Participer n°657

16
) Participer ( Magazine des sociétés coopératives et participatives Décembre 2015 . Janvier . Février 2016 . Numéro 657 )Rencontres( Martine Pinville : « Offrir à l’ESS les moyens de son développement » )Enjeux( Nouveau kit enseignant : les Scop et les Scic expliquées aux jeunes COP 21 : les coopératives s’engagent pour la transition écologique

description

Entre enjeux locaux et urgence planétaire, les coopératives s'engagent pour la transition écologique. A l'heure de la COP21, les Sociétés coopératives et participatives font la preuve de leurs bonnes pratiques dans des secteurs aussi divers que les énergies renouvelables, l'économie circulaire et la mobilité douce.

Transcript of Participer n°657

Page 1: Participer n°657

)Participer(Magazine des sociétés coopératives et participatives

Décembre 2015 . Janvier . Février 2016 . Numéro 657)R

enco

ntre

s( Martine Pinville : « Offrir à l’ESS les moyens de son développement »

)Enj

eux(

Nouveau kit enseignant : les Scop et les Scic expliquées aux jeunes

COP 21 : les coopératives s’engagent pour la transition écologique

Page 2: Participer n°657

Spécialiste des assurances pour les coopératives, SACM analyse les besoins en cou-vertures des entreprises, négocie pour leur compte avec les assureurs des garanties adaptées et les conseille pour les contrats à souscrire.

Notre compétence en prévention des risques vous aide à protéger vos collabora-teurs et vos établissements.

Nos services dédiés sont à votre disposition tant pour vous informer que pour vous aider à gérer vos sinistres ou des prestations de type prévoyance, complémentaire santé et retraite.

Pour tout premier contact, appeler Thierry MARSAUD au 01 47 15 58 58.

L’assurance de votre entrepriseDes coopératives, la Confédération Générale des SCOP et la Fédération des SCOP du BTP sont actionnaires de la SACM.

Pub-SACM-2014.indd 1 08/01/14 12:33

Page 3: Participer n°657

Participer. Magazine des Sociétés coopératives et participatives 37, rue Jean Leclaire 75017 Paris - tél. : 01 44 85 47 00, fax : 01 44 85 47 10 • www.les-scop.coopRéalisation : Scopedit, 37, rue Jean-Leclaire 75017 Paris. Gérant : Patrick Lenancker. Rédacteur en chef : Pierre Liret. Secrétariat de rédaction : Corinne Lefaucheux, Carine Dieu-Romastin. Conception, réalisation, appui éditorial : Philem Despiney, Scop In Studio 4, Bruno Chambrillon. Impression : Chevillon Imprimeurs. Dépôt légal : 4e trimestre 2015. CPPAP 1115 T 87741 . ISSN 1264-949X. Abonnement : 1 à 3 abonnements souscrits : 26 € par abonnement, à partir de 4 abonnements 22 € par abonnement. Contact abonnement : 03 80 48 95 37

PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 3

Sommaire

p.4 Média Scopp.6 Retour sur l’Agora des Scicp.8 Vie du réseau p.12 Btpp.13 Communication p.14 Formation

p.30 Aerem décolle !

p.26 Martine Pinville « Donner à l’ESS les moyens de son développement »

p.34 Lectures

p.28 Pratique

)Scop en action(

)Rencontres(

)International(

p.16 Entre enjeux locaux et urgence planétaire, les coopératives s’engagent pour la transition écologique

)Dossier(

Tous solidaires

ous avions prévu pour ce numéro un éditorial mettant en lumière ce qu’illustre ce nouveau numéro de Participer : l’ouverture des coopératives à leur environnement, en particulier à travers l’engagement des Scop et Scic sur la transition écologique et

énergétique et par la dynamique enclenchée pour faire mieux connaître le modèle coopératif auprès des jeunes et dans l’enseignement. L’actualité en a décidé autrement et nous rappelle que le combat pour la démocratie et contre toute forme de dictature, pour l’émancipation et contre l’obscurantisme, pour le respect de l’autre et non la loi du plus fort, est un défi de tous les instants et à tous niveaux, au cœur même de nos sociétés occidentales. Nous savions tous après le 7 janvier qu’il fallait redouter de nouveaux attentats. Et malheureusement, la barbarie a frappé plus durement encore que nous ne pouvions l’imaginer. L’ouverture à tous, le refus de toute exclusion raciale, religieuse ou quel qu’en soit le critère, le projet d’émancipation et de coopération sont gravés au cœur même des principes de l’Alliance coopérative internationale. Le projet de « contribuer à une société plus juste, plus humaine » est écrit en toutes lettres en préambule des statuts de notre Mouvement. Mais en cet instant, c’est bien au-delà du cercle coopératif que nous nous sentons aujourd’hui solidaires de tous ceux qui souffrent. Au nom de toutes les Sociétés coopératives et participatives, en votre nom, nous souhaitons témoigner notre soutien et notre compassion la plus totale avec celles et ceux qui ont perdu des êtres chers et sont meurtris par ces attentats qui ont frappé y compris au sein de notre Mouvement. A toutes celles et ceux qui, nombreux, l’ont déjà exprimé ou le pensent, nous apporterons notre contribution pour résister, lutter contre la barbarie et faire gagner les valeurs qui nous unissent.

Le Bureau de la Direction nationale et la rédaction de Participer

N

p.22 Venezuela : l’autogestion à grande échelle

p.33 Parcours

p.24 Sensibiliser les jeunes à la diversité des modèles d’entreprise : un kit enseignant pour expliquer les Scop et Scic

)Enjeux Scop(

Page 4: Participer n°657

La transition énergétique n’est pas une

contrainte mais une nouvelle voie pour

l’économie de demain.

Page 5: Participer n°657

PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 17

)Dossier(

A l’heure de la COP 21, les Sociétés coopératives et participatives font la preuve de leurs bonnes pratiques dans des secteurs aussi divers que les énergies renouvelables, l’économie circulaire et la mobilité douce.

Entre enjeux locaux et urgence planétaire, les coopératives s’engagent pour la transition écologique

L es coopératives ont une attente par-ticulière pour une croissance durable, moins consommatrice en énergie et en ressources naturelles. Par leur ancrage local, par leur gouvernance collective, par leurs projets innovants, elles sont de plus en plus nombreuses à se situer dans ce champ économique nouveau, dont cer-tains experts estiment qu’il est porteur de dizaines de milliers de créations d’em-plois. Dans certains secteurs, les coopé-ratives, Scop et Scic, sont même majori-taires, qu’on pense à l’auto-partage ou au bois-énergie en particulier. Mais, que la transition écologique soit dans leur cœur de métier ou que des besoins nouveaux les poussent à changer leur méthode de travail et de production, les coopératives n’ont pas attendu la loi sur la transition énergétique, ni la COP 21, pour répondre présentes aux enjeux du réchauffement climatique et du développement durable.

Gestion des déchets« La croissance verte est un bon vecteur éco-nomique et social, créatrice d’emplois et de

richesses. C’est la voie tracée pour les trente prochaines années. » Si Etienne Wiroth est si convaincu, c’est parce que Tri-Vallées, la Scop d’Albertville, dont il est le PDG, déve-loppe depuis plus de vingt ans des activi-tés qui sont au centre de la transition éco-logique : gestion des déchets, nettoyage d’espaces verts, mobilité douce. «  Nos premières activités étaient tournées vers le recyclage et le tri, explique Etienne Wiroth, d’abord pour le textile et le verre, puis au fil des années pour les DEEE et le matériel de ski. Nous avons anticipé sur l’économie cir-culaire, qui consiste à intégrer le cycle de vie des produits et à éviter d’enfouir ou de brûler les déchets. »Autant d’activités qui ne peuvent se dé-rouler qu’en étroite coopération avec les entreprises et les collectivités locales. « Tri-Vallées est adhérente aux Territoires à énergie positive, créés par l’Ademe, poursuit Etienne Wiroth. De fait, nous essayons de travailler avec d’autres entreprises et des parties prenantes pour créer de l’énergie locale. Par exemple, nous avons construit Horizon, une future unité de méthanisa-

Page 6: Participer n°657

18 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016

)Dossier(

 

Transition écologique : points de repèreCOP  21 : la COP est une conférence sur le climat des Etats membres de l’ONU  ; elle est organisée tous les ans. La vingt-et-unième COP, qui a lieu à Paris et au Bourget, doit mar-quer une étape importante avec un nouvel accord international pour lutter contre le réchauffement cli-matique et exiger des engagements plus contraignants de la part des Etats et des parties prenantes, que ceux annoncés lors des précédentes conférences.

Protocole de Kyoto : en 1997, les pays industrialisés s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 5 %. Fixé pour 2012, l’objectif est atteint, malgré le refus des grands pays industrialisés de ratifier le Protocole de Kyoto. Mais la montée en puissance des pays émergents a fait repartir depuis les émissions de GES à la hausse.

Conférence de Copenhague : en 2009, l’ensemble des pays de la planète choi-sit un autre objectif, qui est de limiter à 2 % le réchauffement climatique en 2100 par rapport aux mesures de l’ère pré-in-

dustrielle. Le sommet de Copenhague échoue à fixer des objectifs contrai-gnants.

Transition énergétique : elle agit sur un double levier, réduire la consomma-tion d’énergie et faire appel aux énergies renouvelables. Sous le premier levier, il y a les objectifs de réduire le recours aux énergies fossiles, fortement émettrices de GES, d’éviter les gaspillages et d’amé-liorer l’efficacité énergétique. Sous le second levier, il y a les différentes formes d’énergies renouvelables, souvent issues au départ d’initiatives citoyennes.

tion, pour recycler des bio-déchets, issus de partenaires locaux. Les coopératives ont l’habitude de travailler en collectif et c’est un avantage sur ces thèmes, y compris pour répondre à des marchés publics. »Créatrice d’emplois, la transition énergé-tique l’est indubitablement. Tri-Vallées compte aujourd’hui 110 salariés. Et même 170 pour le groupe AART, qui englobe Tri-Vallées et des filiales, comme la Scop Alpes Paysage, dédiée à l’environnement ou la Scic Spad, pour l’aide à domicile. Tri-Vallées fait aussi partie des entreprises d’insertion, dont Etienne Wiroth estime qu’un tiers d’entre elles sont présentes sur les métiers de la transition écologique, et parmi elles de nombreuses Scop.

Bois-énergieC’est aussi sous l’angle de l’économie circulaire et des énergies renouvelables qu’Ere 43, bureau d’études à Yssingeaux, se mobilise depuis longtemps sur la tran-sition écologique. A l’origine de la Scic, née en 2007, il y a un collectif d’habitants de la Haute-Loire, engagés sur les théma-tiques de l’énergie et du changement cli-matique. « Face à ces enjeux, nous avons eu envie d’agir à l’échelle du territoire, indique Jacques Villevieille, gérant de la Scic. Nous nous sommes concentrés principalement sur la filière du bois-énergie. Nous repérons les collectivités qui ont des besoins de cha-leur et nous leur proposons d’installer une chaufferie Modul’R, qui peut fournir trois

bâtiments en énergie. Nous nous occupons également de la ressource bois. Tout cela crée un circuit court local, au service de la transi-tion énergétique. » Ere 43, avec 4 salariés, a déjà installé 17 chaufferies dans le dépar-tement, pour des particuliers, mais aussi un hôtel ou un centre de remise en forme,

qui peuvent devenir sociétaires de la Scic. Ce modèle de mutualisation de fourniture d’énergie commence à essaimer, avec d’autres Scic analogues dans le Lot ou la Haute-Vienne.Le secteur des énergies renouvelables forme l’une des portes d’entrée à la tran-

L’équipe de Tri-Vallées en mission de nettoyage

Page 7: Participer n°657

18 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 19

 

Transition écologique : points de repèreLoi sur la transition énergétique pour la croissance verte : votée en France en juillet 2015, cette loi fixe un certain nombre d’objectifs, notamment la division par un « facteur 4 » des émis-sions de GES en 2050, la réduction de la consommation finale d’énergie de 50 % et le recours plus important aux énergies renouvelables.

Economie circulaire : l’économie circu-laire vise à ce que le plus grand nombre de productions humaines puissent faire l’objet d’un recyclage permanent de leurs composants et à minimiser les

déchets non réutilisables. Elle prend la forme du recyclage, du réemploi, de l’éco-conception ou de l’analyse du cycle de vie du produit. L’économie cir-culaire met aussi en avant les coopé-rations entre acteurs sur les territoires.

Ecologie industrielle : c’est la ma-nière dont peuvent se mettre en place les coopérations économiques ter-ritoriales au service de la transition écologique. A partir de la prise en compte des impacts des entreprises industrielles sur leur environnement, elle procède d’une analyse pour dimi-

sition écologique pour des citoyens sou-cieux de lutter contre le réchauffement climatique, en trouvant de nouvelles formes de partenariats économiques. Encore plus au Sud que les Savoyards de Tri-Vallées et les Auvergnats d’Ere 43, dans le Queyras, c’est aussi un groupe de citoyens qui a entrepris de booster la dynamique de transition énergétique du Parc naturel régional (PNR).

Electricité solaire« En juin dernier, nous nous sommes lancés dans la création d’une Scic et dans un appel à souscription de parts sociales, raconte Luc Herry, trésorier de la Scic Energuil. Nous allons financer l’équipement de 10 bâti-ments en panneaux photovoltaïques, un site par commune du PNR, dont deux écoles et une ferme pédagogique. La souscription a été un succès avec plus de 150 particuliers qui ont permis de collecter 50 000 euros, complétés par une subvention du Conseil régional Paca et un prêt bancaire. La pro-duction d’électricité solaire alimentera des foyers locaux, avec pour objectif d’aider le PNR à atteindre l’autonomie pour la moi-tié de sa consommation énergétique d’ici 2030. » A l’initiative de citoyens engagés sur la transition énergétique, la produc-tion d’énergie verte va démarrer en fin d’année. Parmi eux, Luc Herry faisait par-tie des militants, lui qui a travaillé pour la coopérative hôtelière la Maison de Gau-dissard, au cœur du Queyras !

Le secteur du bâtiment est l’un des prin-cipaux domaines responsables d’hyper-consommation énergétique et d’émission de gaz à effet de serre. Pour s’attaquer à ces problèmes, des Scop se mobilisent également. En 2003, trois associés ont fondé la Scop Izuba Energies à Sète. Ils développent, pour des bureaux d’études, un logiciel qui permet de réaliser heure par heure la simulation thermique des bâtiments et de trouver les meilleures solutions techniques pour remédier aux dépenses d’énergie. Bien naturellement, Izuba a appliqué, cette année, à son tout nouveau siège les principes qu’elle préco-nise par ailleurs, avec une ossature bois, la pose de panneaux photovoltaïques, l’élec-tricité d’Enercoop, la création d’un parc à vélos, etc. « Au départ, comme souvent, le bâtiment est un peu plus cher que le clas-sique, précise Renaud Mikolasek, gérant d’Izuba, mais on économisera sur le chauf-fage et l’électricité dès les années suivantes. Le bâtiment va produire plus d’énergie qu’il n’en consomme, y compris le transport des 13 salariés. »

Une nécessité économique C’est aussi des bâtiments collectifs, dont se préoccupe la Scop Adfine, cabinet d’études à Millau, mais pas seulement… François Amieux, gérant de la Scop, créée en 2012, a sa propre définition de la tran-sition écologique : « parvenir à vivre dans un monde où on fait attention à l’environ-

nement, arriver à faire mieux avec moins ». Sa Scop met en avant les principes de l’économie circulaire. « Nous aidons les entreprises et collectivités locales, poursuit François Amieux, à optimiser leurs flux entrants (électricité, chauffage, etc.) et sor-tants (déchets, produits manufacturés, etc.). Avec quels outils ? Le bilan carbone, l’ana-lyse du cycle de vie des produits, le diagnos-tic énergétique, la certification Iso 14001. Nos clients ont des besoins économiques qui se doublent d’une prise de conscience. » Comme pour beaucoup de coopératives engagées dans la transition, Adfine a le vent en poupe, ayant doublé le nombre de ses salariés cette année, passant de 4 à 8.Ce n’est pas uniquement grâce à la tran-sition énergétique que la Scop Acome affiche plus de 1 500 salariés, quoique… Le géant du câble en cuivre a adopté depuis plus de dix ans une démarche de développement durable. « Elle s’ap-plique aussi bien à notre site industriel de Mortain, qu’à nos produits et à nos fournisseurs, indique Xavier Servajan, directeur Qualité et Développement durable d’Acome. Dans notre usine, nous recherchons des économies d’énergie ; par exemple, un tiers des bâtiments sont chauffés par une chaudière à bois. Du côté des pièces, notre bureau d’études intégré travaille sur le cycle de vie des produits depuis 2009. Enfin, nous sensibilisons nos fournisseurs au développement durable

nuer leurs flux entrants et sortants ou pour créer des cercles vertueux, dans lesquels les déchets des uns peuvent devenir des ressources pour d’autres parties prenantes.

Lire : L’énergie autrement, Alternatives économiques poche, 2012Pour une transition énergétique citoyenne, Le Labo de l’ESS, 2015

Page 8: Participer n°657

20 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016

)Dossier(

pour qu’ils puissent continuer à travail-ler avec nous. Nos salariés ne sont pas en reste qui peuvent aborder les sujets du tri, du recyclage ou du co-voiturage dans les îlots d’usine. Pour une grande entreprise, la transition énergétique n’est donc pas une contrainte, mais une nécessité écono-mique et environnementale. »

une coopérative de consommation. « La Scic est un modèle évident pour l’autopar-tage, assure Jean-Baptiste Schmider, co-gérant de Citiz. Nous voulons l’étendre à des villes moyennes, avec le soutien des UR Scop. On peut mettre en avant notre impact positif : nos 20 000 abonnés ont évité cette année le rejet de 10 000 tonnes de CO2. »La preuve par l’exemple, la sensibilisa-tion et l’éducation demeurent indispen-sables à la diffusion des bons compor-tements. Y compris quand ce sont des actions qui semblent petites. Jean-Marc Léculier, gérant de la Scic Les Aintré-pides, à Béligneux (Ain) qui a mis en place le projet, raconte  : « cette année, les jeunes du Conseil municipal des en-fants ont eu l’idée de lutter contre le gas-pillage alimentaire dans leurs cantines. Résultat : ils prennent moins d’aliments dans leurs assiettes, les parts qui restent peuvent être récupérées par les personnels, les déchets alimentaires finaux sont don-nés à des animaux. Il n’y a plus aucun dé-chet poubelle ! » La transition écologique commence à l’école.  

Eric Larpin

La Scop Izuba propose des solutions logicielles pour économiser l’énergie

Le Mouvement des Scop a mis en place une Commission RSE présidée par Jean-Claude La Haye, membre du Bureau de la Direction nationale et ancien dirigeant de Synphonat (Auvergne)

Coopératives et écologie : l’implication du Mouvement

Faisant suite aux résolutions du Congrès de Marseille en 2012, la CG Scop a mis en place une Commission RSE dont l’un des axes de travail a été de cerner la place des Scop et Scic dans la transition éco-logique. Une analyse conduite par la CG Scop en 2015 estime à 200 le nombre de Scop et de Scic fortement impliquées dans la transition énergétique : conseil en environnement et développement durable, énergies renouvelables, ali-mentation bio, circuits courts, bois-éner-gie et auto-partage hors BTP. Cela repré-sente 7,2 % des Sociétés coopératives et participatives, employant plus de 1 200 salariés et générant 151 millions d’euros de chiffre d’affaires. Dans le secteur du BTP, de nombreuses Scop sont enga-

gées de longue date dans l’écoconstruction et l’efficience énergétique. Elles peuvent depuis juin 2015 bénéficier d’un label RSE spécifique mis en place par leur Fédération en collaboration avec l’Afnor. Le secteur des déchets et du recyclage regroupe 33 socié-tés coopératives et 2 300 salariés, pour un chiffre d’affaires de 114 millions d’euros. Plus globalement, l’étude RSE menée en 2014 auprès des adhérents de la CG Scop montre que 41 % des coopératives disent développer des éco-produits, 36 % disent être engagées dans une démarche de management environnemental, la moitié a entamé un processus de recyclage des déchets et une sur trois est engagée dans une démarche d’amélioration de l’efficacité énergétique ou de réduction des GES.

Sensibilisation et éducationA côté des bâtiments et de l’industrie, un autre levier d’action pour la transi-tion écologique porte sur les transports. Réduire l’impact carbone de la voiture est depuis 15 ans l’objectif des coopéra-tives d’autopartage. Le Réseau Citiz ras-semble 15 entités locales, dont 10 Scic et

Page 9: Participer n°657

20 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016

Quelle est la philosophie de la Scop Palanca sur la transition écologique ?

«  Nous sommes une société de conseil qui accompagne les entreprises dans leurs démarches RSE, de développement durable et de transition écologique. Implantés à Toulouse depuis 2012, nous travaillons principalement avec des structures de l’économie sociale et solidaire, et beaucoup de coopératives lo-cales. Nous essayons de leur faire prendre conscience des impacts économiques, sociaux et environnementaux de leurs projets et de les modifier. Et bien sûr, nous revendiquons pour nous-mêmes les principes de la transition écologique. Les sept salariés (10 en fin d’année) utilisent des vélos plutôt que des voitures ; nous mettons aussi en place des conciergeries locales qui permettent de travail-ler avec les habitants sur des enjeux, comme la mobilité, la rénovation des bâti-ments et l’agriculture péri-urbaine. On a besoin de travailler dans les quartiers, au plus près du terrain. »

On trouve de nombreuses coopératives engagées dans la voie de la transi-tion écologique. Est-ce que c’est aussi votre constat de terrain ?

« Nous travaillons en local. Nous sommes ouverts sur le territoire. Nous faisons travailler les entreprises ensemble. Nous travaillons concrètement sur le déve-loppement durable local. Forcément, nous croisons souvent les coopératives  ! Ce sont des entreprises en recherche de sens, qui ont, en plus, l’habitude des discussions internes. Leur outil de travail va rester dans un éco-système local (elles sont non-délocalisables), donc elles pensent qu’il faut faire attention à l’impact qu’elles ont sur leur environnement dans la durée. Pour certaines, la transition écologique est une de leurs raisons d’être (mobilité, agriculture ur-baine), d’autres y voient des opportunités de développement commercial. Mais c’est très bien aussi, car cela correspond aux attentes de la société. »

Quels sont les facteurs qui expliquent le rapprochement entre les Scop et les objectifs de transition énergétique ?

« Avec le réchauffement climatique, le grand public est de plus en plus au cou-rant des enjeux « green ». Il y a aussi une question de générations, puisqu’on voit beaucoup de jeunes coopérateurs et de jeunes sociétés aller vers ces do-maines. Par leur dimension collective, les Scop obligent les salariés à s’impliquer sur ces sujets-là. Par leur implication dans le local, elles sont très souvent déjà mobilisées sur le développement durable, en dehors du BTP qui reste à la traîne. En outre, beaucoup de Scic ont défriché de nouveaux secteurs liés à la transition énergétique ; elles sont nées presque en même temps que le statut. Les collec-tivités locales, nombreuses aussi à se préoccuper de transition, y ont trouvé une forme pour s’associer. Pour réduire notre impact sur l’environnement, il faut que les gens coopèrent entre eux. C’est pourquoi Palanca s’engage dans un travail de mise en confiance, proche des entreprises et des territoires, qui prennent l’habitude d’échanger entre elles. »

Bon nombre d’experts en développement durable qui créent une entre-prise choisissent de s’organiser en Scop et Scic. Preuve d’une recherche de cohérence entre l’objet social de l’entreprise et son statut juridique. Ren-contre avec l’un de ces experts en développement durable qui nous donne son point de vue sur ce que peut apporter ou pas le modèle coopératif aux enjeux du développement durable.

PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 21

Trois questions à Jérémie Loevenbruck, co-fondateur de Palanca, boîte à outils du développement durable

« Par leur implication

dans le local, les coopératives sont très souvent déjà mobilisées sur le développement

durable »

Jérémie Loevenbruck

Page 10: Participer n°657

24 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016

Sensibiliser les jeunes à la diversité des modèles d’entreprise : un kit enseignant pour expliquer les Scop et Scic

Que celui ou celle qui a entendu parler des coopératives pendant son parcours scolaire ou universitaire lève le doigt ? Jusqu’à

présent, on avait presque plus de chances de les côtoyer à l’école maternelle et primaire, avec les coopératives scolaires que dans une grande école ! Les choses évoluent lentement.

Depuis 2013, il existe un accord-cadre entre le ministère de l’Education nationale et celui de l’Economie sociale et solidaire pour insuffler une sensibilisation à l’ESS dans les enseignements. Du côté des coopératives, les résultats sont encore ténus, si l’on excepte la traditionnelle Semaine de la coopération à l’école. C’est pourquoi la CG Scop a développé des partenariats et créé des outils pédagogiques pour rendre les Sociétés coopératives et participatives plus visibles au collège et au lycée.

)Enjeux Scop(

Pour Jacques Cottereau, élu en charge de la formation au sein de la Confédéra-tion, « il y a effectivement besoin de faire connaître aux jeunes la diversité des mo-dèles économiques entrepreneuriaux. Dès qu’ils entrent en contact avec le monde coopératif, ils sont intéressés, parce que cela répond aux aspirations des nouvelles générations d’avoir des métiers qui aient du sens. Il y a une pluralité des modes d’entreprendre ; il faut que chacun d’entre eux ait sa place à l’école. »Mais encore faut-il des outils pour ai-der les enseignants à s’approprier des statuts d’entreprises qu’eux-mêmes n’ont sans doute pas croisés dans leurs propres formations ? Pour cette rai-son, la CG Scop vient d’élaborer un kit pédagogique, qui regroupe à la fois des modules d’animation pour les élèves et des ressources pédagogiques pour les professeurs. «  Nous avons souhaité des supports détaillés, mais aussi ludiques,

poursuit Jacques Cottereau. La vie en coopérative n’est pas triste ! Le kit contient donc un film d’animation réalisé par la Scop Possum Interactive, des documents historiques et économiques, des éléments de définition simples et des témoignages vidéo de coopérateurs. »

Elaboré avec la participation des enseignants Le corps enseignant n’a pas été en reste dans la construction du kit pédagogique. Professeur d’histoire-géographie et d’ins-truction civique au collège Cité de Nar-bonne (Aude), Lionel Ricaud a utilisé l’an dernier une première version du kit pour intéresser ses élèves de troisième aux coo-pératives. « Au premier contact, ils pensent plus aux coopératives agricoles, nombreuses dans la région, qu’aux coopératives de sala-riés, raconte Lionel Ricaud. C’est nouveau pour eux. Et puis, au fil du cours, ils ap-prennent les valeurs d’égalité et de solidarité

à l’œuvre dans les Scop et ils se demandent pourquoi toutes les entreprises ne sont pas comme ça ! » L’initiative de cet enseignant a pris place il y a un an dans le cadre de Parcours Avenir, une initiative de l’Educa-tion nationale, qui consiste en une sensi-bilisation au monde professionnel tout au long du secondaire. Cette année, il a voulu aller plus loin, en proposant des amélio-rations au kit pédagogique : « j’avais déjà construit un questionnaire pour mes élèves. Il a été inclus dans l’ensemble des outils de l’in-terface pédagogique. J’ai aussi pensé qu’ils seraient sensibles à des témoignages vidéo, ce qui a également été ajouté. Enfin, je pense qu’il faut inciter les enseignants à inviter des salariés dans les classes. C’est mon projet pour l’an prochain, avec la Scop La Fabrique du Sud/La Belle Aude, usine de glace reprise par ses salariés. »Cette année, cette sensibilisation a concerné deux classes de trente élèves, pendant deux heures. Et Lionel Ricaud a réussi à convaincre en plus deux de ses collègues d’utiliser le tout nouveau kit pédagogique, conçu dans une logique d’open source, où l’on peut piocher et ra-jouter des éléments. « Il faut que les élèves comprennent que l’entreprise peut inclure la démocratie, conclut le professeur, que les salariés peuvent être acteurs de leurs déci-sions ou qu’une entreprise peut partager ses bénéfices. Leur présenter tout cela de façon

Page 11: Participer n°657

PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 25

Sensibiliser les jeunes à la diversité des modèles d’entreprise : un kit enseignant pour expliquer les Scop et Scic

concrète aidera à ce qu’ils gardent dans un coin de leur tête ce type d’entreprise. »Pourquoi ne pas inciter les élèves les plus motivés à se lancer eux-mêmes dans l’aventure coopérative ? C’est une des ouvertures préconisées dans le kit péda-gogique, et c’est aussi une réalité tan-gible depuis quelques années au travers des mini-Scop, la version coopérative des mini-entreprises, portées par le réseau Entreprendre pour apprendre. Montées dans le cadre scolaire, elles mobilisent aussi fortement les enseignants. A Marcq-en-Baroeul (Nord), il y a un an, au sein du collège Jeannine Manuel, vingt élèves se sont ainsi attelés à la création d’une mini-Scop, sous la conduite de Maxime Dupire, professeur d’arts plastiques, passé auparavant par le monde de l’entreprise.« Pendant un an, nous nous sommes concen-trés sur la création d’une mini-Scop, un statut choisi par les élèves, parce qu’il correspondait

à leur projet, fabriquer des « butter sticks » pour les petits-déjeuners. Chacun des élèves a versé 15 euros, pour constituer le capital, ce qui les engageait. Cela leur a appris l’auto-nomie dans un cadre collectif. » L’initiative de la mini-Scop a obtenu le premier Prix national d’Entreprendre pour apprendre.Intéresser les jeunes à la coopération peut prendre de multiples chemins. Y compris au-delà des frontières. La CG Scop vient de s’engager depuis la rentrée dans un programme d’ouverture à d’autres formes d’entreprendre, avec plusieurs partenaires européens, dans le cadre d’Erasmus Plus pour l’enseignement scolaire. 

Eric Larpin

Découvrez l’interface pédagogique des Scop : www.les-scop.coop/interface-pedagogique

n Vous souhaitez transmettre votre culture coopérative aux jeunes ?

Portes ouvertes , apprent is-sage, stage… Il existe de nom-breuses manières de s’adresser aux jeunes : > accompagnez-les dans une Coo-pérative jeunesse de services (CJS) l’été,

> intervenez en classes avec 100 000 entrepreneurs,

> parrainez une mini-Scop avec Entreprendre pour apprendre (EPA)

> accueillez des enseignants en stage découverte avec la Fonda-tion Croissance Responsable.

Contact : [email protected] 01 44 85 47 00

Page 12: Participer n°657

26 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016

)Rencontres(

ous avez été nommée secrétaire d’État chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire. Quelles sont les priorités de votre

mandat concernant l’économie sociale et solidaire ? Un an après l’adoption de la loi, 90  % des textes d’application ont été pris. La priorité désormais est de faire connaître et de mettre en pratique toutes les avan-cées permises par ce texte. Mon objectif est d’offrir à l’ensemble des entreprises de l’économie sociale et soli-daire, un environnement qui soit pleine-ment favorable à leur développement, à leur changement d’échelle. L’ESS est une façon d’entreprendre à part entière, une économie qui a su faire preuve de sa résistance dans un contexte des plus difficiles, il est important au-jourd’hui qu’elle puisse également révé-

ler tout son potentiel en termes d’em-plois. En effet, les entreprises de l’ESS constituent un important vivier d’em-plois notamment en raison de leur mo-dèle non lucratif qui les conduit à utiliser leurs ressources pour embaucher plutôt que pour rémunérer les actionnaires. De-puis 2000, elles ont ainsi créé 460 000 emplois nouveaux, soit une hausse de 24 % de ses effectifs, ce qui représente en tendance une augmentation plus de cinq fois supérieure à celle de l’économie privée classique.

Plus particulièrement concernant les Sociétés coopératives et partici-patives (Scop et Scic), quelle place peuvent-elles prendre dans l’éco-nomie nationale, de votre point de vue ?Créer ou reprendre une activité sous une forme coopérative relève d’un engage-ment collectif, fondement du modèle coopératif, participe de l’esprit d’entre-prendre et ainsi, favorise l’emploi.En 2014, les Scop et Scic réunissaient 51 000 salariés.

Notre stratégie, notamment mise en œuvre avec la convention Agir pour l’emploi signée en 2014 avec la Caisse des Dépôts, vise à investir 120 millions d’euros notamment pour renforcer le soutien aux structures représentatives du mouvement coopératif et ainsi ac-croître leur capacité d’accompagne-ment. L’objectif est également d’adapter les outils de financement aux Sociétés coopératives et participatives pour ré-pondre aux exigences des financeurs et des bénéficiaires (garanties, prêts, qua-si-fonds propres, fonds propres).La loi de 2014 a permis également de rendre plus dynamique, la reprise d’en-treprises en Scop grâce à la mise en œuvre de la Scop d’amorçage. Enfin, la loi promeut le développement de l’en-trepreneuriat salarié, donnant là encore à la famille coopérative une place signi-ficative aux coopératives d’activités et d’emploi (CAE). Nous ne comptons guère aujourd’hui que quelques 5 000 salariés en CAE, le fait que le statut d’entrepreneur salarié soit désormais reconnu et protégé par le Code du tra-vail doit permettre une évolution signifi-cative, encore trop modeste à mon sens.

Quelle politique entendez-vous porter pour les Scop et les Scic ? Quelles actions envisagez-vous pour les développer ? Si la loi met à disposition des acteurs toute une série d’outils, il est important que les acteurs, de leur côté, les mobi-lisent, se les approprient. Le 5 octobre dernier j’installais le Conseil supérieur de la coopération. Cette instance est vé-ritablement aux mains des acteurs, elle doit leur permettre de partager leurs réflexions, leur engagement.S’agissant du développement de leur modèle, les coopératives peuvent au-jourd’hui mettre en place des fonds de mutualisation pour financer la forma-

V

Martine Pinville :

Page 13: Participer n°657

26 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 27

tion, la transition numérique ou tout autre enjeu collectif. Le principe de ce type de fonds a été consacré par la loi et il est indispensable que les membres du Conseil supérieur de la coopération encouragent les coopératives à s’en sai-sir, voire qu’eux-mêmes soient force de proposition.Parmi les outils dont les entreprises de l’ESS bénéficient pour garantir leur développement, il existe le fond Impact Coopératif, créé par Esfin Gestion avec le soutien de la Banque publique d’in-vestissement, du Crédit Coopératif, et de la CG Scop. Ce fonds vient tout juste d’être mis en place. Il dispose d’une capacité d’intervention de 74 millions d’euros pour encourager le changement d’échelle des entreprises de l’ESS et no-tamment des coopératives. Par ailleurs, les collectivités locales ont elles aussi un rôle à jouer dans le déve-loppement des sociétés commerciales : elles peuvent désormais investir jusqu’à 50 % du capital social des Scic pour nouer des partenariats public-privé sur un modèle coopératif associant aussi les usagers.

Avec l’essor du numérique se déve-loppe une économie dite collabo-rative, mais reposant sur une base lucrative traditionnelle. Comment l’ESS pourrait-elle y jouer un plus grand rôle ? L’ESS a fait la preuve de sa performance, de sa résistance malgré un contexte de crise, elle occupe aujourd’hui une place tout à fait légitime parmi l’ensemble des différents modèles économiques. Elle doit être appréhendée de façon très complémentaire à l’essor de l’économie collaborative, ou même de la silver éco-nomie, accompagnant ainsi ces évolu-tions de société. Ces démarches innovantes pourront no-tamment compter sur le fonds d’innova-

« Offrir à l’ESS un environnement favorable à son changement d’échelle »

tion sociale que nous avons mis en place avec les régions et la BPI. Les appels à projets seront bientôt publiés.Enfin, les pôles territoriaux de coopéra-tion économique soutiennent et struc-turent les démarches locales en faveur de ces projets d’innovation sociale, en réunissant des entreprises de l’ESS, des entreprises traditionnelles, des collecti-vités et notamment des acteurs de l’en-seignement ou de la recherche, créant ainsi de véritables dynamiques de ter-ritoire.

Plus globalement, comment sen-sibiliser les jeunes générations à l’entrepreneuriat coopératif ?La sensibilisation des jeunes généra-tions à l’entrepreneuriat coopératif et aux enjeux de l’économie sociale et soli-daire fait partie des principales missions confiées par la loi, au Conseil supérieur de l’ESS. Cette instance est chargée de promouvoir l’ESS auprès des jeunes, mais aussi de les aider à entreprendre. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à ce qu’une dizaine de jeunes gens issus des différentes « familles » de l’ESS, in-tègrent cette instance, s’impliquent et alimentent la réflexion du conseil. A l’occasion des différents déplacements effectués au cours du Mois de l’ESS, je suis allée à la rencontre de lycéens, notamment pour évoquer avec eux tous les potentiels de cette économie.En effet, 600 000 départs à la retraite dans le secteur de l’ESS sont prévus d’ici 2020, il y a donc ici un véritable poten-tiel de recrutement. Je compte également sur la mobilisa-tion des organisations représentatives de toutes les familles de l’ESS : elles doivent être le relais de la promotion de l’ESS auprès des jeunes.

Propos recueillis par Pierre Liret

n Biographie

Depuis le 17 juin 2015 secrétaire d’Etat chargée du Commerce, de l’Artisanat, de la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire, auprès du ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique

De juin 2012 à avril 2014 secrétaire nationale du Parti socialiste en charge des questions de santé

Depuis 2007 députée socialiste de la 4e circonscription de la Charente

Depuis 2001 présidente du pays d’Entre Touvre et Charente

1995 - 2012 adjointe au maire de Balzac

1989 - 1995 conseillère municipale de Balzac (Charente)

Page 14: Participer n°657

Le modèle Scop a démontré sa pertinence

dans l’industrie

Page 15: Participer n°657

PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 31

)Scop en action(

Aerem fête ses 30 ans. La Scop, située à quelques encâblures de Toulouse,

est spécialisée dans l’ingénierie mécanique et la réalisation d’équipements

industriels clé en main, dans l’aéronautique, l’aérospatiale, les transports ou

encore l’industrie pharmaceutique. Alors que le secteur secondaire marque

le pas en France, Aerem illustre qu’il est encore possible de développer une

PME industrielle.

Aerem décolle !

Depuis 30 ans, l’industrie française a perdu 2 millions d’emplois. Entre 2014 et 2015, ce sont encore 9 000 emplois qui ont disparu dans le secteur secon-daire. A l’inverse, les Scop de l’indus-trie, qui représentent 17 % des effectifs en Scop - 14 % en entreprises - conti-nuent à créer de l’emploi et de la va-leur ajoutée, et leur chiffre d’affaires a connu une croissance de 18 % en quatre ans.

Usinage de précisionCréée en 1985 par 7 salariés d’Alcatel Espace, Aerem adopte le statut Scop dès l’origine, sous l’impulsion de l’un des fondateurs, sensible aux valeurs coopératives. « Il voulait donner une di-mension sociale et entrepreneuriale à Ae-rem… et partager les risques », explique Joël Bry, le PDG actuel. L’entreprise s’oriente vers l’usinage de précision et la réalisation d’équipements sol et vol pour les grosses entreprises aéronau-tiques, et intègre un bureau d’études en génie mécanique et industriel. «  Nous souhaitions développer notre capacité de création de produits clé en main pour nos clients : outillages et bancs d’essais nécessaires pour la fabrication, l’assem-blage, le montage, les tests de pièces et sous-ensembles constitutifs d’un avion ou d’un satellite. »

Diversification et coopérationDès 2010, la Scop met en place un comité de réflexion stratégique pour identifier ses forces et ses faiblesses. Il révèle une très forte dépendance à Air-bus : 65 % de l’activité. A cette époque, le secteur aéronautique est le plus por-

teur à l’échelle régionale et nationale, mais l’absence récente de nouveaux programmes aéronautiques pousse la Scop à se diversifier vers tous les sec-teurs qui ont besoin de machines et d’outillages spécifiques : filiales d’Air-bus, Astrium, Siemens, General Electric, secteur de la défense, etc. Une straté-gie payante puisque le chiffre d’affaires de la Scop double en quatre ans. Dans le même temps, l’idée de créer un consortium avec ses deux concurrents principaux, Esteve et Sud Projet, fait son chemin : « Nos clients attendent de leurs fournisseurs qu’ils soient en capa-cité de proposer de gros volumes pour restreindre les marges. » Nodea Indus-tries, spécialisé dans l’aéronautique et l’espace, voit le jour en 2012, et permet de multiplier par dix l’ordre de gran-deur d’achat. Le développement passe aussi par la formation et le recrutement, de ma-nière à augmenter les capacités et les compétences. Un nouveau plan de dé-veloppement est élaboré en 2015 avec pour perspective de doubler le chiffre d’affaires à l’horizon 2019 et d’embau-cher 15 nouveaux collaborateurs « très qualifiés  ». L’objectif : renforcer l’inté-gration de métiers autour de l’usinage. Un déménagement dans le Gers est prévu en 2017 pour accompagner ce développement.

Développer le sociétariatLe plan stratégique de 2010 intégrait le développement du sociétariat. Il y a 10 ans, la Scop ne comptait que 9 associés salariés, ils sont 24 aujourd’hui. « Je suis convaincu du modèle, c’est un atout

35 salariés dont 28 associés4,3 millions d’euros de chiffre d’affaireswww.aerem.fr

Aerem en chiffres

pour le management, un contre-pouvoir qui permet d’éviter les erreurs. » Le sta-tut Scop permet également d’être plus résilient aux coups durs… et de fait, la concurrence est dans une situation bien moins confortable. « Le sociétariat est fort parce que l’entreprise est forte  ; elle crée du résultat », tempère Joël Bry. Mais les salariés sont également enga-gés car la Scop a fait le choix de leur implication  : « Je fonctionne beaucoup en m’appuyant sur le comité de réflexion stratégique, qui englobe tout le monde, du fraiseur à l’ingénieur, et sur des groupes de travail qui proposent des scénarios. Ce mode de fonctionnement est très fédéra-teur… et m’allège au quotidien. » Donner la parole à l’ensemble des coopérateurs permet de faire remonter les infor-mations du terrain et les attentes des clients. « Il n’y a pas d’incompatibilité entre Scop et industrie, même si le statut peut s’avérer compliqué dans un secteur ou la culture d’entreprise est très hiérar-chisée. Dans les têtes, il y a toujours des cols blancs et des cols bleus… », regrette Joël Bry. Le succès d’Aerem démontre pourtant qu’un autre mode de fonction-nement peut être une clé du succès.

Hélène Spoladore

Joël Bry

Page 16: Participer n°657

14 PARTICIPER Décembre 2015 • Janvier • Février 2016 www.credit-cooperatif.coop

Créd

it Co

opér

atif

– So

ciét

é co

opér

ativ

e an

onym

e de

Ban

que

Popu

laire

à c

apita

l var

iabl

e –

RCS

Nan

terr

e 34

9 97

4 93

1 01

213

– AP

E 64

19 Z

– N

° OR

IAS

07 0

05 4

63 –

12,

bou

leva

rd P

esar

o –

CS 1

0002

– 9

2024

Nan

terr

e ce

dex

– Ill

ustr

atio

n : A

rtus

– L

A S

UIT

E &

CO