossbred rabbits (CA x NZ, NZ x CA, Geant Blanc du Bouscat (GB) x NZ, NZ x (CA x NZ), NZ x (GB x NZ) et NZ x (NZ x GB)) raised in a clean environment. Results from 861 litters (5733 rabbits) were collected during a 28 days growth test. Genotypes had significant (P<0,0001) effects on rabbits growth performance. Rabbits with the NZ x (NZ x GB) genotype showed the best results for weight at 63 days of age (2 461g), average daily weight gain (49,6 g/day) and feed conversion ratio (2,91).

IntroductionLe Syndicat des producteurs de lapins du Québec (SPLQ) a mis en place en 2003 une agence de vente avec des quotas pour les producteurs commerciaux. Ces derniers sont tenus de régulariser leur approvisionnement en lapins de qualité et en quantités suffisantes afin de répondre aux besoins spécifiques du marché. Durant l’année 2004, les producteurs de lapins ont livré aux abattoirs, via l’Agence de vente, un total de 353900 lapins alors que la demande des acheteurs était de 392000 lapins. L’augmentation des quantités livrées à 367750 lapins en 2005 n’a pas permis de combler la demande qui était alors de l’ordre de 411200 lapins (SPLQ, 2006). La satisfaction de cette demande croissante passe non seulement par la production de femelles croisées à haute productivité numérique (Ouyed et al., 2007), mais aussi par l’amélioration de la vitesse de croissance des lapins. Ce dernier paramètre permet aux producteurs de respecter leurs quotas tout en faisant des économies considérables en coûts d’alimentation. La vitesse de croissance en engraissement, la consommation alimentaire et l’efficacité alimentaire sont des caractères économiques d’importance (Armero et Blasco, 1992).Le présent travail correspondant à la phase d’observation préliminaire à la sélection, est nécessaire pour choisir les génotypes les plus prometteurs. C’est ainsi que les performances de croissance de lapins de race pure et de différents croisements ont été mesurées pendant 4 semaines à partir du sevrage effectué à l’âge de 5 semaines.

1. Matériel et méthodes1.1. Les animauxAu total, 5733 lapins provenant de 861 portées suivis en engraissement du sevrage jusqu’à l’âge de 63 jours ont été utilisés pour cette expérience. Ces lapins correspondent aux naissances allant du mois d’août 2004 au mois d’avril 2006. Les 8 génotypes retenus sont les races pures Néo-Zélandais Blanc (NZ) et Californien (CA) ainsi que les croisements [génotype père x génotype mère] CA x NZ, NZ x CA, GB x NZ, NZ x (CA x NZ), NZ x (GB x NZ) et NZ x (NZ x GB). Le manque d’effectif n’a pas permis de considérer d'autres génotypes. Lors du sevrage à l’âge de cinq semaines, les lapins ont été placés par portées entières dans des cages collectives d’engraissement. Les lapins ont été nourris à volonté avec un aliment commercial couvrant les besoins de croissance: 2 375 kcal/kg d'énergie métabolisable et 16 %.de protéines brutes.1.2. Les bâtimentsLe projet s’est déroulé au clapier DC-0131 du Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD). La spécificité de ce clapier réside dans son caractère assaini. Les conditions générales de fonctionnement ont été décrites dans une précédente communication (Ouyed et al., 2007), de même que les conditions d’élevage des lapines ayant donné naissance à ces lapereaux. La seule différence est la température minimale de 16°C en hiver et un éclairage de 8h/24h.

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1.3. Les contrôles effectués et paramètres calculésLes lapins ont été pesés individuellement au sevrage et à 63 jours d’âge. La quantité d’aliment servie pendant la période d’engraissement et la quantité d’aliment refusée à 63 jours ont également été pesées pour chaque cage. Ces données ont servi au calcul, pour chaque portée (cage), du poids moyen au sevrage, du poids moyen à 63 jours d’âge, de la consommation alimentaire moyenne quotidienne (CMQ), du gain moyen quotidien (GMQ) et de l’indice de conversion alimentaire (IC), selon le type génétique et pour toute la durée de l’engraissement. La CMQ correspond à la différence entre la quantité totale d’aliment distribuée et la quantité d’aliment refusée divisée par la durée de l’engraissement (28 jours) et par le nombre moyen de lapins dans la cage. Le GMQ correspond à la différence entre le poids moyen à 63 jours et le poids moyen au sevrage, divisée par la durée d’engraissement (28 jours). L’IC est calculé en divisant la CMQ par le GMQ.1.4. Analyses statistiquesL'effet des différents types génétiques sur les performances moyennes des portées a été étudié par analyse de variance en utilisant la procédure GLM de SAS Micro (SAS, 1988). Pour toutes les portées, les effets du numéro de la portée (1 à 6 et plus), de la saison de naissance (Printemps, été, automne et hiver), du type génétique des lapereaux et l’interaction éventuelle entre ces facteurs ont été pris en compte dans l’analyse. Les comparaisons entres certains sous groupes ont été effectuées par la méthode des contrastes. La taille et le poids moyen de la portée au sevrage ont été considérés comme covariables. Les résultats sont présentés sous forme de moyennes arithmétiques pour les 8 génotypes, comparées entre elle par un test de Duncan (SAS, 1988). Pour les effets de la saison et du numéro de portée les résultats sont présentés sous forme d’estimées calculées par la méthode des moindres

carrés, comparées entre elles par la procédure "pdiff" (SAS, 1988). Pour ces deux derniers effets, les lapins NZ x CA n’ont pas été considérés en raison d’effectif trop faible (11 portées). L’hétérosis ou plus exactement la supériorité phénotypique des animaux croisés par rapport aux races parentales correspondant est calculé comme suit : H=[(PF1-PP)/PP]x100. Avec, PF1=Performances des croisés, PP=(PA+PB)/2, est la moyenne des performances des deux parents (A et B).

2. Résultats et discussion2.1.Effet du génotype des lapereauxL’analyse des performances de croissance en fonction du génotype des lapereaux montre un effet hautement significatif (P<0,0001) et numériquement important (Tableau 1). Les lapereaux issus du mâles GB ou des femelles GB x NZ et NZ x GB présentent les vitesses de croissance les plus élevées (47,9 - 47,0 et 49,6 g/j respectivement) et les indices de consommation les plus intéressants (3,04 - 2,99 et 2,91 respectivement). De plus, les lapereaux issus des mères NZ x GB ont des GMQ significativement supérieurs de 5,5 % à ceux des lapereaux issus du même génotype de père (NZ) mais de mères GB x NZ. Ceci démontre que dans la limite des cas étudiés, l’utilisation des souches lourdes en croisement permet d’améliorer la vitesse de croissance, le poids à 63 jours et l’efficacité alimentaire des lapereaux de boucherie comme cela a été démontré par ailleurs par Larzul et Gondret (2005). Ces résultats corroborent aussi ceux de Ozimba et Lukefahr (1991) qui rapportent une augmentation de la vitesse de croissance, du poids à 70 jours et de la consommation alimentaire ainsi qu’une meilleure efficacité alimentaire chez les lapins issus du croisement avec le Géant des Flandres (GF), comparativement aux lapins de races pures NZ ou CA et de leurs croisements. Prayaga et Eady (2003) ont également obtenu de meilleures performances de croissance pour les lapins de races pures NZ et GF et des lapins croisés GF x NZ, comparativement aux

Tableau 1 : Performances de croissance en fonction du génotype des lapereaux.Génotype des lapereaux (a)

Nbre. de portées

Sevrés par portée

Nbre. à 63 jours /portée

Pds. moyen sevrage (g)

Pds. moyen 63 jours (g)

GMQ(g/j)

CMQ(g/j)

IC(g/g)

CAxCA 36 4,72b 4,64b 885d 2011d 40,2d 130,2c 3,28aCAxNZ 137 6,94a 6,87a 981bc 2169c 42,4cd 134,4abc 3,18abcGBxNZ 178 6,69a 6,60a 1072a 2413ab 47,9ab 145,6a 3,04bcdNZx(CAxNZ) 109 7,07a 6,99abc 1001c 2239c 44,2c 133,1bc 3,01cdNZx(GBxNZ) 102 6,61a 6,56a 1038ab 2353b 47,0b 139,4abc 2,99cdNZx(NZxGB) 60 6,65a 6,53a 1074a 2461a 49,6a 143,9ab 2,91dNZxCA 11 5,00b 5,00b 942dc 2131c 42,4cd 137,6abc 3,25abNZxNZ 228 6,92a 6,80a 1028ab 2186c 41,4d 131,2c 3,18abc

CV rés. % - 24,0 4,1 14,8 6,0 10,9 12,0 11,2Effet génotype - <0,0001 =0,0002 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001Effet taille portée - - <0,0001 - <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001Effet pds sevrage - - <0,0001 - <0,0001 ns <0,0001 <0,0001a, b, c ..: sur une même colonne les moyennes ajustées affectées d'une lettre différente, différent entre elles au seuil P=0,05ns = non significatif, Nbre= Nombre, Pds = poids, CV rés. = coefficient de variation résiduel. (a) Le type génétique du père est donné en premier.

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lapins de race pure CA et des croisés CA x NZ et CA x (GF x NZ). Cependant, le taux de mortalité relativement élevé à la naissance et au sevrage obtenu avec les femelles croisées GB x NZ et du croisement réciproque (Ouyed et al., 2007), peut remettre en cause l'utilisation de ce type de femelles croisées pour un production commerciale. D’autre part, les lapereaux californiens (CA) et néo-zélandais (NZ) présentent les performances les moins intéressantes en valeur absolue (Tableau 1). Par contre, les lapereaux issus des croisements faisant appel à ces deux génotypes présentent des performances significativement supérieures à celles des lapins des deux génotypes parentaux pour la croissance et la consommation mais pas pour l’IC. La valeur de l’hétérosis apparent, est de 3,92% pour le GMQ, 2,83 et 5,35% pour la consommation, pour les lapins CA x NZ et NZ x CA respectivement. D’autre part, les lapereaux issus du croisement des mâles NZ avec des femelles CA x NZ ont des hétérosis de 5,48% pour le GMQ, 0,22% pour le CMQ et –5,34% pour l’IC. Les valeurs de l’hétérosis obtenues par Madellin et Lukefahr (2001) sont de 5 % pour le

GMQ, de 2,8 % pour le CMQ et de 0,5 % pour l’IC en comparant les lapins croisés Altex x NZ aux races pures respectives.2.2. Effet de la saisonIl existe un effet hautement significatif (P<0,0001) de la saison sur le GMQ et la CMQ et significatif (P<0,05) sur l’IC (Tableau 2). Celui-ci augmente progressivement du printemps à l’été pour diminuer relativement pendant l’hiver (3,01 l’été vs 3,10 l’hiver). Concernant le GMQ, il est plus élevé de 4,61% en hiver et en automne comparativement au printemps et à l’été. Cela peut s’expliquer en partie par l’augmentation de la consommation alimentaire pendant les saisons d’hiver et d’automne. Puisque la durée quotidienne de l’éclairage est constante à 8 heures, l’effet saison pourrait être attribué à la variation de la température et de l’humidité. En effet, la diminution de la consommation alimentaire pendant l’été sous l’effet des températures élevées a un effet négatif sur le poids des lapins et sur leur vitesse de croissance (Orengo et al., 2004). Par ailleurs, il est à noter qu’il n’y a aucune interaction significative entre le génotype des lapereaux et la saison de naissance sur les performances de croissance.

Tableau 2 : Effet de la saison sur les performances de croissance des lapereaux.

CritèresSaisons

Printemps Été Automne HiverCV rés.

%

Effets statistique PSaison

< 0,0001Nbre. Sev.

Pds. Sev.

Nombre de portées 178 207 241 224 - - - -GMQ g/j 42,8a 43,9a 45,3b 45,4b 10,6 <0,0001 <0,0001 nsCMQ g/j 128,2a 133,3ab 140,9c 139,1c 11,4 <0,0001 <0,0001 <0,0001IC g/g 3,01a 3,05ab 3,13c 3,10bc 11,1 =0,0197 <0,0001 <0,0001

a, b, c ..: sur une même ligne les moyennes ajustées affectées d'une lettre différente, différent entre elles au seuil P=0,05ns = non significatif, Nbre. Sev. = Nombre moyen de sevrés, Pds. Sev. = poids moyen au sevrage en g, CV rés.= coefficient de variation résiduel.

2.3. Effet du numéro de la portéeLes résultats présentés au tableau 3 montrent des effets significatifs du numéro de la portée sur le GMQ, la CMQ et le poids à 63 jours (P<0,05). Cependant, l’IC ne semble pas varier significativement (P=0,054) en fonction de ce facteur. Globalement, les lapereaux provenant de la 4e et de la 5e portées présentent les performances les plus faibles pour le GMQ (43,7 g/j vs 45,9 g/j à la 2ème portée), la CMQ (131,5 g/j vs 138,7 g/j à la 1ère portée) et le poids à 63 jours (2 247 g vs 2 309 g

à la 2ème portée). Les lapereaux issus des premières portées ne semblent pas avoir des performances nettement différentes des lapereaux des portées suivantes. Ces résultats sont en désaccord avec ceux de Ozimba et Lukefahr (1991) qui ne rapportent aucun effet significatif du numéro de la portée sur les performances de croissance. Aussi, Orengo et al. (2004) obtiennent les performances les plus faibles pour les poids à 60 jours, la vitesse de croissance et la consommation alimentaire chez les lapins issus des premières portées.

Tableau 3 : Effet du numéro de la portée sur les performances de croissance des lapereaux.

CritèresN° de portée

1 2 3 4 - 5 6 et plusCV rés.

%

Effets statistiques PN°

PortéeNbre. Sev.

Pds. Sev.

Nombre de portées 131 127 107 169 316 - - - -GMQ g/j 44,8ab 45,9a 44,6ab 43,7b 44,5a 10,7 =0,0193 <0,0001 nsCMQ g/j 138,7a 137,3a 137,3a 131,5b 136,9a 11,8 =0,0108 <0,0001 <0,0001IC g/g 3,13a 3,01b 3,12a 3,04ab 3,09ab 11,1 =0,0543 <0,0001 <0,0001Pds. Moy. 63 j. (g) 2278ab 2309a 2293ab 2247b 2270a 5,8 =0,0194 <0,0001 <0,0001

a, b, c ..: sur une même ligne les moyennes ajustées affectées d'une lettre différente, différent entre elles au seuil P=0,05ns = non significatif, Nbre. Sev. = Nombre moyen de sevrés, Pds. Sev. = poids moyen au sevrage en g, CV rés.= coefficient de variation résiduel.

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ConclusionIl ressort de cette étude que dans la limite des génotypes comparés, l’utilisation d'une race lourde en croisement permet d’augmenter la vitesse de croissance et l’efficacité alimentaire des lapins durant l’engraissement. Il serait intéressant de vérifier si cette utilisation permet également l’amélioration des caractéristiques de la carcasse, à savoir le rendement et le poids des différentes parties après découpe. Au regard des résultats des deux essais, Ouyed et al. (2007) et la présente étude, nous pouvons conclure que l’utilisation des femelles parentales CA x NZ en accouplement avec un mâle terminal de race lourde, devrait permettre d’atteindre des objectifs de productivité numérique et pondérale très intéressants. Des essais complémentaires comprenant toutes les possibilités de croisement sont cependant nécessaires pour confirmer ces résultats.

Remerciements Le travail a été réalisé en collaboration le SPLQ, le CRSAD et le Regroupement pour l’Amélioration Génétique Cunicole du Québec (RAGCQ). Il a été soutenu financièrement en partie par le Conseil pour le développement de l’agriculture au Québec (CDAQ) et par le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

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selection indicies. J. Appl. Rabbit Res. 15:637-642.LARZUL C., GONDET F., 2005. Aspects génétiques de la

croissance et de la qualité de la viande chez le lapin. INRA, Prod. Anim., 2005, 18 (2), 119-129.

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OZIMBA C. E, LUKEFAHR S. D., 1991. Comparaison of rabbit breed types for postweaning litter growth, feed efficiency, and survival performance traits. J. Anim. Sci. 1991. 69:3494-3500.

PRAYAGA K. C., EADY S. J., 2003. Performance of purebred and crossbred rabbits in Australia: Individual growth ans slaughter traits. Aust. J. Agric. Res. 2003, vol. 54, n°2, 159-166.

SAS 1988, SAS/STAT for Micro, Release 6.02, SAS Inst Inc. Cary NC, USA.

SPLQ, 2006. Cahier de l’assemblée générale annuelle du Syndicat des producteurs de lapins du Québec. 28 Octobre 2006, Saint-Léonard d’Aston, p 50.

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