l a i r o t i d re i a m o - Eirene Suisse · 2018. 9. 3. · Nicaragua Une école en plein milieu...

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La présence d'Eirene en Amérique cen- trale ne date pas d'hier... Elle remonte à la fin des années septante/début des années quatre-vingt, lorsque le Groupe Volontaires Outre-Mer a décidé de s'engager solidairement aux côtés de mouvements sociaux populaires qui revendiquaient une vie meilleure pour leurs peuples. Par l'envoi de volon- taires ou l'engagement de profession- nels déjà sur place, GVOM a soutenu la révolution sandiniste au Nicaragua puis le FMLN au Salvador. Le mouve- ment sandiniste portait alors les espoirs de libération de tout le continent amé- ricain. Pour ces volontaires de l'époque «c'était la preuve que dans un moment historique donné, une réelle solidarité pouvait exister, pas simplement au niveau individuel, mais aussi à un niveau macro, une société entière où les gens étaient solidaires». Pendant les quelques trente années qui ont suivi, la solidarité avec le Nicaragua et le Salvador n'a jamais cessé. Elle s'est adaptée. En effet, après avoir appuyé les actions de développe- ment du gouvernement révolutionnaire sandiniste ou du FMLN, les volontaires se sont engagés auprès des organisa- tions non-gouvernementales apparues pour pallier au manque d'initiatives des gouvernements centraux. Ils ont égale- ment collaboré avec des municipalités progressistes. Fin des années quatre- vingt, le Costa Rica devenait un nou- veau pays d'engagement, notamment pour des actions liées à la protection de l'environnement et à la promo- tion de l'agriculture biologique. C'est ainsi que plus de soixante volon- taires de notre organisation, avec les profils les plus variés, se sont succédés dans cette région du monde au cours des trente dernières années. On pour- rait légitimement se demander si cela a encore un sens, aujourd'hui, de conti- nuer à y envoyer des volontaires: le niveau de vie moyen et les conditions de vie de la population se sont amé- liorées notamment grâce aux gou- vernements actuellement en place... Mais le problème de la répartition des richesses est loin d'être réglé... Par ailleurs, les pays d'Amérique cen- trale viennent d'être touchés par des pluies torrentielles. Même si le coût en vies humaines est moins élévé que lors des précédentes inondations, les dégâts matériels - effondrement de ponts, routes coupées par des glissements de terrain, habitations rendues inhabita- bles - sont énormes. A cela vient s'ajou- ter le fait que les pluies ont anéanti les récoltes qui s'annonçaient excel- lentes... Il va falloir, une fois de plus, importer au prix fort... L'autonomie semble de nouveau être un mirage... La présence solidaire de ces volon- taires, comme collaborateurs, comme témoins et comme amis, prend tout son sens en de pareils moments. B. Faidutti Lueber Editorial Photo: R. Jeanrichard Décembre 2011 N° 52 Editorial Nicaragua Une école en plein milieu de la forêt tropicale La Côte atlantique du Nicaragua, une identité distincte La violation des droits des femmes au Nicaragua Salvador La sensibilisation, une part inté- grante du travail du volontaire Brèves Visites Laurien Ntezimana et Jean-Pierre Kabirigi / Michael Sommaire

Transcript of l a i r o t i d re i a m o - Eirene Suisse · 2018. 9. 3. · Nicaragua Une école en plein milieu...

  • La présence d'Eirene en Amérique cen-trale ne date pas d'hier... Elle remonte àla fin des années septante/début desannées quatre-vingt, lorsque le GroupeVolontaires Outre-Mer a décidé des'engager solidairement aux côtés demouvements sociaux populaires quirevendiquaient une vie meilleure pourleurs peuples. Par l'envoi de volon-taires ou l'engagement de profession-nels déjà sur place, GVOM a soutenula révolution sandiniste au Nicaraguapuis le FMLN au Salvador. Le mouve-ment sandiniste portait alors les espoirs

    de libération de tout le continent amé-ricain. Pour ces volontaires de l'époque«c'était la preuve que dans un momenthistorique donné, une réelle solidaritépouvait exister, pas simplement auniveau individuel, mais aussi à unniveau macro, une société entière oùles gens étaient solidaires».

    Pendant les quelques trente années quiont suivi, la solidarité avec leNicaragua et le Salvador n'a jamaiscessé. Elle s'est adaptée. En effet, aprèsavoir appuyé les actions de développe-ment du gouvernement révolutionnairesandiniste ou du FMLN, les volontairesse sont engagés auprès des organisa-tions non-gouvernementales apparuespour pallier au manque d'initiatives desgouvernements centraux. Ils ont égale-ment collaboré avec des municipalitésprogressistes. Fin des années quatre-vingt, le Costa Rica devenait un nou-veau pays d'engagement, notammentpour des actions liées à la protectionde l'environnement et à la promo-tion de l'agriculture biologique.

    C'est ainsi que plus de soixante volon-taires de notre organisation, avec lesprofils les plus variés, se sont succédés

    dans cette région du monde au coursdes trente dernières années. On pour-rait légitimement se demander si cela aencore un sens, aujourd'hui, de conti-nuer à y envoyer des volontaires: leniveau de vie moyen et les conditionsde vie de la population se sont amé-liorées notamment grâce aux gou-vernements actuellement en place...Mais le problème de la répartitiondes richesses est loin d'être réglé...

    Par ailleurs, les pays d'Amérique cen-trale viennent d'être touchés par despluies torrentielles. Même si le coût envies humaines est moins élévé que lorsdes précédentes inondations, les dégâtsmatériels - effondrement de ponts,routes coupées par des glissements deterrain, habitations rendues inhabita-bles - sont énormes. A cela vient s'ajou-ter le fait que les pluies ont anéanti lesrécoltes qui s'annonçaient excel-lentes... Il va falloir, une fois de plus,importer au prix fort... L'autonomiesemble de nouveau être un mirage...La présence solidaire de ces volon-taires, comme collaborateurs, commetémoins et comme amis, prend toutson sens en de pareils moments.

    B. Faidutti Lueber

    Edito

    rial

    Photo: R. Jeanrichard

    Décem

    bre 201

    1 N° 52

    EditorialNicaraguaUne école en plein milieu de laforêt tropicaleLa Côte atlantique du Nicaragua,une identité distincteLa violation des droits desfemmes au NicaraguaSalvadorLa sensibilisation, une part inté-grante du travail du volontaireBrèvesVisitesLaurien Ntezimana et Jean-PierreKabirigi / Michael

    Sommaire

  • Afin d’appuyer ce centre et ledéveloppement de l’agroforesterieau sein des communautés locales,FADCANIC a construit en 2004,avec le soutien de la coopérationnorvégienne (NORUEGA), un cen-tre d’éducation en environnementet en agroforesterie (CEAA =Centro de Education Ambiental yAgroforestal) qui vise une utilisa-tion durable et cohérente des res-sources naturelles. C’est une écoleprivée qui a la reconnaissance dugouvernement par l’intermédiairedu Ministère de l’Education(MINED) pour enseigner troisannées de secondaire. Ce lien per-met au Directeur Winston Cash dedélivrer à la fin de chaque année(fin novembre) des titres approu-vés par l’Institut NationalTechnologique (INATEC) recon-

    naissant la qualité de l’enseigne-ment dispensé à Wawashang. Ilexiste deux cursus: celui de tech-nicien rural en agroforesterie et enenvironnement de base et celui demenuisier-charpentier. Au termede leur apprentissage, les élèvessortent avec un certificat d’apti-tudes professionnelles. Cer-tainscontinuent dans une école tech-nique (obtention de l’équivalentsuisse d’une maturité), d’autressont engagés par FADCANIC. Laplupart, pourtant, retournentauprès de leurs communautéspour apporter leur connaissance àl’exploitation familiale.

    Ce campus fonctionne en quasiautonomie et dispose de salles declasse, de dortoirs, d’une biblio-thèque, d’un atelier, d’une menui-serie, d’un laboratoire, d’une can-tine-cuisine, d’une pépinière et desuffisamment de surfaces de terre(plus de 75ha) pour réaliser desexpérimentations sur les diffé-rentes manières d’associer arbres,cultures et animaux dans les sys-tèmes agroforestiers.

    Les produits cultivés à Wawashangsont autoconsommés et servent debase à l’alimentation des élèves,professeurs et autres techniciens et

    employés. Quelques 5'000 CHF.-sont nécessaires chaque mois pouracheter des compléments alimen-taires (viande, légumes, produitsde base,…) pour nourrir les 150personnes mangeant quotidienne-ment au centre.

    Actuellement une centaine defilles et garçons (jusqu’à 25% defilles selon les volées) étudient auCEAA. C’est une école multieth-nique où les jeunes représententles peuples indigènes de la Côtecaraïbe du Nicaragua: lesMiskitos, les Mayagnas, les Ramasainsi que les communautés ethni-ques Créoles, Garifunas etMestizos. Ils proviennent de plu-sieurs municipalités de la RAAS(Bluefields, La Cruz de RioGrande, Desembocadura, ElTortugero, Corn Island, Laguna dePerlas, Kukra Hill, Muelle deBueyes, Rama) et même de laRAAN (Bonanza, situé à 3 jours ducentre). Les jeunes habitent dansune trentaine de différentes com-munautés, dont notammentWuapi, Karamala, Tasbapaunie, LaFonseca, Chalmeca, El Paraiso,Chihuahua, Pueblo Nuevo,…

    Avant d’entrer au CEAA, il fautpasser, avec succès, le cours d’ini-

    Une école en plein milieu de la forêt tropicaleRaphaël Jeanrichard, ingénieur en environnement, souhaitait effectuer son service civil dans le cadre de pro-jets de coopération. Depuis la fin du printemps il appuie FADCANIC, un partenaire de longue date d'Eirenesur la Côte atlantique du Nicaragua. FADCANIC a créé à proximité du village de Pueblo Nuevo un centre dedéveloppement agroforestier durable. C'est là que Raphaël est basé. Ce centre, construit en 2000, se situe aubord du Rio Wawashang, où des terres de bonne qualité pour les cultures et en suffisance ont été trouvéesen plein milieu de la forêt tropicale humide. Cette institution se dédie à l’investigation, à la conservation età la production de cultures indigènes.

    Nicaragua

    Photos: R. Jeanrichard

  • tiation de 4 semaines (en décem-bre ou en janvier, selon lesannées) où sont introduits lerythme de vie de Wawashang etles pratiques agroforestières. Unexamen sélectionne les soixantemeilleurs élèves qui pourrontentrer en première année.

    Le projet FADCANIC-NORUEGAprend en charge tous les frais descolarité et de vie sur place; du

    transport depuis la communauté àl’achat de l’uniforme, des troisrepas journaliers à la brosse à dentsans oublier, bien évidemment, lesfournitures de matériel scolaire.Aujourd’hui, les infrastructures duCEAA peuvent accueillir jusqu’à150 élèves; deux nouveaux dor-toirs sont en construction.

    Une dizaine de professeur-e-s(ingénieur-e-s et technicien-ne-sspécialisé-e-s) donnent quelques1200 heures de cours à chacunedes 3 volées, sans compter lesheures de pratique aux champs.«On y enseigne des matièresbasiques (mathématiques, espa-gnol, anglais, histoire, géographie,civisme, éducation physique), desmatières techniques (physique,chimie, sciences naturelles, tech-nologie) et des matières spéci-fiques à la formation (ressourcesnaturelles, administration d’uneexploitation, gestion des sols et del’eau, cultures et systèmes agrofo-restiers, sécurité alimentaire, bio-diversité, gestion communautaire,énergie et environnement,…)»,nous raconte Leonidas Martinezprofesseur de matières spécifiques. En plus des devoirs et des projets,des tâches quotidiennes sont àaccomplir par l’ensemble desélèves. Cela permet de garantirl’entretien et le fonctionnement ducentre (collecter le bois pour lacuisine, nettoyer la cantine, main-tenir la pépinière, trier et recyclerles déchets, aménager le campus -décoration, servir à la cuisine).Ces activités sont importantes

    pour développer les valeurs deresponsabilité, de participation etde solidarité qui sont les piliersd’une bonne éducation.

    Les défis majeurs du directeurdans la gestion des jeunes sont lamotivation et l’indiscipline de cer-tains élèves qui se voient avertir etrenvoyer de l’école si leur com-portement ne s’améliore pas.«Chaque année, nous comptonsavec 20 à 30% de départs, princi-palement chez les premièresannées», annonce avec un peu deregret Prof. Winston Cash. «Lesélèves sont libres après les heuresde cours, mais ils doivent suivrecertaines règles et respecter lesautres. Ils peuvent aller au villageseulement en nous demandantl’autorisation.» Il semble que cetteprocédure ne soit pas toujours res-pectée.

    Une autre difficulté importanteréside dans la gestion financière.En effet, les fonds sont limités etles investissements savammentréfléchis. Toute requête doit entrerdans une planification bien budgé-tisée pour qu’elle soit recevable.Pour ne pas arranger les choses, laliaison internet qui permet uncontact avec l’extérieur et unecoordination avec le bureau deBluefields ne fonctionne plusdepuis 4 mois. Les techniciens tar-dent à venir rétablir la situation,ce qui ne facilite pas la communi-cation et la gestion du centre.

    Raphaël Jeanrichard

    Clément part en décembre conseiller les collaborateurs de PAIS, une organisation du Cap Haïtien quilutte pour le développement de communautés rurales isolées de la région. La consolidation de PAIS se fera parle biais de diverses formations, un accompagnement en gestion de projet, le développement de relations avecles bailleurs, la mise en réseau, etc.

    Francine, enseignante et membre du groupe Haïti, rejoint le Groupe Haïtien d'Education Nouvelle(GHEN), un réseau récemment constitué qui veut améliorer le système éducatif en Haïti à travers la formationinitiale et continue des enseignants de l'école primaire.

    Alain et Sylvie, intervenants en thérapie sociale formés par C. Rojzman, ont donné, en octobre,un séminaire d'introduction à la Thérapie Sociale à Désarmes, à la demande de GASA (Groupe d'AccordSolidarité Action).

    Alphonse, psychothérapeute, est engagé pour trois ans au sein de l'AMI. Depuis septembre, il assurela prise en charge psycho-sociale des traumatismes.

    Nicolas se rend à Désarmes pour quatre mois, en janvier, afin d'effectuer un diagnostique des actionsmenées par ODD (Organisation de Développement de Désarmes), un partenaire de longue date d'Eirene.

    Dép

    arts

    Photos: R. Jeanrichard

  • Nicaragua

    La Côte atlantique du Nicaraguaune identité distincte

    Existe-t-il deux Nicaragua? Voilà une question imper-tinente quand fleurissent les drapeaux et symbolesnationaux à la veille des élections nationales.Pourtant, depuis l’autre Nicaragua qu’est la Côteatlantique, le sentiment d’être à part est récurent,l’identité régionale étant même souvent placée audessus de l’identité partisane: récemment, un leaderdes jeunesses sandinistes de Bluefields me contaitqu’à choisir entre un Costeño libéral et un sandinistedu Pacifique lors d’une élection nationale, il n’hési-terait pas à voter pour le Costeño.

    La Côte atlantique présente des particularités cultu-relles et ethniques: elle compte une part importantede populations indigènes et afrodescendantes; poli-tiques: elle jouit d’un régime d’autonomie depuis1987 et l’adoption de la loi 28; historique: elle n’aété rattachée au Nicaragua qu’à la fin du 19e siècleet n’a jamais été colonisée, malgré une forte présenceanglaise à l’époque de la «conquista». Enfin, c’estaujourd’hui la région la plus défavorisée du pays: lesinfrastructures sont sous-développées, l’économieanémique et les riches ressources naturelles profitentpeu à la population. Le sentiment qui prédominechez les Costeños, vis-à-vis du pouvoir central et desélites du Pacifique, est la méfiance.

    Un peu d'histoireLa problématique de la démarcation territoriale illus-tre bien les spécificités et les difficultés contempo-raines de la Côte atlantique du Nicaragua. Le conflitterritorial date de la «réincorporation1» de laMosquita - royaume amérindien qui s'étendait le longde la Côte atlantique du Nicaragua et Honduras - aureste du Nicaragua. Un traité signé entre le gouverne-ment du Nicaragua et les Anglais stipulait l’obtentionde titres de propriété collective des communautéscréoles et indigènes sur les terres communales, lereste du territoire étant propriété publique. Dans lesfaits, peu de terres ont été légalisées à ce moment, ce

    qui a ouvert la porte à diverses spoliations: appro-priation par les cadres politiques et l’oligarchie, per-mis douteux d’exploitation de ressources et colonisa-tion par des paysans du Pacifique. Depuis lors, lethème de la propriété foncière est central dans lesrevendications autonomistes costeño. La loi d’auto-nomie 28 a précisé le droit des peuples indigènes etethniques à jouir de la propriété communautaire deleurs terres et ce droit a été réglementé par la loi 445sur le régime de propriété communautaire des peu-ples indigènes et des communautés ethniques. Cecadre légal prévoit l’examen systématique des reven-dications territoriales des populations de la côte etdéfinit les modes de concertation entre les autoritéscommunautaires, régionales et nationales. Toutefois,son application a pris un grand retard pour de nom-breuses raisons, différentes selon les territoiresconcernés.

    Terre et titres de propriétéAutour de Bluefields, on trouve deux situations trèsdifférentes: au sud, les populations du territoire Ramadisposent de titre de propriété au sens de la loi 445,alors qu’au nord, dans les territoires créoles deLaguna de Perlas, le processus semble s’éterniser.Cette différence de situation serait2 le reflet notam-

    La Suisse est un pays multiculturel; le Nicaragua aussi, même si peu de gens le savent. Pascal Blunier, ingé-nieur en environnement actuellement engagé dans des projets d'agroforesterie sur la Côte atlantique de cepays, nous explique la particularité de cette région.

    1 Le terme de réincorporation est le terme officiel, il serait peut-être plus juste de parler d’annexion, la Côte atlantique n’ayant auparavant jamais fait par-tie d’une entité politique nicaraguayenne.2 Ici, le conditionnel est important. Mes explications recoupent les informations glanées auprès de différents acteurs, principalement costeños. La réalitéest certainement encore plus complexe.

    Photos: P. Blunier

  • J’écoute le bulletin d’information radiophonique demidi à Bluefields... Une personne parle de la créationd’un lieu d’accueil pour les femmes qui désirent por-ter plainte pour violence domestique. Un lieu où laprise en charge et les procédures sont gratuites.L’oratrice exhorte ses paires à s’organiser et à s’y ren-dre, notamment les femmes habitant en zones ruralespour lesquelles il est souvent difficilement concevablede laisser au village leurs enfants ou leurs parents àcharge. Cette interview fait suite à l’annonce du meurtre d’unejeune fille de 17 ans; son ancien petit ami l’aurait tuéeà coup de machette, suite à leur séparation. On parleégalement d’une fillette de 11 ans, violée par son par-rain, qui va bientôt accoucher. «Les femmes ne sontpas la propriété des hommes», la violence n’est pasacceptable, une séparation ne justifie pas les coups,sont les messages du journaliste en fin d’émission.

    Qui sont les victimes? La violence domestique est très répandue auNicaragua où peu de couples sont mariés et les mèrescélibataires sont légions. Le viol fait l’objet de peu decondamnations, quand bien même son taux est trèsélevé. Une amie me confessait que la moitié de sesamies ont été violées. Des femmes, mais aussi desfilles prépubères, sont fréquemment victimes de vio-lence sexuelle. Ces actes peuvent trouver une justifica-tion au sein de la communauté. Un homme qui violeune fillette de 9 ans: «c'est parce qu'il n'a pas defemme; le pauvre gars1». Le machisme est dévastateur,s'exprimant à coups de machette le plus souvent. De plus, l’abolition du droit à l’avortement thérapeu-tique depuis 2007, avec l'arrivée au pouvoir duPrésident Ortega, a assené un coup supplémentaireaux droits de la femme de ce pays. Voilà la réaliténicaraguayenne.

    ment des conflits d’intérêts entre les communautés dela Côte atlantique et les autorités nationales et régio-nales. Au sud, il existe un grand projet de développe-ment de la région: la construction d’un port en eauprofonde relié par voie ferroviaire au Pacifique dansl’actuelle communauté de Monkey Point. Cette infra-structure présente un intérêt stratégique pour le paysqui ne dispose pas de voie maritime Atlantique. Il estprobable que la démarcation territoriale ait été per-çue comme un intérêt prépondérant pour pouvoir,aussi vite que possible, négocier avec les interlocu-teurs indigènes. La construction d’un tel projet ayantune exposition médiatique forte et internationale, ilsemblait difficile de ne pas tendre la main vers lescommunautés indigènes.

    Au nord, du côté de Laguna de Perlas, au contraire leflou actuel semble bénéficier plus à certains intérêtsde l’élite nationale que la réglementation. Un de cesintérêts est l’exploitation des essences rares. Avec labénédiction de l’institut national forestier, INAFOR,plusieurs concessions forestières ont été attribuées àdes entreprises internationales. Selon plusieursacteurs de la région, leurs conditions d’attributionsont fort contestables. La loi 445 prévoit les méca-nismes de concertation des autorités indigènes et larépartition des bénéfices de l’exploitation des res-sources naturelles. En l’état, ces concessions auraientété attribuées sans l’autorisation des autorités localeslégitimes et sans qu’il y ait un juste retour des béné-fices aux communautés. Un second frein important à la mise en œuvre du pro-cessus de démarcation territoriale est la présence descolons du Pacifique. De manière caricaturale, alorsque les communautés indigènes ont été traditionnel-lement localisées sur la côte et sur les rives des

    grands fleuves vivant principalement de la pêche, despaysans du Pacifique ont peu à peu colonisé lesterres des régions atlantiques, réalisant la culture surbrulis et l’élevage (et portant un préjudice fort surl’environnement). De nombreuses communautésmeztistos (de l’ethnie majoritaire des habitants duPacifique) se trouvent désormais dans les territoiresindigènes et ethniques de la côte. Ce phénomène estd’autant plus fort que ces territoires ont été offertsaprès guerre par le gouvernement central à d’ancienscombattants. L’arbitrage entre les intérêts des popula-tions indigènes et les colons est forcément un sujetcomplexe qui ralentit le processus de démarcation.C’est d’autant plus complexe que le gouvernementsandiniste a fait de l’attribution de titres de propriétédans tout le pays un argument de campagne.Récemment, il a tenté de court-circuiter le processusde démarcation en cours, pour légiférer unilatérale-ment sur la question, vraisemblablement aux dépensdes populations créoles de Laguna de Perlas.

    Pascal Blunier

    Nicaragua

    La violation des droits des femmes au Nicaragua Isabelle Frézier vit depuis quelques mois sur la côte atlantique du Nicaragua. Là, comme dans le reste du monde,les femmes sont quotidiennement touchées par la violence. Mais les femmes s'organisent aussi. Aperçu.

    Photo: R. Jeanrichard

  • 1 Notes personnelles prises lors d’un cours pour enseignants empiriques des zones rurales.

    2 L’enquête menée par Killias, Simonin & De Puy en 2003 met en évidence qu’une femme interrogée sur dix(10,5 %) subit des violences physiques ousexuelles dans une relation de couple au cours de sa vie d’adulte. Une femme sur trois (33 %) est victime de violences physiques ou sexuelles commisespar un proche ou un inconnu au minimum une fois au cours de sa vie d’adulte.

    3 Feuille d’information : Causes de la violence dans les relations de couple et facteurs de risque du BFEG.

    4 Le centre de Bluefields est co-financé par la jeune ONG espagnole Anesvad jusqu’en octobre 2012. Il existe de tels centres un peu partout au Nicaraguadepuis plusieurs années, mais seulement depuis 5 ans à Bluefields. Comme beaucoup d’autres organisations ou initiatives étatiques, celles-ci n’arrivent queplus tard sur la côte caraïbe.

    De la Suisse au NicaraguaEn Suisse, la violence domestique est également pré-sente, mais cette réalité est moins spectaculaire. Uneenquête révèle2 qu’une femme sur cinq subit au moinsune fois dans sa vie des violences physiques ousexuelles de la part de son partenaire. On estime quechaque année, en Suisse, quelques 10’000 femmesfont appel à la police pour des problèmes de violencedomestique. Une des causes principales de violence au niveau ducouple réside dans l’asymétrie de la répartition dupouvoir (comportement de domination et de contrôle,répartition des tâches, etc.)3. Cause qui, selon moi, estvalable tant au Nicaragua qu’en Suisse.Au Nicaragua, il existe un Commissariat de la Femmeet de l’Enfance (responsable du suivi des cas de vio-lence ou de fugue) mais il ne dispose que de peu demoyens pour faire de la prévention. Selon AmnestyInternational (Rapport 2011), l’accompagnement desvictimes de viol et de violence par les structures del’Etat est insuffisant. Afin d’illustrer les démarches exis-tantes de soutien aux femmes, j’ai choisi de présenterun centre privé, qui fait un travail de prévention de laviolence domestique en plus d’un accompagnementspécifique pour les victimes de violence.

    L’association IxchenA Bluefields, Ixchen est un centre4 privé qui offre uneprise en charge intégrale et gratuite aux femmes vic-times de violences. L’organisation fait partie del’Association Nicaraguayenne pour la nouvelleFamille (ANFAM). Une gynécologue donne des consultations et un labo-

    ratoire permet de faire diverses analyses de sang ou dedétecter le virus du SIDA. Lorsqu'une visite médicalerévèle des problèmes de santé liés à des violences, unaccompagnement est alors mis sur pied. Des observa-tions montrent malheureusement, que les femmesviendraient consulter losqu'elles sont déjà gravementatteintes dans leur santé. Il y a également une consul-tation juridique et psychologique. Tous ces servicessont accessibles à des tarifs préférentiels pour toutesles femmes.

    À côté de cette prise en charge au centre, des activitésde prévention sont réalisées dans les différents quar-tiers de Bluefields, au travers du projet soutenu parl'ONG espagnole Anesvad «Rompre avec la violationdes droits des femmes». Voici quelques exemplesd’actions:- Formation de leaders de quartier, afin de détecter et orienter les femmes qui pourraient profiter des services du centre Ixchen.

    - Présentation de films de sensibilisation sur les relations hommes-femmes suivie d’un moment de discussion et d’une distribution de préservatifs.

    - Ateliers d’information pour les enseignant-e-s.- Prévention du SIDA avec l'organisation d'un tournoi de foot: sept équipes se sont affrontées sur cette problématique, d’abord par le biais de questions (liga del saber) et ensuite lors d'un match de foot.

    Si les frais de base (structure et une partie des salairesdes employés) sont payés par Anfam, les activités deprévention elles, sont tributaires de l’argent que rap-portent les projets. Malheureusement, ces dernierssont limités dans le temps avec, pour conséquence,des périodes sans financement. Ceci entraine un rou-lement incessant au niveau du personnel, générale-ment engagé sous contrat à durée déterminée.

    L’actuelle directrice par intérim d'Ixchen est la nou-velle avocate du centre. Elle cherche activement desfinancements pour engager un-e gynécologue supplé-mentaire pour une durée indeterminée afin de soutenirle travail du médecin qui, aujourd'hui, ne consulteque l’après-midi entre 15h et 17h.

    Des actions comme celles de Ixchen, telle la formationdes leaders de quartiers pour informer les femmes, mesemblent pertinentes. Mais comment travailler dans ladurée sur l’organisation du couple, la non-violence,l’éducation ou l’émancipation des femmes? La prise encompte de la problématique du machisme auNicaragua est centrale. Le soutien des ONGs aux ini-tiatives des associations locales est alors essentiel: ilpermet de compléter les réponses encore insuffisantedes structures étatiques, voire de pallier à leur inexis-tence.

    Isabelle Frézier

    Photo: I. Frézier

  • Salvad

    or

    La sensibilisation, une part intégrante du travail duvolontaire

    Que fais-tu, en Suisse ou au Salvador,pour la promotion et le soutien de tonprojet? En Suisse, à la demande des organisa-tions qui me financent (Eirene Suisseet la CSSR), j’ai par exemple donnéune conférence cette année; jetémoigne au cours des weekendsannuels de GVOM/Eirene lors de mespassages. J’ai réuni mon groupe desoutien 2 fois depuis mon départ: unepremière fois après une année où j’aiparlé de mon travail en projetant desphotos, la deuxième fois à la fin demon premier contrat où j’ai réaliséune vidéo avec l’aide de Paco, lecoordinateur du projet, et d’un ami enSuisse qui m’a fait le montage bénévo-lement. J’ai présenté la vidéo à plu-sieurs reprises, notamment sur monancien lieu de travail. Sur l’initiatived’un ami pédiatre lié à MedicusMundi, j’ai présenté le projet à Bâle,en 2009, dans le cadre de leur Forumsur le thème des maladies chroniquesdans les pays en voie de développe-ment. Lors de mes séjours en Suisse jerencontre personnellement mes amisà qui je parle de mon travail. J'ai étéinterviewée plusieurs fois par desmédias suisses dont la radio régionalede Bienne, Canal 3. Cette année, surla proposition de Eirene, j'ai rencontrépersonnellement le représentant d'unbailleur. Depuis le Salvador, je rédige pénible-ment un courrier collectif par an,envoyé par courrier électronique àmes amis connectés et par courrierpostal aux personnes qui ne le sontpas. Avec l’aide d’un ami en Suisse, jebricole une carte de vœux de fin d’an-née personnalisée qui me sert aussi decarte de remerciements; celle-ci estenvoyée largement à tous mes amis etproches, membres du groupe de sou-tien actifs et non actifs. (...)

    Comment perçois-tu ton travail desensibilisation et de promotion? Est-ce quelque chose d'important à tesyeux? Je suis pleinement consciente de l’im-portance du travail de sensibilisationet de promotion. Oui, c’est quelquechose de nécessaire, mais pour moic'est une chose à laquelle je ne m’ha-

    bitue pas et qui me prend encorebeaucoup de temps et d’énergie. Jepense particulièrement à la rédactionet aux présentations en publique: j'aides idées mais j’ai de la peine à lesanalyser et les mettre en forme. J'aidonc besoin d’aide et de temps.Lorsqu'il s'agit d'intervenir seule et endirect, je stresse: ce n'est pas montruc! L'organisation des 2 rencontresavec mon groupe de soutien a repré-senté, à chaque fois, un grand travailpour lequel j'ai pris sur le temps demes courts séjours en Suisse.J’aime parler à mon entourage, mesamis, ma famille lorsque je sens unintérêt pour notre travail. Ceci est éga-lement valable pour toute personneintéressée, même s'il ne s'agit pas deproches ou de personnes connues.J’aime recevoir mes amis ici, auSalvador, et leur faire découvrir en«live» ce que je leur raconte avec desmots, pour qu’ils ressentent, voientpar eux-mêmes cette réalité et devien-nent, avec moi, des témoins de ce quiexiste hors de notre cocon helvétique.

    Qui sont les personnes de ton groupede soutien? Des amis, des anciens collègues detravail, des amis de mes amis, lesfamilles de mes amis, les membres dema famille, des amis de ma famille,des voisins de quartier, des ancienspatients devenus des amis…

    Au début de ton engagement, tun'étais pas à l'aise avec l'idée de

    groupe de soutien, s'agissait-il detimidité, de manque de motivation?Je ne crois pas que ce soit une ques-tion de timidité ou de motivation... Jecrois que j’ai tout simplement de lapeine avec l’un des objectifs desgroupes de soutien, à savoir celuid'outil de «récolte de fonds», bien queje sois consciente de son importance.Si je pense à ça, je me bloque: jedéteste vendre et encore plus me ven-dre ou vendre un produit pour lequelje suis impliquée. Alors je me concen-tre sur l’objectif «transmettre des infor-mations, faire connaître, sensibili-ser»… et ça va mieux!

    Tu es sur le terrain depuis 8 ans et tongroupe de soutien perdure, sans s'es-souffler. C'est même l'un des groupesde soutien de volontaires des plusactifs. Comment l'expliques-tu? Je n’ai pas une explication pour cela,j’ai des suppositions: à mon départ,j’avais plusieurs années de vie profes-sionnelle en Suisse derrière moi, doncun cercle d’amis bien établis, issus dedifférentes périodes de ma vie (amisd’enfance, de l’époque scolaire, for-mation et professionnelle) et aussi dedifférents milieux. Au long des annéesde vie, les amis qui restent sont ceuxqui partagent les mêmes intérêts, lesmêmes idées, les mêmes valeurs, lesmêmes utopies aussi. Ce sont ceux quinous ressemblent le plus. Pourquoices gens s’impliquent-ils? Je ne saispas; il faudrait le leur demander. C'estpeut-être mon intérêt et mon enthou-

    Depuis le Salvador où elle travaille comme physiothérapeute au sein de Los Angelitos, une association d'ap-pui aux enfants handicapés, Carole effectue un remarquable travail d'information.

    Photo: R. Fournier

  • Journal adressé aux membres de l’Association Eirene Suisse ainsi que sur abonnementAbonnement: 4 parutions par an: Frs 16.- Abonnement de soutien au journal: Frs 25.-Rédaction: B. Faidutti LueberOnt participé Textes: R. Jeanrichard, P. Blunier, I. Frézier, C. Buccella, C. Reichenbach, B. Faidutti Lueber,

    O. Lüthi, J. StrobelPhotos: R. Jeanrichard, P. Blunier, I. Frézier, R. Fournier, ASEPROLATraductions: I. Gerber, S. Lueber Relecture: B. Faidutti Lueber, B. Meystre

    Imprimerie: Rapidoffset, Le LocleMaquette: Atelier Diaphane, La Chaux-de-Fonds, [email protected]

    Eirene SuisseBd Pont d’Arve 161205 GenèveTél: 022 321 85 56

    [email protected] annuelle: Frs 50.-CCP: Eirene Suisse Genève 23-5046-2

    Brèves

    Eirene Suisse s'associe à la Galerie 16, pour présenter «Bleu Loa», une exposition de peintures de Pierre-Bernard Despland. L'artiste est le père de Basile Despland, volontaire actuellement en mission auprès del'Ecole Professionnelle de Désarmes, en Haïti. Vernissage le vendredi 2 décembre dès 17h30. L'exposition sedéroulera du 3 au 31 décembre. Venez nombreux et parlez-en autour de vous: les bénéfices de la vente sou-tiendront le projet de Basile. Galerie 16, rue du Mileu 16, Yverdon, horaires: me-je-ve 10h -12h30 et 14h - 18h30, sa 10h - 12h et 14h - 17h

    Le livre «dépasser la haine construire la paix» estenfin arrivé. Il est le fruit d'un travail collectif acharnéde collaborateurs et membres de la COTMEC etd'Eirene, de l'écrivaine Sandra Korol et du photo-graphe Serge Boulaz, tous proches de JustinKahamile, l'initiateur du projet. La première soirée devernissage a eu lieu à Genève, le 10 novembre der-nier. Celle-ci se devait d'être à la hauteur du projet etce fut le cas. Une centaine de personnes se sontdéplacées pour écouter les témoignages, parfoisdrôles, parfois bouleversants de Jean-Pierre Lindiro

    Kabirigi, Laurien Ntezimana et Angelo Barampama.Le livre a également été présenté dans trois librairie àSion, Lausanne et Fribourg. L'accueil fut très réjouis-sant et nous souhaitons longue vie à cet ouvrage d'es-poir!

    Vous pouvez commander le livre ainsi que destirages de photos de Serge Boulaz

    (30 x 40 cm à CHF 70.- et 35 x 50 cm à CHF 100.-)qui illustrent le livre à [email protected]

    Laurien Ntezimana et Jean-Pierre Kabirigi effectuent un échangeSud-Nord durant le mois de novembre, à l'occasion de la publication en Suisse du livre de témoignages de paixde la région des Grands lacs "Dépasser la haine, construire la paix". Laurien Ntezimanan est fondateur del'Association Modeste et Innocent (AMI) engagé pour la paix et la réconciliation au Rwanda. Jean-Pierre LindiroKabirigi, coordinateur de Pole Institute, un institut interculturel de RDC pour la paix dans les Grands Lacs etcoordinateur local Eirene Suisse. Leur venue en Suisse permet la promotion du livre, des échanges d'expé-riences avec des partenaires en Suisse et du travail de plaidoyer.

    Michael, peintre créole originaire de la Côte atlantique du Nicaragua et animateur socio-culturelséjourne un mois en Suisse romande. A son programme, des rencontres avec des acteurs des milieux socio-cul-turels et artistiques romands pour partager son expérience autour de l'élaboration de fresques avec les jeuneset découvir comment, en Suisse, l'art est un vecteur de l'expression collective.

    Visite

    s

    siasme pour ce que nous faisons iciqui leur donnent envie de partagernos efforts. Ils restent sensibles à l'ex-périence que je vis et continuent às’intéresser à ce qui ce passe dans cepetit pays dont on ne parle jamais.

    J’ai toujours aimé entretenir mes ami-tiés et je ne fais que continuer depuisle Salvador, même si c’est moins facileétant donné la distance et le fait que jene suis pas connectée à internet pen-

    dant la semaine. Je ne le fais pas pourmon groupe de soutien, je le fais sim-plement pour moi: mes amis me don-nent la force qu’il me manque parfoiset surtout me donnent des sacréscoups de main quand j’en ai besoin,chacun avec ses moyens (des conseilspratiques de physio ou éducation spé-cialisée, de graphisme, d’informa-tique, de droit, de finance, etc… Etaussi une grande aide morale dans lescoups durs), comme des vrais amis

    qu’ils sont pour moi. Et si j'écris péni-blement les courriers collectifs, j'aimepar contre répondre à mes amis et lefais de manière spontanée et indivi-dualisée chaque fois qu’ils m’écrivent.Sans eux et tout ce qu’ils m’apportent,sans l'appui de ma mère qui nousdonne un sacré coup de main aussi, ily a beaucoup de choses ici que nousn’aurions pas pu faire.

    Propos recueillis par C. Reichenbach

    Suite

  • Die Regionale Kampagne gegen die Flexibilisierung derArbeit (Campaña Regional contra la Flexibilidad Laboral,in Spanisch) hat 2009 eine neue thematischeAusrichtung vorgenommen. Seither versucht sie mittelsInterventionsstrategien in den einzelnen Ländern derzunehmenden Flexibilisierung von Arbeitsverträgen zubegegnen. Diese Neuausrichtung gründet auf derFeststellung, dass sehr viele Arbeitnehmende in derRegion oftmals nur noch befristet eingestellt werden,lediglich einen schlecht bezahlten Ausbildungsvertragkriegen oder ihre Arbeit in prekären Verhältnissen von zuHause aus verrichten müssen. Diese “neuartigen”Arbeitsformen haben sehr viele negative Konsequenzenfür die entsprechenden Beschäfigten. Neben der unge-

    nügenden Vertragsstabilität und Lohneinbussen ist dabeiinsbesondere der fehlende Anspruch auf Sozialversiche-rungs- und Lohnzusatzleistungen hervorzuheben. ImZusammenhang mit den Lohnzusatzleistungen ist wich-tig zu wissen, dass die Beschätigten in Zentralamerikaerst ab einer bestimmten Zahl gearbeiteter Tage pro JahrAnspruch auf einen 13. Monatslohn haben. So habentemporäre Arbeitsverhältnisse oftmals die Konsequenz,dass dieser Mindestwert nicht erreicht und das entspre-chende Salär nicht ausbezahlt wird. Dann ist es in ein-zelnen Branchen (Bauwirtschaft, Industrie, teilweiseauch im Diensleistungssektor) zunehmend üblich, kei-nen Arbeitsvertrag mit dem Hauptunternehmen zu erhal-ten, sondern mit einem künstlich dazwischengeschalte-ten “Vermittlungsunternehmen” (intermediario oder sub-contratista, in Spanisch). Dies hat die Konsequenz, dassdie Arbeitnehmenden keinen Anspruch auf dieLeistungen des Gesamtarbeitsvertrags haben.

    Ende September 2011 haben wir von der Kampagne einregionales Treffen in Guatemala veranstaltet, um eineBilanz der verschiedenen Interventionsstrategien zu zie-hen. Solche regionale Austauschtreffen sind wichtig,beschreiten wir doch mit unserer Strategie in allenLändern Neuland und der “intercambio” (Diskussion)zwischen den verschiedenen Personen hilft, Schwächenzu entdecken und Anpassungen vorzunehmen. In einzel-nen Ländern hat die Kampagne grosse Fortschritteerzielt. So hat die Kampagne Guatemala einen soge-nannten “acuerdo gubernativo” (ein Art präsidiales

    Dekret) ausgearbeitet, welches die irreguläreAnwendung von neuartigen Arbeitsverhältnisse unterschärfere Strafe stellt. Beschäftigt also beispielsweise einHauptunternehmen seine Arbeiter über einVermittlungsunternehmen, um diese künstlich aus demGeltungsbereich des Gesamtarbeitsvertrags auszuklam-mern, soll dies künftig mit einer Busse bestraft werden.Oder falls ein Unternehmen die Sozialversicherungs-quoten nicht an das entsprechende staatliche Institutabliefert, kann dies den Entzug der Betriebsbewilligungzur Folge haben. Das entsprechende präsidiale Dekretwurde mit der Hilfe eines Anwalts und dank demZusammengehen der Kampagne mit anderen arbeits-rechtlichen Organisationen ermöglicht und soll noch inder laufenden Legislatur vom Präsidenten Guatemalasverabschiedet werden.

    Eine zweite ermutigende Entwicklung zeigt sich inNicaragua. Dort hat die zuständige Kampagne inZusammenarbeit mit anderen Gewerkschaften undsozialen Organisationen bereits im Jahre 2009 einenGesetzesvorschlag zur Regulierung von Outsourcing-Aktivitäten erarbeitet. Insbesondere im vergangenen Jahrhat die Kampagne hierzu eine intensive Sensibilisie-rungs- und Lobbykampagne geführt. SozialeFührungsfiguren aus dem ganzen Land wurden mit demGesetzesvorschlag vertraut gemacht, gleichzeitig wur-den Hunderte von Basismitgliedern geschult und Treffenmit Parlamentariern organisiert, um diese für die Vorlagezu gewinnen. Wir von der regionalen Kampagne hattenausserdem im vergangenen März die Möglichkeit, unsmit der zuständigen Parlamentskommission zu treffenund diese von der Notwendigkeit des Vorschlags zuüberzeugen. Seither warten wir auf einen positivenBeschluss der entsprechenden Kommission, un dieVorlage ins Plenum zu überweisen. Als Hinterungsgrundfür die rasche Überweisung ans Parlament erweist sichder aktuelle Wahlkampf. Zahlreiche Vorlagen sind imMoment in Nicaragua blockiert und es ist offensichtlich,dass sich die Regierung nicht die Finger verbrennen willmit einer Initiative, welche insbesondere auf denWiderstand der Privatunternehmen stösst.

    In anderen Ländern hat die Kampagne wenigerFortschritte erzielt. Dies hat zum Teil mit internenKoordinationsproblemen zu tun, zum Teil auch mit einerpolitischen Dynamik, welche nicht förderlich war fürunsere Vorschläge. So war es in einzelnen Fällen not-wendig, mehr in die “Wiederbelebung” der Kampagnezu investieren oder die Vorschläge inhaltlich neu auszu-richten.

    Nichtsdestotrotz waren dies wichtige Prozesse undhaben ermöglicht, die Kampagne zu stärken und interes-sant zu machen für andere soziale Gruppierungen undstaatliche Institutionen. So konnten wir in Guatemalaeine positive Bilanz dieses sogenannten “incidencia”-Prozesses ziehen. Und auch wenn noch viel Arbeitbleibt, sind zumindest in einzelnen Ländern wichtigeFortschritte erkennbar.

    Oliver Lüthi, ASEPROLA

    Costa Rica Kampagne auf gutem Weg

    Dezember 2011 N° 52

    Photo: ASEPROLA

  • Clément reist im Dezember ab um die Mitarbeiter von PAIS zu beraten. PAIS ist eine Organisation vonCap Haïtien welche die Entwicklung der isolierten bäuerlichen Gemeinden unterstützt.Die Festigung von PAIS wird mittels verschiedener Ausbildungen, einer Begleitung in der Ausführung vonProjekten, die Entwicklung der Beziehungen mit den Teilhabern, oder die Einbindung ins Netzwerk erreicht.

    Francine, Lehrerin und Mitglied von „Groupe Haïti“ schliesst sich der „Groupe haïtien d’EducationNouvelle“ (GEHN) an, ein vor kurzem gegründetes Netzwerk welches das Bildungssystem in Haiti durch dieBildung von neuen Lehrer und die Weiterbildung von Lehrkräften der Primarschulen verbessern will.

    Alain et Sylvie, Referenten in sozialer Therapie, geschult von C. Rojzman, haben im Oktober,haben auf Anfrage von GASA (Groupe d’Accord Solidarité Action), in Désarmes ein Einführungsseminar überdie soziale Therapie gehalten.

    Alphonse, Psychotherapeut, ist für die Dauer von drei Jahren bei der Organisation AMI angestellt. SeitSeptember gewährleistet er die psychosoziale Unterstützung bei Trauma.

    Nicolas geht im Januar für die Dauer von vier Monaten nach Désarmes um eine Analyse über die aus-geführten Aktionen von ODD (organisation du développement de Désarmes) zu Erstellen. Nicolas ist seit lan-ger Zeit ein Partner von Eirene.R

    eisen un

    d diverses

    Laurien Ntezimana und Jean-Pierre KabirigiAnlässlich der Schweizer Veröffentlichung des Buches „Dépasser la haine, construire la paix“, eine Sammlungvon Friedenszeugenaussagen von der Region der Grossen Seen, werden Laurien Ntezimana und Jean-PierreKabirigi in November einen Nord-Süd Austausch machen. Laurien Ntezimana ist Gründer von „l’AssociationModeste et Innocent“ (AMI), eine Organisation die sich für den Frieden und die Versöhnung in Rwanda ein-setzt. Jean-Pierre Kabirigi ist Koordinator von „Pole Institute“, ein Interkulturelles Institut von RDC für denFrieden in der Region der Grossen Seen und lokaler Koordinator von Eirene Schweiz.Ihre Präsenz in der Schweiz unterstützt die Promotion des Buches, fördert Erfahrungsaustäusche mit Partner inder Schweiz und die Arbeit des Plädoyers.

    Michael, kreolischer Maler, ursprünglich von der Atlantikküste in Nicaragua, und soziokulturellerAnimator wird einen Monat in der Westschweiz verbringen. Auf seinem Programm stehen Treffen mit verschie-denen soziokulturellen Akteuren und Künstlern aus der Westschweiz an um seine Erfahrung über dieAusarbeitung von Fresken mit Jugendlichen zu teilen und um zu Entdecken wie die Kunst in der Schweiz einVektor des kollektiven Ausdrucks ist.

    Besuch

    eIn Kürze

    Eirene Schweiz spannt mit der „Galerie 16“ zusammen um „Bleu Loa“, eine Bilderausstellung von Pierre-Bernard Despland, zu präsentieren. Der Künstler ist der Vater von Basile Despland, Freiwilliger, welcher aktuellim Einsatz in der „Ecole Professionnelle de Désarmes“ in Haiti ist.Die Vernissage findet am Freitag den 2. Dezember um 17h30 statt.Die Ausstellung dauert vom 3. bis zum 31. Dezember.Kommen Sie zahlreich und machen Sie Werbung für diese Ausstellung, die Erträge der Verkäufe werden dasProjekt von Basile unterstützen.Galerie 16, Rue du Milieu 16, Yverdon, Öffnungszeiten:Mi-Do-Fr 10h-12h30 und 14h-18h30, Sa 10h-12h und 14h-17h)

    Das Buch „Dépasser la haine construire la paix“ istendlich angekommen. Es entstand aus der engenZusammenarbeit von Mitarbeitern und Mitgliedernvon COTMEC und von Eirene, der SchriftstellerinSandra Korol und dem Photographen Serge Boulaz,alles Personen aus dem Umfeld von Justin Kahamile,dem Initiator des Projektes. Die Buchvernissage fand am 10. November in Genfstatt. Dieser Abend sollte auf der Höhe des Projektssein und es war der Fall. Etwa hundert Personen sindgekommen um den teils lustigen aber auch sehrerschütternden Zeugnisse der Zeugen Laurien

    Ntezimana, Jean-Pierre Lindiro Kabirigi und AngeloBarampama zuzuhören.Dieses Buch wurde auch in drei Buchhandlungen inSion, Lausanne und Freiburg vorgestellt. Der Empfangwar sehr erfolgsversprechend und wir wünschen die-sem Buch voller Hoffnung ein langes Leben!

    Ihr könnt das Buch sowohl auch Abzügeder Photos von Serge Boulaz

    (30x40 cm für CHF 70.- und 35x50 cm für CHF 100.-)bestellen bei [email protected]