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DÉCEMBRE 2012 - N° 792

3:HIKPKG=\UZZU[:?a@r@j@c@k;M 05067 - 792 - F: 5,50 ENOS RENDEZ-VOUS INÉDITS : PRÉHISTOIRE, ARCHÉOLOGIE,

LES ROUTES DE L’HISTOIRE, L’ORIGINE D’UNE EXPRESSION…

PORTRAIT Fabergé, l’orfèvre des tsars

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CE JOUR-LÀ 6 décembre

1491, le mariage d’Anne

de Bretagne

LES FINS DU MONDE

La prédiction des MayasComment le Coran annonce l’apocalypse

Après Benoît XVI, le chaos ?

DU MONDE

ET SI TOUT ÇA

ÉTAIT VRAI ?

4 historia décembre 2012

contributeurs

sommaire Décembre 2012É

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sYLVie JoYeMédiéviste et maître de confé rences à l’université de Reims - Champagne-Ardenne, elle est l’auteur de L’Europe barbare : 476-714 (Armand Colin, 2010).

maLeK chebeLAnthropologue des religions et essayiste de référence sur l’islam et le monde arabo-musulman, il a signé une nouvelle traduction du Coran (Le Livre de Poche, 2012).

PaUL-éric bLaNrUeSon domaine : la détection des mystifications. Sa devise : « Remettre l’Histoire à l’endroit. » Il se définit comme un « contre-historien » ou un « historien critique ».

éLise FerraNDocteur en anthropologie sociale de l’EHESS, elle a consacré sa thèse à l’étude des stèles mayas et à la compréhension des rituels qui les entourent.

6 actUaLitésLa plus belle conquête de l’homme

14 À La PréhistoireLes premières parures

17 archéoLoGieLes menhirs abattus de Belz

19 Le mUsée iNsoLiteLe musée des Lettres et Manuscrits

20 L’art de L’histoireHopper, la part d’ombre du rêve américain

22 Les roUtes de L’histoireLes routes des marchés de Noël en Alsace

24 L’iNédit dU moisTerres du Nouveau Monde aux enchères

27 UN iLLUstre iNcoNNUAuber

29 UN mot, UNe eXPressioNLe haut du pavé

31 L’air dU temPsIl pleut, il pleut, bergère

32 ce JoUr-LÀ6 décembre 1491 : Anne de Bretagne épouse Charles VIII

37 dossierLes fins du mondeSi notre heure dernière n’est pas encore venue, elle a été

maintes fois envisagée. Sur l’apocalypse, chacun s’est

fait sa petite idée, des Mayas aux cathares…

68 Les dessoUs de…La mort de Jésus 14 nisan 30 : une date fatidique qui marque la crucifixion

d’un prédicateur originaire de Galilée. Pourquoi lui ?

Sur quels chefs d’accusation ? Et à qui profite sa mort ?

74 sPéciaL ViLLeChalon-sur-Saône, l’aristocrate au fil de l’eauL’ancien fief des ducs de Bourgogne, aujourd’hui chef-

lieu de Saône- et-Loire, est un patchwork joyeux de legs

architectural et de patrimoine industriel.

84 À L’aFFiche

100 LiVres

107 mots croisés

108 PortraitFabergé, l’orfèvre des tsarsCe joaillier hors pair illumine de ses créations les fastes

de la cour au palais d’Hiver de Saint-Pétersbourg. Tan-

dis qu’à ses portes gronde la révolution…

114 idée reçUeSalomon était un roi bâtisseur

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caroLiNe charroNJournaliste, elle a signé une biographie remarquée du joaillier princier Carl Fabergé intitulée Fabergé, de la cour du tsar à l’exil (Éditions Complicités, 2010).

richard LebeaUSpécialiste du Moyen-Orient, il a entre autres publié Une histoire des Hébreux : de Moïse à Jésus (Tallandier, « Texto », 2012) et un Atlas des Hébreux (Autrement, 2003).

heNri PiGaiLLemCouronné par l’Académie française, historien, biographe, il est notamment l’auteur de La Splendeur des Borgia (Télémaque, 2011) et d’Anne de Bretagne (Tallandier, 2012).

aNNe breNoNFondatrice et directrice, jusqu’en 1998, du Centre national d’études cathares de Carcassonne, elle a consacré à l’« hérésie » une quinzaine de livres.

Spécial ville : Chalon- sur-Saône, page 74L’aristocrate au fil de l’eau

Dossier : Les fins du monde, page 37

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l’art de l’histoire

Jusqu’au 28 janvier, le Grand Palais, à Paris, propose une rétrospective consacrée au peintre new-yorkais, témoin désenchanté de l’Amérique triomphante du début du XXe siècle. Une œuvre colorée et à contre-courant.

edward hopperLa part d’ombre du rêve américain

ses toiles symboli-sent l’Amérique my-thique de la premiè-re moitié du XXe siè-cle, avec ses petits

restaurants (les diners), ses salles de spectacle, ses motels, ses drug stores, ses stations-service, qui en-tretiennent l’image légen-daire du Nouveau Monde. En fait, les compositions, silencieuses, d’Edward Hopper (1882-1967), en met-tant en scène la mélancolie de l’homme moderne, révè-lent plutôt le versant som-bre du rêve américain. Créées en plein âge d’or hollywoodien, ses plus célèbres toiles renvoient aux films noirs des années 1930. On y retrouve la même tension dramatique, la même implacable soli-tude des personnages et aussi, parfois, ces décors urbains éclairés la nuit par la lumière artificielle des enseignes publicitaires et, le jour, par les rayons d’un soleil implacable. Le cinéma passionnait Hopper. Il pouvait vi-sionner plusieurs films par jour lorsqu’il était en

panne d’inspiration. Ses angles de vue sur les mai-sons bourgeoises, ses plon-gées et contre-plongées sur des fenêtres d’immeubles empruntent au septième art et mettent en lumière des citadins solitaires, méditatifs, surpris dans leur rêverie et leur inti-mité. L’artiste new-yorkais répétait souvent que ses ta-bleaux étaient entièrement improvisés à partir de souvenirs de pièces aper-çues au cours de ses déam-bulations dans les rues de l’East Side ou de scènes observées sur Broadway, où il avait l’habitude de marcher la nuit.Né dans la paisible ville de Nyack (État de New York), Hopper est le témoin d’une mutation économique et in-dustrielle sans précédent. Il assiste dubitatif à cette marche forcée vers une modernité qui, à ses yeux, bouleverse les valeurs tra-ditionnelles de solidarité établies par les premiers colons. Il aime l’ivresse des grands espaces et partage l’opinion d’un de ses poètes préférés, Henry Thoreau,

qui, en 1844, considérait comme diabolique l’intru-sion d’une locomotive dans la quiétude du paysage… Les peintures de Hopper traduisent le question-nement d’un artiste plus attaché aux richesses spi-rituelles que matérielles. Aucun souci documentaire sur Manhattan. L’absence flagrante de gratte-ciel dans ses œuvres apparaît comme une critique insi-dieuse à l’égard du nou-veau visage de la puissante mégalopole où il vit et tra-vaille. Aucune trace, non plus, dans ses vues de New York, du pont de Brooklyn, symbole de cette nouvelle ère du fer et de l’acier, inau-guré en 1883. Son tableau Queensborough Bridge, exécuté en 1913 et qui représente un pont métal-lique enjambant une an-cienne maison victorien-ne, montre au contraire la disparition programmée du monde harmonieux de son enfance.Hopper tient à distance cette Amérique qui, à la fin du XIXe siècle, s’est hissée au premier rang des puis-

sances mondiales. Entre 1770 et 1860, la population du pays est passée de 2,15 à 31,5 millions d’habitants et, en 1884, elle possède la moitié du réseau mondial de chemins de fer. Vain-queurs de la Grande Guer-re, les États-Unis devien-nent la première puissance militaire et New York occu-pe la première place finan-cière. Les ascenseurs, qui se multiplient à partir des années 1880, permettent d’ériger des immeubles de bureaux à des hauteurs vertigineuses, et l’inven-tion du téléphone, en 1876, a accéléré les échanges com-merciaux. Hopper, pourtant, reste de marbre face à l’excitation générale qui s’empare des esprits. Il poursuit son œuvre à contre-courant, laquelle se précise quand il rencontre sa femme, Jo, en 1924. Cinq ans avant le krach qui plonge l’Améri-que, puis le monde, dans la dépression. Un événement tragique qui attire alors les regards sur sa peinture nostalgique. LÉlisabeth Couturier

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NIGHTHAWKS, 1942. Huile sur toile (84 x 152 cm). The Art Institute of Chicago.

1Le café. L’artiste est particulièrement attiré par

les boutiques ou cafés situés à l’angle d’une rue. Cela lui rappelait le magasin de ses parents. Avec ses grandes vitres, ce bar moderne est largement ouvert sur l’extérieur. On peut y observer les clients installés au comptoir. La scène évoque un climat de film policier, une ambiance à la Raoul Walsh ou à la Howard Hawks – deux cinéastes contemporains du peintre, qui était un habitué des salles obscures.

2 Les clients. Après son mariage avec Edward

Hopper, en juillet 1924, Jo exige d’être le seul et unique modèle de son mari. Peintre elle-même, elle a suivi des cours de théâtre et interprète tous les personnages qui figurent dans les toiles de son époux. Aussi bien les hommes que les femmes. Ici, Hopper met en scène des insomniaques – l’homme de dos et ce couple à la fois proche et distant – qui cherchent à tuer le temps. Comme dans la plupart de ses toiles, l’artiste donne l’impression d’un arrêt sur image. À nous d’imaginer l’histoire de ces « oiseaux de nuit » – traduction souvent suggérée pour Nighthawks, le titre du tableau.

3La lumière. Dans le bar, elle dispense un halo

cru comme de puissants projecteurs. Dehors, elle est si forte qu’elle éclaire la rue. Ce café semble un îlot – de vie ? – dans le désert de la nuit. L’intensité des couleurs accentue la dramaturgie qui sous-tend la scène. Le peintre expliquait que son travail pouvait se résumer à la lumière découpant une architecture. En l’occurrence, ici, les néons, qui ont fait leur apparition aux États-Unis.

4 La caisse enregistreuse. Hopper,

qui privilégie souvent un détail, met en valeur à l’arrière-plan un magasin presque vide dans lequel trône, seule, la caisse enregistreuse. Un élément qui souligne la puissance du mercantilisme ambiant, la recherche du profit et ses conséquences sur la qualité de vie des habitants des grandes métropoles américaines.

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Dossier

Il suffit de taper « décembre 2012 » sur Internet pour s’en convaincre : la fin du monde accapare la Toile. Pour l’heure, les Mayas dictent…

le calendrier des priorités. L’urgence, c’est le 21 décembre. Passé cet écueil – sait-on jamais… –, nous serons à la merci de prophéties

alarmantes, de capricieux astéroïdes, du retour sur terre de Satan et autres signes du Jugement dernier. Dans l’attente, « l’hymne cathare » de Polnareff, Nous irons tous au paradis, nous laisse quelque espoir.

Les fins du

monde

38Les Mayas font trembler la planèteCes astronomes avisés n’imaginaient sans doute pas la zizanie qu’ils allaient semer en cette fin d’année.Par Élise Ferran

47Le dernier pape avant le chaos ?Les devises sur les souverains pontifes d’un évêque nommé Malachie ne laissent pas d’intriguer.Par Paul-Éric Blanrue

50Les 150 signes du CoranLes événements annonciateurs de « l’Heure suprême » contenus dans le livre sacré des musulmans.Par Malek Chebel

56Les grandes peurs de l’an milleL’Apocalypse de Jean pris au pied de la lettre ouvre la voie aux mouvements millénaristes.Par Sylvie Joye

61Les cathares sont pressés d’en finir !Comment pourrait-il en être autrement ? Ces éternels optimistes pensent que leur accès au paradis est garanti !Par Anne Brenon

40 historia décembre 2012

en un clin d’œil cOMBien de TeMPS nOuS ReSTe-T-il ?Les hommes ont toujours craint la fin du monde. Ils ont imaginé la disparition de la vie sur terre et redouté que le Soleil ne s’éteigne. Les fantastiques progrès des sciences ont balayé ces craintes et nous permettent de savoir quelle est la durée des planètes, des étoiles, et même de l’univers. Depuis la formation de la Terre

il y a 4,55 milliards d’années et l’apparition de la vie 750 000 ans plus tard, de multiples espèces sont apparues et ont disparu. Des bombardements d’astéroïdes, des phases de volcanisme intense et des changements climatiques ont provoqué plusieurs extinctions. Les dinosaures ont régné des centaines de millions d’années, mais en

moyenne une espèce animale a une durée de vie de deux millions d’années. On peut même penser que les hommes sont en sursis.Le Soleil n’émet pas une chaleur constante. Dans un milliard d’années, elle sera telle qu’il n’y aura plus d’eau sur terre. La température sera si élevée que la vie y sera impossible. Ne nous inquiétons pas :

Les textes de la mythologie nordique présentent la fin du monde commeun affrontement entre les dieux,le Ragnarök, lequel fait suite à divers cataclysmes. La bataille se déroule dans la plaine de Vigrid, et voitla disparition de la grande majorité des dieux. Puis l’humanité renaît, avec le seul couple humain restant en vie.

Le peuple Yao dans le sud de la Chine partage avec bien d’autres le mythedu Déluge. Le dieu de l’Orage provoque des pluies d’une telle ampleur que la terre entière est inondée. Deux enfants survivent ; de leur union naît une boule de chair, qu’une bourrasque disperse aux quatre coins du monde. L'humanité renaît.

Les Indiens Hopis de l’Arizona pensent que l’univers est composé de huit mondes placés les uns sur les autres. Les trois premiers, des cavernes, furent détruits par le feu, la glaceet les eaux. Notre monde, le quatrième selon les Hopis, est destiné à être ravagé par les flammes.

Shiva, la célèbre divinité aux quatre mains, est à la fois le dieu de la création et celui de la destruction, laquelle est le chemin d’un monde nouveau. Dans sa représentation la plus commune, Shiva Nataradja accomplit la danse cosmique de la création etde la destruction de l’univers, rythmée par les vibrations de son tambourin.

Le bouddhisme nous enseigne quela vie des univers est cyclique.Quatre ères se succèdent : la première est celle de la création du monde,la deuxième celle de la dégradation, interrompue par le repentir de l’humanité. La troisième ère voit l’universse défaire ; durant la quatrième, l’univers reste vide, jusqu’à ce quele vent primordial se lève de nouveau.

Dans le mythe babylonien d’Atrahasis, ce dernier offre un abri aux animaux dans une arche, durant les sept jourset les sept nuits que dure le Déluge, provoqué par le dieu-souverain Enlil. La première version de ce mythe, sans cesse réécrit, date de 1700 avant J.-C.

Les Égyptiens de l’Antiquité ne croyaient pas en la pérennité du cosmos. Dans un de leurs mythes, Rê, le dieu-Soleil, envoie la lionne Sekhmet massacrer l’humanité ; mais Rê se reprend,et les grands-prêtres d’Héliopolis fabriquent à sa demande de la bière teintée de rouge. Sekhmet s’enivre ; l’humanité est sauvée, mais le créateur a montré qu’il pouvait retourner au chaos avant que ne reprenne le cycle de la création.

Dans le zoroastrisme, l’antique religion des Perses, le messie porte le nomde Saoshyant. Son avènement marquera l’arrivée des derniers jours de l’humanité. La planète sera purifiée et les morts ressuscités, pour quele dieu originel, Ahura Mazda, puisse redescendre parmi les hommes, enfin dignes de vivre en sa compagnie.

La colline de Megiddo, en Galilée,a donné son nom à Armageddon qui, dans la religion juive, symbolise l’affrontement final entre les forcesdu Mal et celles du Bien. Aprèsla bataille, puis la résurrectiondes morts et le jour du Jugement,le Messie reviendra sur terre pourun règne éternel.

La mappemonde des scénarios apocalyptiques

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décembre 2012 historia 41

nous avons le temps de déménager ! Dans cinq milliards d’années, le Soleil aura transformé l’hydrogène en hélium dans les régions centrales. D’autres réactions plus énergétiques, transformant l’hélium en carbone, démarreront. Le Soleil grossira, son rayon sera supérieur à la distance qui le sépare actuellement de notre planète. Mais, en perdant de la

masse, il attirera moins la Terre, qui sera juste à l’extérieur de ce nouveau Soleil. La température à la surface sera de l’ordre de plusieurs milliers de degrés. Nous ne serons pas rôtis mais grillés ! Après cette phase d’activité, le Soleil se contractera en une naine blanche qui se refroidira lentement, pour pratiquement ne plus émettre de lumière après une

vingtaine de milliards d’années. L’expansion de l’univers semble irréversible, et, dans des milliards… de milliards d’années (en fait suivi de cent zéros), il ne devrait plus rester que des trous noirs massifs n’émettant plus de lumière. Notre destinée est le noir absolu ! L André Brahic, astrophysicien, professeur

à Paris 7-Diderot et au CEA de Saclay.

Les textes de la mythologie nordique présentent la fin du monde commeun affrontement entre les dieux,le Ragnarök, lequel fait suite à divers cataclysmes. La bataille se déroule dans la plaine de Vigrid, et voitla disparition de la grande majorité des dieux. Puis l’humanité renaît, avec le seul couple humain restant en vie.

Le peuple Yao dans le sud de la Chine partage avec bien d’autres le mythedu Déluge. Le dieu de l’Orage provoque des pluies d’une telle ampleur que la terre entière est inondée. Deux enfants survivent ; de leur union naît une boule de chair, qu’une bourrasque disperse aux quatre coins du monde. L'humanité renaît.

Les Indiens Hopis de l’Arizona pensent que l’univers est composé de huit mondes placés les uns sur les autres. Les trois premiers, des cavernes, furent détruits par le feu, la glaceet les eaux. Notre monde, le quatrième selon les Hopis, est destiné à être ravagé par les flammes.

Shiva, la célèbre divinité aux quatre mains, est à la fois le dieu de la création et celui de la destruction, laquelle est le chemin d’un monde nouveau. Dans sa représentation la plus commune, Shiva Nataradja accomplit la danse cosmique de la création etde la destruction de l’univers, rythmée par les vibrations de son tambourin.

Le bouddhisme nous enseigne quela vie des univers est cyclique.Quatre ères se succèdent : la première est celle de la création du monde,la deuxième celle de la dégradation, interrompue par le repentir de l’humanité. La troisième ère voit l’universse défaire ; durant la quatrième, l’univers reste vide, jusqu’à ce quele vent primordial se lève de nouveau.

Dans le mythe babylonien d’Atrahasis, ce dernier offre un abri aux animaux dans une arche, durant les sept jourset les sept nuits que dure le Déluge, provoqué par le dieu-souverain Enlil. La première version de ce mythe, sans cesse réécrit, date de 1700 avant J.-C.

Les Égyptiens de l’Antiquité ne croyaient pas en la pérennité du cosmos. Dans un de leurs mythes, Rê, le dieu-Soleil, envoie la lionne Sekhmet massacrer l’humanité ; mais Rê se reprend,et les grands-prêtres d’Héliopolis fabriquent à sa demande de la bière teintée de rouge. Sekhmet s’enivre ; l’humanité est sauvée, mais le créateur a montré qu’il pouvait retourner au chaos avant que ne reprenne le cycle de la création.

Dans le zoroastrisme, l’antique religion des Perses, le messie porte le nomde Saoshyant. Son avènement marquera l’arrivée des derniers jours de l’humanité. La planète sera purifiée et les morts ressuscités, pour quele dieu originel, Ahura Mazda, puisse redescendre parmi les hommes, enfin dignes de vivre en sa compagnie.

La colline de Megiddo, en Galilée,a donné son nom à Armageddon qui, dans la religion juive, symbolise l’affrontement final entre les forcesdu Mal et celles du Bien. Aprèsla bataille, puis la résurrectiondes morts et le jour du Jugement,le Messie reviendra sur terre pourun règne éternel.

La mappemonde des scénarios apocalyptiques

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Le joaillier à l’ouvrage en 1900.