Rapport de l’UNESCO sur la science

Quelle innovation pour les pays en développement :

tendances et défis

Susan Schneegans

Rédactrice en Chef, Rapport de l’UNESCO sur la science

s.schneegans@unesco.org

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Le rapport : un outil pour mesurer les progrès vers le 9ème

Objectif du développement durable (ODD 9) des Nations Unies à l’horizon 2030 :

Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager

l’innovation

• ODD 9.5 : Renforcer la recherche scientifique, perfectionner les capacités technologiques des secteurs industriels de tous les pays, en particulier des pays en développement, notamment en encourageant l’innovation et en augmentant considérablement le nombre de personnes travaillant dans le secteur de la recherche et du développement pour 1 million d’habitants et en accroissant les dépenses publiques et privées consacrées à la recherche et au développement d’ici à 2030.

Rapport de l’UNESCO sur la scienceJamais le monde n’a autant investi dans la recherche

L’investissement dans la recherche a augmenté plus vite

(+30,5%) que le PIB mondial (+20,1%) entre 2007 et 2013

Pourquoi ?

• Dans les pays industriels frappés par la crise de la dette (Japon, UE, États Unis…), l’engagement public a vacillé, alors que les entreprises ont poursuivi, voire augmenté, leurs propres investissements dans la recherche pour conjuguer la crise.

• Les pays en développement riches en ressources naturelles ont profité du boom des matières premières pour augmenter leur propre financement public de la recherche (ex. Argentine, Brésil, Malaisie, Mexique, Ethiopie, Kenya, Ouganda, etc.).

• N’ayant pas souffert de la crise, la Chine a maintenu sa forte demande de matière premières, favorisant ainsi la croissance des pays en développement. Les secteurs public et privé chinois ont augmenté leurs investissements dans la recherche afin de favoriser l’innovation.

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Le G20 : 64% de la population mondiale, 92% des dépenses en R&D en 2013

Les PMA ont doublé leurs investissements en R&D entre 2007 et 2013 (0,3% du total)

La Chine :

• une progression fulgurante des dépenses des entreprises en R&D entre 2001 et 2011 (voirgraphique):

• 500 000 demandes de brevets déposées en2011 par des entreprises auprès du bureau chinois des brevets, le plus grand nombre au monde.

Figure: Part mondiale de la R&D

des entreprises, 2001–2011 (%),calculé en $PPA

Rapport de l’UNESCO sur la scienceLes brevets sont toujours dominés par les Etats Unis, l’UE et le Japon,

mais la Chine et la République de Corée augmentent leur part du gâteau

Qu’entend-on par brevets triadiques?

Il s’agit de la même invention déposée

en même temps auprès des bureaux américain, japonais

et européen des brevets

Rapport de l’UNESCO sur la sciencePeu d’investissements dans la recherche vers l’Afrique et l’Amérique latine entre 2001 et 2011

1,1%Part des bénéficiaires en Afrique

11,3% Part des bénéficiaires en Amérique latine

30,3% Part des bénéficiaires en Chine et en Inde

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Et pourtant, les initiatives ne manquent pas

Exemple : Kiira Motors Corporation

• partenaires financiers : OugandaDevelopment Corporation (96%) et l’Université de Makerere (4%)

• 2017 : une usine de montage d’automobilesen cours de construction en Ouganda

• la société est en quête d’investisseurs.

2011: Kiira EV POC: premier vehicle électrique produit enAfrique

2014: Kiira EV Smack: premier véhiculehybride électrique enAfrique

2016 : Kayoola: premier bus produiten Afrique à être propulsé par l’énergie solaire (déjà des commandes)

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Le défi : développer l’innovation dans les PMA, comme l’innovation frugale, une spécialité indienne

1 Indien sur 5 vit sous le seuil de pauvreté : 270 millions de consommateurs potentiels!

Deux exemples d’innovation frugale en Inde :

Gramateller : distributeur de billets à très faible consommation d’énergie, fonctionnant à l’énergie solaire, pour les banques en milieu rural (société indienne Vortex et l'Institut indien de technologie de Madras) ;

Chotukool : réfrigérateur portable fonctionnant avec des batteries, d’une capacité de 35 litres (la société indienne Godrej a noué un partenariat avec la poste indienne pour diffuser le réfrigérateur portable en milieu rural).

Qu’entend-on par innovation frugale ?

Il s’agit d’une innovation qui coûte peu cher à produire à grande échelle et qui vise un marché de consommateurs pauvres, souvent privés d’accès à

l’électricité

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Autre tendance : une collaboration renforcée entre pays émergents

Exemple : la collaboration russo-chinoise :

• Depuis 2003, des technoparcs conjoints sont opérationnels dans les villes chinoises de Harbin, Changchun et Yantai, entre autres. Il est prévu d’y fabriquer des avions militaires et civils, des engins spatiaux, des turbines à gaz, etc., et d’y produire à grande échelle des technologies russes.

• En 2014, l’Université d’État de Moscou, la Russian Venture Company et la société de construction chinoise Chzhoda ont signé un accord en vue de créer des maisons et des villes « intelligentes ».

Qu’entend-on par ville intelligente ?

Utiliser l’informatique pour améliorer la qualité

des services publics

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L’innovation est présente dans les pays de tous niveaux de revenu, mais beaucoup d’entreprises innovent sans faire de la recherche.

Il y a quatre types d’innovateurs.

Parmi les pays en développement :

• Plus d’innovation de produit et de procédé à Costa Rica (sites de recherche d’IBM, Intel, etc.) et en Equateur.

• Plus d’innovation organisationnelle et de commercialisation en Afrique du Sud, au Brésil, en Inde et en Indonésie.

Quel type d’innovationse fait dans les pays émergents ?

Rapport de l’UNESCO sur la scienceQuel type d’innovation

se fait dans les pays émergents ?

La plupart des firmes manufacturières actives en innovation font de l’acquisition de machines, d’équipements et de logiciels.

Elles peuvent aussi acheter des licences ou des brevets.

Au Brésil, en Féd de Russie et en Inde, moins de la moitié font de la recherche. Pendant le boom des matières premières, aussi bien des entreprises brésiliennes que russes préféraient importer des technologies de pointe plutôt que de les développer elles-mêmes.

Rapport de l’UNESCO sur la sciencePourquoi si peu d’innovation au Brésil ?

Une exception à la règle : Natura Cosméticos utilise des extraits de plante dans ses nouveaux produits: échanges avec les communautés amazoniennes, partenariats, comme avec l’Entreprise brésilienne de recherche agricole (Embrapa) et l’Université fédérale de Santa Catarina.

Coût élevé de l’innovation : bureaucratie lourde, manque d’infrastructures modernes, etc.

Protectionnisme : la politique de substitution des produits d’importation protège le marché domestique, mais décourage l’innovation en l’absence de compétition.

Politiques favorisant les énergies fossils :investissement du gouvernement dans l’explorationdu pétrole et du gaz

Manque de liens entre entreprises et universités : 7% des enterprises innovantes considèrent les universitéscomme une source importante d’information.

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La présence de multinationales dans les économies émergentes peut favoriser l’essor de l’innovation dans ces pays

Si les multinationales créent des sites de recherche et ainsi favorisent le transfert de connaissances aux employés et fournisseurs locaux. Si elles travaillent avec le gouvernement hôte pour améliorer la formation professionnelle, comme en Malaisie.

Certaines entreprises originaires d’économies émergentes rachètent des entreprises étrangères pour acquérir des brevets et un personnel hautement qualifié. Exemples :

• en 2014, Motherson Sumi Systems Ltd (Inde) a racheté Stoneridge Harness Inc (États-Unis);

• en 2017, l’entreprise publique China National Chemical Corp (ChemChina) a acquis le suisse Syngenta pour 43 milliards de dollars. En acquérant le catalogue de produits chimiques et de semences brevetées de Syngenta, la Chine cherche à améliorer ses rendements agricoles.

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• En Inde, la plupart des sociétés informatiques sont étrangères, la plupart des sociétés pharmaceutiques sont indiennes ;

• brevets en informatique : 7% vont aux sociétés indiennes et 93% vont aux sociétés étrangères basées en Inde.

La présence de multinationales peut fausser les données sur les brevets.

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La Malaisie, Singapour, la Thaïlande et le Viet Nam abritent beaucoup de multinationales et dominent dans cette partie du monde pour les exportations de produits de haute technologie, surtout en électronique (80% de ces produits).

Mais, souvent, ces produits sont simplement assemblés et exportés depuis ces pays, sans innovation sur place, comme au Viet Nam.

La présence de multinationales peut fausser les données sur les exportations de produits de haute technologie.

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Merci

s.schneegans@unesco.org

Télécharger le rapport en accès libre :

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