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C M J N 128, BOULEVARD BASLY - 62300 LENS -TÉL. 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : [email protected]) - 1,30 - N°892 DU VENDREDI 18 AU JEUDI 24 DÉCEMBRE 2009 ARC INTERNATIONAL L’outil de travail en péril PAGE 3 UNE RÉFORME DU LYCÉE POUR MOINS DE SERVICE PUBLIC SCOLAIRE ET PLUS D’INÉGALITÉS PAGE 7 ÉTATS-UNIS - AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES «L’OFFENSIVE HÉGÉMONIQUE» DES ÉTATS-UNIS PAGE 14 POLITIQUE CLIMATIQUE JUSTICE SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE SONT PARTIE LIÉE SEAFRANCE : Et voguent les licenciements... PAGE 6 page 1:page 1 17/12/09 10:42 Page 1

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128, BOULEVARD BASLY - 62300 LENS -TÉL. 03.21.74.89.89- FAX 03.21.74.89.88 (e-mail : [email protected]) - 1,30 € - N°892 DU VENDREDI 18 AU JEUDI 24 DÉCEMBRE 2009

ARC INTERNATIONAL

L’outil de travail en péril

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UNE RÉFORMEDU LYCÉE POURMOINS DE SERVICEPUBLIC SCOLAIREET PLUSD’INÉGALITÉS

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ÉTATS-UNIS - AMÉRIQUE LATINEET CARAÏBES

«L’OFFENSIVEHÉGÉMONIQUE»DES ÉTATS-UNIS

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POLITIQUE CLIMATIQUE

JUSTICE SOCIALEET

ENVIRONNEMENTALESONT PARTIE LIÉE

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Événement

LL ʼIDENTITÉʼIDENTITÉ nationale nʼestpas un sujet tabou ni un grosmot. En parler est tout à fait

légitime. Cependant, nous sommesconduits tout logiquement à refuserle cadre dans lequel le gouverne-ment veut circonscrire un débat qui,tel quʼil nous est proposé et dans lecontexte politique dans lequel il sʼin-sère, apparaît dʼentrée ouvertementdʼinspiration et dʼintention xéno-phobes, propice à tous les déra-pages racistes. Nous sommesconduits à le refuser pour deux rai-sons. La première. Il est porteurdʼexclusion et de rejet. Étape supplé-mentaire dʼun processus qui plongeses racines dans la campagne pourla présidentielle, le débat aujourdʼhuilancé par le président de laRépublique trouve sa place dans undispositif qui cherche, avec la créa-tion dʼun ministère de lʼImmigrationet de lʼIdentité nationale, à induireune relation entre les deux et à pré-senter lʼimmigration comme un dan-ger et une menace pour cette identi-té. Cʼest une conception dʼexclu-sion : lʼAutre, lʼimmigré, est considé-ré comme un corps étranger à laFrance, ce qui laisse entendre quecelle-ci est minée de lʼintérieur. Parailleurs, le fait que ce débat vienneen prolongement direct de celui sur

la burqa montre à lʼévidence quelʼinitiative présidentielle ne fait quecibler davantage les populationsarabo-musulmanes en les stigmati-sant toujours plus. Lʼannexe de la cir-culaire adressée aux préfets ne faitdʼailleurs que donner corps ànombre de stéréotypes accentuantla construction dʼune dichotomie fan-tasmatique entre un «eux» et un«nous» préjudiciable à un vivre-ensemble dont la République doitêtre le catalyseur et le garant.Donner des gages aux électeurs duFront national nʼest bien entendupas étranger au lancement de cedébat. La proximité des électionsrégionales le laisse légitimementpenser. Néanmoins, nʼy voir quʼuneinstrumentalisation politicienne resteinsuffisant car on assiste, avec le dis-cours de Dakar, le projet de loi surles bienfaits du colonialisme, le pro-jet de mise en place de statistiquesethniques, à un véritable chantier de(re)structuration idéologique dont lacohérence nʼest pas seulement dic-tée par des préoccupations électo-rales.La seconde raison qui nous conduità refuser ce débat est quʼil est unmoyen de faire diversion des vraisproblèmes qui minent et détruisent le

vivre-ensemble, à savoir la crise pro-fonde et le renoncement de laRépublique à donner corps à sesmarqueurs fondamentaux qui lasymbolisent, lui donnent sens et sus-citent lʼadhésion de tous. Si ce débatvisait à construire le vivre-ensemblesans exclure, sʼil posait les vrais pro-blèmes qui menacent la cohésionsociale, à savoir les logiques dedétricotage systématique desacquis, la casse programmée desdroits, si le débat portait sur lesmoyens de remédier à lʼexclusion età la précarité, pourquoi pas ?Mais on laisse libre cours à tous lesfantasmes autour dʼune identiténationale que lʼon voudrait définir enla figeant à jamais, alors mêmequʼelle a vocation à être en perpé-tuelle évolution. Fantasmes qui nesont que les symptômes et les révé-lateurs dʼune grave crise des valeursoriginelles et identitaires de laRépublique. En vérité, on assiste àune faillite des politiques dites dʼinté-gration : dans le contexte écono-mique, social et politique actuel, quelsens peut avoir lʼégalité des droitspour les immigrés et leurs descen-dants ?La persistance des discriminations

économiques, sociales, institution-nelles, spatiales, y compris cellesdont sont victimes leurs enfants fran-çais, a miné, plus que tout autre fac-teur, les fondements mêmes denotre République. Cette crise metégalement en évidence le décalageflagrant entre les affirmations dʼunedéfense universelle des droits delʼhomme et leur négation dans lapratique, tant dans le domaine delʼimmigration que dans celui du trai-tement de la question des sans-papiers.Ce nʼest certainement pas le lance-ment dʼun débat sur lʼidentité natio-nale propice à tous les dérapages etsurenchères xénophobes qui pourraguérir la société française du malai-se persistant que génère une crisedʼabord économique et même exis-tentielle. Bien au contraire, cʼestdʼévidence à un débat dangereuxque nous convie le président de laRépublique, se comportant en lʼoc-currence en véritable apprenti sor-cier et qui, à lʼinstar des propos tenuspar le préfet Girod de Langlade, oupar M. Brice Hortefeux, va libérer laparole raciste et favoriser voire justi-fier un passage à lʼacte tout en instal-lant une inquiétante bombe à retar-dement.

Aujourdʼhui, lʼexemple de la Suissemontre les dangers que génère lʼins-trumentalisation de la xénophobie, etplus particulièrement de lʼislamopho-bie, démarche politique irrespon-sable qui finit par créer des situationsdʼhumiliation propices à des attitudesde repli communautaire portant gra-vement atteinte à lʼunité et la cohé-sion sociale.En conclusion, il nous faut poser lesvrais problèmes, circonscrire avecintelligence et pédagogie les vraisenjeux, ceux qui taraudent notresociété et qui entament sa confiancedans lʼavenir. Face aux menaceslourdes de conséquences que repré-sentent la casse des servicespublics, le développement du chô-mage et de la précarité ainsi que larégression des droits, il nous fautplaider et agir pour un développe-ment des solidarités, donner sens etvie à l̓ égalité et la citoyenneté, recon-naître les droits de tous ceux qui rési-dent sur notre sol. Contexte oblige,l̓ urgence est à l̓ apaisement en tour-nant délibérément le dos au débat telquʼil est proposé, débat figé, corseté,inutile et dangereux : l̓ identité ne sedécrète pas, elle se vit et se construitde manière permanente, citoyenne,par tous, et pour tous.

LL AA jeune génération qui entresur le marché du travail serait-elle réfractaire à lʼaction col-

lective et à la démarche de lʼengage-ment ? Force est de constater queles conditions de lʼinsertion profes-sionnelle dans un contexte de criseprédisposent les nouveaux entrantsà niveler par le bas leurs ambitionset leurs espoirs. Le passage par lesas de la précarité se révèle, pour lagrande majorité dʼentre eux, obligé.Dans tous les secteurs, lʼemploi estsous tension. Si la dégradation dutravail transforme insidieusement lessalariés «aînés» en capital variableen sursis (ou en chômeurs en puis-sance), elle fait apparaître les jeunescomme une force de travail en poin-tillés. Une génération contrainte deconfirmer dʼemblée son «employabi-lité», périssable et remplaçable augré des besoins de lʼentreprise. Unegénération à la fois flexible et réflexi-ve, enthousiaste et contrariée, atta-chante et détachée. Les jeunessalariés, et particulièrement lesjeunes diplômés, vivent le rapport autravail comme une tension perma-nente entre engagement et distan-ciation. Le travail représente à leursyeux lʼun des concepts gouverneursde leur projet de vie. Cʼest une miseà lʼépreuve redoutée mais souhai-table. Une occasion de prouver leurscapacités et dʼéprouver leur proprevaleur. La «réussite», la «carrière»,voire lʼépanouissement profession-nel sont revendiqués avec convic-tion. Lʼacquisition de diplômes, liée àla massification de lʼenseignementsupérieur, rend cette approche«ascensionnelle» plus exigeante. Aulieu de lire dans cette disposition letriomphe de lʼindividualisme, on peuty voir la volonté dʼune appropriation

active des circonstances de la vieprofessionnelle. Lʼexistence dʼunetelle volonté est la condition préa-lable de toute mobilisation durable.Mais la finalité du travail ne se limitepas à une simple visée dʼaccomplis-sement de soi. Les jeunes salariésse déclarent au même titre attachésà lʼutilité de leur métier. Tel est lemarqueur identitaire qui sous-tendleur professionnalisme. Or, lʼorienta-tion dominante des entreprises,indexée sur des critères de rentabili-té financière, rend extrêmement diffi-cile la réalisation de cette aspiration.Dès lors, cʼest lʼactivité de travailelle-même qui apparaît entravée,reniée, dévalorisée. Une activitésaturée de dispositifs dʼévaluation etde performance, mais en perte desens et de substance. Cʼest précisé-ment, cet échec, relatif mais récur-rent, discontinu mais omniprésent,qui est à lʼorigine de lʼimplicationdésenchantée des jeunes au seinde lʼentreprise. Cette crise structurel-le de confiance, qui prend aujour-dʼhui des formes plus tranchées,exacerbées, les condamne à la vigi-lance permanente. Cʼest à partir delʼattachement des jeunes salariés àla défense de la qualité et de lʼutilitésociale du travail que la rencontreavec le mouvement syndical estenvisageable. Les jeunes recon-naissent la positivité du syndicalis-me et souhaitent même son renfor-cement en tant que «contre-pouvoir» représentatif dans lʼentre-prise. En même temps, ils mécon-naissent le syndicalisme réellementexistant et, le plus souvent, ils sʼenfont une image vieillotte et caricatu-rale. Ils ne sont pas en principe hos-tiles à lʼidée de lʼengagement. Mais

ils arrivent rarement à concrétiserdans leur quotidien lʼutilité de lʼenga-gement syndical comme prolonge-ment de leurs propres préoccupa-tions et projections. Les défaillancesdu syndicalisme, en particulier lararéfaction de la présence militantesur le terrain, ainsi que la crainte deprendre lʼadhésion comme un«paquet global» plutôt que commeune option «à la carte» pèsent surles velléités de syndicalisation.Mais lʼabsence dʼadhésion nʼem-pêche ni lʼexpression de la contesta-tion ni la participation à lʼaction col-lective. Comme lʼattestent certainsconflits récents, les jeunes salariéssont capables de compenser lʼab-

sence dʼexpérience par une redou-table virulence revendicative et unremarquable sens de la communica-tion, y compris médiatique. Ils peu-vent vivre lʼengagement sans sereconnaître formellement dans lafigure de militant, voire de lʼadhérent.Pour autant ils ne sont pas, commele proclame hâtivement la voguepostmoderne, une «génération zap-ping». Même quand ils zappent, ilsfont des choix précis. Ils expérimen-tent le monde avec intensité et enviede découverte tout en étant en quêtede repères collectifs.De son côté, le syndicalisme a dumal à composer avec cette volontéobstinée de créativité dans le travail.

Il peine à transformer la défiancedes jeunes à lʼégard de toute sortede «formatage» en défi pourconquérir de nouveaux espaces deliberté en articulant initiative person-nelle et cadre collectif. Il tarde à éla-borer un projet de reconquête socia-le en prenant au sérieux son immen-se potentiel. En ce sens, le «rajeu-nissement» du syndicalisme ne sejoue pas simplement au niveau durééquilibrage générationnel du mili-tantisme. Plus fondamentalement, ilest étroitement lié au renouveausyndical lui-même, dont lʼun desenjeux est la réappropriation desproblématiques sociales et socié-tales de la jeunesse.

QUELLE IMAGE LA JEUNESSE SE FAIT-ELLEAUJOURD’HUI DU SYNDICALISME ?

JEUNES SALARIÉS ENTRE ENGAGEMENT AU TRAVAILET TRAVAIL DE L’ENGAGEMENTPAR MICHEL VAKALOULIS, SOCIOLOGUE

POURQUOI LE DÉBAT SUR L’IDENTITÉ NATIONALEEST-IL UNE OPÉRATION DANGEREUSE ?

UNE INQUIÉTANTE BOMBE À RETARDEMENT EST MISE EN PLACEPAR MOULOUD AOUNIT, COPRÉSIDENT DU MRAP

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II LL y aura des licenciementssecs à Arc International dansun très proche avenir ! En2011... C'est ce qu'a annoncéle président du directoireGuillaume de Fougières, en

comité d'entreprise en fin desemaine dernière. Plus de 1000 ?Plus de 1500 ? La direction dépas-sée par le retentissement média-tique minimise la situation... Ladétérioration de lʼemploi ne datepas dʼaujourdʼhui. Depuis octobre2004, près de 3000 suppressionsd'emplois, et lʼaccord de méthode(signé par les syndicats), excep-tées la CGT et FO, tout est cham-boulé.La situation de lʼemploi à ArcInternational reste fortement pré-occupante. Mettre tous les intéres-sés autour de la table et avancerdans des propositions concrètespour lʼemploi et le tissu industrieldu Nord/Pas-de-Calais : cette pro-position dʼAlain Bruneel (présidentde la commission de développe-ment économique) rebondit alorsque lʼavenir dʼune des plusgrandes entreprises privées de larégion est plomblé.Quels indicatifs ? La direction estfragilisée. 6000 salariés ont subiun chômage partiel pour unelongue période. Le site voisin deSaverglass est dans la mêmesituation alors que lʼon promettaitaux nouveaux embauchés (350)monts et merveilles. ArcInternational, est partie prenantedu Pôle de compétitivité MAUDdont lʼobjectif vise à développer larecherche dans le domaine de lachimie et des matériaux de perfor-mance pour les arts de la table. Cepôle est financé par lʼargent public(État, Conseil régional...). Quelleest la réalité ? Ce Pôle ne joue passon rôle car nous ne voyons pasdʼeffets positifs sur lʼemploi. Et quedire du Contrat de site, signé parles pouvoirs publics pour revitali-ser le bassin dʼemplois delʼAudomarois. Tout cela estinquiétant.

Quelle finalité ?À Arc International, la finalité est lecapitalisme familial et lʼentreprisefamiliale, mais “la famille Durand”va perdre 4000 de ses membres.“Sur la profitabilité, il faudra allerplus loin, nous sommes en retard”,annonçait, il nʼy a pas si longtempsun membre du conseil de sur-veillance.Les salariés trinquent : la situationactuelle à Arc International, nʼestguère favorable, ni aux salariés, nià lʼemploi, ni à lʼavenir dʼune desplus grandes entreprises privées dupays. Cʼest le moins que lʼon puissedire. La direction nʼévoque plus lapalinodie dʼaucun licenciement sec.Et cette situation devient de plus enplus inquiétante pour tous celles ettous ceux qui y travaillent. La straté-gie dʼArc International est préoccu-pante et le mécontentement estgénéral à lʼintérieur de lʼentreprise.Un processus sʼest engagé, cʼestsûr, mais pas en faveur des sala-

riés. Lʼaccord de méthode ? LaCGT a refusé de le signer, car au-delà de la forme, il y a le fond. Et lefond, dʼici 2010, cʼest la finalité évi-dente dʼun plan de suppressiondʼemplois qui va se préciser.Les externalisations, les mutualisa-tions, les filialisations tout cela apour but de faire baisser les effec-tifs. Dʼautres salaires (en diminu-tion), dʼautres conditions de travail,dʼautres horaires, une autre organi-sation voient le jour. Tout est lancémaintenant par la direction pour lesusines extérieures.Il va falloir poursuivre la capacité deproduction pour être au plus prèsdes clients. Et la direction de décla-rer récemment : “nous nʼhésiteronspas à prendre des décisions diffi-ciles lorsquʼune activité se révèleranon rentable”En reprenant un peu lʼhistorique deces dernières années, on notait uneffectif de 12 000 personnes, voireun peu plus dans les années 2001,2002.

Exiger“On subit toujours et on nʼexigepas”, déplore un syndicaliste ;Quant à la mise en route deSaverglass, au début de lʼannée2008, sur le site dʼArques, cédépar Arc International, avec defortes subventions publiques, celane doit pas être lʼarbre qui cachela forêt.Cette situation ne lʼest assurémentpas pour les salariés delʼAudomarois.Refuser toute résignation, cʼestaussi le sens de lʼinitiative lancéepar la CGT.Cʼest une bataille de longue durée.Un processus de destruction de cequi a fait la force dʼArcInternational est en route.Les effets boomerang sontconstants, les sites de par lemonde (Émirats, Chine, Espagne,Roumanie, États-Unis) sont vouésà se développer au détriment dusite dʼArques.

Préserver le site est possibe, maiscela doit découler dʼune volontébasée sur un projet industriel. Unpôle financier public aiderait à voirplus clair. Aujourdʼhui, la crise abon dos et ce sont toujours les tra-vailleurs qui paient les dégâts ducapitalisme. Didier, salarié à ArcInternational depuis 33 ans, sou-ligne : “jamais lʼambiance danslʼentreprise nʼa été si détestable,avec un stress permanent. Ce quinous attend nʼest rien à côté de ceque nous vivons actuellement. Et,malheureusement, il y a ce “cha-cun pour soi” qui plombe encoreplus la situation actuelle. Jusquʼaujour où...” Bertrand Péricaud,secrétaire de la fédération du PCF,déplore la liberté totale des entre-prises, dans un cadre juridiquesans garde-fous, à licencier à foi-son. Et cela est valable dans tousles secteurs industriels et danstoutes les zones géographiques.

Pierre Pirierros

ARC INTERNATIONAL

L’OUTIL DE TRAVAIL EN GRAVE DANGER“J'espère me tromper, mais je suis persuadé qu'on ne sera plus que 3 000 d'ici à 2012. Nous assistons à des suppressionsdʼemplois, à dose homéopathique, cʼest une catastrophe pour lʼemploi et pour toute la région, observe Philippe Maës,secrétaire de la CGT de lʼentreprise, un emploi chez nous entraîne trois autres emplois, cʼest dire la gravité de la situation. Cʼestune crise sans précédent, à Arc International. Nous sommes dans un mouvement généralisé de stagnation, voire de réorien-tation complète des produits. Tous les secteurs nous préoccupent et lʼunité de “Blaringhem” - le Cristal - est fermée. Cʼest la finde tout un savoir-faire, cʼen est fini du produit historique de la société. Le Cristal qui est une image de marque sera toujourscommercialisé mais produit ailleurs. Cela fait des années quʼil nʼy a plus dʼembauches et les intérimaires sont rayés de la carte.”Ce commentaire de Philippe Maës, secrétaire de la CGT, en dit long sur lʼambiance sociale actuelle. Le climat se dégrade dejour en jour. Frédérique Specque, secrétaire du comité dʼentreprise, ne dit pas autre chose.

Philippe Maës, secrétaire de la CGT d'Arc International, a participé avec Alain Bruneel, conseiller régional, à un débat sur l'emploi (Photo Liberté 62)

CC ÔTÉÔTÉ cour, Sarkozy lâcheses lieutenants Hortefeux,Besson, Morano… pour

distiller la haine contre les immi-grés, sans avoir lʼair dʼy toucher,dans un «débat» sur lʼidentiténationale génétiquement mar-qué du sceau de lʼinfamie et dela manipulation, par diversion,de lʼopinion. Côté Jardins duLuxembourg et à lʼAssemblée, ilpoursuit avec lʼUMP le travail desape des fondements républi-cains du pays.Prélude à la réforme territoriale,la suppression de la taxe profes-sionnelle adoptée par le Sénataprès un simulacre de protesta-tion de Raffarin, voudrait sonnerle glas de la capacité des élus etdes populations à résister et àintervenir, de manière autonome

et libre, dans la déterminationdes choix dʼune gestion qui soitdémocratique, sociale et ancréedans la satisfaction des besoinsdʼavenir de nos territoires.Nous sommes aujourdʼhui aupied du mur de lʼargent totalitaireque Sarkozy et les siens bâtis-sent patiemment, méthodique-ment au service du tout financier,contre les acquis et repères decivilisation de la Libération, etpour étouffer des solidaritésrépublicaines remontant à laRévolution. Aujourdʼhui, ce sontles départements quʼils veulentfaire disparaître et les com-munes dont ils veulent réduireles compétences à lʼapplicationde pansements sur les plaiesvives que leur société capitalisteentretient au sel !

Les états occidentaux mènentune guerre aux peuples, secomportant en véritables préda-teurs au service exclusif de lahaute finance, pillant lesrichesses nationales, cassantles services publics et creusantdes déficits vertigineux.Les élus et les militants commu-nistes ont beaucoup fait ces der-niers temps pour mettre despare-feu, organiser la résistan-ce, par exemple contre la privati-sation de la Poste. Notre projetne se situe-t-il pas dʼabord dansla résistance ?!La taxe professionnelle, com-pensée un an seulement, va êtresupprimée pour une «contribu-tion économique» des entre-prises rabotée de 6 milliardsdʼeuros, sous maîtrise de lʼEtat.

Les impôts locaux vont ainsiconnaître de nouvelles envoléesaprès les élections régionales.Cela nʼempêchera pas lʼassè-chement rapide des capacitésfinancières des communes etdes communautés. La fin de laclause de compétence généraledes collectivités territoriales,région et département, leur inter-dira dʼintervenir en matière dʼin-vestissements culturels, sportifs,scolaires locaux, pendant queles élus communaux seront sou-mis à une obligation dʼautofinan-cement de leurs projets dʼinves-tissements à hauteur minimumde 50%, avant de très aléatoiressubventions gouvernementales.Autant dire quʼils seront à lamerci de lʼEtat…Nous ne sommes pas devins en

disant que les conséquencesengendrées par ces mesuressʼannoncent dramatiques pournos populations, les associa-tions et le tissu économique déjàtrès dégradé de notre granderégion. LʼEtat met tout son poidsdans cette attaque historiquecontre les fondements civilisa-teurs et démocratiques de lʼiden-tité nationale.Face à des enjeux dʼune extraor-dinaire gravité, ne devons-nouspas être à lʼinitiative dʼune gran-de mobilisation des forces viveslocales, en proposant partout, eten premier lieu, lʼorganisation deconseils municipaux extraordi-naires largement ouverts à lapopulation ?

Jean-Louis Fossier

CONTRE LA RÉFORME TERRITORIALE : MOBILISATION GÉNÉRALE !

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Social

LLAA SSouffrance des sala-riés actifs et retraitésavec ou sans papiers,privés dʼemploi est lesymptôme dʼun travailmalade, dʼune démo-

cratie amputée, dʼune citoyennetéqui reste aux portes des entre-prises.Les exigences de profit et dʼaccu-mulation financière détournent letravail de sa vocation à être utilesocialement pour répondre auxbesoins sociaux et humains.Les syndicats CGT décident desʼengager immédiatement, dura-blement et solidairement, dansune campagne revendicative degrande ampleur pour les salaireset le pouvoir dʼachat, lʼemploi etles retraites.La politique voulue par le patronatet orchestrée par le gouvernementfait payer une addition particulière-ment élevée aux salariés et à lapopulation. Elle préserve un systè-me inefficace et injuste qui cultivela concurrence et la division entresalariés et entre générations. Lamoitié des dividendes versée auxactionnaires suffirait à dégager120 milliards dʼeuros pour lesinvestissements, lʼemploi, lessalaires, lʼégalité entre les femmeset les hommes, la retraite, lesminima sociaux et la protectionsociale.

La sortie de crise passe nécessai-rement par la revalorisation du tra-vail. Le système financier doit êtremobilisé au service de lʼemploi etde la formation. Cʼest pourquoi, laCGT, agit pour conquérir la sécuri-té sociale professionnelle et unnouveau statut du travail salarié.Il faut construire une dynamiqueunitaire dans les entreprises, lesprofessions et les territoires pourun rapport de forces pérenne etfavorable aux salariés, aux retrai-tés et aux privés dʼemploi. Il fautagir en faveur dʼune nouvelleconception de la démocratie parlʼintervention des salariés et descitoyens sur les choix politiques etde gestion afin de les tourner vers

la satisfaction des besoinshumains et fondamentaux. Celaexige une véritable démocratiesociale. Nous condamnons larépression et la criminalisation delʼactivité syndicale, la discrimina-tion.Agir ensemble dès aujourdʼhui surles lieux de travail appelle à lamobilisation et au déploiement detous les syndiqués dans la solida-rité interprofessionnelle et intergé-nérationnelle. Les délégués dessyndicats au 49ème Congrès de laCGT donnent aussi rendez-vousau monde du travail le 24 marspour une grande journée de mobi-lisation et dʼaction à lʼappel de laConfédération européenne des

Syndicats qui portera haut et fort,en France et en Europe, notrevolonté de changement.

MobilisationCette journée de mobilisation seraun moment de tous ensembledans la campagne pour lʼemploi,les salaires, et la retraite. Sansattendre cette date, le congrèsappelle à un développement de lamobilisation et des actions.Le congrès de la CGT décide dʼen-gager une campagne nationalepour promouvoir la place, les mis-sions et le développement du ser-vice public afin de mieux répondreaux besoins sociaux de toutes ettous.

La révision générale des politiquespubliques, la réforme des collectivi-tés territoriales, la loi «HôpitalPatients Santé Territoires», la déré-glementation, les privatisations,visent à réduire les dépenses utilespour les salariés, les familles et àlivrer les activités de service publicau secteur marchand. Cette politiquenuit aux services publics néces-saires, à lʼaménagement du territoireet au développement économique.Cette campagne nourrit et nourriracelle pour une véritable politiqueindustrielle et dʼemplois. Elle visedes réponses concrètes et efficacespour les milliers de salariés qui ontperdu leur emploi et pour celles etceux qui travaillent mais qui nʼarri-vent pas à en vivre. Au regard de lacrise, il y a urgence à obtenir desréformes structurelles.Cette résolution de la CGT et de sessyndicats concrétise leur engage-ment pour lʼémancipation des sala-riés, la revalorisation du travail, ledéveloppement humain durable.Un des grands thèmes défendu à cecongrès fut la confiance à donnertous les salariés actifs et retraités,privés dʼemplois, sur leurs capacitésà construire le rassemblement leplus large possible, une force derésistance et de conquête sociale.Bernard Thibault a été élu pour laquatrième fois, secrétaire généralde la CGT.

49èmeCONGRÈS DE LA CGT

LE CHOIX DE L’EFFICACITÉOFFENSIVE

Les délégués des syndicats CGT réunis en congrès font le choix de porter de manière offen-sive les ambitions des salariés : celles de lʼégalité et de la parité, de la paix, de la jeunesse,de la démocratie, de lʼefficacité, de lʼunité, de la solidarité et des conquêtes sociales.

UN MILLION DE CHÔMEURS EN FIN DE DROITS EN 2010Un million de chômeurs épuiseront leurs droits à indemnisation en 2010, après 850.000 cette année, selon unenote de Pôle emploi.Réunis pour leur négociation sur “la gestion sociale des conséquences de la crise sur lʼemploi”, patronat et syndi-cats ont prévu de se pencher sur la question des chômeurs en fin de droits à partir de fin janvier, pour une séan-ce plénière le 26 février, date beaucoup trop éloignée selon les syndicats, qui déplorent le manque de réactivitéface à une situation urgente et grave.Selon les chiffres de Pôle emploi, le nombre de sorties du régime dʼassurance chômage pour fin dʼindemnisationest estimé à 850.000 en 2009 et 1.000.000 en 2010 et le nombre dʼentrées en ASS est estimé à 149.000 en 2009et 170.000 en 2010, soit moins de 20% qui seraient éligibles à lʼAllocation spécifique de solidarité (ASS), environ450 euros versés par lʼEtat sous condition de ressources du ménage.«La négociation portait sur les mesures dʼurgence face à la crise, or on est en train dʼescamoter un point impor-tant, la problématique des fins de droit, ce nʼest pas acceptable», a souligné Maurad Rahbi de la CGT. Cʼest lapriorité des priorités, il faut prendre le problème à bras le corps comme pour le chômage partiel... Il faut que lʼEtatmodifie les règles pour quʼon en intègre beaucoup plus en ASS, cʼest dʼabord eux que la crise concerne et cʼesteux quʼon traite en dernier, on ne peut pas continuer à ce rythme.»

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ÉQUIPEMENTIERS AUTOMOBILES : FRANÇAISE DE MÉCANIQUE, STA-RUITZ

LES SALARIÉS DANS LA SPIRALE DES ALÉASFINANCIERS DES CONSTRUCTEURS

LʼAutomobile représente 20% du secteur industriel du Nord/Pas-de-Calais, soit plus de55 000 salariés. Aujourd'hui, les directions des constructeurs et des équipementiers nepeuvent minimiser les conséquences de la décision de Renault de supprimer 4000 emplois.Les conséquences apparaissent, dès maintenant, comme une véritable épée de Damoclèssur tous les postes de travail existants et dans toutes les zones géographiques de la région.Le prétexte est tout trouvé, c'est Le financement du commerce mondial qui s'est "gravementdétérioré" en raison de l'une des plus graves crises financières qu'ait connu la planète...

DDESES “grands noms”des équipementiersautomobiles taillentde plus en plus dansleurs effectifs, enFrance mais pas seu-

lement, et ils ne se limitent plusaux intérimaires, ils supprimentaussi des CDI. Les équipemen-tiers suivent les usines desconstructeurs. Renault, cʼest unpuzzle gigantesque à lʼéchelle duNord/Pas-de-Calais, du pays, delʼEurope, voire du monde.Les entreprises veulent être deplus en plus compétitives sur lemarché automobile mais aussihors automobile. Rachats, restruc-turations, compressions de per-sonnel, cʼest la règle générale éta-blie par les directions des équipe-mentiers automobiles. Lʼemploistable, à temps plein, et d'un salai-re convenable en rapport avec la

qualification des travailleurs est unsocle revendicatif solide.

STA-RuitzLes commandes de boîte de vites-se automatiques sont un baro-mètre évident de la santé d'uneentreprise.Jean-Paul Boulet, syndicalisteCGT à STA-Ruitz, (820 salariés),souligne les méfaits structurelsdans un secteur comme celui deRenault, où la CGT a présenté unprojet industriel contrecarranttoutes les idées reçues dans lesmédias sur le rôle de lʼautomobiledans lʼéconomie. Des sites sontfragilisés, comme à la STA,(Société de transmission automa-tique). Chez Renault, de nom-breux avant-projets sont déclaréscomme "non rentables".La capacité de répondre à ce

redéploiement industriel, d'assurerl'emploi est sous-tendue par lesavoir-faire des salariés. Mais cesavoir-faire suffira-t-il face à latourmente généralisée ? Les don-neurs dʼordre font la pluie et lebeau temps, ils sont propriétaires,actionnaires et commanditairesdes unités quʼils dirigent dans larégion, mais pas seulement.Les situations de précarité sʼac-centuent tandis que la productivitémaximale assure des taux de ren-tabilité extrêmement importants.

Française de MécaniqueConditions et rythmes de travail,fortes cadences, santé profession-nelle, changements intempestifsde postes de travail : la CGT de laFrançaise de Mécanique est surtous les fronts et cela ne date pasdʼaujourdʼhui. La vigilance s'impo-

se à l'heure des décisions demanagement de Renault.La situation générale de lʼautomo-bile et des constructeurs Renaultet PSA, principaux actionnaires dela FM, nʼest pas sans consé-quences directes sur le climatsocial de lʼentreprise.“Et pourtant, dit la CGT, nous pro-duisons 7500 moteurs par jour,avec tout ce que cela comporte decontraintes et dʼefforts de la partdes travailleurs. ll nʼy a plus depolitique industrielle ; lʼhabillagede créations quant aux postes detravail est insupportable”, insistentélus du comité dʼentreprise etdélégués de la CGT. La fermeturede la fonderie, il y a trois ans, adʼénormes conséquences sur leseffectifs; aussi, de 4757 salariésen CDI et 755 intérimaires, en2003, les chiffres actuels sont de3932 salariés en CDI et 420 intéri-

maires. Sur cette courte période,on assiste à une baisse de plus de1000 personnes, intérimairescompris. Lʼemploi est au coeur despréoccupations des salariés etdes syndicalistes. Plus quejamais. Aujourd'hui, l'effectif sesitue en dessous des 3800 per-sonnes.Le Pas-de-Calais est confronté àune redistribution des cartes chez,quasiment, tous les équipemen-tiers automobiles et les activitéssous-traitantes, Faurecia, STARuitz, Plastic Omnium, Valéo.Lorsque des fusions se concréti-sent, les postes de travail dimi-nuent. Des “mises en concurren-ce” dans des mêmes entreprisesaboutissent à des licenciementscollectifs, (Faurecia Marles etAuchel).

Pierre Pirierros

LLESES profits explosent, unnouveau record histo-rique est atteint concer-nant les fusions-acquisi-tions avec 1 130 milliardsde dollars au niveau

mondial. Les entreprises du CAC 40annoncent des profits faramineux,dont TOTAL est le «leader». Dans lemême temps, les groupes de lapharmacie, de la chimie, du pétrole,de la plasturgie du caoutchoucrestructurent à tout va, ferment lesentreprises, vont sʼimplanter dansdes pays à bas coût de maindʼœuvre laissant en France des mil-liers de salariés dans le désœuvre-ment le plus complet, le tout avec laprotection des politiques porteursdes idées libérales pour soi-disantlʼEurope de demain.Jusquʼoù iront-ils dans leurdémarche de casse de nos outils deproduction et de lʼabandon de celleset ceux qui créent les richesses denotre pays ?Depuis des années, les pouvoirssuccessifs considèrent que lesentreprises nʼont que des droits.Cʼest en ce sens que les patrons desindustries font de cette campagneélectorale un de leur cheval debataille pour imposer la déréglemen-tation, la baisse du coût du travail etdes impôts, au nom de la mondiali-sation et de lʼavenir de lʼEurope ducapitalisme. Les 64 milliards dʼeurosdʼaides dont ont bénéficié les entre-prises en 2006 avec lʼargent descontribuables, sans aucun contrôle,

nʼont eu pour effets que de «payer»les plans sociaux des entreprises,pour quelle efficacité économique etsociale ?Alors que les dirigeants dʼentre-prises, le pouvoir en place, nous rap-pellent sans cesse que nous nʼavonsque le devoir dʼaccepter lʼinaccep-table et notamment les atteintes auxlibertés pour museler toutes les vel-léités qui pourraient surgir du mondedu travail. Leurs positions restent fra-giles, pour peu que nous nous acca-parions des affaires que les tenants

du capital considèrent comme leurchasse gardée.Il nʼy aura pas dʼautre alternative quede changer fondamentalement leschoix économiques et sociaux. Quelcandidat est le mieux à même deporter dʼautres alternatives ?En partant des aspirations des sala-riés, la préoccupation première deceux-ci est avant tout dʼavoir :- un emploi stable et non la précaritéque lʼon veut nous imposer commemode de travail universel.- un salaire qui puisse répondre aux

besoins élémentaires pour vivredécemment ; de plus, la hausse dupouvoir dʼachat est essentielle pourrelancer lʼéconomie, cʼest ce quepropose la CGT avec le SMIC portéà 1500 euros tout de suite, avec unerevalorisation des grilles de classifi-cations des conventions collectives.- une protection sociale digne de cenom, pour répondre aux besoins desanté inter génération des salariés,de leurs familles, financée par lʼem-ployeur, comme par ailleurs nousdevons exiger une retraite pour les

salariés à la hauteur de leursbesoins.Pour cela, faut-il encore que lesentreprises répondent à cesbesoins, ce qui devrait avant toutêtre leur finalité. A quoi doivent servirles richesses créées par les sala-riés ? A alimenter la «bulle» financiè-re ou être au service des salariés etdes populations ? Cʼest pourquoinous devons exiger des investisse-ments matériels et humains pourtrouver une véritable efficacité éco-nomique dont notre pays a besoin.Combattre lʼidée libérale qui consisteà opposer les salariés dʼun pays à unautre sans autre objectif que lʼexploi-tation à outrance, nous sommesencore loin de lʼEurope des peuplestelle quʼon la voudrait. En 2005, lorsdu référendum sur la constitutioneuropéenne, les Français se sontprononcés contre cette politique libé-rale que lʼon veut une nouvelle foisnous servir.“Cʼest pourquoi, disent les syndica-listes CGT de la Chimie, il est denotre devoir de nous inscrire danscette campagne électorale en faisantpart auprès des salariés mais aussides élus locaux et nationaux, aucours des débats publics, de nosrevendications en matière de poli-tique industrielle et de progrès social.Nous devons dés à présent coor-donner nos luttes, et elles sont nom-breuses pour imposer dʼautreschoix, à lʼexemple des Arkéma, desSmoby, des Rhodia, et bien dʼautresencore”.

CHIMIE :POUR UNE VÉRITABLE POLITIQUE INDUSTRIELLE

DANS LE PAS-DE-CALAISFaurecia, Plastic Omnium, Bridgestone à Béthune, Grande Paroisse à Mazingarbe, CrayValley, Arkema... : dans ces entreprises, les syndicalistes de la CGT Chimie exigent uneautre politique industrielle et une autre utilisation des richesses créées.

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Liberté 62 n°892 - Le 18 Décembre 2009- 6 -

Société

JJEAN-FRANÇOIS CARONEAN-FRANÇOIS CARONn'a pas du mettre souvent lespieds dans les entreprises. Il

vient seulement de se rendrecompte que les organisations syn-dicales s'occupent de problèmesécologiques.Le vice-président Vert de la régiona observé récemment que dessyndicalistes avaient soulevél'aberration de faire fabriquer enPologne des peintures pour laconstruction automobile régionale(Voix du Nord du 11 décembredernier).À croire qu'il n'y aurait que lesVerts et autres mouvances seréclamant de l'écologie pour s'oc-cuper de ce problème.Au contraire, les Verts ont duretard dans la prise en compte desproblèmes relatifs à l'environne-ment industriel et aux conditionsde travail. Il y a bien longtemps,avant que n'existent les partis éco-logiques, que les syndicats et lesmilitants communistes s'étaientaccaparés de ces combats.Par la suite, l'attitude des Verts futde refuser de prendre clairementla défense de la planète sur le ter-rain de la lutte politique, envoyantdos à dos partis politiques et typede société. Une attitude qui amené à des impasses et à descontradictions difficiles à résoudredans le carcan étroit du parti éco-logiste.Aujourd'hui, le message n'est pasplus clair. Cohen-Bendit et lessiens soutiennent la constitutioneuropéenne et la «concurrencelibre et non faussée», synonymede délocalisation généralisée,donc de transports de marchan-dises à outrance par super-camions et super tankers.Le yaourt faisant deux fois le tourdu monde avant d'atterrir sur nos

tables n'est qu'un exemple parmitant d'autres.Et certains écolos pour sauver laplanète proposent de stopper lacroissance comme si tous leshabitants vivaient sur le mêmepied d'égalité. Les grands fléaux,la pauvreté, la faim, la maladie, laprivatisation d'eau potable, la mor-talité enfantile massive ne sontpas écartés, loin s'en faut. Et cesfléaux eux-mêmes induisent ladégradation de la nature.Les gouvernements des nationsindustrialisées, ceux qui pillent lesressource du Tiers monde pouraccroître les richesses d'une poi-gnée de sociétés multinationalesont évidemment une responsabili-té particulière.«Le capital épuise l'homme et lanature» a écrit Marx. De la pollu-tion des nappes phréatiques parles rejets industriels sauvages auxincendies qui ravagent nos forêtsméditerranéennes abandonnées,du transfert de déchets dangereuxvers les pays pauvres aux enfants

vivant sur les décharges géantesde Calcutta, cette réalité demeure.Cela montre le lien indissociableentre choix de développementéconomique et social et solutionsaux problèmes écologiques. C'estce lien que les Verts n'ont pasencore compris ou très peu mon-trant du doigt le simple particulieren ignorant souvent les grandsprédateurs de notre environne-ment.De même, si l'écologie a desdimensions planètaires, elle se vitaussi au quotidien. Transports encommun peu nombreux ou incon-fortables, files de camions sur lesroutes, logements mal insonori-sés, urbanisme sauvage au littoralet de la montagne, usines dange-reuses d'abord pour ceux qui y tra-vaillent... À ce niveau, les Vertssont certes plus présents maisapplaudissent des deux mains à lataxe carbone du gouvernementqui va toucher plus particulière-ment les familles les plusmodestes.

Que proposentles communistes ?

Il faut remettre en cause le capita-lisme, qui impose des fonctionne-ments économiques néfastes pourl'environnement. Il est donc sou-haitable que les ressources natu-relles soient considérées commebien commun de l'humanité et noncomme marchandises et sourcesde profits. L'urgence est au déve-loppement de toutes les énergiesnon productrices de gaz à effetsde serre. Pour autant, le droit àl'énergie doit être garant à tous.À court et moyen terme, lenucléaire est incontournable maisparallèlement le PCF se prononcepour un vaste plan de développe-ment des énergies renouvelables.La recherche fondamentale etappliquée doit prendre un nouvelessor, car ces sources d'énergiesont complémentaires.La production d'électricité doit êtredéveloppée et organisée dans lesecteur public, qui assurera unevéritable sûreté et transparence,avec de nouveaux droits de regardet d'intervention des salariés, descitoyens et des élus.Cela s'accompagne de moyenspour l'émergence d'une quatrièmegénération de centralesnucléaires, plus sûres, plus éco-nomes et moins productrices dedéchets.Il est impératif de stopper lesdirectives européennes de libérali-sation qui visent à soumettrel'énergie aux exigences des mar-chés financiers. C'est à dire aller àl'encontre de Cohn-Bendit qui, àl'unisson de Jean-Paul Huchon,président socialiste de la région Îlede France, voudrait privatiser etdémanteler EDF.Une mobilisation financière consé-

quente est indispensable pourdévelopper les transports en com-mun de service public et les trans-ports propres (rail, fluvial), l'isola-tion des bâtiments, la voiture del'après-pétrole...Dans ce contexte, le PCF refusetout nouvel impôt qui, telle la taxecarbone, viserait de façon injusteet inefficace et inégalitaire lesménages. Il suffirait d'imposer lessuper-profits des groupes pétro-liers comme Total, la spéculationfinancière, et de réduire lesdépenses nucléaires militaires.À l'échelle du monde, un nouveaumode économique et financier estnécessaire pour accompagner lespays les plus pauvres dans unedémarche de coopération et dedéveloppement. À cette fin, lescommunistes proposent la créa-tion d'une agence mondiale del'environnement qui rendrait cohé-rent le développement durable dela planète en matière sociale etenvironnementale.Il y a urgence à ce que chacune etchacun s'empare de ces enjeux.Si des bouleversements majeursseront nécessaires dans l'organi-sation de nos sociétés, ceux-ci nepourront pas se faire sur le dosdes travailleurs, qui doivent aucontraire en être à l'initiative.Il est temps que les travailleurss'emparent de ces questions etélaborent eux-mêmes leurspropres revendications, en allianturgence sociale et climatique.Les communistes sont disponiblespour ouvrir des espaces publicsde débat, de confrontation, de ras-semblement et de luttes, dans lerespect des opinions des uns etdes autres.

Jean-Michel Humez

POLITIQUE CLIMATIQUEJUSTICE SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE

SONT PARTIE LIÉEDe même que «la guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires» comme ledisait Clémenceau, l'écologie est une chose trop sérieuse pour n'être que l'affaire des Verts.

LLAA CFDT, syndicat majoritairede la compagnie de ferriesSeaFrance, a accepté de

signer, mercredi dernier, un plande redressement négocié parmédiateur et qui prévoit 482 sup-pressions de postes.“L'acceptation du plan de redres-sement, avec les gains de produc-tivité induits, ouvre la voie à unerecapitalisation de la société parson actionnaire unique, la SNCF,souligne Vincent Launay, directeurgénéral adjoint de SeaFrance.”C'est un accord a minima ; le plande redressement a fait l'objetd'une consultation des salariésmardi, favorable au projet à unetrès courte majorité (562 voix pour,560 contre).

Impasse ?Face à l'impasse des négocia-tions, des salariés de SeaFranceavaient bloqué le port de Calais le

15 octobre pour réclamer la nomi-nation d'un médiateur. Ce dernieravait formulé début décembre desrecommandations aussitôt reje-tées par la CFDT, malgré la réduc-tion du nombre de suppressionsde postes.Les mots prennent tout leur sensdès lors quʼils expriment une situa-tion donnée, cʼest ce qui se passe,ces dernièrs jours, pour les sala-riés (toutes catégories socialesconfondues) de SeaFrance aveclʼannonce des résultats du référen-dum.Cʼest lʼobjectif visé par une direc-tion qui dit “perdre beaucoup dʼar-gent chaque jour” et en fait unargument de défense. Il est impé-ratif dʼavoir toutes les données enmains ; les salariés ont toute latitu-de à sʼexprimer et à prendre àbras le corps une situation qui sedégrade de jour en jour.Courant novembre 2008, la CGT,exprimait la plus grande des vigi-

lances et connaissait la teneurdʼun plan de licenciements maiscʼétait un secret de polichinelle.Fin septembre dernier, JackyHénin, député européen, interve-nait auprès du préfet du Pas-de-Calais et demandait dans soncourrier la nomination dʼun média-teur.Le dialogue social est une baseincontournable et cʼest cet aspectque défendent les syndicalistes,concomittamment, avec la défen-se du service public que dʼaucunscombattent sans vergogne.La situation financière de“SeaFrance” préoccupe la direc-tion générale de la SNCF ; sanstomber dans aucun schématismeautomatique, les salariés nʼont pasà payer les dégâts financiers.Toutefois, lʼavenir reste plombéavec des centaines de licencie-ments.

P.P.

SEAFRANCE :LE PLAN DE REDRESSEMENT ADOPTÉ

À UNE TRÈS COURTE MAJORITÉEt voguent les licenciements...

Et voguent les licenciements... (Photo Liberté 62)

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Liberté 62 n°892 - Le 18 Décembre 2009 - 7 -

Enseignement

• Liberté 62 : «Actuellement, LucChatel, le ministre delʼEducation nationale se dépen-se beaucoup dans les médiaspour faire la promotion de sonprojet de réforme des lycées,réforme qui, si on sʼen réfère àson discours, devrait satisfaireles élèves, leur parents et lesenseignants. Pourquoi nʼest-cepas le cas ?»

— Romain Gény : «Oui, si on larapporte à la communication duministre, effectivement, cette réfor-me du lycée est sensée assurer unmeilleur accompagnement delʼélève. Elle est sensée proposerune meilleure orientation et donnerplus de souplesse grâce à lʼauto-nomie des établissements. En fait,il nʼen est rien, et, à lʼexamen, cʼestmême tout le contraire.Dans son contenu, cette réformeporte sur des changements destructure et des changements dʼor-ganisation. En ce qui concerne leschangements de structure, la pre-mière modification est celle quiconcerne les classes de secondegénérale. Dès la rentrée prochai-ne, si la réforme passe, trèsconcrètement, cʼest une diminu-

tion des horaires des élèves dʼen-viron deux heures qui est pro-grammée. Sachant que lorsquʼonenlève une heure aux élèves auniveau national, on supprime 900postes et quʼil y a 16 000 postes àsupprimer à la rentrée prochaineselon le gouvernement, on voit àquoi sert tout dʼabord cette mesu-re.Dans la réforme, il y a aussi la sup-pression de lʼaide individualiséepour toutes les classes de secon-de. Lʼaide individualisée, ce sontdeux heures dʼenseignement don-nées en tout petit groupe : desgroupes de huit élèves maximumen Français et en Maths notam-ment. Cʼest un dispositif qui existedepuis une petite dizaine dʼannéesmaintenant. Ce point est un argu-ment de poids à opposer auministre qui affirme quʼavec saréforme, le travail de lycée seraplus personnalisé et mieux accom-pagné. En fait, cʼest lʼinverse quʼilfait : supprimer un dispositif quipermet dʼavoir des élèves en toutpetit groupe.Autre point de la réforme : la dis-parition des horaires dits dedédoublement cʼest-à-dire de lapossibilité de diviser la classe en

travaillant en demi-groupe pourtravailler en module ou en TP. Celase fait beaucoup en SciencesPhysiques et en SVT (Sciences dela Vie et de la Terre ndlr) maisaussi en Histoire, en Français eten SES. Toutes ces heures quipermettent dʼavoir la classe parmoitié et de travailler de manièreplus individualisée avec lesélèves, eh bien, elles nʼapparais-sent plus dans les grilles horairesdes élèves ! Il nʼy a plus que deshoraires en classe complète. Encompensation, le projet de réformeprévoit de nous donner officielle-ment dix heures qui ne sont affec-tées à aucune discipline. De cettemanière, dans chaque établisse-ment, les profs seront mis enconcurrence pour récupérer cesheures de dédoublement dansleurs disciplines respectives.Parce que, évidemment, si vousne récupérez pas dʼheures, àterme, votre poste est menacé.Cela nous ramène à une gestiondes ressources humaines fondéessur la concurrence entre les sala-riés et cela veut dire aussi que,dʼun lycée à lʼautre, les horaires neseront plus les mêmes pour unediscipline donnée. Un élève pourrase retrouver dans un lycée aveczéro heures dédoublées en Mathsalors que sʼil était allé dans unautre lycée, il aurait eu troisheures dédoublées en Maths parexemple. Pratiquement, cʼest la finde lʼégalité des élèves face àlʼéducation.»

• Liberté 62 : «Mais la créationdʼun accompagnement person-nalisé proposé avec le projet deréforme de Luc Chatel nʼest-ilpas un progrès ?»

— Romain Gény : «Oui, cʼest ladernière grande dernière nou-veauté ! Le problème, cʼest quecʼest vraiment de lʼaffichage men-songer de la part du ministre. Dʼuncôté, on supprime lʼaide individua-lisée, de lʼautre, on crée de lʼac-compagnement personnalisé.Apparemment cʼest équivalentcontre équivalent : lʼaccompagne-ment personnalisé, cʼest deuxheures et lʼaide individualisée,deux heures : cela a lʼair de secompenser. Sauf que lʼaccompa-gnement personnalisé tel quʼil estprévu sʼeffectuera en classe com-plète cʼest-à-dire que les élèvesseront «accompagnés de façonpersonnalisée» à 35 par classe.Les parents commencent à serendre compte de la supercherie.Si ces heures peuvent être dédou-blées, théoriquement, et pour-raient être données, en demi clas-se, ce que prévoit la réforme cʼestque si on veut les dédoubler, ilfaudra prendre ces heures sur lesdix heures de dédoublement déjàoffertes : ce sera, pratiquement,

moins de dédoublement pour lesdisciplines et encore plus depénurie à gérer.»

• Liberté 62 : «Lʼannée dernière,la réforme de Xavier Darcos surle lycée avait été repousséesuite à la mobilisation deslycéens et des enseignants.Quʼest-ce qui distingue la réfor-me du lycée de lʼannée dernièreet celle dʼaujourdʼhui ?»

— Romain Gény : «Avec la mobi-lisation de lʼannée dernière, nousavons mis en échec le gouverne-ment sur un certain nombre dechoses notamment sur tout ce quiconcerne lʼorganisation quʼonappelait modulaire et semestriellede lʼannée scolaire. Le but deXavier Darcos était de faire unlycée avec des modules, à lacarte, organisé sur plusieurssemestres : cʼétait un lycée com-plètement éclaté et sans séries.Ces «propositions», officiellement,sont absentes de la réformeactuelle. Cela dit, dans certainesdisciplines, apparaissent dans lesgrilles de seconde des horaires quine sont plus hebdomadaires maisannuels.Au fond, le gouvernement nʼa pascomplètement lâché sur ce point.Ce qui ne change pas, cʼest que laréforme portée par Luc Chatel esttout sauf pédagogique. Elle nʼestpas du tout pensée pour améliorerla réussite des élèves et notam-ment en direction des élèves desclasses populaires. Elle nʼest pasdu tout pensée en termes de for-mation du citoyen. Pour le com-prendre encore mieux, il faut sepencher sur ce quʼelle contient enterme de réforme de lʼorganisationdes enseignements.À peu près toutes les disciplinesperdent des heures mais certainesplus que dʼautres. Le débat surlʼHistoire-Géo montre quelquechose de particulier mais cela estvrai aussi pour les SES, la SVT oules Sciences Physiques. Commentformer mieux le citoyen ? En le for-mant moins ? Encore une fois,cette réforme nʼa pas du tout étéété pensée pour contruire un lycéeplus intelligent ou plus efficacemais pour supprimer des postes.Dans le détail, si on prend laseconde, les disciplines qui souf-frent le plus ce sont désormais cequʼon appelle les enseignementsdʼexploration qui actuellementsʼappellent les disciplines dʼorien-tation. De trois heures par semai-ne, avec la réforme, elles passentà une heure et demie. Leur horai-re est divisé par deux. Les ensei-gnements concernés sont en parti-culier les enseignements technolo-giques, industriels et tertiaires,bref, toutes ces disciplines qui ontfait pour beaucoup dans la démo-cratisation du lycée. Pour les SES,

cʼest pareil : on passe de troisheures à une heure et demie. Sion regarde le cycle première etterminale, les SES perdent deuxheures en première et une heureet demi en terminale. En série S,une diminution des enseigne-ments scientifiques est program-mée : il y aura moins de Maths,moins de Sciences Physiques etmoins de SVT. En première L, il nʼyaura plus de Maths du tout. Leslangues vivantes sont particulière-ment massacrées aussi par laréforme de Luc Chatel . La particu-larité des langues vivantes, cʼestque tous les horaires de langue,LV1 comme LV2, seront globali-sés. Toutes les terminales aurontquatre heures de langue etchaque établissement établira larépartition horaire entre LV1 et LV2à sa convenance. Encore uneinégalité entre les établissement.Pour les série L, ce sera une heurede moins pour les languesvivantes par rapport à la situationactuelle. Avec la suppression delʼHistoire-Géo en terminale et sonintroduction en première dans lecadre dʼun tronc commun à toutesles séries lʼidée, encore une fois,est de supprimer des postes et dediminuer lʼoffre éducativepublique.»

• Liberté 62 : «Avec cette réfor-me, nʼest-ce pas le bac, sa qua-lité et sa généralité, qui estvisée ?»

— Romain Gény : «Officiellement,non. Mais à partir du moment oùtous les élèves nʼont pas le mêmehoraire dʼun lycée à lʼautre, com-ment maintenir le bac si tous nʼontpas eu le même contenu dʼensei-gnement en fonction de sa scolari-té ? Cette menace sur le bac nʼestpas à exprimée explicitement maispèse particulièrement sur lesfilières technologiques et tech-niques. Il y a quelque chose qui sedéveloppe depuis pas mal dʼan-nées, cʼest le contrôle en cours deformation. Ce nʼest pas en soi unemauvaise chose mais le dévelop-pement dʼun contrôle par les profspendant lʼannée cela veut dire quela note obtenue au bac et émisepour partie par le prof fait sortir lebac de lʼanonymat et de la garan-tie dʼune validité universelle. Avecun tel contrôle purement local, lebac tend à devenir un bac «mai-son», un bac à géométrie variableselon les réputations des établis-sements. Effectivement, avec deshoraires qui changent dʼun établis-sement à lʼautre, derrière la réfor-me de Luc Chatel, une gravemenace pèse sur le bac et lʼégali-té des élèves devant lʼéducation.»

Propos recueillispar Jérôme Skalski

UNE RÉFORME DU LYCÉE POUR MOINS DE SERVICEPUBLIC SCOLAIRE ET PLUS D’INÉGALITÉS

Manifestations, blocages dʼétablissements, distributions de tracts..., le projet gouvernemental deréforme du lycée fait lʼobjet dʼune contestation grandissante de la part des élèves et desenseignants. Pour faire le point sur ce projet porté par Luc Chatel, ministre de lʼEducationnationale, Liberté 62 sʼest entretenu avec Romain Gény, professeur de Sciences Economiques etSociales (SES) au lycée Pablo Picasso dʼAvion, responsable local du SNES.

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Liberté 62 n°892 - Le 18 Décembre 2009- 8 -

Département

«Monsieur le Président,Une courte intervention sur le bud-get transports-infrastructures etplus précisément sur les ports...1) Pour vous redire notre opposi-tion (formulée en commission per-manente le 7 novembre dernier)au fait d'avoir décidé de ne pasréclamer aux chambres de com-merce de Calais et Boulogne les19 et 2 (soit 21 millions d'euros),de droits portuaires pour 2010.2) Sur les conditions du débat surle projet «Calais Port 2015», notregroupe souhaite rappeler ici sesinterventions des plénières de juin2008 (le vote sur la société portuai-re unique), et du 25 juin 2009 (surnotamment la demande d'Auditfinancier des CCI en vue de lasociété portuaire unique).Notre collègue ClaudeVanzavelberg vous avait appelé àla commission permanente du7 novembre sa demande écritedatant du 26 juin dernier.3) Nous trouvons scandaleux quele document de synthèse de cetaudit ne lui soit parvenu que lelendemain des réunions publiquessoit le 17 novembre dernier avec,qui plus est, une lettre d'accompa-gnement du président de la CCICalaisienne, M. Puissesseau, luidemandant de ne pas évoquer cesinformations «sensibles» qui «doi-

vent demeurer confidentielles carrelatives aux projets de développe-ment des ports de Calais etBoulogne». Cet audit financier aété remis aux CCI, le 1er sep-tembre pourtant !4) Par souci de transparence, noustenions à vous indiquer queMonsieur Teniere Buchot, prési-dent de la commission du débatpublic, avait répondu le20 novembre à notre collègue enlui écrivant, je cite :«Je vous confirme la prise enconsidération de vos remarques

que la commission versera au dos-sier qui sera remis à la CNDP».5) Si on ajoute à cela les informa-tions données le 24 novembre parIFW (revue spécialisée dans leFret international), faisant état dureport probable du projet «Douvres2013» à 2016 voire 2018... jepense qu'il serait souhaitable quel'exécutif régional (et nos ser-vices), intègrent enfin lesremarques publiques formuléesdepuis plus de deux ans par notregroupe.Je vous remercie.»

SOCIÉTÉ PORTUAIRE UNIQUECALAIS-BOULOGNE...

ET LESMANŒUVRES PAS TRÈS CLAIRESDES CCI...

À l'occasion de la session du Conseil régional, cettesemaine, Marielle Cuvelier a fait une interventionremarquée que nous reproduisons :

PPOUROUR la section d'Hénin-Beaumont du PCF , DavidNoël a pris acte avec satisfac-

tion de la demande de rejet desrecours en annulation des électionsmunicipales de juin 2009 présentéelundi par le rapporteur public auTribunal Administratif de Lille.Gérard Dalongeville et Steeve Brioischerchaient conjointement à plongerHénin-Beaumont dans le chaos enprovoquant une troisième électionmunicipale en moins de deux ans.Ce scénario catastrophe auraitimmanquablement provoqué uneabstention énorme à la hauteur de ladéception et du dégoût des Héninoiset Beaumontois, qui sont écrasésd'impôts et en ont marre de voir leurville faire la une de l'actualité judiciai-re.Le Tribunal Administratif devrait logi-quement suivre les conclusions durapporteur public. Le PCF d'Hénin-Beaumont appelle GérardDalongeville et Steeve Briois à fairepreuve de dignité, à accepter le ver-dict du TAet à ne pas prolonger cettebataille judiciaire qui n'en finit pas etdésespère notre population.Les conclusions du rapporteur publicsont un soulagement pour l'équipemunicipale qui devrait voir sa légiti-mité électorale confirmée.Pour autant, David Noël considèreque l'Alliance Républicaine resteramarquée à jamais du sceau de l'indi-gnité et de l'illégitimité politique.- En faisant le choix du repli sur soi etde l'isolement sectaire entre les deuxtours des élections et surtout après,en refusant de tendre la main auxautres listes de gauche ayant prispart à l'union sacrée contre le FN etnotamment à la liste Un Nouvel Elan

pour Hénin-Beaumont à laquelleparticipait le PCF, l'AllianceRépublicaine a trahi ses engage-ments de campagne sur le respect,l'ouverture et la transparence, a déçules électeurs républicains et a perdubeaucoup de sa légitimité.- La révélation par le Front Nationalde ce qu'il faut bien appeler unecomplicité entre l'AllianceRépublicaine et le FN dans la prépa-ration du débat télévisé de 2008 etdans l'élaboration du recours enannulation des élections de 2008marquera pour toujours les chefs del'Alliance Républicaine du sceau dela trahison, de l'infamie et de l'indigni-té politique.- Le rapprochement de GeorgesBouquillon, la tête pensante del'Alliance Républicaine et de Jean-Marie Alexandre, le parrain politiquede Gérard Dalongeville, qui l'a conti-nuellement soutenu depuis 2001 estune insulte à la population héninoiseet à tous ceux qui ont combattu lesystème Dalongeville-Alexandre.En rejoignant le MRC 62, GeorgesBouquillon s'est disqualifié et a dis-qualifié par la même occasion lemouvement qu'il dirige avec DanielDuquenne.Avec ses partenaires de l'associa-tion politique Un Nouvel Elan pourHénin-Beaumont, David Noël affirmeque le PCF d'Hénin-Beaumont conti-nuera de se battre pour que notreville retrouve la sérénité à laquelleelle a droit. Utiles à leurs conci-toyens, les communistes seront unealternative à la fois au Front Nationalet à une majorité municipale qui voitsa légitimité électorale confirmée,mais a perdu toute légitimité poli-tique.

HÉNIN-BEAUMONTDEMANDE DE REJET DES RECOURSENANNULATIONDES ÉLECTIONS :

SATISFACTION DU PCF

Ce samedi 19 décembre à 17 heures

Calais, le port au petit matin… (Photo Liberté 62)

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Liberté 62 n°892 - Le 18 Décembre 2009

Calais

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CCRÉÉERÉÉE en 1959, cette entre-prise se situe sur la commu-ne des Attaques. Leader

mondial dans la conception, la pro-duction et la commercialisation degammes complètes de produits defiltration pour l'industrie pharmaceu-tique, cosmétique, automobile, desvins et spiritueux, du traitement del'eau, de la métallurgie et dunucléaire. Précisément dans cedomaine, l'entreprise CUNO fournitl'ensemble des centrales méga-watts de notre pays et en assure lespièces de rechange.Or, en 2005, le groupe 3M, géantaméricain, intéressé par les200 brevets et les 300 marquesdéposées par CUNO, rachète l'en-treprise favorisant ainsi son expan-sion et renforçant son hégémoniesur le marché mondial. C'est tou-jours dans la même logique, qu'enseptembre 2009, le groupe 3Mannonce son intention de fermerson site français sous les falla-cieuses excuses de baisse de com-mandes, de pression des clients surles prix et un «durcissement de l'en-vironnement concurrentiel».En réalité cette décision intempesti-ve a pour but la délocalisation de laproduction de filtres vers les États-Unis et pour faire des économies ens'implantant dans des pays à faible

coût de main-d'œuvre. Et c'est96 personnes, hommes et femmesqui ont consacrés, pour nombred'entre eux, des décennies à leurentreprise qui sont jetés dans l'insé-curité sociale. Le rêve américaindans toute sa splendeur ! Une nou-velle preuve que quand le capitalis-me ultralibéral n'est pas réglemen-té, encadré, contrôlé, et si nécessai-re sanctionné, il ne fait fi d'aucuneconsidération humaine et généresans scrupule la désolation sur desbassins de vie en toute impunité.Car, les grands groupes comme 3Mbénéficient de la complicité implicitedu gouvernement (les déclinaisonsUMPistes locales ne sont pas enreste lorsqu'elles sont aux affaires),qui proteste hypocritement sur lascène médiatique, mais acquiescelâchement et cupidement en coulis-se. Ainsi, il arrive parfois que nousentendions ou lisions ça et là,devant notre petite lucarne oudevant notre feuille de chou desmembres élus de l'UMP, la main surle coeur nous affirmer qu'ils com-prennent la situation de ces pauvressalariés victimes de «patronsvoyous» et qui plus tard sans étatsd'âmes, dans un grand hôtel pari-sien (le Bristol) accueillent, chaleu-reusement et en grande pompe,cette même racaille empanachée

dans un «premier cercle» de géné-reux donateurs pour recevoir leurobole en contrepartie de leur allé-geance... Et une grosse enveloppepar ci ! Et une magnifique Rolex parlà !Malheureusement, si nous laissonsun blanc-seing à nos gouvernants, ily a peu de chance que les chosesévoluent, le chômage ne diminuerapas, l'injustice sociale ne s'atténue-ra pas, les délocalisations ne stop-peront pas et d'autres «CUNO» dis-paraîtront. Pour cause, les respon-sables de l'UMP n'ont nul intérêt àmordre ni même à contrarier lesmains qui les nourrissent ou plutôtles engraissent. Mais, fort heureu-sement, la résistance n'est paséteinte, elle est active et se faitentendre.AvEc, d'une part les salariés qui,avec leurs syndicats, résistent.Ainsi, les syndicats de CUNO lesAttaques ont, dans un premiertemps, déclenché une procédured'alerte et fait appel à un cabinetd'expertise comptable pour prouverla fiabilité et la viabilité de leur entre-prise. Et, le rapport de ce cabinetest édifiant puisque dans sesconclusions, il indique que : «la fer-meture du site de Les Attaques estune décision prise par le groupe defaçon précipitée... Le motif écono-

mique des suppressions de postesvisées par le projet ne paraît pasétabli.» Puis dans un secondtemps, ils se sont mis en grève pourobliger leur direction à les respecteret prendre en considération leursrevendications. Ils ont enfin interpel-lé les pouvoirs publics les invitant àune table ronde organisée dans lamairie des Attaques, le12 novembre 2009.D'autre part, les élus de gauche ontrépondu favorablement à l'appeldes salariés et se sont associés àeux pour tenter de pérenniser lesite. Parmi les élus présents etconscients de l'importance de pré-server le site, Jacky Hénin avait dèsl'annonce de fermeture en sep-tembre, fait part aux salariés deCUNO de son soutien et sa disponi-bilité.AInsi, présent lors de la table rondedu 12 novembre, il s'engagea àinterpeller le premier ministre et leCommissaire Européen à l'Industrieafin de les sensibiliser à la nécessi-té de sauver le site, un savoir-faireet un fleuron de l'industrie françaiseet européenne. Puis, il a réitéré sonsoutien au personnel en venant par-tager avec lui un moment convivialet apprécié sur le piquet de grève.Pour conclure, même si la fermetu-re de CUNO Les Attaques est plus

ou moins programmée, la mobilisa-tion des uns et des autres a permisaux salariés de CUNO de se faireentendre et de voir aboutir leursrevendications. Cependant, il fau-dra bien que dans ce pays, maiségalement en Europe, lesconsciences se réveillent, pour quecesse cette hémorragie, pour quel'on réglemente les marchés quel'on garantisse pour tous l'équitésociale, pour que l'on pourchasseles pirates, qui comme 3M, abor-dent, pillent et sabordent nos entre-prises, faute de quoi non seulementnous deviendrons dangereusementdépendant de pays émergents,mais nous vivrons sur des territoireséconomiquement dévastés avecune population désoeuvrée et désa-busée.Enfin, méfions-nous des débatsmalsains dans lesquels on voudraitnous faire venir, le véritable dangerpour notre identité nationale ne rési-de pas dans le nombre de minaretsque l'on pourrait construire dansnotre pays, mais plutôt dans lenombre d'entreprises que lesgrands groupes internationaux vontencore détruire dans l'avenir, nouslaissant ainsi orphelin d'un patrimoi-ne, d'un savoir-faire, de compé-tences et d'une richesse transmisepar d'autres générations.

LE «RÊVE AMÉRICAIN» DE L'ENTREPRISE CUNO LES ATTAQUESCes dernières années, les grands groupes industriels ont utilisé pour prétexte la compétitivité pourmettre en œuvre une politique qui consiste à imposer des sacrifices aux salariés et dans le mêmetemps demander des aides au gouvernement. La crise économique leur sert aujourd'hui d'alibi pourbrader et délocaliser nos entreprises. Dernier exemple significatif : l'entreprise CUNO.

VŒUX DE LA SECTION DU PCFJeudi 14 janvier, salle Caron

avec la participationde Alain Bocquet et Jacky Hénin

ÇA NE VA PAS ENSEMBLE !Le dernier conseil municipal à Calais a eulieu le 9 décembre. Comme à son habitude,l'UMP a défendu par la voix de NatachaBouchart la politique de Sarkozy, riend'étonnant bien sûr !Les militants communistes distribuentactuellement au porte à porte leur journal«Réalités du Calaisis» portant notammentsur la faramineuse hausse de 15% enmoyenne des impôts locaux... Une réalitéqui n'a pas plu à la maire UMP qui a faitenlever les affiches du PCF dénonçantcette arnaque (notre photo).Par contre, la nouvelle municipalité n'hésitepas à afficher à grands frais ses pro-messes !LL 'ÉVÉNEMENT'ÉVÉNEMENT de cette fin

d'année se dérouleraimmanquablement à Calais

les 6ème Feux d'hiver organisés parla Scène nationale Le Channel du27 au 31 décembre. Une manifes-tation artistique, festive et populai-

re venant comme un parfum d'hu-manité, réchauffer l'atmosphère decette ville où l'humanité justementne règne pas toujours (la faute àqui M. Besson ?). Les anciensabattoirs rénovés (10 minutes àpied à partir de la gare et de l'hôtel

de ville) vont se métamorphoserune fois encore, en joyeuxdésordre incandescent, chaquejour de 7 heures du matin jusqu'aucoeur de la nuit avec embrase-ment des feux à à l'intérieurcomme à l'extérieur des lieux. LesFeux d'hiver... une ville réinventéedans la ville, «sans casque lourd nireconduite à la frontière», «amica-le et enluminée, tout en éveil et encuriosité, de l'aube à la nuit tom-bée». On y vient de l'Europe entiè-re. Alors, pourquoi pas vous ? Il ya à voir, mais aussi à lire et mêmeà boire et à manger. Les spectacleles plus chers sont à 3 euros, lesautres sont gratuits ! Le program-me est extrêmement riche. Àconsulter complet surwww.lechannel.org

* Le Channel, 173 boulevardGambetta à Calais.

CALAIS, DU 27 AU 31 DÉCEMBRECOMME UN PARFUM D'HUMANITÉ,VOICI VENIR LES FEUX D'HIVER !

�� Droit de regardChaque semaine, l'équipeBouchart gravit un échelon surl'échelle de la bêtise. Dernierexemple en date : la semaine pas-sée quand «La Voix du Nord»nous apprenait que MesdamesCatoire et Graziella ne seraientpeut être plus à l'affiche de lafameuse revue patoisante (commeils le sont depuis plus de 25 ans...)car... la municipalité voudrait undroit de regard sur leurs textes.Oui Madame ! C'est ça la démo-cratie en bouchardie. Dans lamême veine que le député UMPEric Raoult qui souhaiterait que lesécrivains aient un devoir de réser-ve (suite aux déclarations deMarie N'Diaye, prix Goncourt2009, parues en août dernier dans«Les Inrockuptibles» sur la Francede Sarko)... De mieux en mieux.On se demande s'ils se rendentcompte de l'énormité de ce qu'ils

disent. Moralité : les staliniens nesont pas forcément ceux que l'oncroit.�� Scoop : la neige ça fondC'est bien avec la municipalité, çachange... Pour les fêtes de find'année, Natacha Bouchart a déci-dé de mettre le paquet (de neige),et de recréer un «village desneiges» sur la place d'Armes. Auprogramme : balade en raquettes,piste de ski de fond, piste deluge... le tout sur de la vraie neigebien sûr. Enfin, ça c'est ce qui étaitannoncé par la municipalité. LesCalaisiens qui ont décidé de veniry voir de plus près ce week-endn'ont pas été déçus. La cata. Touta déjà fondu comme neige ausoleil et en plus y a pas de soleil...Combien elles coûtent déjà lesanimations de Noël de Natacha ?Ah oui, 480.000 euros... Nous yreviendrons.

EN BREF...

L’ACTUALITÉ DE LA SEMAINE VUE PAR BABOUSE

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DDANSANS son discoursdʼouverture au 8e

sommet de lʼALBA-TLC (Alliance boliva-rienne pour lespeuples de notre

Amérique - traité de commercedes peuples) qui sʼest tenu à laHavane les 13 et 14 décembre,Raul Castro déclarait :«Lʼétablissement de bases mili-taires dans la région est lʼexpres-sion dʼune offensive hégémoniquede la part du gouvernement améri-cain et constitue un acte dʼagres-sion contre toute lʼAmérique latineet les Caraïbes.Elle confirme leur intention dʼappli-quer leur doctrine politico-militairevisant à occuper et à dominercoûte que coûte le territoire quʼilsont toujours considéré comme leurarrière-cour.La réactivation de la IVe flotte(NDLR : au large du Brésil) avecune capacité dʼobjectifs opération-nels et stratégiques tels quʼénon-cés, de manoeuvres même dansles eaux territoriales des pays dela région prouve que lʼEmpire nesʼimposera aucune limite saufcelle qui viendra de la résistanceque nous serons capables dʼoppo-ser».Cette appréciation de R. Castro dela politique actuelle du gouverne-ment américain en Amérique latineet aux Caraïbes rejoint les proposrécents dʼHugo Chavez et dʼEvoMoralès sur lʼinstallation desbases américaines en Colombiemais aussi ceux de pays réunis ausommet de lʼUNASUR fin août2009.Alors quʼen avril 2009, BarackObama, au sommet des Amériqueà Trinidad-Tobago avait annoncéde nouvelles relations entre lesÉtats-Unis et lʼAmérique latine,dans un esprit dʼouverture, il nʼafallu que quelques mois pour queles pays membres de lʼALBA et audelà expriment leurs inquiétudesface à lʼinterventionnisme améri-cain sur le Continent.

Le recul de lʼinfluenceaméricaine sur le continent

Pour de nombreux analystes,lʼAmérique latine a cessé dʼêtrelʼarrière cour des États-Unis, auplan économique comme au planpolitique même si elle garde desliens privilégiés avec les États-Unis.Le recul de lʼinfluence étatsunien-ne a coïncidé pour lʼessentiel avecles deux présidences Bush, mais ilavait déjà commencé au temps deB. Clinton.Au plan économique, les paysdʼAmérique latine et des Caraïbes,même les plus dépendants deWashington, développent desrelations économiques et commer-ciales avec les pays asiatiques etnotamment avec la Chine, maisaussi avec lʼInde.Dans le cadre des relationséconomiques Sud-Sud, les paysdʼAmérique latine nouent des liensavec les pays africains et avec lʼIran.Le dernier voyage du président ira-nien Ahmadinejad nʼavait pas quʼuneportée politique, il visait également ledéveloppement de relations com-merciales avec des pays latino-amé-ricains, Bolivie, Vénézuéla et surtoutBrésil (pour lʼapprovisionnement enuranium).Sur le continent, le Brésil, annéeaprès année, sʼimpose comme unacteur économique et politique depremier plan, contrariant les inté-

rêts des États-Unis et développentses relations avec la Chine.Perdant son quasi monopole éco-nomique, les États-Unis perdentaussi leur influence politique.On a coutume désormais de dis-tinguer les pays de gauche radica-le et les pays de gauche modé-rée : les premiers sʼopposant àlʼempire, les seconds prêts à com-poser avec lui en acceptant «lʼéco-nomie de marché».Or le situation un plus complexe, cardes pays dits modérés comme leBrésil ou lʼArgentine sʼaffranchissentde la tutelle américaine.Pays «radicaux» et pays «modérés»ont ensemble repoussé la zone delibre échange pour toute lʼAmériquetentait d i̓mposer Bush (ZLEA).

Des organisations dʼintégration sesont mises en place, intégrationéconomique comme le MERCO-SUR (marché commun du Sud delʼAmérique) lʼALBATIC, intégrationéconomique et culturelle et decoopération politique, lʼUNASUR(Union des nations sud-améri-caines) intégration politique.Les États-Unis sont absents deces organisations et ne parvien-nent même plus à contrôler lʼOEA(organisation des États améri-cains) comme ils le faisaient autre-fois. La réunion de Trinité etTobago a montré le recul desÉtats-Uns alors même que B.Obama tentait de retrouver laplace dominante des États-Unis.

Les objectifs de la politiqueaméricaine

Même si la politique extérieureaméricaine semble davantagetournée vers le Moyen Orient etlʼAsie, lʼAmérique latine reste unenjeu fondamental.Un enjeu dʼabord énergétique. Lesdiscussions actuelles sur leréchauffement climatique mon-trent que les États-Unis continuentde miser, au moins dans la pério-de actuelle, sur les hydrocarbures.Or lʼAmérique latine pourvoit à30% des besoins en pétrole desÉtats-Unis avec pour principauxfournisseurs le Mexique, leVénézuéla, mais aussi lʼÉquateur,la Colombie et de plus en plus leBrésil.Le gouvernement américain sou-haiterait augmenter cette propor-tion pour diminuer sa dépendanceà lʼégard du Moyen Orient et delʼAfrique de lʼOuest.Or, les réserves les plus impor-

tantes se trouvent au Vénézuéla(pétrole et gaz) en Équateur(pétrole et gaz) en Bolivie (gaz) etau Brésil (pétrole et gaz).Aucun de ces pays nʼest favorableà des engagements à long termeavec les États-Unis. Les trois paysmembres de lʼALBA (Vénézuéla,Bolivie, Équateur) sont hostiles àlʼEmpire, le Brésil est en concur-rence avec lui.Le second enjeu est géostraté-gique, dʼordre politique. Le dangerle plus important pour les États-Unis, outre les initiatives brési-liennes est lʼALBA, cʼest-à-dire unnouveau mode de relations entreles nations sud-américaines et desCaraïbes, en liaison avec les mou-vements sociaux, préconisa une

intégration continentale sur labase de lʼindépendance desnations, de leur coopération et dela pleine reconnaissance des iden-tités.En effet, lʼALBA (alternative boliva-rienne pour les Amériques deve-nue alliance bolivarienne pour lespeuples de notre Amérique) pré-tend sʼadresser à tout le continentsud-américain pour des coopéra-tions économiques et culturellesavec la mise en place grâce à laBanque du sud dʼentreprises«grand nationales» (par opposi-tion aux transnationales ou multi-nationales) dans le domaine delʼénergie, de la pêche de lʼagricul-ture, des mines et télécommunica-tions. La création du sucre, mon-naie de compte entrant en vigueuren janvier 2010 permettra de sʼaf-franchir du dollar.La coopération culturelle et decommunication dépasse les paysde lʼALBA.Ainsi Telesur, la chaîne de télévi-sion a pour pays fondateurs, leVénézuéla, Cuba, lʼUruguay etlʼArgentine et comme pays obser-vateurs la Russie, lʼIran, Haïti.LʼALBA, en dénonçant le «consen-sus de Washinton», crédo du libé-ralisme sur le continent américainmet en cause lʼhégémonie desÉtats-Unis et le système lui-même.La contre-offensive américaineLes États-Unis ne se résignentpas à leur recul et veulent recon-quérir le terrain perdu.Pour cette reconquête, les États-Unis sʼappuient sur certains alliés :la Colombie, le Mexique, le Pérouet aussi le Costa Rica.

Nʼayant pu obtenir lʼALCA ou ZLEA(zone de libre échange pour toutelʼAmérique), ils ont signé des traitésde libre échange avec certains pays.Au delà des pays, lʼEmpire peutcompter sur les forces hostiles auchangement sur les oligarchies.R. Castro dans son discours dʼou-verture au 8ème sommet de lʼALBAdistinguent deux forces histo-riques en Amérique latine : «unmodèle politique dépendant, élitis-te et exploiteur hérité du colonialis-me et du néo-colonialisme, subor-donné à lʼEmpire et du coté oppo-sé, des forces politiques révolu-tionnaires et progressistes quireprésentent. Les classes tradi-tionnellement marginalisées et dis-criminées».

Les États-Unis sʼappuient doncsur ces pays et sur les forces quilui sont subordonnées pour pré-server leur propre pouvoir.Ainsi les États-Unis ont-ils soute-nus, voire même initié le coupdʼÉtat militaire au Honduras etcontinuent à soutenir le régimeissu du putsch en validant les der-nières élections présidentielles etlégislatives.Le 24 juillet 2009, au Costa Ricasʼest tenu le 9e sommet Tuxtlavisant à faire progresser le planPueblo-Panama, appelé MIDP(projet dʼintégration et de dévelop-pement américain). À lʼorigine, ilsʼagissait dʼun vaste plan dʼinfra-structures : autoroute des États-Unis jusquʼau Panama, construc-tion de barrages soit plus de100 projets pour un montant de8 milliards de dollars. Ces infra-structures sont construites sansaucun respect des populations(notamment amérindiennes) et dela biodiversité.Au sommet de 2009, sʼest ajoutéela préoccupation de la «sécurité».Il sʼagit, toujours selon le mêmeprétexte invoqué par les États-Unis pour justifier leur interventionde lutter contre le trafic de drogue,le crime organisé et le terrorisme.Il sʼagit dʼétendre à toute la région,jusquʼau Panama «lʼinitiative deMérida» pour le Mexique qui per-met à des agents et des militairesaméricains de pénétrer dans lesterritoires.Le MIDP est en quelque sorte uneréactivation de la ZLEA (zone delibre échange pour lʼAmérique)repoussée sous lʼère Bush et uneopportunité pour lʼinterventionnis-me militaire étatsunien.Ont été aussi proposées «les

Voies de la prospérité» visant àcréer sous la houlette des États-Unis, lʼalliance de pays situés lelong du pacifique : Chili, Pérou,Colombie, Panama et Mexique.LʼÉquateur serait ainsi le seuldébouché pour le Brésil sur lePacifique vers lʼAsie.Autre initiative des États-Unis : lasignature en octobre 2009 dʼunaccord avec la Colombie sur lamise à disposition de lʼarmée amé-ricaine de 7 bases militaires dontla base de Palanquero utilisablepar de gros bombardiers.Lʼobjectif selon la Colombie et lesÉtats-Unis : lutter contre le traficde drogue, le crime organisé et leterrorisme (les FARC et lʼELN,guérilla guévariste).

Le président Uribe présente cetaccord comme la suite du planColombie signé en 1999 par leprésident colombien Pestrana et leprésident américain B. Clinton,pour la période 1999-2005. Letrafic de drogue nʼa pas cessé, enrevanche des milliers de paysansont été déplacés et leurs culturesruinées.En 2005, G.W. Bush avait vouluprolonger le plan Colombie parlʼinitiative régionale Andine, cʼest-à-dire étendre le plan à toute larégion. Le Vénézuéla a repousséla proposition du Bush.En 2009, le gouvernement deB. Obama installe ses bases enColombie, créant une vive tensionavec le Vénézuéla directementvisé, mais aussi avec lʼÉquateur.Il est également question dʼinstal-ler une base au Panama où ungouvernement de droite a été élu,ce qui mettrait fin à la neutralité duPanama, décidée au temps duprésident J. Carter.Si, en janvier, le Chili basculait àdroite comme lʼindiquent les son-dages, cela «donnerait des ailes àune droite réactionnaire qui veutfreiner les mouvements populairesà lʼœuvre en Amérique latine»comme le dit Guillermo Teillier,président du parti communiste chi-lien, surtout après le putsch duHonduras.Lors de la réception dʼOslo, le prixNobel de la paix B. Obama aexpliqué que la guerre enAfganistan était une guerre justepuisquʼil fallait lutter contre leterrorisme et défendre les intérêtsaméricains.Lʼexplication vaut-elle pourlʼAmérique latine ?

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Liberté 62 n°892 - Le 18 Décembre 2009- 14 -

Monde

Sommet de l’Alba à La Havane (de gauche à droite) : Daniel Ortega ; Hugo Chavez ; Raul Castro et Evo Morales. Photo AFP

ÉTATS-UNIS - AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES«L’OFFENSIVE HÉGÉMONIQUE» DES ÉTATS-UNIS

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Liberté 62 n°892 - Le 18 Décembre 2009 - 19 -

LLʼ A R C H I T E C T U R Eʼ A R C H I T E C T U R Enous offre maintesoccasions de découvrirles empreintes qui ontmodifié nos connais-sances. Aussi, lʼindus-

trie avec les grandes mutations duXIXème siècle a marqué tout le pay-sage de la région. Ces formes des«châteaux» expriment le pouvoirdu capitalisme «triomphant» ;aujourdʼhui, tout est dans une cer-taine idée dʼun continuum histo-rique et patrimonial. Cʼest unregard «obligatoire» en face de cequi existe ou de ce qui a existé.Les manufactures diversesdémarrent au XVIIème siècle. Larévolution industrielle prit sonessor depuis la forge. Le patrimoi-ne industriel est devenu une com-posante indissociable de notreenvironnement.Durant ces deux derniers siècles,la révolution industrielle a extrait,transformé, transporté et négociéle paysage comme jamais aupara-vant. Elle a laissé un patrimoinetechnique, formel et culturelexceptionnel. Quid de la ville pouret par lʼindustrie ? Il est vrai que letertiaire ou les services nʼont pasla même place et ne laisserontque très peu de traces (voire pasdu tout) dans nʼimporte quellelocalité.

RichessesLʼhéritage industriel est riche,parce quʼil intègre une architectu-re, des machines et des procédés,des productions avec une certainecohérence. Les nécessités tech-niques de lʼextraction du charbondans le bassin minier duNord/Pas-de-Calais ont développétout un impact environnementalqui perdure aujourdʼhui… Lescharbonnages ont façonné le terri-toire : regardons les terrils, cescollines artificielles, qui étaientsynonymes de lʼexpansion écono-mique. Dʼaucuns lʼinterprètentcomme une «archéologie indus-trielle» liée aux histoires locales,au monde du travail, aux protec-tions actuelles des sites (Lewarde,Loos-en-Gohelle, Oignies, Auchel,Wallers- Arenberg, etc…) En juillet

1849, un premier sondage étaitouvert à Annay-sous-Lens, ce futle début dʼune très grande aventu-re humaine, économique, tech-nique, voire technologique.La permanence du tourismeindustriel prouve lʼintérêt grandis-sant de la population pour sonpatrimoine. il devient, alors, pos-sible de s'interroger sur le phéno-mène de la construction de la villeindustrielle autour de ses unités deproduction. Dans de nombreusesvilles, il est courant de lire sur lesplaques ; rues de lʼIndustrie, de laFabrique, de la Fonderie, desMétaux, des Fosses minières.Le témoignage de ces traces resteindélébile et la répétition desmotifs industriels et des manufac-tures conserve un aspect de topo-nymie approfondie. Aux impératifsdu charbon, de la sidérurgie, dutextile, lʼon comprend aisémentlʼimportance des architectures«colossales». Le paysage indus-triel et urbain ou semi-urbain delʼessor industriel nous incite àobserver la fonction première. Ilest fait grand cas, actuellement,de la place de la mine alors queles premiers coups de pioche duLouvre-Lens vont démarrer avecemphase.Cʼest lʼhistoire de tout un territoire.Chevalements, molettes, chemi-nées, tours, jeux de briques,poutres métalliques, colonnes enfonte, sont les vecteurs dʼun prag-matisme industriel évident. Les

populations locales vivaient àproximité des lieux de production.Le logement en est «la suitelogique» de tout un accompagne-ment social, (vu à travers, bienévidemment, le prisme dʼun espritde paternalisme).La reconversion et la réhabilitationde certaines usines traduisent toutun système de valeurs, renduactuel par la transmission «usuel-le» de ces identités. Noussommes dans un monde en mou-vement mais dans le mêmetemps, cʼest lʼintérêt historique quiprédomine, il est impossible de lesoustraire à notre regard contem-porain.Les décisions de lʼurbanismereprésentent un tel enjeu quʼil estimpossible dʼen diminuer lʼimpor-tance de toutes les strates qui ledéfinissent (Euralille, par exemple,est un ensemble dʼavant-garde, ilnʼy a pas si longtemps lʼon trouvaità cet endroit le quartier desDondaines avec un bidonville enpériphérie immédiate de la gareSNCF). Les nouvelles valeursdʼusage - tel le terril - transformentsa conservation en lieu de loisirs.Cʼest le trait dʼunion intergénéra-tionnel. Le regain dʼintérêt estimmense et les publications surtous ces domaines sont légion.Valoriser le patrimoine hérité, cʼestrépondre à une certaine idée de lamodernité.

Pierre Pirierros

ARCHITECTURELES EMPREINTES INDUSTRIELLES

DU NORD/PAS-DE-CALAIS

Le chevalement…Dans l'extraction minière, le chevalement est la structure qui sert àdescendre et remonter les mineurs, ainsi que le minerai, via une caged'ascenseur. Qu'il soit en bois, en métal ou en béton, le chevalementremplit toujours la même fonction: il supporte les molettes par dessuslesquelles passent les câbles d'extraction qui, mus par la machinerie,plongent au droit du puits pour retenir la cage. Élément essentield'une exploitation minière souterraine, le chevalement en est le bâti-ment de loin le plus visible et le plus haut avec les terrils et, de fait, leplus symbolique. C'est pourquoi sa fonction va au delà du lien entre«le jour» et «le fond» : par la diversité de son architecture (aucun che-valement n'étant identique à un autre), il souligne la particularité dupaysage minier, mais permet également d'identifier la compagnieminière qui l'a élevé. Dans notre région, les chevalements étaient par-fois désignés par le terme «beffroi», en raison de leur forme.Au-delà de cette diversité, la forme des chevalements revêt néan-moins des formes répétitives, essentiellement en fonction de l'empla-cement de la machine d'extraction : lorsque celle-ci est située au sol(dans un bâtiment dédié ou dans le même hall que le chevalement), latour du chevalet s'élèvera jusqu'au niveau des molettes et s'appuierasur de forts jambages obliques afin de contrer les forces de tractiondu câble aussi bien que des cages au sein du puits; lorsque leconstructeur choisit de placer la machine en haut du chevalet, ce der-nier prendra généralement la forme d'une tour en béton ou en acier(avoisinant les 60 mètres).

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