[RevistasEnFrancés] ElNuevoObservador Especial60páginas - del 18 al 24 de octubre de 2012
[RevistasEnFrancés] ElMensajeroInternacional_n°1127_del07al13deJunio_2012
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ObamaChef de larme des drones
Core du SudDes moines bouddhistes paillards
MexiqueLa mode des narcofilms
ourrierinternational.com 1127 du 7 au 13 juin 2012
Voyage Le tour du patrimoine italien vlo
Aux abois, le dictateur syriendfie la communaut
internationale
Assad
lassassin
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n 1127 | du 7 au 13 juin 2012
Editorial
Lhiver syrienUn an et demi aprs la rvo-lution en Tunisie, que reste-t-il des printemps arabes ?De ce vent de libert qui sestlev sur la place Tahrir auCaire, Benghazi en Libye ou Sanaa au Ymen ? A len-thousiasme soulev par lavision de cette ribambelle de
dictateurs dchus a succd le got amer des illu-sions dmocratiques perdues. Cest l quintervient
le printemps syrien, naufrage dun rgime sangui-naire sur fond de glacis diplomatique. Dix millemorts (au minimum) depuis les premires rvoltesde mars 2011, et cette impuissance coupable dunecommunaut internationale qui ne veut pasconfondre Libye et Syrie. Si cela va sans dire, celaira encore mieux en le disant, disait, en 1814, Talley-rand. Alors disons-le. Malgr tous leurs efforts, lha-bituel prpos aux plans de paix Kofi Annan et les300 observateurs des Nations unies prsents enSyrie ont chou. Depuis des jours, la guerre civilene menace plus le pays : elle y fait rage et risque dese propager. Face Bachar El-Assad linflexible, lesdiplomates internationaux condamnent, mais leurscris se heurtent aux parois de la Maison de verre(sige de lONU), do, au nom de leur sacro-saintdroit de veto, Pkin et Moscou laissent faire
lassassin de Damas. Combien de tueries de Houla(108 morts, dont la moiti denfants) faudra-t-ilencore pour flchir Vladimir Poutine ? On nousprdit depuis des mois la chute du rgime syrien,mais le compte rebours est-il seulement enclen-ch ? Intervention militaire ponctuelle, dpartdAssad faon ymnite, dcoupage de la Syrie : lesscnarios existent, mme si aucun ne parat aujour-dhui raliste. Mais demain, si le statu quo persiste,que restera-t-il de la Syrie ? Eric Chol
En couverture : Bachar El-Assad avec sa femmeAsma lors dune visite en France.Photo de Gerard Cerles,AFP
5
Sommaire
6 Plante presse8 Les gens12 A suivre
En couverture14 Syrie : Bachar El-Assad, lassassin
Quinze mois aprs le dbut delinsurrection, lavenir de la Syrie demeureincertain. La communaut internationalepeine dgager un consensus, il ny a pasdintervention occidentale en vue,et lopposition syrienne se dchire.Une seule certitude : ce rgime qui faitcouler le sang ne tient plus le pays.Et Bachar El-Assad doit partir.
Dun continent lautre20 FrancePolitique Rien dune femmede despote arabeAutomob ile Peugeot a tort
de quitter lIranParis Cinq coupoles bienencombrantes
23 EuropeEspagne Rsister, rsister, rsisterIrlande Un oui en dsespoirde cause
Italie Les dessous de laffaire VatiLeaks26 AmriquesEtats-Unis Comment Obamaa appris tuer avec ses dronesBrsil Des autocars de tourismepour main-duvre bon marchBrsil A la recherche des invisiblesde la pauvret30 AsieCore du Sud Des moines paillardsrcoltent la tempteIn de Jaime les livres plusque ma femmeMalaisie Le rock sataniquetous dcibels dehors34 Moyen-Orient
Isral Ici, on naime pas les Noirs
26
38SciencesEn Indonsie, pas besoinde psys
35 AfriqueMali Dioncounda Traor, la clde la transitionAfriqu e du Sud Luvre qui dshabillele pays...Maroc Une tolrance deux vitesses38 SciencesSant publique En Indonsie,pas besoin de psys40 EconomieFiscalit Merci, mon cher Trsor !Grce Les bons comptes de la troka
Long courrier44 Cinma A Tijuana, gros calibreset petits budgets48 Voyage Le tour de lItalieen cent huit jours50 Ides A quoi bon lire un livrejusquau bout ?51 Insolites Roulez vieillesse !
DOUARDCAUPEIL
Etats-UnisComment Obama a appris tuer avec ses drones
24ItalieLes dessous de laffaireVatiLeaks
upbybg
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Plante presse6 Courrier international | n 1127 | du 7 au 13 juin 2012
courrierinternational.com
ActuelMaroc,hebdomadaire. Fonden 2009, le magazine a pourslogan : Lesprit ouvert, sinonrien !A travers ses articleset ses dossiers trs complets,Actuelentend montrerle Maroc dans sa diversit,sa complexit et sesparadoxes. Il laisse une placeimportante liconographie.
Alef.ir(http://www.alef.ir),Iran. Le site est la propritdu dput conservateuriranien Ahmad Tavakolli,rival du prsidentMahmoud Ahmadinejaddans son propre camp.Le parlementaire utilisergulirement son site poursortir des affaires contre deshommes politiques prochesdu prsident, notammenten rvlant les faux diplmesde certains dentre eux.
Asharq Al-Awsat200 000 ex., Arabie Saoudite,quotidien. Le Moyen-Orient se prsente commele quotidien internationaldes Arabes. Edit par SaudiResearch and Marketing prsid par un frre du roi , il se veut modr et combatle radicalisme arabe,mme si plusieursde ses journalistes affichentune sensibilit islamiste.
CounterPunch(counterpunch.org),Etats-Unis. Les journalistes,qui se dcrivent comme
desfouinards radicalementde gauche, ont cr cette
newsletter bimensuelleen 1994. Ils publientdes articles sans concession,notamment sur des aspects
oublis ou ignors de la viepolitique amricaine.
Daily Maverick(http://dailymaverick.co.za),Afrique du Sud.Le Daily Maverick est nsur les cendres de Maverick,un magazine daffaires lancfin 2005. Mais la socitditrice fut emportepar la crise financirede 2008. Lquipede rdaction ne renonce pas :elle cre une version en ligne.Audacieux, dcal et ractif,le webzine est devenulun des sites pharesde la presse sud-africaine.
The Daily Star15 000 ex.,Liban, quotidien. LEtoile dujour est le premier quotidienen langue trangre au Liban.Indpendant et biendocument, il publiergulirement des articlesde la presse anglo-saxonne.
Les Echos3 000 ex., Mali,quotidien. Cr le 17 mars1989, le journal fonctionneen cooprative.Son directeur, Alpha OmarKonar, est devenu prsidentdu Mali en 1992 et est rest la tte du pays jusquen2002. Mais cela na pasempch Les Echos de restercritique et indpendantvis--vis du pouvoir.
O Estado de So Paulo350 000 ex., Brsil, quotidien.Fond en 1891, le plustraditionnel des quatregrands quotidiens brsiliensappartient O Estado,lun des plus importants
groupes de presse du pays.Plutt conservateur
et austre, il publiedepuis 1997 une slectionhebdomadaire darticlesduWall Street Journal.
O Globo 258 000 ex.,Brsil, quotidien. Depuis larue Irineu-Marinho (du nomdu fondateur de lempiremdiatique Globo), le plusgrand quotidien de Rio, lafois populaire et dfenseurdes milieux daffaires,dit tout aux Cariocas sur leurmgalopole et sur le mondeavec laide des chroniqueursles plus prestigieux du pays.
Al-Haqiqah (syriatruth.info),Pays-Bas. La Vritest un site dinformationcr par le Conseil nationalpour la vrit, la justiceet la rconciliationen Syrie (Synatic),une association dontla mission est de dnoncerles violations des droits
de lhomme en Syrie.Irish Independent181 000 ex., Irlande,quotidien. Parmi les deuxtitres nationaux que comptelIrlande, The Irish Timesest le plus prestigieux, maislIrish Independent est le pluslu. Ce dernier se distinguepar le point de vue libralquil apporte aux problmessociaux et religieux,si dlicats dans la rgion.
Makor Rishon Isral,hebdomadaire. Lanceen 1997, cette publicationrevendique dj12 000 abonns. Premiresource cherche constituerun carrefour des diversestendances nationalistesopposes aux accords dOslo.
Now Lebanon(nowlebanon.com) Liban.
Cr en 2007, le site proposeune couverture de lactualit,des analyses et une basedocumentaire ainsi que
des cartes concernant la viepolitique du Liban sur le planintrieur et international.Une version anglaise reprendcertaines de ses rubriques.
Open Inde, hebdomadaire.Cr le 10 avril 2009 parune quipe de journalistesen majorit jeuneset, pour certains, venusde lhebdomadaire Tehelkaou de la blogosphre, Openentend offrir aux lecteursun magazine ouvert lactualit internationale, avecune maquette dynamique.
Pacific Standard100 000 ex., Etats-Unis,bimestriel. Cr en 2008,le magazine sappelaitMiller-McCune, du nom de lditrice,Sara Miller McCune, avant
dtre rebaptis en 2012.Son ambition: mettre la porte du grand publicles rsultats de travauxscientifiques susceptiblesdapporter des solutionsdans le champ social.
Al-Quds Al-Arabi50 000 ex.,Royaume-Uni, quotidien.La Jrusalem arabe est lundes trois grands quotidienspanarabes dits Londres.Toutefois, contrairement ses confrresAl-HayatetAsharq Al-Awsat, il nestpas dtenu par des capitauxsaoudiens.
Le Rpublicain 20 000 ex.,Mali, quotidien. Fonden 1992 par lhommepolitique Tibil Dram,le journalparat du lundi
au vendredi. Il affiche uneligne ditoriale indpendante.
Science 165 000 ex.,Etats-Unis, hebdomadaire.Prestigieuse revue creen 1848. Elle offre un
panorama particulirementfouill et exhaustifde ltat et des dbatsde la science aux Etats-Uniset dans le reste du monde.
Il Sole-24 Ore 410 000 ex.,Italie, quotidien. Le journalde rfrence en matireconomique de lautre ctdes Alpes. Austre, il nenest pas moins extrmementbien inform. Pour conforterson leadership, il tendaujourdhui laisser plusde place lactualitnon conomique,avec un certain succs.
Southeast Asia Globe15 000 ex., Cambodge,mensuel. Indpendancede vue, qualit danalyseet originalit des sujets,
telles sont les ambitionsde ce titre cr en 2007et qui couvre lactualitpolitique, sociale,conomique et culturellede la partie continentalede lAsie du Sud-Est.
La Vanguardia 200 000 ex.,Espagne, quotidien.LAvant-Garde a t fondeen 1881 Barcelonepar la famille God, quien est toujours propritaire.Ce quotidien modret ouvert sur le mondeest le quatrime du pays entermes de diffusion, mais ilest numro un en Catalogne.
Weekly Kyunghyang92 000 ex., Core du Sud,hebdomadaire. Le titre a tcr en 1992 sous le nom deNewsmakerpar le quotidien
Kyunghyang Sinmun.Saffichant progressistemodr, il veutse dmarquer des titresconservateurs du pays, maisaussi de lhebdo de gaucheHankyoreh 21, en traitantde nombreux sujets autresque politiques. Le magazine apris son nom actuel en 2007.
Your Middle East(yourmiddleeast.com),Sude. Le site a t crfin 2011 par un groupede chercheurs sudoisspcialistes du mondearabo-musulman. Il couvre leMoyen-Orient et le Maghreb.Il se veut totalementindpendant et ne reoitaucun soutien financierde pays ou dONG.
Parmi nossources
cettesemaine
Surleweb
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Vu dailleursavec Christophe MoulinVendredi 14 h 10, samedi 21 h 10
et dimanche 14 h 10 et 17 h 10
La vie politique franaise
vue de ltranger
chaque semaine avec
Courrier international n 1127
Edit par Courrier international SA, socit anonyme avecdirectoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 .ActionnaireLe Monde Publications internationales SA.DirectoireAntoine Laporte, prsident et directeurde la publication ; Eric Chol.Conseil de surveillance Louis Dreyfus, prsident.Dpt lgal mai 2012Commission paritaire n0712C82101.ISSN n 1 154-516 X - Imprim en France / Printed in France
Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01Fax rdaction33 (0)1 46 46 16 02Site webwww.courrierinternational.comCourriel [email protected]
Directeur de la rdaction Eric CholRdacteurs en chefJean-Hbert Armengaud (16 57), Odile Conseil(web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), RaymondClarinard (16 77), Isabelle Lauze (16 54).
Assistante Dalila Bounekta (16 16)Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31)Conception graphique Mark Porter Associates
Europe Jean-Hbert Armengaud (coordination gnrale, 16 57), DanileRenon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche, Suisse almanique,16 22), Chlo Baker(Royaume-Uni, 19 75), Gerry Feehily (Irlande, 19 70), LucieGeffroy (Italie, 16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34), Iwona Ostapkowicz(Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubrique France, 17 32), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76),Wineke de Boer(Pays-Bas), SolveigGram Jensen (Danemark, Norvge),Alexia Kefalas (Grce, Chypre), MehmetKoksal (Belgique), Kristina Rnnqvist (Sude), Mlodine Sommier(Finlande),Alexandre Lvy (Bulgarie, coordination Balkans),Agns Jarfas(Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo), Miro Miceski (Macdoine),Martina Bulakova (Rp. tchque, Slovaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro,Croatie, Bosnie-Herzgovine), Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa(Estonie) Russie, est de lEurope Laurence Habay (chef de service, 1636),Alda Engoian (Caucase, Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine)AmriquesBrangre Cagnat (chef de service Amrique du Nord, 16 14), EricPape (Etats-Unis),Anne Proenza (chef de rubrique Amrique latine, 16 76), PaulJurgens (Brsil)AsieAgns Gaudu et Franck Renaud (chefs de service,Chine, Singapour, Tawan, 16 39), Nak Desquesnes (Asie du Sud, 16 51),Franois Gerles (Asie du Sud-Est),Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin(Chine, 17 47), Elisabeth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores),Kazuhiko Yatabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi (chef de service,
16 69), Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Saliby (16 35), Pascal Fenaux(Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Vanrie (Turquie)
Afrique Ousmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29), Hoda Saliby (Maghreb,16 35), Chawki Amari (Algrie), Sophie Bouillon (Afrique du Sud) EconomiePascale Boyen (chef de service, 16 47) SciencesAnh Ho Truong(chef derubrique, 16 40) Mdias Mouna El-Mokhtari (chef de rubrique, 17 36) LongcourrierIsabelle Lauze (16 54), Roman Schmidt Insolites ClaireMaupas (chef de rubrique, 16 60) Ils et elles ont dit Iwona Ostapkowicz(chef de rubrique, 16 74)
Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Mouna El-Mokhtari (rdactrice, 17 36), Catherine Guichard (rdactrice,1604), Pierrick Van-Th (webmestre, 16 82), Paul Blond (rdacteur, 16 65),Mathilde Melot, Albane Salzberg(marketing)
Agence CourrierSabine Grandadam (chef de service, 16 97)
Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint, 16 77), NatalieAmargier(russe), Catherine Baron (anglais, espagnol), Isabelle Boudon(anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais), CarolineLee (anglais, allemand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier(chinois), JulieMarcot (anglais, espagnol, portugais), Daniel Matias (portugais), Marie-Franoise Monthiers (japonais), Mikage Nagahama (japonais), Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol (anglais, espagnol),Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol), Leslie Talaga
RvisionJean-Luc Majouret (chef de service, 16 42), Marianne Bonneau,Philippe Czerepak, Fabienne Grard, Franoise Picon, PhilippePlanche, Emmanuel Tronquart (site Internet)
Photographies, illustrations Pascal Philippe (chef de service, 16 41),Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53)
Maquette Bernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey,
Nathalie Le Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, DenisScudeller, Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, ClineMerrien (colorisation)Cartographie Thierry Gauth (16 70)Infographie Catherine Doutey(16 66)
Calligraphie Hlne Ho (Chine),Abdollah Kiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon)
Informatique Denis Scudeller(16 84)
Directeur de la production Olivier Moll Fabrication NathalieCommuneau (directrice adjointe) et Sarah Trhin (responsable defabrication) Impression, brochage Maury, 45330 Malesherbes
Ont particip ce numro Gilles Berton, Mathieu Besselivre,Aurlie Boissire, Jean-Baptist e Bor, Valrie Brunissen, SophieCourtois, Genevive Deschamps, Nicolas Gallet, Armel Gauth,Ghazal Golshiri, Clment Graeff, Gabriel Hassan, Mira Kamdar,Nathalie Kantt, Anne-Marie Kornek, Gaa Lassaube, Virginie Lepetit,Carole Lyon, Franois Mazet, Valentine Morizot, Nicolas Oxen, RaoulRoy, Nicole Thirion, Florencia Valds Andino, Thomas Werkmeister
Directeur dlgu de la rdaction charg de linternationalPhilippe Thureau-Dangin
Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46).Assistante s : N oluennBizien (16 52), Sophie Nzet (Partenariats, 16 99), Sophie Jan GestionJulie Delpech de Frayssinet (responsable, 16 13). Comptabilit : 01 48 8845 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16)Ventes aunumro Responsable publications : Brigitte Billiard. Direction desventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit : Jrme Pons(0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diffusion internationale : Franck-OlivierTorro (01 57 28 32 22). Promotion : Christiane Montillet
MarketingSophie Gerbaud (directrice, 16 18),Vronique Lallemand (16 91),
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Les gens8 Courrier international | n 1127 | du 7 au 13 juin 2012
Ils et elles ont dit
Natalia Koliada,dramaturgeet opposantebilorusseDsespreLe rgimebilorusse nestpas la mode.Personne ne parlede la Bilorussie, se plaintlartiste, rfugie au Royaume Uni.Beaucoup de pays du printempsarabe ont des ressourcesnaturelles, du ptrole, du gaz.La Bilorussie na que des gens.(The Observer, Londres)
Simon Diankov,ministre des Finances bulgareSvreEn Europe de lEst, nous avonslhabitude de ne compterque sur nous-mmes.
Au Sud, certains pays, commela Grce, se comportent commedes enfants gts. Ils sontpersuads que plus ils pleurent,plus ils auront de sucreries.(Die Presse, Vienne)
George Soros,milliardaire amricainPessimisteLes gouvernements de la zoneeuro ont trois mois pour sauverla monnaie unique, annonce celuiqui, en 1992, a mis genoux la BanquedAngleterre en spculant contrela livre sterling. On vit, selon lui, unedcennie perduepour lEurope,tout comme les annes 1980 pourlAmrique latine. (Voir aussi p. 42.)(The New York Times, Etats-Unis)
Bachar El-Assad,dictateur syrienCyniqueQuand un chirurgien est en salledopration, quil sectionne,nettoie, ampute, que la blessuresaigne, est-ce quon lui reprochedavoir du sang sur les mainsou est-ce quon le remercie davoirsauv le patient ?Dans sondiscours tlvis du 3 juin, il justifie larpression sanglante de loppositionsyrienne. (Voir aussi pp. 14-19.)(Al-Hayat, Londres)
Ehoud Barak, ministrede la Dfense isralienReconnaissantLes Allemands peuvent tre fiersdavoir assur lexistence de lEtatdIsral pour de nombreusesannes.Les rvlations surla fourniture par lAllemagne de troissous-marins nuclaires Isralsuscitent la polmique en Allemagne.(Der Spiegel, Hambourg)
Fang Zheng,militant chinois des droitsde lhommeEcrasJe ne crois pas que ctait le gestedun seul individu : ce ntaitpas un char qui ma roul dessus,mais une section entire.Le 4 juin1989, les chars pntrant sur la placeTiananmen, Pkin, lui ont crasles jambes. Exil depuis 2009,il a t autoris se rendre
Hong Kong pourla commmorationde cette tragdie,occulte par lesautorits chinoises.Plus de 1 600personnesavaient trouv la mort.
(South ChinaMorning Post,
Hong Kong)DR
Kato YoshikazuDessinde Mikel Casal(Saint-Sbastien)pourCourrier
international.
en Chine sont que les mdias ne ressemblent pas des mdias, que le peuple ne ressemble pasau peuple, que lcole ne ressemble pas lcole.Il me fait peur, et en mme temps me procureun sentiment de perplexit trs difficile dcrire, a comment un tudiant chinoissur le web aprs une rencontre avecYoshikazu.En 2011, Yoshikazu sest fix commeprogramme de visiter cent universitschinoises. Il a depuis rencontr des tudiantsdans soixante-dix dentre elles. Pourquoisintresse-t-il aux tudiants chinois ?Luniversit est un microcosme de la socitchinoise, ces jeunes vont tre le facteurqui va influencer lavenir de la Chine. La vritablerforme ne sera pas laprs-XVIIIe Congrs[du Parti communiste] en 2012, mais, entre 2022et 2032, quand les tudiants daujourdhuiseront aux commandes du pays.Mais pourquoi
attendre si longtemps ? Effectivement,les rformes devraient se faire aujourdhui,
mais le pouvoir se dchargede ses responsabilits
sur les gnrations futures.Dans un article titr
La rvolution nest paspossible Pkin, toujours
dans le magazineYazhou Zhoukan,il livre son point de vuesur la socit :Le plus important,cest que les Chinois sonttrop occups. Le tempset lnergie leur manquent
pour sintresser
aux conflits avecle gouvernement. Les Chinoisrvent dune belle vie,
mais se rendent compteque cest de plus en plus difficile.
Quest-ce qutre occup ?Mon dcodage du sinogramme du motoccupation[], cest la mort ducur. Aujourdhui, lide de concrtiser
ses rves est oublie.Bien quil ait t reu en tant quereprsentant des jeunes Japonais parle prsident chinois Hu Jintaoen 2008, Yoshikazu npargne pasla politique chinoise. Il y a deuxgroupes vulnrables en Chine, celui
des migrants et celui des tudiants ;cependant, jestime que cest le Parti
communiste chinois qui se sentle plus en situation dinscurit.Zhang Zhulin
* A la fin de lanne 1937,les troupes japonaisesassigent la ville, alors capitale,massacrant plusieursdizaines de milliers de civilset de militaires jusqu
300 000 selon les chif fresofficiels chinois.
Kato Yoshikazu
Le Japonaisqui parleaux Chinois
La question a t maintes fois posepar des Chinois Kato Yoshikazu.Comment dfinissez-vous lemassacre de Nankin* ?Ce 20 mai, pour son nouvel essaicrit en chinois,Message aux jeunes
perplexes, il sest dplac Nankin, capitalede la province du Jiangsu. Comme dhabitude,ce Japonais de 28 ans a rpondu avec habilet cette dlicate question qui envenimeles relations sino-japonaises.Kato Yoshikazu traite chaque articlequil rdige et sa vie sociale avec toutesles prcautions ncessaires, toujours avecun objectif dtermin, comme lcritle magazine Nanfeng Chuang.
Il sait quel rle jouer, de quoi il doit parler,ce quil faut viter de dire et comment.Il sait que, sil franchit la ligne jaune, il perdrasa place en Chine et au Japon.A propos deMessage aux jeunes perplexes,son seizime livre en chinois, le quotidientawanaisWangbao le qualifie de Japonaisqui a le plus le droit de faire entendre sa voixen Chine. Pourtant, Yoshikazu ne parlait pasun seul mot de chinois lors de son arrive luniversit de Pkin, en 2003 il y avait19 000 tudiants japonais en Chine en 2004.Quelques annes plus tard, un masteren relations internationales en poche,il est linvit permanent des mdias chinois,chroniqueur pour les titres les plusprestigieux Yazhou Zhoukan ou FTChinese.Il donne 300 interviews par an et publie
25 chroniques mensuelles. Il disposede 1,5 million de fans qui le suiventsur son microblog Weibo. Bien sr, il resteloin derrire Han Han, jeune crivain et pilotede rallye amateur limmense popularit(4,19 millions de fans), mais les mdiaslappellent dj le Han Han japonais.Je voudrais madresser aux Chinois, nimportequel moment et dans nimporte quel domaine ;il ne faut pas avoir peur des malentendusavec la communaut internationale,ni des disputes: un message clair, publidans son article du 6 mai pour le magazineYazhou Zhoukan.Ses analyses lont aid conqurircette jeunesse chinoise. Comme cette phraseglisse dans une interview Nanfeng Chuang
en dbut danne : Les plus graves problmes
En Chine, les mdiasne ressemblentpas des mdias
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12 Courrier international | n 1127 | du 7 au 13 juin 2012
Egypte
Le futur prsidentdj contestEchec de lide de former un conseilprsidentiel manant de la rvolution,titre le journalAl-Watan.Les deuxcandidats ayant pris part la rvolutionde janvier 2011, Hamdine Sabahiet Abdel Moneme Abou Al-Foutouh,limins au premier tourde la prsidentielle, ont demandsans succs au candidat des Frresmusulmans, Mohamed Morsi,de se retirer de la course du secondtour, les 16 et 17 juin. Le but taitde saboter le processus lectoral encours, qui risque daboutir la victoiredAhmed Chafik, candidat de lancien
rgime. Dsormais, les forcesrvolutionnaires semblent vouloir faireen sorte que le futur prsident naitpas de lgitimit, en faisant campagnepour une abstention massive. Djau premier tour, la participationnavait t que dun peu plus de 50 %.Ces mmes forces essaient galementde prendre tmoin lopinion publiqueafin dimposer aux deux finalistesune charte garantissant des acquisdmocratiques.
Roumanie
Un jeune Premier ministredans la course lectoraleLa Roumanie organise ce 10 juindes lections locales, dans un nouveaucontexte : le 7 mai, le pouvoirexcutif a chang de couleur politique,devenant rouge aprs plus dunedcennie de centre droit. Lartisandu changement, aprs une motionde censure au Parlement,est le nouveau Premier ministre,Victor Ponta. Ag de 39 ans, celui-cidoit relever plusieurs dfisavant les lections lgislativesde novembre. Ponta a donn la social-dmocratie une teinte prochedun libralisme scandinave,selon le bimensuel Qmagazine.
A suivre
Grce
Des lections haut risqueLa Grce est observe de prs lapproche des nouvelles lectionslgislatives, prvues pour
le 17 juin prochain. Selon les dernierssondages, le parti de la gauche radicale,Syriza (photo ci-dessous), seraitau coude--coude avec la droitede Nouvelle Dmocratie (ND).Ce dernier parti auraitrenforc ses positions,notamment grce sa nouvelle unionavec la formationlibrale Alliancedmocratique,de DoraBakoyannis,et auxdfectionsde dputs
dextrme droite, affirme le quotidienI Kathimerini.Alors quede nombreux responsables europensont affirm leur soutien au maintiendAthnes dans la zone euro,le chef de file de Syriza, Alexis Tsipras,a dclar quil annulerait les mesuresdaustrit imposes par lUE
et le FMI sil remportait les lections.
Liban
La contagionsyrienneLe conflit entre le pouvoir alaouiteet les opposants majoritairementsunnites qui ensanglante la Syrie depuis
quinze mois se dplace au norddu Liban. A Tripoli,une communaut alaouiteconforte par trente ans
de prsence militairesyrienne au Libanfait face une majorit
sunnite de plus en plus travaillepar les mouvements salafistes.Des combats dans les faubourgsde misre qui encerclent la deuximeville du Liban ont dj fait des dizainesde morts depuis un mois.Chaque camp fait porter lautrela responsabilit de cette flambede violence. Pour le camp sunnite,cest le rgime dAssad qui essaiede desserrer ltau autour de la Syrieen crant de nouveaux fronts en dehorsde son territoire ; pour les alaouites,cest lopposition syriennequi utilise le Liban comme basearrire pour lancer ses oprations,crit LOrient-Le Jour.Ce qui est sr, cest que les deux campssont soutenus et armspar des puissances trangres.
Qubec
Le printemps rablecontinue
Depuis que le gouvernement
Charest a rompu les discussions avecles associations tudiantes, le 31 maidernier, les autorits qubcoisespariant sur un essoufflementdu mouvement, les contestatairescontinuent de manifester, avecet sans casseroles, de jour commede nuit. Tout le secteur touristiquemontralais est sur les dents car,selon ses oprateurs, les manifestationssont responsables de pertesconomiques importantes. Craignantdes perturbations, les organisateursdu Grand Prix de formule 1 du Canada(8-9-10 juin) ont dcid dannulerleur journe portes ouvertes,qui devait avoir lieu le jeudi 7 juin.
Brsil : lumire sur les annes de plomb Le gouvernementbrsilien ouvre au public les archives de la dictature militaire(1964-1985) partir du 17 juin. Ce sont 16 millions de documentsproduits par 38 organes gouvernementaux, y compris larme,qui seront dsormais accessibles, note O Globo.
Isral
Dfilannuelde la GayPride Tel-Aviv
8 juin On ne btit rien sur le rejetou lintolrance, disait le fondateur
de lEtat juif David Ben Gourion.Le slogan a t repris
par les associations gaysisraliennes.
7 juin Runiondes ministres de lIntrieureuropensau Luxembourgpour discuter des rglescommunes dadmissiondes demandeurs dasile.
7-8 juin Foruminternational de luttecontre le terrorisme Istanbul.
8 juin Ouverture Kassel, en Allemagne,
du salon international
dart contemporainDocumenta 13.
8 juin Ouverture Fez du Festivaldes musiques sacresdu monde.
9 juin Dbutde la campagne pourles lections lgislativesdu 1erjuillet au Sngal.
11 juin Visite du princebritannique Edward
et de son pouse
sur le petit territoiredisput de Gibraltar.
11 juin Procs pourdiffamation, Khartoum,du journaliste Faisal MohammedSalih, qui avait voqu dansun ditorial le viol dune jeuneSoudanaise en prison.
12 juin Marchedes millions, un appelde lopposition russe un rassemblement Moscou contre le rgime
de Vladimir Poutine.
Agenda
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La violence aveugle exerce parle rgime syrien depuis quarante anscontre toute forme doppositionnarrive plus faire rgner lordre.
Now Lebanon Beyrouth
P
our inverser la tendance et mettrefin linsurrection en Irak, lesEtats-Unis ont d dployer leurstroupes, mobiliser dimmensesressources et tenter de gagner laconfiance de la population locale.
Sachant cela, comment Bachar El-Assad peut-ilcroire lemporter en Syrie avec des units dlitepuises, des ressources limites et une popula-tion qui lui est hostile ?
Depuis le dbut du soulvement syrien, il y aquinze mois, le rgime de Bachar El-Assad admontr son empressement y mettre fin. Il asouvent fait usage dune violence meurtrireenvers les insurgs, pas seulement pour tuer, maisaussi pour dissuader le reste de la population departiciper la rvolte. Le rgime a galementarrt, tortur et viol des militants anti-Assaddans un objectif de rhabilitation, cest--direpour rappeler au peuple pourquoi il est rest muetpendant toutes ces annes et pourquoi il devraitcontinuer de se taire. Enfin, les quartiers qui ontmanifest leur solidarit avec les victimes ont t
collectivement punis par des bombardements.Depuis les premiers jours du soulvement, lamachine de propagande du prsident syrien aannonc des victoires sur les insurgs. Si Assada remport plusieurs victoires militaires sanstoutefois obtenir le soutien de la population ,celles-ci ont transform la confrontation en unjeu du chat et de la souris. Assad savait quil ne
pourrait pas tuer tous ses opposants, mais ilcroyait quil pourrait en liminer suffisammentpour convaincre les autres dabandonner. Il esp-rait limiter le nombre de victimes et chapperaux critiques de la communaut internationale.
Mais la colre des Syriens contre leur prsi-dent sest rvle particulirement vive et a pro-voqu une brutalit sans prcdent. La colre etla brutalit se sont alimentes lune lautre. Lestimides pressions exerces par la communautinternationale nont pas convaincu Assad demettre fin la rpression et ont seulement russi,dans une certaine mesure, isoler le rgime syrien.
Assad sest dit quil pourrait liminer ses oppo-
sants et grer les consquences politiques plustard. Selon lancien ambassadeur de Syrie auxEtats-Unis Imad Mustafa, Damas pourrait ainsifaire profil bas pendant une dizaine dannes ensappuyant sur le soutien de capitales commePkin et rtablir ensuite progressivement les lienspolitiques avec le reste du monde. Assad semblepourtant avoir de la difficult rprimer la rvolte
Courrier international | n 1127 | du 7 au 13 juin 2012 15
Selon un site dopposants situ
aux Pays-Bas, la fuite des dignitairesdu rgime, les pertes au seinde larme et les crimes commispar certains opposants sacclrent.
Al-Haqiqah (extraits) Wageningen (Pays-Bas)
En Syrie, il se passe certaines chosesqui chappent aux observateurs,dbords quils sont par le flot desinformations. Ces jours-ci, on voitdes centaines de responsables, par-fois haut placs, partir en toute dis-
crtion ltranger. Ils emmnent avec eux leurfamille et emportent ce quils ont pill au coursde leur carrire au sein du rgime. Cest vrai quils
ne dclarent pas leur dfection et quils ne
consomment pas la rupture avec le rgime ; ils
restent organiquement lis lui. Toutefois ils ven-dent leurs biens pour ne garder que leur rsidenceprincipale et se font accompagner par leur femmeet leurs enfants.
Pour en comprendre la raison, il faut savoirque lexaspration sourde contre le pouvoir nefait quenfler, et ce jusque dans les zones majo-rit alaouite [la communaut du prsident]. Carles campagnes alaouites sont elles aussi frappesdune hcatombe. Il ny a presque plus de villagequi nait eu son cortge de cercueils : certains vil-lages de la rgion de Masyaf [rgion alaouite dunord de la Syrie] ont eu dplorer la mort de plusde cent militaires. On y pense tout bas : Ce rgimenous conduit au bord du gouffre.
Le drame, cest que beaucoup de gens se trou-vent coincs entre lenclume impitoyable du
rgime et le marteau sanglant de lopposition,
Zabadaniabadani
Alep
Hama
Zabadani
IdlibDeir Al-Zor
Homs
Masyaf
Damas
BeyrouthMe r
M di te rr an e
TURQUIE
S Y R I E
LIBAN
JORDANIE
I R AK
ISRAL
Euphrate
Zones de peuplementmajoritaire
sunnites
Arabes
alaouites(chiites)druzes
Zonespeu peuples
Kurdes
Source:AtlasdespeuplesdOrient(A.
etJ.
Sellier,d.
LaDcouverte)
200 km
Ethnies et religions en Syrie
Un pays en voie de dliquescence
Un rgime rpressif
arriv son terminus
Bachar El-Assad.Dessin dAislinparudans The Gazette,Montral.
CAGLECARTOONS
populaire. Un grand nombre de soldats syriensont dsert et se sont retourns contre les loya-listes. Le rgime a ds lors t forc de faire davan-tage appel ses forces dlite. Celles-ci, dbordes,ont de plus en plus de difficult mater les insur-gs dans plus dune ville la fois. Cest ce qui sestproduit en fvrier, lorsque le rgime a conclu unetrve avec les insurgs Zabadani [dans le sud dupays] pour permettre ses forces dlite de ter-miner leur travail Homs [dans le nord].
Le soutien populaire accord lArmesyrienne libre [ASL, larme des insurgs] a sansaucun doute donn aussi celle-ci la rsiliencequi rendra la survie du rgime de Bachar El-Assadparticulirement difficile, selon lInstitut pourltude de la guerre, un centre de rflexion deWashington. Prenant sans doute conscience deses points faibles, Assad sest dit quil pourraitcompter sur quelque chose que les Amricainsnavaient pas en Irak : la loyaut des alaouites [sapropre communaut] et des autres minorits[chrtiens, druzes et Kurdes]. En montant ainsiles diffrentes communauts syriennes les unes
contre les autres, il a abandonn son rle de pr-sident pour devenir un simple leader de faction.
Cherchant tout prix dmontrer sa force,il a attis les animosits entre les communautsafin de sassurer le soutien de certaines frangesde la population. Cette stratgie risque toutefoisde compliquer ses efforts pour demeurer au pou-voir une fois les combats termins en suppo-sant quils prennent fin dans un futur proche. Lesectarisme entranera sans aucun doute le paysdans la guerre civile et, si la Syrie bascule dansune vritable guerre civile, les chances dAssadde lemporter seront minces. En effet, ceux quiprovoquent de tels conflits sont rarement ceuxqui en sortent vainqueurs. La rpression rapidede toute opposition coup dEtat, insurrectionou rbellion tait lun des principes fondateurs
du rgime Assad. Mais les temps ont chang : lemodle que le fondateur de la dynastie, Hafez El-Assad [prsident de 1971 2000], a transmis son fils se rvle aujourdhui inadquat. Au coursdes quinze derniers mois, le prsident syrien atent de tuer la rvolution syrienne, mais jusquprsent il na russi qu gagner du temps.Hussain Abdul-Hussain
Lhomme fort :le frre
Avec lintensificationdes combats en Syrie,cest Maher, frredu prsident BacharEl-Assad et bras armcharg de materla rbellion, qui estdevenu le chef aduldes partisansdu rgime. Les fuitessur le mode de viedu prsidentont un peu terni son
image au sein de sacommunaut alaouite,alors que Maher,personnage pluttdiscret jusqu prsent,a acquis la rputationdtre lhomme le plusfort et le plus radicalde Syrie, notele Financial Times.Les signes decet engouementsont visiblesdans les quartiersprorgime, o lonbrandit son portrait,tout comme surYouTube, o lon voitdes soldats forantun opposant dclarer
son adoration pourMaher et Bachar.
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opposition qui publie sur Internet de longueslistes de gens abattre et utilise ouvertement lestermes extermination de la communaut alaouitecomme nouvel objectif de la rvolution.
Par ailleurs, le nombre moyen de morts parmiles soldats slve dsormais plus de 20 par jour,la plupart du temps victimes de guets-apens surle chemin de leur travail ou prs de leur maison,et non pas au cours doprations militaires. A lafin du mois de mai, le total aurait atteint, selondes sources bien informes, plus de 3 000 mortset des milliers de blesss, dont beaucoup de han-dicaps vie. La bassesse du rgime est telle quila donn instruction aux mdias de ne mention-ner que le quart ou le tiers des victimes quoti-diennes. Quant lexplication donne, elle estencore plus mprisable : il sagit de ne pas affai-blir le moraldes forces rgulires.
Le nombre de chars, blinds et autres matrielsmilitaires lourds dtruits jusqu dbut juin sl-verait plus de quatre cents, dont pas moins devingt chars dun modle rcent. Ces pertes, titredexemple, sont plus importantes que celles de la
guerre doctobre contre Isral, en 1973. Certaineszones chappent dsormais totalement aucontrle du pouvoir, comme Deir Al-Zor la fron-tire avec lIrak, mais aussi Idlib, ainsi que les envi-rons de Hama et la rgion au nord dAlep [nordde la Syrie]. L-bas, ce sont les bandes rvolu-tionnaires qui ont la haute main, condamnant aupoteau toute personne suspecte dtre en faveurdu rgime. Encore tout rcemment, une pendaisona t organise en public Azaz [nord de la Syrie].
Etant donn que le rgime se confond peuprs totalement avec lEtat depuis larrive aupouvoir du parti Baas, la dliquescence du pre-mier entrane automatiquement leffondrementdu second. La Syrie est donc engage sur la voiede la dcomposition, la population vivant dansune sorte de guerre civile froide. Rien ne permet
dviter cette catastrophe, moins desprer unmiracle dont seule larme pourrait tre lauteur.Il faudrait quelle fasse un coup dEtat contre laclique de Bachar El-Assad et tablisse une auto-rit temporaire sous forme de Conseil militaire.Celui-ci dlguerait le gouvernement une coa-lition de toutes les forces dmocratiques, lex-ception de celles qui sont la solde de ltrangeret des islamistes radicaux.
En couverture Assad lassassin16 Courrier international | n 1127 | du 7 au 13 juin 2012
Le dictateur syrien sait queles gesticulations de lEurope etdes Etats-Unis ne mneront aucuneaction efficace contre son rgime.
The Wall Street Journal (extraits) New York
Le ministre des Affaires trangres
britannique, William Hague, a qua-lifi de profondment choquantle massacre dau moins 108 civils
perptr Houla le 25 mai. LeRoyaume-Uni a annonc la convo-
cation [puis lexpulsion] du charg daffairessyrien Londres [les ambassadeurs de Syrie ontt expulss de France et de nombreux pays occi-dentaux]. Lors dune interview donne le 27 mai,Nick Clegg, le vice-Premier ministre britannique,est all encore plus loin, dclarant que la Grande-Bretagne pourrait interdire laccs des Jeuxolympiques de Londres toute personne impli-que dans le massacre de civils syriens.
Voil maintenant plus dun an que Bachar El-Assad a commenc utiliser ses forces de lordredans une offensive de grande ampleur contre lepeuple dun pays quil considre comme sa pro-prit personnelle. Et que faisons-nous au boutde tout ce temps ? Nous faisons comprendre aux
gnraux du parti Baas, trop occups dernirement
pour sintresser lquipe nationale de crosse,que, sils comptent toujours la soutenir cet t Londres en sirotant un th la menthe, ils setrompent lourdement [la crosse nest plus sportolympique depuis 1908]. Croyons-nous vraimentque cela suffise faire trembler Damas ?
La carotte ou le btonDans les affaires internationales, on dit toujoursquil faut utiliser la carotte ou le bton. Le pro-blme, pour lensemble des pays dmocratiques,nest pas seulement quils nont pas de bton,
mais encore quils ne disposent plus de carottessuffisamment allchantes. Le spectacle donn parLondres est une farce. Mais celle-ci est embl-matique dune tendance plus universelle. Alorsque la situation devient de plus en plus tragiquepour le peuple syrien, une nouvelle ralit du pou-voir est en train dmerger : les dictateurs nouscomprennent mieux que nous ne sommes nous-mmes disposs nous comprendre.
Car ce que M. Clegg sait pertinemmentmais refuse dadmettre (comme tout le mondedailleurs), cest que, malgr la fermet de notrediscours, nous nallons rien faire. Les gens disent :Mais pourquoi alors lintervention en Libye ? Londres,Washington et Paris nont-ils pas empch Muam-mar Kadhafi de massacrer le peuple libyen ?Cestvrai, et, par une chance extraordinaire, les puis-
sances allies ont russi terrasser les units de
LOccident ne fait plus
trembler Assad
La situation saggravant, les diplomates
occidentaux avertissent que la crise en Syrieappelle une solution politique bien plus complexe
que celle du Ymen : obtenir le dpart du
prsident tout en maintenant le rgime [lire
aussi p. 17]. Cela tient lintrication des
diffrentes tendances religieuses et au nombre
de puissances trangres qui exercent une
influence dans ce pays, souligne The Wall
Street Journal.Les responsables arabes
craignent que la guerre civile en Syrie ne
senlise, ce qui risquerait de fracturer le pays
et de contaminer les pays voisins, continue le
quotidien. Et ils envisagent la possibilit de ce
scnario : lEtat syrien, en droute, sera contrl
dans le nord par Assad, qui continuera oprer
avec lIran et le groupe libanais du Hezbollah,
et le reste du pays sera sous la coupe dlments
dAl-Qaida et des Frres musulmans syriens.
Apocalypse
Le scnariode la partition
Interventionlimite
Washingtondemeure inquietdes consquencesdune action militairecontre la Syriemais, devantle dchanementde la violence,
serait en train
dtudier lventualitdune interventionlimite en Syrie,rvle The ChristianScience Monitor.Des militaireset des responsablesdes renseignementsamricainset britanniquesse seraientrendus en Jordaniepour inspecterla frontire jordano-syrienne et valuerles chances de succsdune attaqueterrestre. Toutefois,une attaque ariennedemeure loption
la plus plausible.
CAGLECARTOONS
Bachar El-Assad.Dessin de Hajode Reijger, Pays-Bas.
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Courrier international | n 1127 | du 7 au 13 juin 2012 17
Amricains et Russes discutent dunesolution la ymnite : le prsidentsyrien quitterait le pouvoir, maisle gros du rgime serait prserv.Une option qui soulve le scepticisme.
Asharq Al-Awsat Londres
Le massacre denfants commis par le
rgime syrien Houla [le 25 mai,108 morts dont 49 enfants] a branlle monde. Cela marque peut-tre unephase et pourrait terme sonner leglas du rgime de Bachar El-Assad.
Aussi ne sagit-il probablement pas dune conci-dence si ladministration amricaine a laiss fuiterviaThe New York Times le fait que Barack Obamaavait envoy Moscou un de ses collaborateursde la scurit nationale pour discuter en toutediscrtion avec Vladimir Poutine de lavenirdu rgime syrien.
On a galement appris queces discussions portaient surune solution la ym-nite. Il sagirait de rp-ter le scnario mis en uvre par
lArabie Saoudite au Ymen afin dob-tenir le dpart du prsident Ali Abdallah Sa-leh tout en vitant la guerre civile. Saleh a tsoumis de fortes pressions pour quilquitte le pouvoir, mais a aussireu des promesses de sauf-conduit pour lui et sa famille.Une telle solution a la prf-rence des Amricains, car
Un sauf-conduit
pour Bacharsil sen va
tir de Kadhafi avant que cette mission nabsorbelintgralit des fonds, des munitions et de lavolont politique ncessaires pour la mener bien. Lintervention a t un succs. Mais nousne voulons pour rien au monde la renouveler.
Tout dabord, pour des raisons lectoralesparfaitement cyniques. Comme en a tmoign ladfaite de Nicolas Sarkozy en France, loprationna apport aucun bnfice politique aux partiesimpliques en Libye alors que les consquencesauraient t trs lourdes en cas dchec. Plusimportant, les puissances allies occidentales nesont pas encore totalement remises de leur inter-vention, mme si celle-ci a t de trs faibleampleur.
Reflux du leadership amricainNormalement, dans une telle situation, le monde,en particulier le peuple syrien moins les 33 civilssupplmentaires qui ont t massacrs le 27 mai Hama et ceux qui auront t tus entre lemoment o jcris cet article et celui o il serapubli , devrait se tourner vers les Etats-Unis
pour leur demander de laide. Or voil mainte-nant quatorze mois que la secrtaire dEtat am-ricaine, Hillary Clinton, a dclar quelle dploraitla violence en Syrie, mais quune intervention nedeviendrait envisageable quen cas de coalition dela communaut internationale, dadoption dune rso-lution du Conseil de scurit, dun appel de la Liguearabe et dune condamnation universelle. Mais ellea ajout : Cela ne va pas se faire, car je ne pense pasquon sache encore ce quil va se produire.Eh bien,maintenant, on sait (depuis dj quelque temps)ce qui sest pass : plus de 10 000 Syriens ont ttus depuis que Mme Clinton a prononc ces mots,en mars 2011. Pourtant, Washington en est tou-jours au mme point et continue estimer querien ne peut tre fait en dehors dun rglementpropos par le Conseil de scurit (ce qui ne
marche pas) ou de la Ligue arabe (ce qui estencore moins efficace).Ce qui se produit aujourdhui est le rsultat
dun dcalage entre ce que nos politiciens pr-tendent pouvoir faire et ce quils sont vraimenten mesure de faire, dans un domaine o tout, desressources financires la volont politique, faitdfaut. Mme si cela est dsagrable entendre,le fait est que la dictature syrienne agit sa guise.Et, encore plus proccupant, ses appuis en Iransavent quils peuvent faire ce que bon leur semble.Non content denvoyer des armes et des troupesen Syrie, et de se vanter de mentir sur son pro-gramme nuclaire, lIran se glorifie aujourdhuidenvoyer ces armes et ces troupes. Et personnenintervient pour len empcher.
Nous sommes tellement habitus aux subti-lits des conventions internationales quil nous
est parfois difficile de discerner le moment o lasituation se met draper. Mettre fin cettepriode de diplomatie attentiste sera difficile. Cesdernires dcennies, les dirigeants dun payscomme la Grande-Bretagne pouvaient employerde belles paroles comme inacceptableou nouscondamnons fermement, et les gens les coutaientavec respect. Mme si la puissance britanniquetait sur le dclin, ces subtilits taient consid-res comme une dmonstration de force, et noncomme du cinma. On savait que, si la situationtournait vraiment mal, la Grande-Bretagne pour-rait envoyer quelques troupes ou prter une baseici ou l, mais que seules lintervention et la direc-tion politique des Etats-Unis porteraient desfruits. Et puis, il y a quelques annes, la vague duleadership amricain a commenc refluer.
Douglas Murray
elle permettrait dviter leffondrement de lEtat,la guerre civile, lapparition de groupes terro-ristes [notamment Al-Qaida] la faveur du videpolitique, ainsi que la transposition des conflitsrgionaux sur le sol syrien.
Thoriquement, ce serait une trs bonne solu-tion pour les Syriens eux-mmes et pour le restedu monde, mais je doute beaucoup de la possibi-lit de lappliquer concrtement. Car la Syrie nestpas le Ymen et Assad nest pas Saleh. Le sangqui a coul et les haines qui se sont accumulesen Syrie sont sans commune mesure avec ce quona connu au Ymen. Par consquent, il paratimpensable que lopposition et la populationsyriennes acceptent que des figures issues durgime Assad restent leur poste et chappent des poursuites. De leur ct, le prsident et sonclan naccepteront pas de partir aussi facilementet les groupes affilis au rgime continueront dese battre.
Autrement dit, le Conseil de scurit devraprendre toute une srie de mesures afin dtran-
gler le rgime logistiquement, de lembargo surles vols et sur les liaisons maritimes jusqu lafermeture des frontires. Ensuite, le Conseil descurit dcidera dune intervention militaire afinde protger les populations civiles. Cest ainsiquAssad partira. Telle est la solution libyenne.
Si les Amricains veulent vraiment appliquerune solution la ymnite, ils ne peuvent secontenter de consulter et de ngocier. Car Assadnacceptera de partir quune fois que la situation seradevenue si dsespre pour lui que, de fait, il seratrop tard pour lappliquer. Si Assad na pas le dosau mur, il ne cdera pas. Il sait quil peut compter
sur laide de lIran et du Hezbollah libanais, neserait-ce que pour semer le chaos et pour
pousser la Syrie vers la guerre civile. Car,estime-t-il, dans ce scnario-l, il
russira garder la main sur desparties du territoire syrien et rester le prsident des r-
gions qui lui sont acquisesau niveau confessionnel
[alaouites, dans lenord de la Syrie].
AbderrahmanAl-Rached
Si Assad chute, aucun groupe
dopposants ne semble
capable de prendre le pouvoir
et de rtablir la scurit.Bachar El-Assad est-il all trop loin ?
La communaut internationale est
indigne, mais elle convient quil ny
a pas de solution facile. La violence
religieuse est sur le point de dgnrer
en guerre civile (voir page 19), et
lopposition est divise. Dans tous les
cas de figure, la Syrie sera un vritable
bourbier quand viendra le moment de
rtablir la scurit et de relever le pays.
Si la dernire guerre en Irak nous
a appris quelque chose, cest quil ne faut
jamais envahir un pays sans avoir une
stratgie de sortie. Le vrai problme
nest pas tant de se dbarrasser de
Bachar El-Assad que de reconstruire
lEtat. Depuis quinze mois, le prsident
syrien na fait quexacerber la violence
religieuse, si bien quaujourdhui le pays
se trouve la limite entre l insurrection
de grande ampleur et la guerre civile. Ace jour, il ny a pas de groupe dopposition
uni qui pourrait se prtendre lgitime
pour prendre le pouvoir aprs la chute
de Bachar El-Assad et diriger la transition
vers la dmocratie. Le Conseil national
syrien (CNS), conu sur le modle
du Conseil national de transition libyen
(CNT) et des fins similaires, a souffert
ds le dpart de profondes divisions
internes. Neuf mois aprs sa cration,
il est encore branl par de frquentes
dfections et, dernirement,
Burhan Ghalioun a dmissionn de son
poste de prsident du CNS deux jours
aprs sa rlection cause des
reproches qui lui taient faits sur des
questions de politique et dorganisation.
Aprs lviction de Bachar El-Assad,
cet organisme divis et la lgitimit
contestable apparatrait comme
un pis-aller. Sa capacit donnerlimpulsion requise pour transcender
la violence religieuse et construire
une Syrie o tous les citoyens aient
les mmes droits est dautant plus
incertaine que le pays na aucune
exprience dmocratique rcente.
Dans un tel contexte, le mieux
serait que la Syrie soit place sous
administration de lONU jusqu ce que
des lections rgulires puissent avoir
lieu. Mais il est probable que le peuple
protesterait haut et fort contre
une initiative qui retarderait encore
le moment o il pourrait prsider
lui-mme la destine du pays.
Philipp Trsser Your Middle East
(extraits) Stockholm
CAGLECARTOONS
Bachar El-Assad.
Dessin de MannyFrancisco, Philippines.
Incertitudes
Une opposition divise
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La Russie ne soutiendra jamais unedestitution force du prsident Assad,ni une intervention militaire en Syrie.
OpenDemocracy(extraits) Londres
A
prs avoir soutenu pendant desmois le point de vue du prsi-dent syrien Bachar El-Assadselon lequel lopposition seraitresponsable de la poursuite desviolences, le reprsentant de la
Russie aux Nations unies a t contraint de recon-
natre que les forces gouvernementales avaientutilis lartillerie et les chars contre un quartierrsidentiel de la ville de Houla et caus la mortde plus de cent hommes, femmes et enfants.
On a pu croire dans un premier temps que laposition russe stait lgrement rapproche decelle des pays occidentaux. Mais, ds le lendemainde la tuerie, le gouvernement russe a fait marchearrire et le ministre des Affaires trangres,Sergue Lavrov, a soutenu que les deux campstaient blmer. Pourquoi la politique syriennede la Russie est-elle si loigne de celle de lOccident ?
Ds son accession la prsidence, en 2000,Vladimir Poutine a poursuivi des objectifs clairsau Moyen-Orient. Il a cherch ce que la Russierecouvre son influence et amliore sa prsencesur les marchs moyen-orientaux. Il a voulu assu-
rer la stabilit dune rgion qui peut affecter lascurit de la Russie, alors que la politique occi-dentale et le printemps arabe len avaient empch.
Ses efforts pour dvelopper la prsence russesur les marchs du Moyen-Orient nont pas ttrs fructueux. Tout dabord, la guerre en Iraka ruin les espoirs de Moscou de rcuprer les8 milliards de dollars que Bagdad lui devait depuislpoque sovitique. Elle a galement mis fin auplan dcennal de coopration commerciale, co-nomique, industrielle et scientifique, dont le mon-tant slevait, dit-on, 40 milliards de dollars.
Ensuite, quand le peuple libyen a commenc serebeller, la Russie a soutenu la rsolution 1970 duConseil de scurit imposant un embargo sur lesarmes destination de Tripoli, ce qui a reprsentun cot conomique supplmentaire de 4 mil-liards de dollars en contrats suspendus ou perdus.La chute de Kadhafi a, elle aussi, port un coup
trs dur aux relations commerciales avec la Libye.La politique conomique du nouveau gouverne-ment libyen sera favorable aux pays qui ont contri-bu sa victoire, et cela aux dpens des contratsavec des entreprises russes.
Moscou est, dun point de vue conomique,plus li avec la Syrie quavec la Libye. Damas estlun des principaux clients de la Russie en matiredarmement. Quelque 15 milliards de dollars decontrats ont t ngocis au cours de la seuleanne 2010 et le montant annuel des exportationsdarmement devrait se maintenir aux alentours
En couverture Assad lassassin18 Courrier international | n 1127 | du 7 au 13 juin 2012
Les lignes jaunes
de Moscou
de 10 milliards jusquen 2014 au moins. Les rela-tions avec Damas sont tout aussi prcieuses dansle domaine nergtique : [les entreprises russes]Gazprom, Tatneft et Stroytransgaz ont dimpor-tants projets en Syrie. Moscou craint que ces liensconomiques ne soient compromis en cas dechute dAssad. Ce nest pas la premire fois quAs-
sad et son arme embarrassent les Russes. Il estprobable que le prsident syrien sest montraussi ferm aux appels russes [pour modifier sapolitique] que son propre pre lavait t face auxpressions sovitiques. Et mme si Moscou semblecommencer envisager srieusement la possibi-lit dun dpart anticip de Bachar, il faudra quece dernier y consente, car la Russie ne soutien-dra pas des appels en faveur de sa dmission, pasplus quelle ne consentira armer loppositionou approuver une intervention militaire en Syrie.Margot Light
En rclamant la chute de BacharEl-Assad, Riyad veut surtout affaiblir
laxe des pays chiites de la rgion.
La population saoudienne suit de prs
les vnements en Syrie. Beaucoup
souhaitent que le sang cesse de coul er.
Mais, pour certains, le vrai motif de leur
solidarit est dordre purement
confessionnel [la haine des chiites
alaouites syriens]. Les mdias saoudiens,
et notamment la chane satellitaire
dinformation en continu Al-Arabiya,
rclament ouvertement une intervention
trangre sur le modle de ce qui a t
fait en Libye. Cela correspond aux
positions officielles de Riyad. Il y a
quelques mois, le ministre des Affaires
trangres, Saoud Fayal, a pris des
positions tonnamment tranches.Alors que la diplomatie saoudienne est
coutumire de longues hsitations, il sest
mis en colre et a appel ouvertement
armer lopposition syrienne.
Croyant bien faire, des hommes
de religion saoudiens de premier plan
ont voulu venir en aide ceux qui en ont
besoin. Ils ont donc pris linitiative,
tout rcemment, de collecter des fonds
destins au soulvement syrien. Mais le
renseignement intrieur saoudien leur a
demand de suspendre lopration et de
signer la promesse de ne pas recommencer.
Comment se fait-il que Riyad fournisse
argent et armes lopposition syrienne
tout en refusant ses propres citoyens de
faire des dons ? Les Saoudiens navaient-ils
pas permis de tels dons en faveurdes moudjahidin en Afghanistan dans
les annes 1980 et des rvolutionnaires
bosniaques dans les annes 1990,
pour ne citer que ces deux exemples ?
Il y a plusieurs explications.
Premirement, les autorits saoudiennes
craignent que cet argent ne tombe entre
les mains des mauvaises personnes,
cest--dire dAl-Qaida. Deuximement,
elles craignent des dsordres financiers.
Troisimement, elles coutent les mises
en garde amricaines. Car les responsables
saoudiens rechignent prendre des
dcisions susceptibles de les mettre en
porte--faux vis--vis des Amricains, qui
souhaitent garder le contrle des mesures
en faveur de lopposition syrienne.
Par ailleurs, Riyad est quelque peu revenusur les dclarations muscles de son
ministre des Affaires trangres,
en expliquant que celui-ci navait jamais
dit quil allait armer lopposition, mais quil
avait simplement invit dautres le faire.
En priv, certains responsables disent
que les Saoudiens auraient hsit
soutenir lopposition syrienne
sils avaient su que le rgime de Bachar
El-Assad allait rsister aussi longtemps.
La proccupation de Riyad nest pas
dinstaurer la dmocratie en Syrie, ni
dans aucun autre pays de la rgion, mais
dobtenir la chute de lun des principaux
bastions de laxe chiite, qui va de lIran
au Hezbollah libanais, en passant par lIrak.
Al-Quds Al-ArabiLondres
Stratgie
Lambigu soutien de lArabie Saoudite lopposition
Bachar El-Assad.Dessin de Bertrams,Pays-Bas.
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Dans un Moyen-Orient rongpar les haines intercommunautaires,les printemps arabes peuventse transformer en vritables guerresciviles meurtrires.
CounterPunch (extraits)Petrolia (Etats-Unis)
D
ans des pays arabes situs lestde lEgypte la Syrie et Bahren ,les manifestants ont pass desmois dfier leurs gouverne-ments sans russir les renverser.Les raisons de ces checs sont
trs diffrentes, mme si elles ont des points
communs. En Syrie et Bahren, lidentit com-munautaire permet dexpliquer la loyaut vis--vis du pouvoir en place [en Syrie, cest uneminorit alaouite chiite qui dirige ; Bahren,cest une minorit sunnite qui gouverne]. Lesmanifestants [chiites] Bahren ont beau insis-ter sur le fait que leur programme est lac etdmocratique, chacun sait quun scrutin qui-table entranerait des changements rvolution-naires en propulsant la majorit chiite aupouvoir, en lieu et place de la minorit sunnite.De mme, en Syrie, la dmocratie verrait lessunnites, qui reprsentent les trois quarts de lapopulation, remplacer la communaut chiitehtrodoxe des alaouites la tte de lEtat. Pourautant, dans ces deux pays les manifestants nontpas de programme religieux secret. Les divisions
politiques suivent tout simplement dj lesfrontires religieuses.Lhomognit confessionnelle des lites au
pouvoir en Syrie et Bahren empche les grandsfonctionnaires de lEtat de se dbarrasser dunrgime impopulaire pour conserver leur proprepouvoir et leurs privilges. En effet, les alaouitesde Syrie en sont arrivs la conclusion que,si le prsident Bachar El-Assad tombait, il lesentranerait dans sa chute.
Assad va forcment tomberLa lutte entre ces deux traditions islamiques, sisemblable laffrontement entre catholiques etprotestants en Europe aux XVIe et XVIIe sicles,sintensifie depuis la rvolution iranienne de 1979.La guerre Iran-Irak de 1980-1988 et la guerre civileentre chiites et sunnites en Irak en 2006-2007
ont renforc la haine entre ces deux commu-nauts. Saddam Hussein [sunnite] en Irak, le clanAssad en Syrie et la dynastie Al-Khalifa Bahrenont toujours eu intrt jouer la carte religieuseet sappuyer sur la solidarit communautairede ceux qui partageaient leurs croyances.
La rivalit entre sunnites et chiites expliqueen partie pourquoi le printemps arabe a russien Tunisie alors quil pitine lest de lEgypte.LArabie Saoudite [ majorit sunnite] et lIran[ majorit chiite] se battent depuis trente anspour affirmer leur suprmatie dans la rgion. Lergime dAssad est peut-tre isol, mais pasautant que celui de Kadhafi avant sa chute. LIranfera presque nimporte quoi pour maintenir aupouvoir Assad, son alli le plus important dumonde arabe. A linverse, les nombreux enne-
mis de lIran, dans lincapacit de renverser le
gouvernement de Thran, sont dtermins laffaiblir en changeant le rgime Damas.
Les rivalits rgionales, qui renforcent lesdivisions entre sunnites et chiites, et le mouve-ment de protestation dmocratique commun-ment appel printemps arabe se sont combinspour apporter tous les ingrdients ncessaires une crise long terme. Lanne 2012 sera lunedes plus instables que le Moyen-Orient ait jamaisconnues, avait prdit un ministre dun des paysdu Golfe. Dans presque tous les Etats arabes, il
faut sattendre une pousse de violence dansla mesure o aucun vainqueur nmerge claire-ment. La Syrie et le Ymen sont au bord de laguerre civile, Bahren reste divis, pendant quedes troubles affectent dautres Etats de la rgion[notamment le Liban].
A Bahren, les chiites se considrent non seu-lement comme politiquement privs de leursdroits lectoraux, mais aussi comme des vic-times en devenir dun apartheid social et co-nomique. Les leaders de lopposition assurentquils ne seraient pas surpris si certains mili-tants se tournaient vers la violence pour affron-ter la monarchie.
En Syrie, il est vident que lopposition napas de stratgie efficace pour se dbarrasser deBachar El-Assad et du rgime du parti Baas. Elle
peut poursuivre ses manifestations et sa pro-
pagande, mais ceux qui connaissent le noyau durdu rgime de Damas savent quil est confiantdans sa capacit tenir bon. Lopposition estfragmente et divise entre lintrieur et lext-rieur du pays. Le cur des forces de scuritsyriennes reste uni. Les sanctions [occidentales]font pression sur le gouvernement, mais, commeen Irak dans les annes 1990, elles touchent lepeuple et provoquent un ressentiment popu-laire avant de porter atteinte au gouvernement.Les pays voisins rptent comme un mantra
quAssad va forcment tomber, mais ne saventpas bien comment ni quand.
Fin des espoirs du printemps arabePersonne ne sait que faire de la Syrie, reconnatun dirigeant du Moyen-Orient. Une partie de lop-position rclame en vain une intervention mili-taire trangre comme en Libye, mais il est peuprobable quelle se produise. Les militants sun-nites extrmistes arabes [dAl-Qaida] peuventvoir dans la Syrie un lieu o prendre pied, et ilnest pas vraiment surprenant que les premiersattentats suicides se soient dj produits Damas.Les grands espoirs du printemps arabe sva-nouissent et les protestations pacifiques ont faitlong feu dans la rgion. Aujourdhui, la confron-tation civile menace de se transformer en guerre
civile. Patrick Cockburn
Courrier international | n 1127 | du 7 au 13 juin 2012 19
Le Cairee Caire
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Doha
Thran
Bakou
Damas
SOUDAN
RYTHRE
KOWET
SYRIEMajoritairementsunniteGouvernement chiite
LIBANLe seul mouvementpolitique ouvertementarm dans le pays estle Hezbollah chiite
BAHRENMajoritairement chiiteGouvernement sunniteIRAK
ARABIESAOUDITE
IRAN
AFGHANISTAN
PAKISTAN
QATAR
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JORDANIEISRAL
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YMEN
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GYPTE
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500 km
Zone majoritairement sunnite
Zone majoritairement chiite
Sunnites et chiites au Moyen-Orient
Le risque dune implosion sunnite-chiite
Le choixdes Syriens
Un sondageconfidentiel a teffectu par linstitutamricain Pechter Pollsauprs des opposantssyriens de lintrieuret de leurs partisans.A la question : A quel
modle la nouvelleSyrie devrait-elleressembler ?, le choixdun Etat islamiste sestrvl minoritaire. Si82 % des sonds ontune opinion favorablede la Turquie, 69 %approuvent le modlepolitique amricain.Juste derrire sontplbiscits les modlesfranais, allemandet britannique. Si lonprend en compte lespays arabes, 32 % dessonds ont une bonneopinion de la Tunisieet seulement 5 %de lArabie Saoudite.
La Russie et la Chinesont en queuede peloton,juste devant lIran,qui ne sduit que 2 %des opposants syriens.
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Cette journaliste arabe estimpressionne par la libertaffiche par Valrie Trierweiler,la compagne de FranoisHollande, de mme que parCcile Duflot, nouvelle ministre.
Al-Hayat Londres
I l na pas chapp la pressefranaise, ni mme arabe, quela nouvelle ministre de lEgalitdes territoires et du Logement, CcileDuflot, stait prsente en jean poursa premire sance du Conseil des
ministres. Les autres femmes, qui for-ment peu prs la moiti du cabinet,arboraient quant elles un tailleur, tenueplus conforme ltiquette de ce cadreinstitutionnel. Ce qui ma encore plustonne, cest que la ministre rebelle uti-lisait les transports en commun, commenimporte quel quidam.
Sil nest pas rare, dans le monde occi-dental, de lire de telles informations surles ministres, les Franaises font vrai-ment trs fort. La premire dame faitaussi parler delle : compagne du nou-veau prsident, qui se veut normal, Val-rie Trierweiler refuse de venir vivre aupalais de lElyse. Les services de scu-rit ont eu beau lui expliquer que son
appartement tait situ dans une rue troptroite pour que sa protection puisse tregarantie, et quil tait impossible dim-portuner tous les habitants de sonimmeuble avec des mesures de scurit,elle ne veut rien savoir.
France
Elle nest pas la premire tenirmordicus son logement priv.Danile Mitterrand, dj, avaitlhabitude, aprs un repas offi-ciel lElyse, de regagnerson appartement de Saint-Germain-des-Prs. Demme, Carla Bruni prfraitattendre son mari dans sonappartement [de la villaMontmorency, un quar-tier cossu du XVI e
arrondissement, Paris]. La prc-dente pouse deSarkozy, Ccilia, tait
entre lElyse en sepinant le nez, puis elleavait appel les employspour leur demander dou-vrir les fentres afin dechasser les effluves dupass. Ceux-ci manaientpourtant de la prsencede De Gaulle, de Mitter-rand et de Chirac, et non decelle de Kadhafi ou de SaddamHussein.
Il faut croire que, mme enouvrant les fentres, lair lui semblaitirrespirable car elle prfra quitter leslieux au bout dune semaine en se spa-rant de son mari, entrant du mme coup
dans lhistoire en tant que premirefemme divorcer dun prsident en exer-cice. Elle ne sest pas laiss impression-ner par les statuettes et autres bibelotsde ce lieu de pouvoir et na cherch ni profiter des richesses, ni gratifier ses
proches de dons et de postes au sein desministres ou de certaines entreprises oil nest nul besoin de travailler pour gagnerde largent.
Ces Franaises qui fuient lElyse fonttrangement contraste avec les pousesdes dirigeants arabes. Cest aprs ladchance de Hosni Moubarak [lan-cien prsident gyptien, renvers enfvrier 2011] que lon a dcouvert que sonpouse Suzanne avait fait du Palais dela Rpublique sa proprit prive. Quant Leila Traboulsi, lpouse de Zine El-Abi-dine Ben Ali [ex-prsident tunisien, ren-vers en janvier 2011], elle semblait avoir
confondu son adresse prive avec celle
de la Banque centrale. On a pu voir la tlvision tunisienne les images deses coffres-forts remplis de liasses
de billets en toutes sortes de devises.Faut-il donc croire quil existe une
dformation gntique chez les puis-sants du monde arabe? Apparemment,les Occidentaux y chappent, puis-quune ministre peut aller jusqu secontenter de porter un simple jean et se dplacer en mtro. Peut-tre est-ce parce quelle avait potass ses dos-
siers la veille jusqu tard la nuit ? Entout cas, au lieu de la critiquer comme
lauraient fait ses confrres dans lemonde arabe, la ministre des Solidaritset de la Cohsion sociale du gouverne-
ment sortant, Roselyne Bachelot [UMP],sest contente de ce commentaire [surTwitter] : Franchement, si le jean de Duflotest fabriqu en France, elle a bien fait de leporter au Conseil des ministres !Badriya Al-Bishr
En mars 2012, General Motorsa contraint son partenairePSA Peugeot Citron cesser
de fournir en pices dtachesle constructeur Iran Khodro.La firme au lion pourraitle regretter, fait valoir ce sitedinformation iranien.
Alef.ir(extraits) Thran
P eugeot a-t-il raison de suspendresa coopration avec Iran Khodro[principal constructeur iranien]?Ses exportations de pices dtaches verslIran reprsentent 1,5% de son chiffre daf-faires. Cela semble minime, mais la criseconomique est si grave en Europe quechaque euro et chaque emploi valent triple,
pour les entreprises comme pour les Etats.
Au cours des deux dernires dcennies,le march iranien a assur Peugeot unbnfice garanti sans peine, des modles
anciens tant produits sans aucune modi-fication ni mise jour. Le franais, qui aintroduit en Iran de nouvelles mthodesde production, connat mieux quaucunautre constructeur automobile le marchet les rgles du jeu locales. Ce qui laissesupposer quil perdra beaucoup en se reti-rant du march iranien. Il ne faut pasoublier que les ventes de Peugeot ont chutde 28 % en mai 2012 par rapport mai 2011,et que la crise conomique mondiale atouch de plein fouet lindustrie automo-bile. Un march rgional comme le ntreest donc crucial.
Mais toutes ces raisons conomiquesnont pas suffi pour que lentreprise fran-aise reste fidle son associ iranien.
Sagit-il alors dune affaire politique ? Les
sanctions actuelles contre le ptrole ira-nien, malgr la flambe des prix de lner-gie sur le march mondial, nous incitent
ne pas ngliger la part de calcul politique.Lentreprise Renault, qui dtient 51 %
des actions de Renault Pars [sa filialelocale], continue quant elle ses activits.Pourtant, lEtat franais possde 15 % desactions de la socit, mais dans ce cas-llcart entre politique et conomie a tplus ou moins respect. Dans le cas de Peu-geot, lentreprise amricaine GeneralMotors dtient 7 % des parts de lentre-prise franaise, et les deux constructeursont annonc pour 2016 la commercialisa-tion dune voiture commune. Le marchautomobile nord-amricain tant le plusgrand du monde, General Motors a pesbeaucoup dans la dcision de Peugeot.
Dun autre ct, le partenaire iranien
de Peugeot, Iran Khodro, na gure le
choix. Il sera oblig de se fournir en picesdtaches Peugeot dans des pays inter-mdiaires comme la Turquie, lEspagne,
lInde et mme la Chine (probablement des prix plus levs). Et par ce biais lefranais maintiendra peu prs ses 1,5 %de part de chiffre daffaires, grce aumarch iranien.
Le constructeur franais a montr quilnaccordait pas beaucoup dimportance la clientle iranienne et ne se souciait pasde sa satisfaction. Lentreprise choisit ainside courir un risque important : compro-mettre lavenir de Peugeot et de GeneralMotors en Iran [Iran Khodro poursuit lavente sous licence de certains modles Peu-geot]. Cest un march avec beaucoupdavantages et de possibilits de dvelop-pement, mais les consommateurs garde-ront un souvenir amer de ces deux
constructeurs.
Politique
Rien dune femme de despote arabe
Valrie Trierweiler. Dessin de GlezparudansJournal du Jeudi, Ouagadougou.
Automobile
Peugeot a tort de quitter lIran !
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Le projet driger sur les rivesde la Seine un centre orthodoxerusse ne fait pas lunanimit.La maquette, mme retouche,ne sduit pas le maire de lacapitale, Bertrand Delano.
Vlast (extraits) Moscou
L ide dune cathdrale ortho-doxe au cur de Paris remonte 2007. Lors dune rencontreavec le patriarche de lEglise orthodoxerusse Alexis II, Nicolas Sarkozy, tout juste
lu prsident, stait laiss convaincre dela ncessit de construire une grandeglise orthodoxe dans la capitale fran-aise. La seule qui existe ce jour est lacathdrale Saint-Alexandre-Nevski [rueDaru, dans le VIIIe arrondissement], di-fie au XIXe sicle [1861], mais elle nap-partient pas au patriarcat de Moscou, quine possde quune minuscule glise dansle XVe, lintrieur dun btiment dha-bitation [5, rue Petel].
Forte de la bndiction de Sarkozy,lide avait besoin, pour se concrtiser,dun terrain adapt lambition du projet.Une fois encore, la Russie a eu de lachance, car en 2009 la France a mis en
France
vente un emplacement de choix : rien demoins que 4 200 m2 dans le prestigieuxVIIe arrondissement, quai Branly, deuxpas de la tour Eiffel. Le site avait long-temps abrit le sige de Mto-France.La Russie a emport le march, pour unesomme estime 70 millions deuros.
En 2010, ladministration prsiden-tielle russe, commanditaire du projet, alanc un concours international darchi-tectes. En mars 2011, un jury internatio-nal compos de dignitaires de lEglise russeainsi que de hauts fonctionnaires et dar-chitectes russes et franais a port sonchoix sur le projet conjoint de lEspagnol
Manuel Nez-Yanowski et du cabinetmoscovite Arch Group (Alexe Gorianovet Mikhal Krymov).
Un projet dnaturLeur projet comprenait une cathdrale cinq bulbes recouverte dun voile en verreondul, un sminaire et une bibliothque,le tout baignant dans la verdure dun luxu-riant jardin. La maquette tait prsentesur fond de tour Eiffel. Dans une semi-pnombre, les coupoles, surmontes decroix (la plus haute devrait culminer 27 mtres) nimbes dun halo dor,rpondaient au scintillement argentde la tour. Lensemble faisait beaucoup
deffet, loin de toute rigueur ecclsias-tique. La dcision du jury a t trs contes-te, le projet trill. On a dit quil avaitt ngoci en amont par Medvedev, Pou-tine et le patriarche, puis approuv par leprsident franais et le maire de Paris.Toutefois, mme les plus virulents dtrac-teurs du projet ont soulign son audaceet son esthtique contemporaine, indites
dans larchitecture orthodoxe, gnrale-ment traditionnelle.Une fois les rsultats rendus publics,
la finalisation des plans fut amorce et ledbut des travaux fix 2012 (le contratavec Bouygues est dj sign). Le scandaleest retomb. Mais, entre-temps, lquipegagnante perdait ses architectes mosco-vites. Manuel Nez-Yanowski, leur par-tenaire espagnol, a prfr rester seulmatre bord, promettant Alexe Goria-nov et Mikhal Krymov de les mentionnercomme coauteurs.
A ce jour, Arch Group nest plus cer-tain dy tenir : Nous avons des raisons depenser que Manuel Nez-Yanowski a large-ment modifi notre projet commun. Celui-ciavait indniablement besoin dtre affin, mais
en respectant certaines conditions. Si au lieudun beau btiment on aboutit quelque chosede grotesque, nous envisagerons srieusementde renoncer nos droits dauteur.
De son ct, Yanowski balaie ces accu-sations et parle du projet comme dunefleur de pommier devenue pomme: Leprojet na pas chang au cours de ces derniersmois, il a simplement mri. Je continue mentenir aux grandes options que nous avionsdfinies.Nul besoin toutefois dtre unprofessionnel pour noter les modifica-tions subies par le voile de couverture,dont le poids et la taille ont augment. Aulieu donduler avec grce, il plane avec rai-deur au-dessus de lglise. Par ailleurs, ila t dcid de creuser le sous-sol afin dy
loger un parking, une crypte, une salle de
concert et des locaux techniques. En lieuet place du sminaire, on prvoit dsor-mais une cole pour jeunes enfants et unhbergement pour plerins. Larchitecteespagnol explique aussi que le patriarcatde Moscou a souhait que la cathdralerevte une apparence plus dpouille : AMoscou, on ma demand quelle soit raliseselon les canons de lpoque dAndre Roublev
[matre de licne russe auXVe
sicle], pour serapprocher de larchitecture locale. Ainsi, ldi-fice est devenu plus pur, plus lgant.
Delano ne peut rien faireToutefois, pas plus le projet de dpartque sa version modifie nont eu lheurde plaire au maire de Paris, BertrandDelano. Le 27 fvrier dernier, il sestlivr des dclarations qui ont fait dubruit :cette architecture mdiocre, conuedans la prcipitation, ne saurait convenir,a-t-il avanc. Le maire a donc demandla mobilisation de lUnesco, garante de lasauvegarde des rives de la Seine, pour quau-cune autorisation ne soit donne sans lavaldexperts internationaux.
Cela dit, ses tats dme nintressent
pas grand monde. Lorsquil sagit de lacapitale, cest la mairie de Paris qui dlivreles permis de construire, mais cette foislaccord a t conclu au niveau des Etats.La finalisation du projet relvera donc dela responsabilit de lEtat, ce qui place ladcision finale entre les mains de la pr-fecture de Paris. Dans ce contexte, le mairene dispose que dun avis consultatif.
A noter que la mairie [de droite] duVIIe arrondissement, o se trouve la par-celle concerne, soutient entirement leprojet. Bertrand Delano ne peut rien faire.Il cherche jouer la carte mdiatique parcequil na aucun pouvoir sur cette question,dclare Eric Heller, le conseiller munici-pal charg du projet du Centre orthodoxe
et culturel russe. Maria Sidelnikova
Paris
Cinq coupoles bien encombrantes
MgrGabriel, de la cathdrale Saint-Alexandre-Nevski, Paris, au sujetdu projet. Larchevque reproche aupatriarcat de Moscou de soutenirdes projets coteux en collusion avecle pouvoir, au lieu de se consacreraux problmes qui minent la Russie.
Raction Cest la tendance linstrumentalisation de la religion au
profit des cercles dirigeants russes etde Poutine lui-mme qui se confirme,dplore lEstonienne KristiinaOjuland. Fin avril, la dputeeuropenne sest entretenue avec
En tant que dpute europenne,je minterroge sur la pertinence detels difices sur le territoire de lUE,o lon respecte scrupuleusementle principe de sparation de lEgliseet de lEtat, renchrit Mme Ojulandsur le site estonien Narvaleht.eu.
Maquette du projet initial. Manuel Nez-Yanowski ne nous a pastransmis dimage plus rcente de son travail.
DR
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A quelques jours dun scrutingrec crucial, Madrid soppose toute mise sous tutelle.Une vieille stratgie, rappelleEnric Juliana, fin commentateurde la vie politique espagnole.
La Vanguardia (extraits) Barcelone
S i jamais, au soir du 17 juin, lors-quon connatra le rsultat des lec-tions lgislatives en Grce, lEspagnetait sous assistance financire, notre appar-tenance leuro et notre actuel ancrage lEu-rope pourraient tre srieusement compromis.
Le 17 juin 2012, lEspagne ne doit pas tre surla liste des pays faisant lobjet dun plan de sau-vetage. Il faut rsister et nous pouvons rsis-ter.Ainsi parlait lundi 28 mai un membreminent du gouvernement alors que venaitde dbuter la pire semaine de la crise espa-gnole du XXIe sicle. Quelques heures aupa-ravant, le diffrentiel de taux [entre lesobligations dix ans de lAllemagne et cellesde lEspagne] avait franchi pour la premirefois la barre des 500 points. Madrid taitau bord de la crise de nerfs, une peur diffusegagnait lensemble du pays, et le gouver-nement sefforait de faire passer deux mes-sages : lavenir de leuro se joue en Espagneet en Italie ; il faut rsister.
Rsister, rsister, rsister. La plus
ancienne des consignes espagnoles.Numance et Sagonte [deux villes clbrespour avoir soutenu de longs siges, la pre-mire contre les Romains, la secondecontre les Carthaginois] ; le gnral Pala-fox contre Napolon lors de la guerredindpendance [1808] ; le gnral Mos-card lAlcazar de Tolde contre lesforces rpublicaines pendant la guerredEspagne [1936] ; les forces rpublicaines
Europe
contre les insurgs nationalistes lors dela bataille de lEbre [1938] ; limpassibi-lit de Franco jusqu sa mort dans sonlit [1975] ; et la clbre phrase de lcri-vain Camilo Jos Cela : En Espagne, cestcelui qui rsiste qui lemporte.
Ne cdons pas la paniqueNotre personnalit minente poursuit :Nous entrons dans une priode trs compli-
que, o nous aurons peut-tre la sensationque tout seffondre. Mais nous ne devons pascder la panique. Nous pouvons tenir uncertain temps avec un diffrentiel de taux sup-rieur 500 points, sans compter que les Alle-mands oscillent entre deux attitudes : ils ontconscience de lampleur du problme et enmme temps ils ne sont pas presss. Ils viventun moment vraiment exceptionnel un andes lgislatives. Ils se financent presque cot
zro et la dprciation de leuro dope leursexportations. Leurs mouvements seront lents.Il faut le savoir.
Rsister lapproche du 17 juin. Eviterque le courant entropique actuel nim-pose la recapitalisation des banques espa-gnoles par la voie dun sauvetage classique.LEspagne aux cts de la Grce, de lIr-lande et du Portugal, parmi les maillonsfaibles europens, tandis que lhabile lite
italienne parvient sarrimer la Mitte-leuropa malgr tous les problmes gravesqui saccumulent dans le pays. LItalie lintrieur de la forteresse carolingienne ;lEspagne en dehors, au moment oAthnes est peut-tre sur le point detomber. LEspagne expose aux intemp-ries lheure o toute la constructioneuropenne est en jeu. Un brutal retourde lHistoire. Tel est le scnario que le
Premier ministre Mariano Rajoy veutviter, cent quarante jours du dbut deson mandat. Rsister la pression ext-rieure et intrieure. Malgr ses raresapparitions publiques, ces derniers moisle Premier ministre a dlivr quelquesmessages dune certaine clart aux milieuxpolitiques et journalistiques madrilnes,en bullition : il naccepte pas les ordresni les mises sous tutelle.
Un coup trs risquRsister, donc. Rsistance, et quitte oudouble : la constante sans laquelle on nepeut comprendre la politique espagnole.Le quitte ou double de Cristbal Mon-
toro, le ministre du Budget, le week-enddernier : Vous comprendrez que ceux quiont le plus intrt ce que lEspagne sen sorte,ce sont ses principaux cranciers.Le dfautde paiement plutt quaccepter un plande sauvetage ? Un coup trs risqu, quiamne ncessairement penser que, dansles cercles gouvernementaux, on envisage,ne serait-ce que comme hypothse tho-rique, le retour la peseta.
Cent quarante jours de mandat, et qua-rante-deux de vertige depuis lchec inat-tendu du Parti populaire [au pouvoir] auxlections rgionales en Andalousie. Depuisle 26 mars, lEspagne est entre dans unespirale terrifiante : le safari du roi au Bots-wana, les excuses du monarque, lexpro-
priation par lArgentine du groupe ptrolierYPF [ capitaux majoritairement espa-gnols], la tension avec le Royaume-Uni propos de Gibraltar, les attaques rptesdu quotidien Financial Times, le laminagede la Banque dEspagne et la nationali-sation en urgence de la banque Bankia.Pendant ce temps, dans la rue, la peur, laperplexit et une gigantesque indignation.Enric Juliana [Voir aussi p. 42.]
Espagne
Rsister, rsister, rsister
Irlande
Un oui en dsespoir de cause
Lors du rfrendum du 31 mai,les Irlandais ont vot 60 %pour le pacte budgtaireeuropen. Mais il faut y voirle choix dun pays dsenchant.
Irish Independent (extraits) Dublin
N os suzerains europens et nosadministrateurs dublinois nedevraient pas se rjouir trop vitede cet acte dallgeance dict par la peurqui a t ratifi le 31 mai. Loin dtre un votede confiance lgard de lEurope, ou mmedu gouvernement, ce oui maussade obtenudes lecteurs leur corps dfendant tait
davantage un