ISLAM TODAY

'ISLA~ AUJOURD'HUI

D Education in Muslim Couiıtries \

O ISESCO Coıistitu'tive Conference

D Le s Minorites Islamiques •••

ISESCO

N°1

Jumada II 1403 H April/ Avril 1983

LES MINGRITES MUSULMANES

par Ali Kettani*

1-lnlroduction

La Nation lslamique (Ummah) compte a present a peu pres 850 millions de personnes dans !es cinq continents. Parmi cette multitude, pres de 550 millions de musulmans ou !es deux tiers vivent dans des entites politiques oü ils sonı majori-taires et politiquement preponderants. Ces emites politiques correspondent a ce que l'on appelle communement « le Monde Musulman » ou les « Pays Musul­mans ».

Mais pres de 300 millions d,e musulmans vivent en dehors de ces pays. Ce tiers de la Ummah a souffert encore p)us que les deux autres des mefaits du colonialisme. L'importance de ce tiers pour l'ensemble de la Ummah est primordiale.Bien or­ganise et fort, ce tiers paut etre son moyen d·e rayonoement et son support en cas de detresse. Faible, il risque l'extinction et, par la, il constituerait une perte irremplaçabie pour le « Monde Musulman ».

2-0rigine des Minorites Islaniiques

On peut distinguer trois origines differentes des minorites islamiques :

a) conversion. b) emigration. c) conquete d'un territoire musulman par une force non-musulmane.

Dans le premier cas, des individus peuvent se canvertir a !' Islam dans un environnement non-islamique. Si leur nombre croit et si des conditions de tolerance de la part de la majorite, de clairvoyance et de bonne organisation des couvertis existent, une minorite islamique peut ainsi naitre. Un exemple typique e~ est la minorite islamique du Gabon.

Dans le second cas, des musulmans peuvent emigrer, pour quelque raison ,

• Directeur de laFondation /slamique ·pour la Science, la Technologie et le Developpement · Jeddah­Royaume d'Arabie Saoudite.

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d'un pays a majorite islamique a un pays ou il n'y a pas de musulmans. U. encore, si les conditions sont favorables, les immigrants peuvent s'integrer au pays d'immigration sans pour autant perdre leur identite islamique, et former ainsi une minorite musulmane. C'est le cas, par exemple, de la minorite islamique d' Australie.

En, troisieme lieu, un territoire a majorite musulmane peut etre conquis et colonise par un pays voisin non-musulman. Sous la pression de fac teurs connus, la majorite islamique finit souvent par s'effriter a cause de l'emigration de musulmanset de l'immigration de non-musulmans. En outre, une telle communaute se trouve coupee du reste du « Monde Musulman » et englobee comme minorite dans une entite non islamique. Un cas typique est represente ici par tes Etats musulmans d' Asie Centrale, de l'Oural et du Caucase conquis par la Russie tsariste et dont les populations forment a present une minorite d'a peine 15 OJo des habitants de !'Union Sovietique.

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n est clalr que souvent deux ou trois des situations precitees peuvent s'acCtımu­ler et contribuer a la formation d'une minor~te islamique. Par exemple la minorite des Etats-Unis d' Amerique est formee d'immigrants et de convertis et celle de Yougoslavie des convertis a l'lslam ayant fait partie d'un Etat Musulman (l'Empire Ottoman) dont une partie du territoire a ete reconquise .par \me force non-musulmane.

3-Etat Actuel des Minorites Musulmanes A present, il n'y a pas un pays non-musulman au monde ou ne vit pas une

minorite musulmane. L'importance de cette minorite et son etat d'organisation different d'un etat a l'autre. Un fait est neanmoins certain , c'est que ces com­munautes ne reçoivent en general que tres peu l'aide des « Pays lslamiques » alors que les minorites chretiennes et juives trouvent un support moral et materiel important aupres de leurs coreligionnaires.

Deux traits essentiels caracterisent actuellement les minorites musulmıınes : le premier est la croissance numerique de chaque communaute, par emigration, conversion et taux de croissance naturel generalement plus eleve que dans les autres communautes. Le second est un degre d'assimilation continue, souvent encouragee par les autorites majoritaires, qui risque d'eliminer les effets decoulant de la di te croissance. Toı,ıtes !es minorites actuelles affirment ce danger, a moins qu'une action commu'ne de la Ummah ne soit entreprise pour les sauver. Une telle action est rion seulement possible mais elle est aisee a entreprendre d'autant que, dans 'la conjoncture internationale de monde moderne, le succ'es d'une entreprise visant a sauvegarder !es communautes serait pratiquement ·garanti.

3- La Dynamique d'une Minorite Chaque minorite a sa dynamique propre quant a son evolution. Cette dynamique depend de facteurs specifiques a cette minorite (message,organi-

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sation, cohesion, education ete ... ), de facteurs dependant de la majorite dans laquelle elle vit (!es memes facteurs enumeres plus haut, plus le degre d'oppression active ou tacite) et de facteurs reliant la minorite a la Ummah en general (degre d'isolement ).

Une minorite peut survivre en s'isolant dans un esprit de ghetto a condition d'etre toleree pour une raison ou une autre par la majorite. De par le message islamique meme, une minorite musulmane ne doit pas se fermer sur elle-meme, puisque, par definition, elle se doit d'etre attirante pour Ies autres, done ouverte et non fermee. Par consequent, le succes d'une minorite musulmane est de devenir, un jour plus ou moins lointain, une majorite. Ce phenomene se fait non pas par la force, mais par un effet d'assimilation cuiturelle reciproque entre la majorite non-islamique et la minorite islamique, la majorite acceptant petit a petit la morale et la religion islamiques et finissant par s'identifier a !'Islam et la minorite islamique faisant siens les traits culturels de la majorite, qui ne s'opposent pas aux principes de base de !'Islam. Un exemple typique de cette reussite est la Communaute .musulmane d'Indonesie qui, au quinzieme siecle, a commence comme une minorite etablie par des immigrants d' Arabie du Sud puis, avec le temps, elle a fini par canvertir la majorite .de la population. Le resultat en est une communaute islam!que de c'tılture malaise certes, mais qui a adapte jusqu'au Mazhab (Shafei) la religion de la communaute minoritaire d'origine.

En realite, la Ummah islamique enti~re a commence comme une minorite reduite a une seule personne : le Prophete (s.a.w). Elle s'est par la suite elargie a quelques centaines de personnes, tout en demeurant, plusieurs annees dur~nt, u ne minari te opprimee. '

D'autre part, une minorite musulmane peut ne pas reussir a survivre et se trouver vouee a la disparition coniplete. Et ceci pour les memes raisons qui ont conduit a la reussite d'autres minorites, ces raisons operant cette fois en sens inverse. C'est ainsi que des minarites d'importance tres significative ont disparu dans le passe : la communaute musulmane de Hongrie avant Ia conquete Ottomane, la communaute musulmane de Siciie sous les Normands et, beaucoup plus n!cem­ment, la communaute islamique de Crete.

D'autre part, chaque majorite musulma·ne est en danger permanent de devenir minorite sur son propre territoire si elle se laisse soumettre a des effets de desinte­gration culturelle et politique. C'est le cas de 1' Andalousie musulmane en Espagne.

Dans ce contexte, il convient de souligner que l'effet militaire ne doit jamais etre exagere. Il n'est QUe le COUp de grace d'un phenomene de desintegralian interne de la communaute qui finit par devenir une proie facile a n'importe quelle force conquerante, d'origine externe ou interne, et en general des deux simulta­nement.

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5-Principes d' Action Avant de definir une strategie d'action, il est necessaire d'en preciseı: d~ prime

abord Jes objectifs.

Le but est d'etablir un plan commun des « Pays Musulmans », qui aiderait chaque minorite musulmane a etablir !es conditions necessaires a lui donner une dynamique de« Minorite reussie ».

Ce qui peut etre entierement accompli sur la base des echanges culturels et religieux tels qu'ils sont regis par !es lois internationales et les principes des Droit de l'Homme contenus dans la Charte des Nations Unies. Il ne s'agit point -et ceci est essentiel- d'utiliser une minorite ou une autre pour l'interet immediat d'un quelconque « Pays Musulman » car une telle propension serait Gxtrememeiıt" dangereuse et risquerait la destruction complete de la minorite. Il s'agit au contraire de respecter l'autonomie d'organisation de cbaque minorite et de l'aider a devenir un element actif et respecte dans son propre pays. A la longue, l'i'nteret pour tous !es pays musulmans est evident, puisque plus ces communautes mineri­taires seront fortes et acceptees dans leur pays, plus elle defendront !es interets legitimes du « Monde Musulman » dans leur propre environnement. ll va sans dire qu'une telle evoluti9n n'est possible que si l'identite islamique universelle de la communaute est bien etablie.

6-Strategie d' Action Puisque la Ummah est Une et Indivisible, chaque fraction de cette Ummah

est d'une importance priomordiale en elle-meme. Par consequent, l'effort doit viser a sauvegarder chaque minorite et a la soutenir dans toute la mesure du possible.

La strategie d'action qui en decoule doit se situer dans chaque camp . Elle doit, en outre, etre divisee en trois etapes, chacune etant absolument dependante de l'etape precedente. Ces etepes a suivre dans chaque pays sont :

1-1' organisa tion.

2-l'etablissement des institutions islamiques, avec viabilite economique interne.

3-l'etablissement de Iiens de fraternite entre les entites· musulmanes minoritaires et majoritaires dans le respect mutuel absolu.

7- 0rgaoisatioo La premiere etape est essentielle. Sans organisation interne la communaute

n'existe pas, et quel que soit le nombre des musulmans, l' Islam finira par disparaitre du pays considere. Sans cette organisation, aucune aide ne pourrait, de plus, etre utilisee efficacement

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Par consequent, tous les musulmans vivant dans un pays donne doivent s' organiseren u ne communaute a 1' echelle de la ville ( ou du village), de la province et enfin de la Nation, de façon qu'il y ait « un corps directeur » choisi par la communaute, qui la defende et qui organise son action. L'organisation doit etre basee sur les principes islamiques de« Shura »,done de l'election de representants. Ces principes sont la seule garantie pour eviter a la communaute d'etre utilisee cantre son propre interet. L'organisation doit etre vraiment islamique, c'est..:a-dire ouverte a tous ceux qui sont musulmans, par naissance ou par conversion, sans distinction de race, de langue ou de pays d'origine. Elle doit incorporer les principes enonces par le Coran et la Sunnah. Ces demiers points sont essentiels non seniement du point de vue religieux, .. mais aussi du point de vu pragmatique, puisqu'ils sont seuls susceptibles de ganintir l'islamicite de la communaute cantre une assimilation « d'en haut ». Une orgcinisation de cette sorte ne doit pas etre imposee ; elle doit au contraire etre (( .construite )) a partir de la base c'est-a-dire de i'individu musulman Jui-meme. ·

Prenons pour· exemple I' organisation de la Communaute Islamique d' Australie qui constitua un cas concret de cette etude eta laquelle furent appliques !es principes precedemment enonces. Tous !es musulmans d'un quartier ou d'une ville se sont rassembles dans une organisation musulmane qui est ouverte iı tous les musulmans d'un territoire determine. Cett~ organisation est responsable de son territoire, de son ceıhre islamique : mosquee, ecole, cent re communautaire, ete... Toutes !es organisations d'un Etat se sont reurlies dans un Conseil islamique de l'Etat considere, dont les membres sont elus parmi les bureaux executifs des organisations Iocales. Ce Conseil est responsable des interets des musulmans dans l'Etat considere et des institutions communes (ecoles secondaires, camps de jeun.es, ete ... ). Enfin, !es Conseils islamiques » des differents Eta ts so nt group es dans u ne « Federation des Conseils Islamiques » qui represente les musulmans d' Australie. Des statuts ecrits fıxent, aux differents niveaux, !es modalites et les responsabilites et definissent les plans d'action.

8-Developpement • Une fois « l'organisation » de. la minorite islamique etablie sur une base representative et islamique englobant tous les musulmans d'un pays considere, elle doit etre reconnue par tontes les institutions du « Monde Musulman » et soutenue par elles. Et tontes ces institutions doive~t s'abstenir d'apporter leur aide morale, materielle ou au tre a quiconque voudrait saper « le cansensus general » des musulmans du pays.

L'autonomie de la minorite islarnique vis-a-vis des pays musulmans doit etre respectee scrupuleusement. Il ne s'agit pas de contrôler ces minorites,du deho.rs, ni de les utiliser. Il s'agit de les encoura,ger a etre des groupements de bons citoyens dans leur pays sans perdre de vue le fait qu'elles font partie de la « Ummah Islarnique ».

Une fois l'etape d'organisation franchie, l'etablissement des institutions

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islamiques doit commencer avec la creation de mosquees dans le vrai sens du terme, c'est a dire des lieux de rassemblement, de culture, et d'education. Çes centres islamiques doivent incorporer des ecoles primaires, secondaires, et meme des universites appliquant, autant que possible, les programmes officiels du pays considere, avec en plus une base solide d'education islamique et de langue arabe. Ces institutions doivent et re soutenues par la communaute minorilaire et --contrôlees par elle et non par les ıEtat musulmans accredites dans le pays. Le but de ces institutions est d'augmenter la cohesion de la communaute, de consolider l'education islamique de ses membres et de lui garantir les chances de « succes ». « L'Organisation » de la minorite musulmane doit aussi chercher a se suffire finanderement .a elle-meme et a rendre les liens economiques plus etroits en tre ses membres et entre la« minorite »et le« Monde Musulman ».

9-Cooperation La troisieme etape est le soutien des minarites musulmanes de la part des

« Etats Musulmans ».Ce soutien doit etre etabii sur des bases religieuses, culturelles et economiques, . et en dehors des confrontations politiques, voire en d'epit d' eli es:· Un programme d'action pourrait etre propose comme suit:

1-0uverture d'un « Fonds d' Aide Aux Minarites », finance par les « Etats Musulmans ».,par l'instauration par exemple d'une taXe de 1 % sur les importations.

2-L'action doit etre celle de la minorite -une fois organisee-et l'aide ne doit venir qu'en complement a cette action.

3-La « Minorite » elle-meme doit adopter et trouver les moyens et les methodes de financement de ses projets et ce, en reelarnant ses droits, en revendiquant l'elimination des lois discriminatoires vis-a-vis des minarites religieuses (Ces lois existent pratiquement dans tous les pays), en faisant renaltre « la Zakat » parmi ses membres et en cansolidant la cooperation entre eux, de façon a creer, chez la communaute rninoritaire, a plus ou moins long terme, les conditions de son indepen­dance vis-a-vis de toute aide etrangere.

4-Le « Fonds d' Aide » viserait a encourager chaque minorite a et re independante et son action consisterait a :

a) accorder des preıs a moyen terme et sans interet a chaque « Minorite Musulmane Organisee » pour etablir ses institutions islamiques, y compris des projets economiques cooperatifs au sein de la minorite.

b) donner une aide finançiere sur des bases pn!cises en vue d'etayer des projets bien definis, contrôles par la « Minorite » dans le damaine de l'education islamique et de la« daawah ».

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c) encourager « les pays Musulmans » a effectuer leurs echanges commerciaux avec !es autres pays a travers la minorite musulmane ou, autant que possible, avec sa participation.

d) etablir des echanges culturels massifs entre « Les Pays Musulmans » et les minorites en donnant des bourses d'etudes universitaires auxjeunes, en envoyant des imams,en ouvrant des serninaires educatifs et; aussi, en encourageant la publication de la Jitterature musulmane dans des langues differentes. ·

Ce pl,ım d'action est applicable dans les pays ou il existe une certaine liberte de culture et ou l'oppression est reduite, 'comme c'est le cas dans la plupart des pays de l'Europe de .l'Ouest, d' Afriqiıe et d' Amerique. Dans le cas des pays ou la minorite musulmane n'est pas autorisee a etablir ses institutions, ou !'Islam est opprime d'une maniere directe et ou les miısulmans sont elimines physiquement et moralement (par exemı:ııe : la Bulgarie, l'Albanie quoique les musulmans y forment la majorite), un plan plus agressif doit etre applique, qui pourrait etre fon de sur !es actions specifiques suivantes : ·

1-Faire pression siır les pays consideres, en les informant des sentiments du « Monde Musulman » envers les persecutions.

2-Si cette pressioQ morale ne' reussit pas, appliquer des pressions politiques et economiques ctiscretes.

.,

3-Si le resultat demeure negatif, informer les instances internatiomiles et l'opinion publique internationale de la situation de la minorite et des violations des Droits de l'Homme dont elle est victime.

4-Accorder une aide morale et autre a la minorite dans sa lutte pour ses droits.

5-Encourager les « Etats Musulmans » a considerer le comportement a l'egard de la rninorite islarnique dans un pays comme signe d'arnitie ou d'inimite de ce pays.

6-Diffuser un programme educatif islamique aI' in tention de la minorite et dans sa propre Jangue afin de pallier, au moins provisoirement, l'elimination ou la non-existence des institutions islamiques.

7-Dans les cas extremes ou les musulmans d'un pays sont elirnines physiquement, un programme d'aide a la lutte de liberation devient necessaire.

8-Un plan d'aide et de rehabilitation des refugies musulmans expulses de leur pays pour des raisons politiques ou economiques doit etre mis sur pied chaque fois qu'il s'avere necessaire.

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10-Critique de 1' Aclion Presente L'interet porte aux minarites musulmanes de la part des « Etats Musulmans »

modernes est un phenomene nou"veau, quoique dans le passe les Etats Musulmans se fussent toujours interesses au sort des minarites musulmanes. Cet interet a commence il y a une dizaine d'annees et s'est traduit concretement de plusieurs manieres : 1) envoi d'imaıris ; 2) dans financiers pour la construction de mosquees ; 3) etabli~sement de Centres Islamiques sous l'egide des missions diplomatiques 4) etabiissemen ı de chaires d'etudes islamiques.

Voyons a rpesent chacune de ces activites:

Les dans financiers, s'ils sont faits a des minarites desorganisees et sans plan pre-etabli et conforme a un contexte bien determine, peuvent mener a des resultats negatifs. ereant des jalousies, ils risquent de dresser tes differentes associations les unes cantre les autres. Yenant de pays differents, ils risquetıt de transpla~ter les divisions des « Etats Musulmans » dans la minorite deja divisee. Donner- sans etude prealable pourrait mener a des impasses : par exempfe la construction d'une mosquee qui ne peut etre poursuivie par une communaute, ou bien l'arde apportee a un projet qui ne fait qu'ajouter ala puissance d'un individu desireux de s'imposer a la communaute. Donner sans limites peut faire perdre . a la communaute le sens du devoir de compter sur elle-meme. Par consequent, l'aide financiere ne doit etre accordee qu'aux communautes organisees a l'echelle d'une nation, dans le cadre d'un plan determine, et a travers un bureau culturel et non politique qui coordonne l'aide de tous Ies pays musulmans aux minarites suivant un programme d efi ni.

Les Centres Islamiques que les pays musulmans ont construits dans quelques capitales n'ont pas !'effet benefique escompte. Le fait est que ces centres sont contrôles par les . ambassadeurs. (done representants politiques) de pays etangers ; et par consequent ils ne sont ni construits ni regis ni contrôles par la communaute locale. Le Centre lslamique ainsi conçu devient une nouvelle arnbassade represen­tant un« Islam Etranger ».

La situation empire lorsque le corps diplomatique musulmans s'erige en un « Conseil lslamique » qui se veut porte-parole de la Commuriaute Musulmane du pays. Sans enumerer tes mefaits de cet etat de choses, imaginons que les ambassades des pays chretiens a Ankara ou au Caire se rassemblent en un « Conseil Chretien » pour parler au nom des chretiens autochtones, et construisent dans chaque capitale un « Centre Chretien » qui se veut centre de la Communaute !

Par consequent, il est primordial que la Minorite Musulmane s'6rganise elle­meme et que son autonomie sait respectee. Un centTe islamique ne serait done efficace que s'il est construit et contrôle par elle. Seuls ceux par mi les citoyens ou residants permanents du pays, elus parmi la communaute musulmane, pourraient parler en son nom. Les ambassadeurs doivent aider a cet effort.

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Quant a l'aide a la cn~ation des chaires islamiques dans des pays oıi il ya une minorite islamique, elle est sovent accordce par un pays musulman sans conditions prealables. Trop souvent ces chaires fınissent par etre contrôlees par des forces anti-islamiques. Par consequent, ces chaires ne dolvent etre soutenues que si elles sont au service de !'Islam et representent le point de vue isla~ique.

ll va sans di re que beaucoup de pays ont commence a acquerir de l'exprerience dans ce damaine ; et il est temps qu'une coordination sait etabİie et que l'effort soit cansolide

Conclusion :_ Le probleme des minarites islamiques est ö'une importance primordiaie. ll

doit etre traite avec des moyens adequats, proportionnels a son importance. Si nous faisons partie d'un « Monde Musulman », nous devons reconnaitre que cela implique des devoirs et une mission piuticuliere. Cette mission, nous devol)s lui donner la chance de se confronter aux autres missions, sur le meme pied d'egalite, et dans les dimens~ons' !es plus larges possibles.

Une visian de !'Islam Vniversel ne peut devenir un jou.r realite que grace a des « Minarites Reussies ». Le. Monde Musulman est' a ineine de prendre cette voie et de se mettre ainsi au niveau de ses reponsabilites envers la Ummah, et a travers elle, envers tous les hommes.