9 JUILLET 2020 · ALBERTO GINASTERA Dos canciones, op. 3, sur des poèmes de Fernán Silva Valdés...

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PAUL-ANTOINE BÉNOS-DJIAN & BIANCA CHILLEMI 9 JUILLET 2020

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Page 1: 9 JUILLET 2020 · ALBERTO GINASTERA Dos canciones, op. 3, sur des poèmes de Fernán Silva Valdés (1938) Canción al arbol del olvido CARLOS GUASTAVINO Doce canciones populares (1968)

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PAUL-ANTOINE BÉNOS-DJIAN& BIANCA CHILLEMIPORTRAIT DE L’ARTISTE EN SOLITAIRE ERRANT :NOMADISME MUSICAL EN TERRES ESPAGNOLE ET LATINO-AMÉRICAINE

Contre-ténorPaul Bénos-DjianPianoBianca Chillemi

CONCERT ENREGISTRÉ CLOÎTRE SAINT-SAUVEURJEUDI 25 JUIN 2020Réalisation : Philippe Béziat, Camera Lucida ProductionsARTE FranceSon : FRANCE MUSIQUE

CARLOS GUASTAVINO (1912—2000)Flores Argentinas d’après des poèmes de León Benarós (1969) Cortadera, plumerito ¡Qué linda la madreselva!

ALBERTO GINASTERA (1916—1983)Cinco canciones populares Argentinas, op. 10 (1943)Gato

FEDERICO MOMPOU (1893—1987)Combat del Somni d’après des poèmes de Josep Janés (1942—1948)Damunt de tu nomes les flors

ERNANI BRAGA (1888—1948)Cinco canções nordestinas do folclore brasileiro (1942) Capim di pranta

MANUEL DE FALLA (1876—1946)Siete canciones populares españolas, G. 40 (1914—1915)El paño morunoSeguidilla murciana

ALBERTO GINASTERADos canciones, op. 3, sur des poèmes de Fernán Silva Valdés (1938) Canción al arbol del olvido

CARLOS GUASTAVINO Doce canciones populares (1968)Mi viña de Chapanay (d’après un poème de León Benarós)

SANTOS CHILLEMI (né en 1950)Neuf Images d’Argentine (1998—1999)El jilguero (piano solo)

CARLOS GUASTAVINO La rosa y el sauce d’après un poème de Francisco Silva (1942)

ALFONSO ESPARZA OTEO (1894—1950) Dime que sí (arrangement des artistes)

CARLOS GUASTAVINO Doce canciones populares La siempre viva (d’après un poème d’Arturo Vázquez)

HORACIO GUARANY (1925—2017)Memorias de una vieja canción (arrangement des artistes)

ERNANI BRAGACinco canções nordestinas do folclore brasileiroEngenho novo

TOMÁS MÉNDEZ (1927—1995)Cucurrucucú paloma (1954)

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— Les artistes ont toujours aimé se projeter dans les figures de bandits, marginaux, bohémiens et autres bergers errants – ceux qui se jouent des frontières tout en représentant un ailleurs fascinant et inquiétant dont les chants gardent la trace. Cette propension culmine dans l’Espagne du début du XXe siècle puis, par ricochet, dans le monde latino-américain. Federico García Lorca a écrit des pages admirables sur le chant gitan : ces contes d’amour et de mort ramenés à leur violence essentielle sur lesquels se penchent des femmes-fleurs comme autant de promesses sensuelles et d’images d’une existence labile. Et ses amis compositeurs ont tenté d’insuffler à la musique nationale une vitalité dont un folklore riche mais menacé était le dépositaire. On a l’habitude d’entendre les pages qui vont suivre interprétées par de grandes chanteuses hispanophones ou lusophones, qu’elles soient populaires ou d’opéra – de Bidú Sayão à Teresa Berganza et de Victoria de los Ángeles à Montserrat Caballé. Mais dans ce répertoire, le genre est trouble, souvent surjoué et donc incertain : la voix ample et chaude du contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Djian le sert à merveille.

Commençons notre périple en Espagne. Créées en 1915, les Siete canciones populares españolas de Manuel de Falla (1915) ont joué un rôle essentiel dans cette réinvention du populaire qui a caractérisé la musique espagnole moderne lancée dans la quête de son identité. Le compositeur s’est inspiré d’un matériel folklorique venant de différentes régions d’Espagne, qu’il a harmonisé et serti d’une écriture pianistique particulièrement élaborée, vouée à recréer toute l’énergie « primitive » qu’il associait fantasmatiquement à ces pages. L’enjeu de ces chants est souvent l’amour, exprimé avec une verdeur imagée non exempte de misogynie. « El paño moruno » avance ainsi qu’il en va de la virginité d’une femme comme pour un tissu sur un marché : s’il est taché, il perd de sa valeur. De même, la « Seguidilla murciana » compare la femme infidèle à une pièce de

monnaie qui s’use jusqu’à paraître fausse à force de passer de main en main. Toute différente est l’esthétique musicale ascétique de Federico Mompou, forgée au contact des œuvres de Saint Jean de la Croix et d’Erik Satie. Le compositeur catalan n’a composé que peu de mélodies – le plus souvent sans paroles – tout en manifestant une attirance certaine pour la voix, dont « Damunt de tu nomes les flors », tiré du cycle Combat del somni (1942—1948), est une belle illustration. La fleur qui se fane et le parfum qui s’évapore y sont une allégorie de l’amour et de la vie.

Passons maintenant de l’autre côté de l’Atlantique. Figure centrale de la scène musicale argentine, Carlos Guastavino est particulièrement apprécié pour ses talents de mélodiste, alliant sensualité et intimisme, dans un langage postromantique inspiré de la musique populaire qu’il réinvente sans lui faire perdre son esprit. Les Doce canciones populares (1968) se présentent comme des variations sur la figure du gaucho solitaire confiant aux paysages croisés sur sa route ses peines de cœur et son attente résignée de la mort. La nostalgie, la perte, l’oubli sont au cœur de ces pages, contrebalancés par le désir de beautés fugitives : femmes et fleurs. Dans « La siempre viva », le narrateur invoque ainsi le vent et la rivière, traîtres compagnons qui portent les chansons mais n’apaisent pas les peines. Le recueil Flores Argentinas (1969) joue sur les mêmes motifs dans un registre plus riant mais pas moins amer : « ¡Qué linda la madreselva! » associe au mignon chèvrefeuille la promesse d’un printemps sensuel et éphémère. « Cortadera, plumerito » évoque une petite plume transportée par le vent qui a le regret de son champ d’origine. « La rosa y el sauce » est l’une de ses chansons plus connues : une rose enlaçait un saule mais une coquette l’a volée ; depuis l’arbre se morfond, devenu saule pleureur. Enfin le dansant « Mi viña de Chapanay » vante un vignoble pareil à une belle jeune fille dont la beauté s’épanouirait mois après mois.

Alberto Ginastera illustre un même type de « nationalisme musical » que Guastavino, caractéristique de l’aire latino-américaine à l’époque, mais il aura travaillé la matière folklorique de son pays d’une manière beaucoup plus ambitieuse (dans ses formats) et moderniste (par son langage) que son compatriote. La « Canción al arbol del olvido », tirée des Dos canciones (1938), dégage une mélancolie sensuelle et languide : pour oublier son malheur, le narrateur s’endort sous le bien nommé « arbre de l’oubli » mais c’est alors – ironie tragicomique – pour oublier d’oublier. Cinquième des Cinco canciones populares Argentinas (1943), le très rythmé et brillantissime « Gato » place un homme plein de désir au milieu des jeunes femmes qui dansent. Autre argentin, lié au fameux quartier de la Boca à Buenos Aires, Horacio Guarany a pris ce nom de scène en hommage à son père, qui était indien guarani. Dans une veine pleine de pathos, « Memorias de una vieja canción » retrace une vie douloureuse à laquelle une chanson à la guitare assure une mémoire et une unité. « El jilguero » de Santos Chillemi, pour piano seul, clôt cette pérégrination argentine.

Il nous faut encore par deux fois franchir les frontières, en commençant par le Brésil et en terminant au Mexique. Les Cinco canções nordestinas do folclore brasileiro (1942) forment aujourd’hui l’œuvre la plus connue d’Ernani Braga, compositeur brésilien proche de Villa-Lobos. L’influence de la minorité africaine, importante dans le Nordeste, se fait entendre dans les dialectes et les rythmes très éloquents de « Capim di pranta » comme de la chanson de moulin « Engenho novo ». Alfonso Esparza Oteo est quant à lui une figure très populaire du Mexico des années 1920 et « Dime que sí » – « Ils disent que tu ne veux pas de moi, je veux l'entendre de toi » – est l’une de ses pages les plus connues, d’un ton clairement sentimental. Enfin le programme s’achève avec le célébrissime « Cucurrucucú

paloma » de Tomás Méndez (1954), chanson mexicaine ayant connu une riche postérité au cinéma (notamment dans Hable con ella de Pedro Almodóvar, 2002) qui associe le mal d’amour au roucoulement désespéré d’une tourterelle.

Timothée Picard

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PAUL-ANTOINE BÉNOS-DJIANCONTRE-TÉNOR

Le contre-ténor Paul-Antoine Bénos-Djian se forme au sein de la maîtrise des Chantres du Centre de musique baroque de Versailles, avant d’être admis au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Lauréat de la Fondation Meyer, il remporte le Prix Grand-Avignon lors de la première édition du Concours Jeunes Espoirs de l'Opéra d’Avignon. Il est nommé Lauréat de l’Académie du Festival d’Aix en 2017. Dans le cadre de ses études à Paris, il se produit en tant que soliste sous la direction de Raphaël Pichon, Emmanuelle Haïm, Benoit Haller, Christophe Coin et Philippe Pierlot. Il aborde le répertoire lyrique en incarnant le rôle d'Athamas dans Semele de Haendel. Il rejoint les académies de musique ancienne de Sablé-sur-Sarthe et de Royaumont et se perfectionne également dans l'art de la mélodie et du lied auprès de Mireille Delunsch et d’Hartmut Höll. En 2016, on peut l'entendre en soliste avec le Taylor Consort dans le cadre de la saison du Poème Harmonique, dans les Canticles de Britten lors du Festival de musique de chambre d'Entrecasteaux ou encore au Festival de Sablé-sur-Sarthe, en récital avec l'ensemble Il Pomo d’Oro. Il interprète un cycle de mélodies créé par Isabelle Fraisse dans le cadre de l'émission Alla Breve sur Radio France. Depuis 2017, il chante en tournée le rôle-titre de Rinaldo avec la Co[opéra]tive, le Stabat Mater de Pergolèse à la Cathédrale de Nice avec Café Zimmermann, la Passion selon saint Matthieu avec La Chapelle Rhénane, Hail Bright Cecilia de Purcell avec Le Poème Harmonique ainsi que le rôle-titre de San Giovanni Battista de Stradella avec Le Banquet Céleste. Il incarne également Clerio dans Erismena de Cavalli avec Leonardo García Alarcón au Festival de Saint-Denis et Marte dans La divisione del mondo de Legrenzi à l'Opéra Royal de Versailles. Plus récemment, il chante Ottone dans Agrippina de Haendel avec les Talens Lyriques, Unulfo dans Rodelinda au Théâtre des Champs-Élysées, Nireno dans Giulio Cesare pour Opera North au Royaume-Uni, Tolomeo dans Giulio Cesare avec l'English Touring Opera, La Nuit des rois à la Comédie-Française et San Giovanni Battista avec Le Banquet Céleste. Parmi ses projets figurent des reprises d’Erismena à Lisbonne et des concerts avec Le Poème Harmonique, Le Banquet Céleste et Café Zimmermann.

BIANCA CHILLEMIPIANO

La pianiste argentine Bianca Chillemi étudie au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, où elle obtient un master dans la classe de lied et mélodie d’Anne Le Bozec et Emmanuel Olivier, ainsi qu’un second master à l’unanimité du jury dans la classe de direction de chant d’Erika Guiomar et Nathalie Dang. Elle est soutenue par la Fondation Meyer et le mécénat Société Générale. En 2013, elle fonde l’Ensemble Maja, dédié à la musique de chambre du XXe siècle, et avec lequel elle remporte le premier prix du concours international Musiques d’Ensemble de la Fédération nationale des associations de parents d'élèves de conservatoires et écoles de musique en 2018. L’ensemble est en résidence à la fondation Singer Polignac depuis 2016. En tant que pianiste de lied, elle est finaliste du concours international Nadia et Lili Boulanger 2017, aux côtés de la soprano Marianne Croux, se produit au Centre de musique de chambre de Paris avec le baryton-basse Florian Hille, et assiste par ailleurs Christian Immler, Patricia Petibon et Vincent Le Texier durant leurs master classes de chant. Elle est aussi pianiste cheffe de chant pour la production du Voyage à Reims de Rossini à l’Abbaye de Royaumont en 2015, puis sur les créations d’Iliade l’amour (Jolas) à la Cité de la Musique à Paris, des Trois Contes à l'Opéra de Lille et de Jungle aux opéras de Limoges et Bordeaux. Elle collabore également avec l’orchestre Les Siècles pour l’opéra I.D, création du compositeur Arnaud Petit, ainsi qu’avec l'Ensemble Aedes pour le programme Elles. En 2015, elle est sélectionnée par l'Académie du Festival d’Aix-en-Provence pour participer à la résidence Voix et Création.

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Le Festival d'Aix-en-Provence remercie pour leur soutien :

DÉVELOPPEMENT DURABLE En 2010, Le Festival d’Aix s’est engagé dans une politique de développement durable afin de réduire son impact sur l’environnement. Depuis 2014, le Festival concentre son action sur l’écoconception de ses décors, avec le soutien de l’ADEME et de la Région Sud, Provence-Alpes-Côte d’Azur et en collaboration avec le Pole Eco Design. Le Festival est membre de COFEES, le Collectif des Festivals Éco-responsables et Solidaires de la Région Sud, Provence-Alpes-Côte d’Azur.

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Festival d’Aix-en-ProvencePalais de l’Ancien Archevêché13100 Aix-en-ProvenceN° de licences d’entrepreneur de spectacles1- 1119 586 / 2- 1119 587 / 3- 1119 588

Crédit photo : Bianca Chillemi © Max Ruiz

Création graphique – Irma BoomExécution graphique – Laurie Wagner

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