Un Equipo Con Mentalidad Ganadora. Valero Rivera

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ACTUALITE PAR BRIGITTE BLOIS CTN-SERVICE FORMATION FFHB « CETTE ÉQUIPE A LE MENTAL POUR GAGNER » L’ENTRAÎNEUR ESPAGNOL A SU REBONDIR SIX MOIS APRÈS SON ÉCHEC AUX JO EN DEVENANT CHAMPION DU MONDE. N° 135 05 Valero RIVÉRA cotoie le plus haut niveau depuis de nombreuses années. Entraîneur de Barcelone pendant 20 ans, il a gagné 12 titres de champion d’Espagne, 6 coupes d’Europe, 5 coupes des Coupes, 2 coupes de l’IHF, 5 supers coupes européennes. Sélectionneur de l’équipe nationale espagnole, il s’est classé 3ème en Suède (2011) et devient champion du monde en 2013. Nous l’avons rencontré à l’Ecole Française des Entraîneurs à Nantes. S E . © Sportissimo - Pillaud © Sportissim

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ACTUALITE

PAR BRIGITTE BLOIS

CTN-SERVICE FORMATION FFHB

« CETTE ÉQUIPE

A LE MENTAL

POUR GAGNER »

L’ENTRAÎNEUR ESPAGNOL A SU REBONDIR SIX MOIS APRÈS

SON ÉCHEC AUX JO EN DEVENANT CHAMPION DU MONDE.

N° 135 0 5

Valero RIVÉRA cotoie le plus haut niveau depuis de nombreuses années. Entraîneur

de Barcelone pendant 20 ans, il a gagné 12 titres de champion d’Espagne, 6 coupes

d’Europe, 5 coupes des Coupes, 2 coupes de l’IHF, 5 supers coupes européennes.

Sélectionneur de l’équipe nationale espagnole, il s’est classé 3ème en Suède (2011)

et devient champion du monde en 2013. Nous l’avons rencontré à l’Ecole Française

des Entraîneurs à Nantes.

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Comment devient-on champion ?

Valero Rivéra : Par un style de jeu. La défense est très liée à la qualité des joueurs mais surtout au fait que, si un joueur a un point fort sur les différents savoir faire comme l’interception ou la dissuasion, il joue souvent sur ce point fort. L’attaque, c’est un moment qui doit être court. Le handball actuel doit être un spectacle et un amusement. Un point primordial pour tous les acteurs du match, c’est la vitesse. Tout le jeu de l’Espagne est axé autour de la position du pivot et je pense aussi que le jeu sur le jet franc est à exploiter en permanence car c’est un moment où la défense est à 6 mètres. L’esprit du jeu est fondamental. Il faut savoir gagner et perdre. C’est pour cela que nous souhaitons jouer le plus possible sans fautes et le plus souvent sans exclusions. On essaie de s’en approcher. Défendre avec les jambes et pas les bras, c’est essentiel. Et n’oublions pas de jouer en pensant que le plus important, c’est l’équipe. Aider les partenaires amène une satisfaction et une reconnaissance encore plus grande en cas de victoire. Mais pour devenir champion du monde, il faut des joueurs de talent, engagés mentalement.

Quel est votre style de management ?

V.R. : Nous devons être intransigeants avec les meilleurs joueurs. Quand ils comprennent qu’ils doivent être des exemples pour les autres, l’équipe va mieux. En revanche si on le fait avec les plus faibles, cela n’amène rien de bon. Je suis toujours honnête. Jamais je ne demande quelque chose à un joueur que je ne respecterai pas. Je suis transpa-rent. Je pense que tout ce qui est dit, y compris lors de conflit, doit l’être devant l’équipe. Même dans la défaite, il faut faire peuve de persévérance. Le pire échec que j’ai connu c’est la défaite aux Jeux Olympiques de Londres contre la France car l’Espagne méritait mieux. Mais six mois après, on est champion du monde, grâce à la force de cette équipe.

Quels sont les caractéristiques de la défense 0-6 espagnole ?

V.R. : En 0-6, avec un pivot entre le n°2 et le n°3, le n°2 doit toujours être devant le pivot lorsqu’il essaie de bloquer pour l’amener vers l’extérieur plutôt que l’intérieur. Le n°3 ferme l’espace et doit neutraliser pour interdire la passe au pivot secteur central. On doit éviter les pénaltys. Si le bloc a quand même lieu et que l’arrière prend une course interne, c’est le n°3 bas qui le reprend en charge en changeant de joueur. Dans ce cas, le n°2 doit absolument laisser le pivot dans son dos.

Quand un ailier rentre en deuxième pivot, il est très important que le n°1 sorte et interdise la balle à l’arrière côté rentrée. Ensuite, si l’ailier/pivot tente un bloc sur cet arrière, on retrouve le même principe : ne pas subir le bloc et se retrouver en avant du bloc pour l’éviter.

Sur entrée d’un ailier avec dans le même temps, un croisé demi centre - arrière gauche, en l’occurrence Mikkel Hansen, le joueur n°1 reste sur Hansen lors du croisé car c’est le plus fort de la base arrière.

Il faut toujours avoir le pivot derrière soi, sinon cela finit la plupart du temps en pénalty.

Sur le match de la finale contre le Danemark, considérant que leurs ailiers étaient très forts à la finition, les n°1, sur les courses externes des arrières, ne devaient pas venir aider pour éviter les passes à l’aile.

Nous essayons de couper le jeu des adversaires et évitons de les laisser jouer sur leurs points forts. Couper la circulation de balle ou, du moins, mettre la pression sur le por-teur, quitte à prendre des risques, amène une réception moins facile pour le tireur et donc plus facile pour notre gardien.

Le travail de dissuasion et le fait de couper les trajectoires de passe est primordial pour notre défense. Notre 0-6 n’en est pas vraiment une car elle est finalement, avec toutes ces intentions, assez étagée. ©

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Jorge Maqueda

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Joan Canellas

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« Le plus important

dans le groupe »

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et stratégieQuels sont les points importants de la défense 1-5 ibérique ?

V.R. : Nous avons trois variantes :

- La 1-5 avec le n° 3 haut « fixe ». Sur ce dispositif, le n°3 avancé doit enchaîner toutes ses actions dans le secteur central. Il faut faire faire le plus difficile aux atta-quants et les faire jouer plutôt sur leurs points faibles. Car, au moment du duel contre notre gardien, c’est plus facile de faire des arrêts. Je trouve que c’est aussi plus amusant pour nos joueurs de travail-ler dans ce sens et avec ces intentions.

- La 1-5 avec le n° 3 haut libre, 1-5 classique. Le n°3 doit perturber la circulation et peut à tout moment changer d’adversaire. Ses partenaires doivent être attentifs et s’adapter, toujours dans l’idée de ne pas laisser jouer l’adversaire sur son point fort.

- La 1-5 avec profondeur. Les deux n°2 sont assez hauts ainsi que le n°3 avancé. Utilisée contre le Danemark en Super Coupe, j’ai demandé au n°2 côté Mikkel Hansen d’être un peu plus haut que l’autre n°2 car son adversaire était moins fort. L’idée est la même, être toujours en avant du bloc et couvrir en étant devant le pivot à 6 mètres.

Pouvez-vous nous parler de votre défense mixte ?

V.R. : Contre la Hongrie par exemple, sur une prise en stricte d’un joueur de la base arrière, je demande à au n°3 haut de prendre en charge son adversaire qui est dangereux, mais aussi d’être capable de gêner les autres et de changer de joueur quand la situation le permet (si son adversaire direct rentre en 2ème

pivot par exemple). Sur ce type de dis-positif, le rôle du n°3 haut est primordial et il a beaucoup de travail. Cela ne peut être efficace que si ses partenaires sont attentifs et réussissent aussi leur change-ment de joueur sur des changements de secteur.

Comment gérez-vous la défense en infériorité numérique ?

V.R. : Dans ces situations, les joueurs doivent connaître leur rôle dans l’idée de ne pas laisser les attaquants jouer sur leur point fort. Par exemple, contre le Danemark, j’avais remarqué que 90 % du temps dans cette situation, le joueur demi-centre faisait toujours le même geste de passe en avançant sa main vers le but pour fixer la défense puis en donnant sur le côté gauche à Mikkel Hansen. J’ai demandé à mes défenseurs de se positionner et de faire le geste inverse en face de lui, c’est-à-dire de mettre leurs mains en opposition à la passe sur la gauche. L’idée était de ne pas permettre une passe facile et simple pour que Hansen ne puisse pas l’exploi-ter comme il voulait. Ce fut efficace car dans ces situations à un de moins nous ne prenons pas de but et nous en mar-quons deux.

Comment définissez-vous une stra-tégie en attaque ?

V.R. : La stratégie de l’attaque doit venir de l’entraîneur mais toujours en fonction des qualités de joueurs. Pour moi, le meilleur joueur de mon équipe et du monde actuellement, c’est notre

pivot, Julen Aguinagalde. C’est pourquoi notre organisation se fait en fonction de lui. Nous proposons beaucoup de situations en deux contre deux ou trois contre trois dans le secteur de notre pivot, soit pour jouer avec lui, soit pour libérer de l’espace à un arrière car la défense est très axée sur lui et se retrouve en retard sur les autres joueurs. Le temps fort est toujours mis du coté où il se trouve et finit assez souvent pour lui ou dans son secteur car il mobilise plusieurs défenseurs. Ce joueur est fort mais joue dans l’esprit d’équipe et pour l’équipe.

Julen Aguinagalde

Gedeon Guardiola

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ACTUALITE « CETTE ÉQUIPE A LE MENTAL POUR GAGNER »

Tomas Victor

Quelle utilisation faîtes-vous des jets francs ?

V.R. : Nous les jouons au centre, à droite et aussi à gauche. Tout commence par un deux contre deux entre le porteur de balle et Julen (le pivot) et les deux défenseurs en face de la balle. A l’issue de cette situation, on enchaîne sur les autres joueurs. Souvent le deux contre deux est gagné car l’arrière porteur de balle ouvre le jeu en s’engageant loin du pivot et agrandit l’espace entre les défenseurs. L’idée étant de lui donner la balle pour exploiter cette ouverture d’espace.

Quel rôle accordez-vous à votre gar-dien en relation avec votre défense ?

V.R. : J’ai toujours eu des grands gar-diens, mais je considère que le duel avec le gardien vient après la défense. C’est un duel très important comme dans d’autres sports, le football ou le waterpolo… Mais la relation de la

d é f e n s e avec lui est importante. La stratégie c’est que les adversaires aient un temps court de prépara-tion pour le

tir et avec un défenseur en face. C’est ensuite que le gardien intervient. Le plus important c’est la défense !

Quelle a été votre stratégie contre le gardien danois ?

V.R. : Il ne fallait pas que Danemark joue son jeu ! J’avais observé plusieurs de leurs matchs et j’ai remarqué qu’ils jouaient sur quelques phases de jeu mais souvent les mêmes. J’ai donc dit à mes joueurs qu’il était possible de les battre et que cela ne dépendait pas de leur gardien mais de notre stratégie pour contrer leur jeu. Cette équipe d’Espagne avait le mental pour gagner !

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Alberto Entrerios

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