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Herman Gor ter

RépODseLéDiDe,a

lur• La Maladie Infantile ?u Communisme»

(1920)

LIBRAIRIE OUVRIERE

67, B 0 u 1e var d d e Belle v i 11 e, Par i I

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Herman Gor ter

R,aépL

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« La Maladie Infantile du Communisme ••(1920)

/

LIBRAIRIE OUVRIERE

67, Boulevard de Belle.ille, Paria

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TABLE

Juillet 1920Juillet f920 p. 3Lettré ouverte au camarade Lénine

I. Mll88es et chefs p. 6

·II. La question syndicale p. 26

lIl. Le Parlementarisme p. 49

IV. L'opportunisme dans la Hl- Interna-tionale p. 00

V. Conclusion p. 97

&1 1920Révolution Ru. et Léninieme étaient par-venus à leur apothéOle : le suecês de la tactique bolehériquedans la révolution d'octobre avait ébloui I'esprit des élitescévolutionnaires dam les paya oceidentaux, qui r.f-daient ven l'orient avec une foi presque aveugle, Unegrande vague révolutionnaire ébranJait I'Europe, l'arméerouge de Toukhatehevski menaçait Varsovie, k prolétariatallemand était prêt à s' élanoer dans la mêlée, le prolé-tariat italien oooupait les usÎDes, partout la classe 00-

vrière était en ébullition. L'espoir, la presque certitudede la victoire révolutionnaire éclairaient l'horizon de I'idéo-logie communiste. Ce fut dans ce-milieu historÏque, ouI'eaprit d'analyse était forcement affaibli par la splen-deur de la lumière orientale,' que Hermaan Gorter. théo--ricien et poètIe du communisme, I'empara de I'arme de lacritique.

Lénine, devenu homme d'état, d'un état qui devaitdan. la suite devenir rétat de la néo-bourgeoisie rosse,avait éc:rit Wl mauvais Iivre : c L'ExtrêmÎMne, maladieinfantik du Communisme ». La pointe de cette bt-odwre,qu'.ujourd'hui. nous poUTODSà bon droit qualifier nette-ment de cootre-révolutionnaire, était dirigée principale-

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~ImPrimerie de la Société Nouvelle d'EditioDi F ranco-SlaYet

32. roe de Ménilmonfant. Pari. (200).

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ment contre les ultra-gauches allemands, c'ese à dire con-tre k Parti Communiste Ouvrier.

Cette élite de révolutionnaires marxistes qui oonservaet conserve eneere au prolétariat allemand el ·interna-tional la tradition révolutionnaire de l'Union ouvrière etdu Spartacusbund, préconisait au sein de la classe ou-vrière d'Allemagne une tactique, une méthode d'action,inspiréespar les dernières expériencesde la lutte de classeen occident : Elle préconisajt la lutte sans compromis duprolétariat conere la bourgeoisie, le boycottage du parle-ment et la destructien des syndicats en même temps quede tout l'appareil étatique du eapitalisme, lui opposant ladierature du prolétarjat dans la ferme des conseils d'usi-nes. Cette manifestation idéologique criginale du pro-létariat allemand ne se Iocalisait pas en Allemagne. Desmanifestations analogues prenaient forme en Hollandeavec les Tribunistes, en Angleterre avec les fondateursdu Parti Communiste Anglais, en Italie avec la fractionanti-parlementariste de Bordiga et même avec celle deI'Ordine Nuovo de Turin, qui était aussi anti-parlementa-riste. Le livre de Lénine el l'aotion subséquente du Léni-nisme visaient à Ja destructien de ce développement idéo-logique, légitimé par les expériences de la lutte de classedans l'Europe occidentale.

En fait I'offensive contre la gauche donna des ré-sukats favorables en Italie el en Angleterre, ou Bordigaet Pankhurst rentrèrent dans les rangs du Léninisme. Lestribunistes hollandais; Gorter et Pannekoek. les élémentsdu Parti Communiste allemand .(K. A. P. D.) restèrentseuls sur la brêche de l'Internationalisme marxiste. Gorterau nom du Parti Communiste Ouvrier d'Allemagne ré-pondit à la « Maladie infantile ~ de Lénine par sa « let-tre ouverte ~ qui malheureusement ne fut pas en sontemps plecée devant tout le prolétariat international. Cettelettre est bien connue en Allemagne, mais le prolétariat

françaÏs en ignore eneere l'existence, Et comme depaisdix années ce document n'a rien perdu de son intérêt,qu'il a au contraire acquis une valeur historique et révo-1utionnaireeneere plus grande, nous allons faire tous noseffort pour qu'iJ soit connu au moins de I'avant-garoe aumouvementouvrier en France.

Les Croupes Ouvriers Communistes.

juilld 1930.

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Avant-propoe

tres camarades. Mainte trace et rnaint germe decette maladie infantile qui, sans nul doute, setrouvaient aussi chez mor, en ont été chsssés etle seront certainement encore. De mëme, ce quevous dites, de la confusion que la révolution acausé dans beaucoup de têtes, est tout-à-fait juste.Je le sais : la révolution est venue si soudame etsi contraire à teute attente! Votre ouvrage serapour moi un nouveau stimulant à ne faire dépen-dre toujours davantage mon jugement SUl' toutesles questions tactique.s, y .compris celles de la ré-volution, que de la situation réelle, qua des rap-ports réels entre les classes, tels qu'Ils se mani-festent politiquement et économiquement,

Après avoir 1u votre broohure, j'ai pensé :tout cela est juste.

Mais lorsqu'à tête reposée, je me suis 10n-guament demandé si mamtenant je devais cesserde soutenir cette eGauche :t, et d'écrire des ar-ticles pour le K. A. P. D. et pour le pal'\i de I'op-position en Angleterre, j'ai dü m'y refuser.

Cela semble contradictoire. Mais la contra-diction vient, camarade, de ce que votre pointde départ dans la brochure n'est pas juste. VOU8avez tort, selon moi, au sujet du parallállsme en-tre la révolution de l'Europe de I'Ouest et la ré-volution russe, au sujet des conditions de la révo-lution dans l'Europe de l'Ouest, autrement dit durapport des forces de classes, et, à caUS8 de cela,vous mèconnaissez le terrain de développementde la gauche, de l'oppoaition. Ainsi la brochuresemble être [uste si 1'0n adopte votre point dedépart j si on le rejette (et c'est ce qu'on doitfaIre), alors toute la broçhure "t. fa...... Elantdonné que tous les [ugementa que VOUIi portee,

LETTRE OUVERTEAU CAMARADE LÉNINE

Je voudrais attirer votre attention, camaradeLénine la vötre et celle du lecteur, sur le fait quecette brochure a été écrite pendant la marchevictorieuse des Russes sur Varsovie.

Je voudrais aussi m'excuser auprès de vouset du lecteur pour les nombreuses répétitions.La tactique des « gauchistes ) étant inconnue desouvriers de presque tous les pays, cela n'a pu êtreévité. H. G.

I. - MASSES ET CHEFS

Cher camarade Lénine,J'ai lu votre brochure sur l'extrémisme dans

le mouvement communiste. J'en ai beaucoup ap-pris, comme de tous vos ouvrages. Je vous ensuis reconnaissant, avec sûrement beaucoup d'au-

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les uns erronés, les autres radicalement faux, serassemblent dans la condamnation du mouvementde gauche, particulièrement en Allemagne et enAngleterre, comme, sans être d'accord sur tousles points avec ce mouvement, comme les chefsle savent, je reste tout-à-fait décidé à le défendre,je crois agir pour le mieux en répondant à votrebrochure par une défense de la Gauche. Cela medonnera l'occasion, non seulement de montrerson terrain de développement, de prouver sondroit à l'existence et ses qualités maintenant, etici dans l'Europe de I'Ouest, dans le stade actuel,mais aussi, et cela est peut-être aussi important,de combaUre les représentatlons à I'envera qulprévalent au sujet de la révolutlon euest-eueo-pëenne, surtout en Russle. L'un et l'autre a sonimportance, car aussi bien la tactique ouest-euro-péenne que la russe dépendent de la conceptionde la révolution en Europe occidentale.

J'aurais volontiers rempli cette täche auCongrès de Moscou, mais je n'ai pas été en étatd'y aller.' .

En premier lieu, j'ai à réfuter deux de vosremarques qui peuvent fausser l'opinion des ca-marades et des lecteurs. Vous parlez avec ironieet sarcasme de l'ineptie ridiculement puérile decette lutte en Allemagne à propos de c dictaturedes chefs ou des masses ~, c du sommet ou de labase ~ etc ... Que de tels problèrnes ne devraientpas avoir à se poser, nous en sommes pleinementd'accord. Mais nous ne sommes pas d'accord avecl'ironie. Car malheureusement ce sont là desquestions qui se posent encore en Europe occi-dentale. En efTet nous avons en Europe occiden-tale, dans beaucoup de pays encore, des chefs

comme il y en avait dans la 2ème Internationale,nous sommes encore à la recherche des chefs vé-ritables qul ne cherchent pas à domlner les mas-ses et ne les trahissent pas, et, aussi longtempsque nous ne les aurons pas, nous voulons que toutse fasse de bas en haut, et par la dictature desmasses elles-mêmes. Si j'ai un guide dans lamontagne et qu'il me conduise à l'ahlme, j'aimemieux n'en pas avo ir. Quand nous aurons trouvéles vrais chefs, nous laisserons choir cette re-cherche. Dar alors masse et chef ne feront qu'un.C'est cela, et rien d'autre, que no us entendonsdire, la gauche allemande, la gauche anglaise etnous.

Et la même chose est valable pour votredeuxième remarque, suivant laquelle le chef doitformer avec la masseet la classe un tout homo-gène. Nous sommes tout-à-fait d'accord. Seule-ment il s'agit de trouver et d'éduquer de telschefs, qui soient vraiment unis à la masse. Lestrouver et les éduquer, cela les masses, les par-tis politiques et les syndicats ne le pourront quepar une 1utte extrèmement difficile dirigée aussivers le dedans. Cela vaut aussi en ce qui con-cerne la discipline de fer et le centralisme ren-forcé. Nous en voulons bien, mais seulementaprès avoir trouvé les véritables chefs, pas avant,Sur cette très dure bataille, qui maintenant enAllemagne et en Angleterre, dans les pays les plusrapprochés de la réalisation du communisme, estmenée déjà avec le plus grand efTort, votre iro-nie ne peut avoir qu'une influence néfaste. Avecoe sarcasme, vous faltes le Jeu des élémenta op-portunistes de la Trolslème Internationale. Care'est un des moyens avec lesquels des éléments

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dans la Ligue Spartacus et dans le B. S. P. enAngleterre, et aussl dans les Parfis communistesde. rnaint autre pays, réussisent à tromper les ou-vriers en leur disant que toute la question de laMasse et du Chef est un non-sens c est absurdeet pUéril,e. ». Av~c cette phrase, 'ils évitent, ouveulent éviter qu on les critique, eux, les chefs.Avec cette phrase de la discipline de fer et de lacentralisation, Ha écrasent l'opposition. Vous mä-chez la besogne des éléments opportunistes.

Vous ne devez pas faire cela camarade. EnEurope occidentale nOU8 sommes 'encore dans lestade de préparation. On devrait plut6t seutenlrles lutteurs que les domlnateurs.

Mais ceci n'est qu'en passant. J'y -reviendraiencore dans le cours de ma lettre. Il existe uneraison plus proronde pour laquelle je ne peux pasêtre d'accord avec votre brochure. C'est la sui-vante :

Quand flOUS autres marxiste's de ~'Europeoccidentale lisons vos brochures, vos études et voslivres, il y a, au milieu de l'admiration et de l'as-sentiment q»e tout ce que vous avez écrit a trouvéchez nous, un moment oü presque toujours nousdevenons très prudents dans la lecture, sur lequelnous attendons des éclaircissements plus détail-lés, et qu'ensuite, n'ayant pas trouvé ces éclair-cissements, nous n'acceptons pas sans la plusgrande réserve. C'est là oü vous parI ez des ou-vriers et dQ' Plysans pauvres ; vous en pari eztrès, très souvent. Et partout vous parlez de cesdeux catégcries comme ~e facteurs révolution-naires sur le monde sntier. Et nulle part, aumoins dans ce que j'ai lu, vous ne faites ressor-tir clairement et dlstinctement la lrèl grande dl'-

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'érence qul exlale en oelle matlilre entre la Rus-sle d'une part (avec quelques pays de l'Europeorienlale), el, de I'autre, l'Europe de l'Ouest,(c'est-à-dire l'Allemagne, la France, l'Angle-terre, la Belgique, la Hollande, la Suisse et lesPays Scandinaves, peut-être même l'ltalie). El.pourtant, à. mon avis, la base matérielle des di-vergences d'appréciation qui vous séparent de cequ'on appelle la Gauche en Europe occidentale,en ce qui concerne la tactique dans les questionssyndicale et parlementaire, est justement la dif -férence que présentent SUl' ce point la Russie etl'Europe de 1'0uest.

Vous connals sez naturellement aussi bien. que moi cette difîerance, mais vous n'en avez pas

tiré les conclusions pour la tactique en Europeoccidentale, au moins dans ce que j'ai lu de vosouvrages. Vous avez laissé ces conclusions horsde considération, et, à cause de cela, votre juge-ment sur la tactique en Europe occidentale estfaux. .

Cela a été et reste d'autant plus dangereux,que partout en Europe occidentale, cette phrasede vous est récitée mécaniquement dans tous lespartis communistes, même par des marxistes. II

. parait même, à en croire tous les journaux, re-I vues et brochures communistes, et les réunions

publiques, que tout-à-coup une révolte des pay-sans pauvres est proche en Europe occidentale.On ne fait pas remarquer la grande différenceavec la Russie. Et par cela I'opinion est faussée.celle du prolétariat aussi. Parce que vous-autresen Russie avez une immense classe de paysanapauvres, et que vous avez vaincu avec Ieur aide,vous présentez les choses comme si en Europe

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occidentale nous avions aussi cette aide en pers-pective. Et parce que vous au tres en Russie n'avezvaincu que par cette aide, vous présentez le~choses comme si c'était par cette aide qu'on 81tà vaincre ici aussi, Par votre silence SUl' cettequestion en ce qui concerne son application à l'Eu-rope occidentale, vous présentez les choses ainsi,et toute votre tactique ressort de cette conception.

Mais cette conception n'est pas la vérité .. Ilexiste une formidable différence entre la Bussieet l'Europe occidentale. En général, l'importancedes paysans pauvres comme facteur révolution-naire diminue de l'est à l'ouest. Dans des partiesde l'Asie, de la Chine et de l'Inde, cette classeseralt absolument déterminante, si une révolutiony éclatalt. En Russie, elle représente pour la ré-volution un facteur indispensable et essentiel. EnPologne et dans quelques autres états de l'Eu-rope méridionale et centrale, el.le est ~ncore ~natout important pour la révolution, mars ensuiteplus on va à l'ouest, plus on la voit se dresser hos-We en face de la Révolution.

La Russie avait un prolétariat inuustriel de7 à R millions. Mais les paysans pauvres étaientau nombre de 25 millions environ. (Vous me par-donnerez les inexactitudes dans les chiffres quipourraient advenir, car je dois citer par cceur,cette lettre étant urgente). Quand Kerensky serefusa à donner la terre aux paysans pauvres,vous saviez qu'Ils viendraient forcément bientötde votre cöté, dès qu'ils s'en seraient aperçus.Ceci n'est pas et ne sera pas le cas en Europe oc-cidentale . une telle situation n' existe pas dansles pays d~ l'Europe occidentale que j'ai cité.

La situation des paysans pauvres dans l'Eu-

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rope occidentale est tout~ autl'.e qu'en Rus~je,Bien qu'elle soit quelquefois terrible, el~e ne 1 estpas autant chez nous que chez vous. ICI les pay-sans pauvres possèdent uI.1 c~in de terre commefermier ou comme propriétaire. Les moyens decirculation très développés leur permette~t sou-vent de vendre quelque chose. Dans les Clrcons~tances les plus difîiciles ils ont souvent de quoise nourrir. Les dernières décades leur ont apportéquelque amélioration. Ils ,ont main,tenant en me-sure d'exiger de hauts prix en période de guerreet d'après-guerre. Ils sont indispensables car ,onn'importe qu'en très faible proportion ~es ~atIè-res alimentaires. Ils peuvent donc maintenir leshauts-prix. Bs sont soutenus par ,~e capitalism~.Le capital les soutiendra tant qu 11 restera IUl-même debout. La situation des paysans pauvreschez vous était beaucoup plus terrible. A causede cela, chez vous les paysans pauvres avaientaussi leur programme politique révolutionnnire etétaient organisés dans un parti politique révolu-tionnaire, chez les Socialistes-Révolutionnaires.Ce n'est le cas nulle part ici. En plus de cela, ilexistait en Russie une quantité énorme de biensqui pouvaient être partagés, grandes propri~tésfoncières bien de la couronne, terres d'état, biensmonastiq~es. Mais qu'est-ce que les communistesd'Europe occidentale peuvent offrir aux paysanspauvres pour les amener à la révolution, pour lesrallier à eux ?

(.) Vous écrtvez par exemple dans « I'Etat el laRévolution » : (page 67) « La majorilLé éerasante de lapayaannerfe, dans tout pays capltallste qui en possèdevraiment une, est opprimée par te gouvernement ft al!-

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n y avait en AUemagne (avant la guerre)Qudre à cinq millions de paysans pauvres (jus-qu'à 2 hectares). Dans la véritable exploitationen grand (plus de 100 hectares) il y avait seule-ment 8 à 9 millions d'hectares. Si les commu-nietes partageait tout cela, les peysans pauvresseraient toujours encore des paysans pauvres, carsept à. huit millions d'ouvrters agricoles vou-draient aussi avoir quelque chose. Mais il ne peu-vent pas même les partager toutes, car Ils lesgarderont eux-mëmes 'comme leXploitations engrand (.).

Ainsi nes communistes en Allemagne n'ontpas un seul moyen, A part quelques territoiresrelativement petits, d'attirer à eux les paysanspauvres. Car les exploitations moyennes et petitesne seront sürement pas expropriées. Tout-A-faitanalogue est la situation des quatre A cinq mil-lions de paysans pauvres de la France ; de mêmeen Suisse, Belgique, Ho11ande, et dans deux paysScandinaves (olIolI). Partout dominent les exploi-tations moyennes et petites. Et même en Italie, lecas est eneere sujet A cantion. Pour ne pas citerl'Angleterre oü il n'y aurait guère que cent à deuxcent mille paysans pauvres.

Les chitTres montrent aussi qu'il y a relative-

pire lI. son renversement, à l'étahlissemènt d'un gouver-nement « hem marché ». Pour réaliser cela, le prnléta-riat seul est prédestiné. » •••Maïs la di!fieulté est que lapaysannerie n'aspire pas au communisme.

(-\t) Les thèses agrai!es de Mosecu le conflrment,(M) Pour la Suède et I'Espagne, je ne possède pas de

données $tatisUques.

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ment peu de paysans pauvres en Europe occiden-tale. Ainsi dons les troupes auxiliaires, si ellesexistaient, seraient seulement en peut nombre.

D'autre part la promesse que, sous le régimecommuniste, Ils n'auraient pas à. payer de fer-rnages et de rentes hypothécaires ne peut pas lesallècher, Car avec le communisme ils voient ve-nir la guerre civile, la disparition des marchés etla dévastation.

Les paysans pauvres en Europe occidentale,à moins qu'il ne vienne une orise beaucoup plusterrible que te11e qui existe actuellement en Alle-magne, une crise qui par son earactère désastreuxsurpasse tout ce qui est arrivé [usqu'ä présent,resteront done avec le capitalisme aussi longtempsqu'il lui restera un peu de vie

Les ouvriers en Europs occidentale sont toutseuls. Car d'autre part, c'est seulement une cou-che toute mince de la petite bourgeoisie pauvrequi les aidera. Et celle-ci est éeonomiquementinsignifiante. Les ouvriers deront porter tout seulsle poids de la Révolution. Voilà la grande difîé-renee avec la Russie.

Peut-être. oamarade Lénine, direz-vous queeela était aussi le cas en Russie. En Russie égale-ment, le prolétariat a fait seul la Révolution. C'estseulement après la révolution que sont venus lespaysans pauvres. Oela est vrai, mais la ditTérencereste tormidable.

Vous saviez, camarade Lénine, que les pay-sans viendraient sürement et vite de votre cöté.Vous saviez que Kérensky ne pouvait ni ne voulaitleur donner la terre. Vous saviez qu'ils ne soutien-draient plus Kérensky bien longtemps. Vous aviezun maltre-mot « la terre aux paysans :. avec le-

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quel vous pouviez tout de suite les amener enquelques mois vers la prolétariat. Nous-autres,pll:r contre, so~~es sürs que partout, dans les li-rnites du prévisible et sur le continent Ouest-Européen, ils soutiendront le capitalisme.

Peut-être direz-vous que sans doute en Alle-magne H n:y a. pas une grande masse de paysanspEl:u~resqui SOlt p:ête à nous aider, mais que desmilliers de prolétaires qui maintenant encore sontil la bourgeoisie viendront sûrement de notre cöté.Que par conséquent la place des paysans pauvresl·~s.sessera occupée Ici par des prolétaires. Qu'ain-SI, 11 Y aura quand même du renfort.

Cette .conception aussi est fausse dans son essen-ce. La difîérence avec la Russie reste énorme.

. Car les paysans russes sont venus au prolé-tariat après la. victoire sur le capitalisme. Maisquand les ouvriers allemands qui se placent ac-tuellement encore aux cötés du capitalisme vien-dro~t ~u communisme, alors la lutte contre lecapltahsme. commencera seulement pour de bon.

Du fait que les paysans pauvres étaient là1I cause de cela et seulement à cause de cela le~camarades russes ont vaincu. Et la victoire' estdevenue solide ~t forte du jour oü ils ont changéde camp. Du fait que les ouvriers allemands sont~.lacé~ dans les rangs ~u capit!llisme on ne peutI Jen tirer pour la victoire, la victoire ne sera pasno~ plus f!lciIe, et quand ils passeront à nous, lavraie bataille commencera seulement.

La. révolution russe a été terrible pour leprolétariat pendant les longues années qu'a durésa, préparation. Re.doutable elle reste, aprèsqu elle a, vamcu. ~als. elle était facile au momentmême ou elle avait heu, justement à cause des

paysans. Chez nous c'est tout di1Té.r8llt, c'estjuste l'inverse. Avant, elie est facile, et après,elle sera facile. Mais elle-même s~a terrible.Probablement plus terrlble que jamai's .révolu-tion ne fut. Car le capitalisme, qui était faiblechez vous, qui dominait seulement un peu le téo-dalisme, le moyen-äge et même la barbarie, estfort chez nous, puissament organisé et solide-ment enraciné. Quant aux coucbes infèrieureedes classes moyennes, quant aux petlts paysanset aux paysans pauvres, ces éléments qui sonttoujours du cöté du plus fort soutiendront Ie;capitalisme jusqu'à sa fin définitive, à l'exceptiond'une couche mince sans importance économi-que.

La révolution en Russie a vaincu par l'aidedes paysans pauvres. Cela doit être gardé en mé-moire ici en Europe occidentale et partout dansle monde. Mais les ouvriers en Europe occiden-tale sont seuls. On ne doit jamais oublier cela enRussïe.

Le prolétariat en Europe occidentale estseul. Voilà la vérité. Et sur cela, sur cette vérité,notre tactique doit être basée, Toute tactiquequi n'est pas basée sur cela est fausse, et mènele prolétariat à d'immenses défaites.

La pratique également prouve que cette at-firmation est la vérité. Non seulement en effet lespetits paysans de I'Europe occidentale n'ont pasde programme, et non pas revendiquá la terre,maïs, maintenant que le communisme s'appro-cbe, ils ne bougent pas davantage.

Mais naturellement cette artirmation ne doitpas être prise dans un sens absolu, 11 ex.iste,comme je l'ai déjà dit, des territoires en Europe

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occidentale ou la grande propriété domine et oüpar co~séquent on peut trouver chez les paysansdes alliés pour le communisme. Il existe d'autresterritoires oü, à cause de circonstances locales,etc ...: ~es paysans pourront être gagnés. Mais cesterrltolres sont relativement peu nomhreux.

Le sens de mon affirmation n'est pas nonplus, que tout à la fin de la révolution quandtout s'efTondre, aucun paysan pauvre ne 'viendrachez nous. Cela est indubitable. Pour cette rai-50.n aussi n?us devons faire de la propaganda par-mi eux. Mals nous avons à déterminer notre tac-tique en considérant le commencement et le de-veloppement de la révolution. Donc la manièred'être et la tendance générales des circonstancessont dans la situation telles que je disais. Et c'estsur elles seulement qu'on peut et doit baser unetactique. (.)

Il suit de là en premier lieu - et cela doitêtre dit' av~c insistance et distinctement _ qu'enEurope occidentale la vraie révolution, c'est-à-direle ren:versem~nt du ,capitali!mle ainsi que la con-structlon et 1 entreben durable du communismeest maintenant seulement possible encore dan~les pays oü le prolétariat seul est assez fort enface de toutes les au tres classes, donc en Alle-~l~gne et en Angleterre - et en Italie parce que1aide des paysans pauvres est possible. Par lapropagande, l'organisation et la lutte. La révo-

C·) Vous,c'Ilmarade, vous ne chercherez certailnementpas à gagner une bataille en eonstdérant les a.ffirmationsde vos adversaiil'es dans Uil sens absolu, eomme font lespetits esprits. Ma remarque ci-dessus n'est done destinéequ'à ceux-cl,

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lution elle-rnême ne pourra avoir lieu que lors.quel'économie aura été ébranlée de tel~e manièrepar la r.évolution dans les plus grands etats (Rus-sie, All~magne, Angleterre) que les ?la~ses bour-geoises auront été suffisamment afîaiblies.

Oar vous me Ierez sürement cette ~onces-sion que nous ne pouvons pas mettre a.u p.omt no-tre tactique sur des évènements qui .vlendr?ntpeut-être, mais qui manqueront pe~t-etre (a~dedes armées russes, insurrection lnndoue, C~IS~terrible comme il n'en ajamais encore existé,etc. )

Que vous n'ayez donc pas vu cette ,véritésur la signification des paysans pauvres, c es~ làvotre première grande faute, camarade. Et eesten même temps celle de l'Exécutif à Moscou etdu Gengrès International.

Allons plus loin. Que signi,fie mamtenant aupoint de vue de la tacbqu~ c,et Isolement ~u p~o-Iétariat occidental, (si different de la situationdu prolétariat russe ) , ce fait qu'Il ne peut atten-dre un secours de nulle part, de nulle autreclasse ?

Cela signifie que chez nous les efforts exi-gés des masses par la situation sont eneere beau-coup plus grands qu'en Bussie.

Et deuxièmment, que l'impo~tance des chefsest proportionnellement plus petite.

Car les masses russes, les prolétaires, pré-voyaient avec certitude, ~t constatalent déjàpendant la guerre - en partl,e sous ,Ieu~s yeux, -que les paysans se placeraient blentöt dl' leurcöté. Les prolétaires allemande, pour ne parlerd'sbord que d'eux, savent qu'ils ont contre eux

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!1:stse!~ capitalisme allemand avec toutes les

. Les 'prolétaires allemands, sans doute comta~ent déJA avant la guerre i9 A 20 'Ir' ,p-r€~;:~~::!~e!o!~n:e~b"Jl~~:!:~O~~df:Z~:~~;

Ils se trouvent en f d' '.coup plus fort ue c ,ace un capitalisms beau-et sans armes qL ,e n étal,t I~ I!I!!; puur les russes. es l"usses ètaient armés ,taire ~!Ie~:~~ti3: exige don~ de chaq'ue prolé-coup plus d' chaque individu, f'nt.:ol'e heau-des russes. e courage et d'esprit de sacrifice que

Cela découle des rap t é .rapports de classes en Alfor s conomrquss, desquelconque théorie ou . ~ma~ne, et non d'unenaires romantiques ouImd~gltnalltlOtnde révolution-

Dm e ec uelsans la mesure ou I" t .augmente baiss Imp?r ance de la classe

ohefs. Ceia ne v~u~n iroä·ortIon l'importance despas avoir les meilleu~s SIre que .nous ne devonsIeurs entre les meill chefs possibles : les meil-bons et nous en sor:Uf'S ne ~o.n~pas encore assezeher. Cela signifie s mfs prefIse~ent à les cher-~~:~:importance de:u~~::s, ~~I~: d~~~b~~~i~~~

Si on doit gagnerhuit m '11' d ' ?omme vous, avec sept ou1 ions e prolétalres un pay d t soite millions d'hahit t s. e ~.en soixan ,

des chefs est énor~~ ~,Caa1rorpso'uOrUl,.1 Importancepe d'h . vamcre avec si. u ~n;tmes un si grand .nombre, c'est la tac-

tique qui importe en premier lieu. Lorsque come vous camar d ' m-. , a es, on gagne avec une au .petIte troupe, mais avec un appui auxilliaire, ~~

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aussi grand pays, alors, ce qui importe en premierIieu, q'est la tactique du cher. Quand vous avezcomrnèncé la lutte, camarade Lénine, avec cettepetite troupe de prolétaires, c'était en premierlieu votre tactique, qui, au moment propice, alivré les batailles et rallié les paysans pauvres.

Mais en Allemagne? LA, la tactique la plusintelligente, la plus grande clarté, le génie mêmedu chef n'est pas l'essentiel, ni le fa-cteur principal.LA, inexorablement, les classes sont en présence,une contre toutes. LA, le prolétariat doit déciderlui-même, comme classe. Par sa puissance, parson nombre. Mais sa puissance, en face d'un enne-mi aussi formidabie et d'une supériorité d'organi-sation et d'armement si écrasante, est fondée sur-tout dans sa quallté,

Vous étiez placé devant les classes possédan-tes russes comme David devant Goliath. Davidétait petit, mais il avait une arme sûrement mor-telle. Le prolétariat allemand, anglais, ouest-eu-ropéén est en face du capitalisme comme géantcontre géant. Pour eux, tout dépend seulementde la force. La force du corps et surtout celle del'esprit.

N'avez-vous pas remarque, camarade Lénine,qu'il n'existe pas de c grands » chefs en Alle-magne ? Ce sont tous des hom mes tout ordinaires.Cela montre déjà que cette révolution doit êtreen premier lieu l'ceuvre des masses et non pasdes chefs.

A mon point de vue, ce sera quelque chose degrandiose, de plus grand que rien jusqu'ici. Etune indication de ce que sera le communisme.

Ce sera en Allemagne, ce sera ainsi dans toute

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l'Europe occidentale. Gar nartout le prolétariatest seul., Ce s.era la révolution des masses, non parce que

c e,st bien ?u beau comme ça, ou inventé par quel-qu un, mars parce que c'est uonditionné par lesrapports économiques et classistes (.).

De cette différence entr-e Russie et Europe oc-cidentale, découle en outre ce qui suit :

1° Quand vous, ou l'exécutif de Moscou oules communistes opportunistes occidentaux de laLigue Spartacue ou ceux du P. C. d'Angleterrequi V?US suivent, vous dites qu'une lutte sur laquestton : chef ou maMes est un non-sens, nonseulement vous avez tort vis-à-vis de nous quicherchons encore un chef, mais vous avez tortparce que cette questiona, chez nous une touteautre signification que chez vous. '

2° Quand vous ven ez nous dire : chef et mas-se ne doivent faire qu'un, vous ne vous tromp ezpas seulement en ce que nous cherchons juste-ment .une telle unité, mais aussi en ce que cettequestion a, chez nous, une autre signification queeh ez vous.

3° Quand vous venez no us dire : il doit y avuirdans le parti communiste une discipline de fer

. {~) Je passe ici cornolètement sous si~ence que, parceLte différenee de rapport numérique {20 miûllons sur 70millions en AlJemagne), l'impoI'ltance de la masse et deschefs et le rapport .entre masse, parLi et chefs, même pen-dant et à la fin de la révolution, serent autres qu'en Russie.

Un développement de cette questlon, qui par elJe-mêmeest extrêmement importante, m'entratneralt tro.p loin pourI'instant. .

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et une centralisation absolue, militaire, VOU'I nevous trompez pas seulement ~n. c~ci que nouscherchons effectivement une discipline de fel' etune forte centralisation, mais en cela que cettequestion a, chez nous, unc autre signillcatiou quechez vous.

4° Quand vous venez dire: en Russie, !lOUSagissons de te11e et te11e façon (par exemple aprèsl'offensive de Kornilov ou à l'occasion de tel autreépisode), dans telle ou telle période flOUS nllionsau parlement ou bien nous restions dans les syn-dicats, cela n~ veut absolument rj~n dire .~t n'im-plique nullement que cette tactique puisse oudoive convenir ici, car les rapports de classe enEurope occidentale dans la lutte et dans la ré-volution sont -tout autres qu'en Russie.

5° Quand vous, ou l'Exécutif à Moscou,. nu lescommunistes opportunistes en Europe oC?ldellta~le, vous prétendez nous imposer une tactique quiétait parfaitemènt juste en Russie - par exempleune tactique calculée et basée consciemment ouinconsciemment SUl' le fait que les paysans pau-vres ou d'autres couches travailleuses serontbien-töt avec vous, en d'autres termes que le proléta-riat n'est pas seul, _. cette tactique que vousprescrivez chez nous ou qui y est appliquée, -nepeut que conduire le prolétariat oceldental à saperte et à des défaites terribles.

6° Quand vous, ou I'Exécutif à. Moscou, ou leséléments opportunistes en Europe occidentalecomme la centrale de la Ligue Spartacus en Alle-magne et le B. S. P. en Angleterre, vous vouleznous imposer, ici, en Europe occidentale, unetactique opportuniste (l'opportunisme s'appuie

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toujours sur des éléments étrangers prêts Aaban-donner le prolétariat), vous commettez une tau te.

L'isolement, le manque de renforts en perspee-tive, et, par conséquent, l'importance supérieurede la masse et la moindre importance relative deschefs, voilà les bases générales sur lesquelles latactique ouest-européenne doit se fonder. .

Oes bases, ni Radek, quand il était en Alle-magne, ni l'exécutit de l'lnternationale A Moscou,ni vous-même, si j'en crois vos écrits, ne lesavez vues.

Sur ces bases: l'isolement du prolétariat et laprédominance des masses et des individus, reposela tactique du K. A. P. D., du Parti communistede Sylvia Pankhurst (~) et de la majorité de laCommission d'Amsterdam, telle qu'elle a été nom-mée par Moscou.

Par ces raisons, ils cherchent surtout A éleverles masses, comme unité et comme somme d'Indi-vidus, A un degré beaucoup plus haut de déve-loppement, A éduquer les prolétaires, un par un,pour en faire des lutteurs révolutionnaires en leurfaisant voir clairement (non seulement par lathéorie, mais surtout par la pratique) que toutdépend d'eux, qu'ils ne doivent rien attendre del'aide étrangère d'autres classes, peu seulementde leurs chefs, mais tout d'eux-mêmes.

Théoriquement donc, si l'on ne tient pas oom-pte des exagératio.ns privées, des questions de ~é-tail et des aberrations, comme celles de Wolfheimet de Laufenberg, qui sont inévitables au débutd'un mouvement, la conception des partis et des

(~) Du moins jusqu'à présent.

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namarades nommés plus haut est tout-A-fait justeet votre oft'ensive est fausse d'un bout A l'au-tre (.).

Si 1'0n va de l'Est de I'Europe A l'Ouest, ontrave~se A un certain endroit, une frontière ëco-nomiqu~. Elle est tracée de la Baltique A la Médi-terranée, Apeu près de Dantzig AV~nise. C'est laIigne de partage de deux mondes. A I Ol~estde eet-te ligne le capital industriel, commercial, et ban-quaire, uniflé dans le capital financier développéau plus haut degré, domine presque absolument.Le capital agraire même est subordonné à ce ca-pital ou a déjà dü s'unir à lui. Ce capital est hau-telment organisé et se concentre dans les plussolides gouvernements et Etats du monde.

A l'est de cette ligne n'existe ni eet immensedéveloppement du capital concentré de l'indust.rie,du commerce, des transports, de la banque, Dl sadomination presque absolue, ni, par conséquent,l'Etat moderne solidement éditlé.

Ce serait déjà en soi-même un miracle que latactique du prolétariat révolutionnaire Al'ouest decette frontière ft1t la même qu'à l'Est.

(.) Ceci rn'a rrappé que dans votre polémique, vousfaites presque toujours usage des opinions privées de l'ad-versafre. el non de ses positions officielIes.

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LA QUE8TION 8Y~DICALE

A~rès avoir établi ces. bases théoriques généra-les, Je veux essayer mamtenant de prouver aussidans l'application que la gauche en Allemagne eten Angleterre a, généralement raison. Dans lesquestions syndicale et parleme~taire en particu-her.

D'sbord la question des syndicats.«De même que le parlamentarisme exprime

le pouvoir intellectuel des chefs sur les massesouvrières, le mouvement syndical incarne leur do-minatien matérielle. Les syndicats constituentsous le capitalisme, les organisations naturene~pour l'~I?-~fication du prolétariat,et à ce titreMarx, déjà de très bonne heure, a fait ressortirleur importsnee. Dans le capitalisme développéet plus encore à l'époque impérialiste, les syndi-cats sont devenus toujours davantage des associa-tions géantes, qui montrent la mêrne : tendancede développement qu'en d'autres temps, l'appareild'Etat bourgeois lui-même. Dans ce dernier s'estCormée une classe d'employés, une bureaucratiequi dispose de tous les moyens de gouvernementde l'organisation, l'argent, la presse, la nomina-tion des sous-ordres ; souvent les prérogatives desfonctionnaires s' étendent encore plus loin, de sor-te que, de serviteurs de la collectivité, ils devien-nent ses maîtres, et s'identifient eux-mêmes avecl'organisation. Les syndicats convergent aussi avecl'Etat et sa bureaucratie en' ce que, malgré la dé-moeratle qui est censée y régner, les membres nesont pas en situation de faire prévaloir leur volon-

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té contre le fonctionnarisme ; SUl' l'appareil artis-tement édiflé des règlements et des statuts touterévolte se brise avant qu'elle puisse ébranler leshautes sphères.

« C'pst seulement par une longue persévérance àtoute èpreuve qu'une organisation parvient quel-quefois, après des années, à un succès relatif quiressort généralement à un changement de person-nes. Dans ces dernières années, avant la guerre etaprès, on en est arrivé ainsi - en Angleterre, enAllemagne, en Amérique - à des révoltes de miJi-tants faisant la grève pour leur propre compte,contre la volonté des chefs ou les résolutions del'association elle-même. Que cela puisse arrtvercomme quelque chose de naturel, et être envisagécomme tel, manifeste que l'organisation, loind'être la collectivité des membres, se présentecomme un être qui lui est en quelque sorte étran-gel'. Les ouvriers ne sont pas souverains dansleur association, mais elle les domine comme uneforce extérieure contre laquelle ils peuvent se ré-volter, bien que cette force soit cependant sortied'eux-mêmes. Encore un point de commun avecl'Etat. Puis, lorsque la révolte s'apaise, l'aneiennedirection se réinstalle et sait se maintenir malgréla haine et l'amertume impuissante dans le:; mas-ses, parce qu'élle s'appuie SUl' l'indifTérence et lemanque de clairvoyance, de volonté homogêne etpersévérante de ces masses. et parce qu'elle re-pose SUl' la nécessité interne du syndicat commeseul moyen pour les ouvriers de trouver, dansI'uniflcation, des torces er ntre le oapitar.

« En luttant contre te capital, contre les ten-dances du capital absolutistes et génératrices de

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misère, en limitant ces tendances et. en rendantdl' Cf' !ait l'existence possible à la classs ouvrière,le Ulouveme.nt syndioal s'est mis à. remplu- un röledans Je oepttaltsme et il est devenu lui-même dec.(!Uf> lll~nière un membre de la. socrété capita-Iiste. Mals du moment oü la révolution oomu.enr:e,en tant que le prolétariat, de membre dl' In socictécupitaltste, se mue en son destrucf.eur i! rencon-t,'e devant lui le syndicat comme un obst.l1cle.

c Ce que Marx et Lénine ont fait ressortlr apropos de l'Etat : à savoir que son organisation,malgré ce qu'elle conti ent de démocratie formel-le, le r~nd Impropre à servir d'instrument pour larévolution prolétarienne, vaut donc aussi pour lesorganisations syndicales. Leur puissance contre-révolutionnaire ne peut être ni anéantie, ni atté-nuée par. un cbangement de personnes, par le rem-placement des cbefs réactionnaires par des bom-mes de gaucbe ou des révolutionnaires.

c C'est la forme organisatoire elle-rnême quirend les masses à peu près impuissantes et qui lesempêcbe de faire du syndicat l'instrument de leurvolonté. La révolution ne peut vaincre qu'en dé-trui sant cet organisme, c'est-à-dire en boulever-sant de fond en comble cette forme organisatoireafln qu'Il en sorte quelque chose de tout à faitautre.

c Le système des conseils, par son développe-ment propre, est capable de déraciner et de fairedisparaitre non seulement le bureaucratie étatique,mais aussi la bureaucratie syndicale, de formernon seulement les nouveaux organes politiques duprolétariat contre le capitalisme, mais aussi lesbases des nouveaux syndicats. Au cours des dis-

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Ir

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cussions dans le Parti, en Allemagne, on s'est mo-qué c1e ce qu'une forme d'organisation puisse êtrerévolutionnaire, sous prétexte que tout dépendaitseulement de la conscience révolutionnaire deshommes, des adhérents. Mais si le contenu essen-tiel de la révolution consiste en ce que les massesprennent elles-rnêmes en main la direction deleurs propres affaires, la direction de la société etde la production, - il s'ensuit que toute formed'organisation qui ne permet pas aux masses dedominer et de diriger elles-mêmes est contre-ré-volutionnaire et nuisible ; pour cette raison elledoit être remplacée par une autre forme organi-satoire qui est révolutionnaire, du fait qu'elle per-met aux ouvriers eux-mêmes de décider active-ment de tout ~ (Pannekoek) .

Les syndicats, par leur nature, ne sont pas debonnes armes pour la révolution dans l'Europe del'ouest. Même s'ils n'étaient pas devenus les ins-truments du capitallsme, s'ils n'étaient pas dansles mains des traîtres, et si - dans les mains dequelques chefs que ce soit - ils n'étaient pas, parnature, voués à faire de leurs membres des escla-ves et des instruments passifs, ils n'en seraient pasmoins iautilisables.

Les syndicats sont trop faibles pour la lutte, pourla révolution contre le capital organisé au plushaut degré comme il est en Ouest-Europe, et con-tre 'Bon Etat. L'un et l'autre sont beaucoup troppuissants pour eux. Les syndicets sont encore pourune part des associations de métier, et déjà, par ceseul fait, ne peuvent faire de révolution. Et dansla mesure même oü ce sont des associations d'in-dustrie, ils ne s'appuient pas directement sur les

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uS.ines, sur les ateliers, ,ce qui cause aussi leurfalbiesse. Enfin, ce sont moins des groupementsde .Iutte q?e des soci~tés de secours mutuel, pro-duits de I époque petIte-bourgeoise.

Leur organisation était déjà insuffisante pourI,,:lutte. avant que la révolution ne soit là ; pour larevo.lutIOn elle-même, .en Europe occidentale, elleest inapte à tout service .. Oar les usines les ou-vriers des usines, ne font pas la révolut'ion dansles métiers ou les industries mais dans les ate-liers. ~ar surcroit, les syndic~ts sont des organesà travail lent, bea~c?up trop compliqués, bons seu-lement pour les periodes d'évolution. Et c'est aveeees misérables syndicats, qui comme on l'a vudoivent êt:e détruits en tout ~as, qu' on veut fair~la révolution ... Les ouvriers ont besoin d'armespour la révolution en Europe occidentale. Les seu-les armes pour la révolution en Europe occidentalesont les organisations d'usine. Les organisationsd'usine rassemblées dans une grande unité.

Les ouvriers ouest-européens ont besoin desm~~lleu~es armes., ~arce qu'ils sont seuls, parcequ IIs n ont pas d'aide, Et à cause de cela, il leurfaut ces organisations d'usine. En Allemagne et enAngleterre, tout de suite, parce que là, la révolu-tion est le plus imminente. Et aussi dans les autrespays, le plus vite possible, dès que nous pourronsl'obtenir.

Cela ne vous sert à rien de dire, camarade Léni-ne : en Russie, nous avons agi de telle et telle fa-çon, Car, premièrement, VOllS n'aviez pas en Rus-sie d'aussi mauvaises organisations de lutte quesont beaueoup de syndicats chez nous. Vous aviezdes organisations d'usine. En second lieu, l'esprit

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11des ouvriers était plus révolutionnaire. 'I'roisième-meht, l'organisation des capitalistes était faible.Et aussi l'Etat. Enfin, et au fond, tout dépend decela, vous aviez de l'aide. Vous n'aviez done pas he-soin d'avoir les meilleures entre les meilleures ar-ines. Nous sommes seuls, nous avons done besoindes toutes meilleures armes. Sans cela nous nevainerons pas, sans cela une défaite suivra l'autre.

Mais il y a encore d'autres bases, morales etmatérielles, qui démontrent que nous avons raison.

Représentez-vous, camarade, l'état des chosesen Allemagne avant la guerre et pendant la guerre.Leg syndicats, seuls et trop faibles instruments,sont entièrement aux mains des chefs comme desmachine" inertes et ceux-ci les exploitent au profitdu capitalisme . .Puis vient la Révolution. Les syndi-cats sont employés par les chefs et 'par la massedes membres comme arme contre la Révolution.C'est par leur aide, par leur soutien, par I'actiunde leurs chefs et en partie aussi par celle de leursmembres que la Révolution est assassinée. Lescommunistes voient leurs propres frères Iusillésavec l'aide des .syndicats. Les grèves en faveur dela Révolution, sont brisées. Croyez-vous, cama-rade, qu'il soit possible que des ouvriers révolu-tionnaires restent ensuite dans de telles organisa-ti ons ? Si encore elles sont par dessus le marehédes outils beaueoup trop faibles pour pouvoir ser-vir la révolution ! Il me semble que c'est psyche-logiquement impossible. Qu'auriez-vous fait vous-même comme membre d'un parti politique, du par-ti menchevick, par exemple, s'il s'était conduitainsi pendant la Révolution ? Vous auriez scission-

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né . (si vous ne l'aviez pas déjà fait auparavant) ...Mals vous al~ez dir~ : c'était un parti politique,pour un syndicat, eest autre chose. Je crois quevous faite~ erreur. Dans la révolution, tant que durela révolution, chaque syndicat, même chaque grou-pement ouvrier, joue un röle de parti politiquepour ou contre la révolution.

Mais vous allez dire, et vous le dites dans votreartiele, que ces mouvements sentimentaux doiventêtre surmontés en faveur de l'unité et de la propa-gande communiste. Je vous démontrerai que celaétait impossible, en Allemagne, pendant la révolu-tion. Par des exemples concrets. Car nous devonsconsidérer cette question-IA aussi d'un point devue tout à fait concret et unilatéral.. .. Supposonsqu'il y ait en Allemagne 1.00.000 dockers, 1.00.000métallurgtstes et 1.00.000 mineurs vraiment révo-Iutionnatres. Ils veulent faire la grève, se battre,mounr pour la révolution. Les au tres millions, non.Que doivent faire les 300.000 ? En premier lieus'unir entre eux, former une ligue pour le com-bat. Vous convenez de cela : les ouvriers ne peu-vent rien sans organisation. Mais une nouveIle li-gue en face des anciennes associations équivantdéjà à une seission sinon formelle, du moins réelle.Même si les partisans du nouveau groupementrestent membres des anciens. Mais voici que lesmembres de I'organisatlon nouveIle out besoin àprésent d'une presse, de réunions, de locaux, depersonnes payées. Cela coûte beaucoup d'argent.Et les ouvriers allemands ne possèdent à peu prèsrien. Pour faire vivre la nouveIle association, ilsseront obligés, même s'ils n'en avaient pas envie,de quitter l'ancienne. Donc, considéré d'un point

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de vu-; concret, ce que vous vous flgurez, cher ca-marade, est impossible.

Mais il existe encore de meilleures raisons ma-térielles. Les ouvriers Allemands qui ont quitté lessyndicats, qui veulent détruire. les sy~dic~ts, qulont créé les organisations d'usme .et 1 Union Ou-vrière se sont trouvé en pleine Révolution. 11 tal-lait lutter immédiatement. La Révolution ét~it là.Les syndicats ne voulurent pas lu tt er. A qUOIbon,dans un pareil moment dire : restez .dans les syn-dicats propagez vos idées, vous deviendrez sûre-ment ies plus forts et aurez la majorité.' Cela seraltbien joli, en ne tenant pas compte de l'étoutTe-ment des minorités qui est un fait d'usage et lagauche elle-rnême .ne demandera~t .qu',A l'es~ayersi seulement on avait le temps. Mals 11 n y avad pas.à attendre. La Révolution était là. Et elle est en-core lA I

Pendant la révolution (notez bien cela, eama-rade, c'était pendant la révolution que les ouvri~rsAllemands ont scissionné et ont eréé leur UnionOuvrière) les ouvriers révolutionnaires se sépa-reront toujours des social-patriotes. Pour lutteril n'y a à un tel moment auoune aU,tre possi~ilité.Quoi que vous et le Congrès de 1Internationalepuissiez dire, et avec quelque mécontent8~ent quavous considériez la scission, elle aura toujours lieupour des raisons psychologiques et matérielles.

Parce que les ouvriers ne peuvent pas totijourssupporter d'être fusillés par les syndicats et parcequ'il faut lutter.

A cause de cela, les gauchistes ont créé l'Uniongénérale ouvrière. Et comme ils croient qu.e la r~-volution en Allemagne n'est pas encore fime, mars

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qU'el!e ir.a plus loin, jusqu'à la victoire à cause decela Ils hennent le coup. '

Camara~e Lé~ine I existe-t-il dans le mouve-ment ouvrrer, SI deux directions se forment, unautre moy~n que la lutte ? Et si ces orientationssont très d~1Térentes, opposées I'une à l'autre, peut-on en .sorh~ autrement que par la scission ? Avez-v0l;Is Ja~als entendu pari er d'un autre moyen ?EXlste-t~lI qu.elque chose de plus contradictoireque la révolution et la contre-révolution ?

A cause de cela aussi le K. A. P. D. et l'Uniongénérale ouvrière ont pleinement raison.. Au ~ond, camarade, ces scissions, ces clariûca-

bons n ont-elles pas toujours été une bonne chosepour Ieprolétanat ? Est-ce qu'on ne s'en aperçoitpas to.uJours plus tard ? Sur ce terrain, j'ai quelqueexpér~ence. Quand nous étions encore dans Ie par-ti eoclal-patrtote, nous n'avions aucune influence.Quand nous avons été jetés dehors - au cum-~encement - peu d'influence. Mais après cela,bientöt une grande influence, et ensuite, rapide-ment une très grande influence. Et comment vousle~ ~olchevicks, vous êtes-vous trouvez, après l~8'ClSS~on.'c~marade? .Tout à fait bien, je crois. Cefut amsr: d abord petit ; plus tard -grand. Mainte-nant, tout. n.dépend e~t~èrement du développe-me~t é~0D:0mlqu.eet politiqua qu'un groupe, aussipe~It SOlt-I~, devienne le plus puissant. Si la révo-l~tIon contmue en Allemagne, il y a bon espoir queI'Importanoe et l'inlluence de l'Union Ouvrière de-~le!ln~nt prépondérantes. Qu'elle ne se laisse posintimider par les rapports numériques: 70.00/lc.ontre 7.000.000. De plus petlts groupes que ceux-la sont devenus les plus forts. Entre autres lesBolchevicks !

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Pourquoi les organisations d'usine et de lieu detravail, et l'Union ouvrière qui se base sur cetteorganisation et qui est formée de leurs membressont-elles d'aussi excellentes armes, à coup sûr,avec les partis communistes, les meilleures, lesseules bonnes arm es pour la révolution en Europeoccidentale?

Parce que là les ouvriers agissent par eux-mê-mes infiniment plus que dans les vieux syndioats,parce qu'ils ont les chefs entre leurs mains, et,par eux, l'orientation elle-même ; et parce qu'ilsoontrölent l'organisation d'usine, et par elle toutel'Union.

Ohaque usine, chaque lieu de travuil est untout. Dans I'usine, les ouvriers élisent leurs hom-mes de conflance. Les organisations d'usine sontréparties en districts économiques. Pour les dis-tricts, on élit de nouveau des hommes de conflan-ce. Et les districts élisent à leur tour la directiongénérale de l'Union pour le Reich entier.

Ainsi, toutes les organisations d'usine, sans dis-tinguer à quelles industrles elles appartiennent,torment ensemble une seule Union ouvrière.

C'est, comme on le voit, une organisation touteorientée vers la révolution.

On voit eneere ceel : ici, l'ouvrier, ohaque ou-vrier, reçoit un pouvoir. Oar il élit dans son lieude travail ses propres hommes de conflanoe, et apar eux une inlluence directe sur le district etl'Union à l'échelle du Reich. Il y a une centrali-sation forte, mais sans excès. L'individu, avec sonorganisation directe, l'organisation d'usine, a unegrande puissance. Il peut révoquer immédiatementses hommes de confiance, les remplacer et les tor-

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eer à remplacer tout de suite les instances les plushautes. 11y a de l'individualisme, mals pas trop.

Car les instincts centrales, conseils régionaux eteonseil national ont une grande autorité. Individuet direction ont juste autant de pouvoir qu'Il estnécessaire et possible qu'ils en aient, en Europecentrale, dans la période que nous vivons, celle del'explosion de la révolution.

Marx écrit que, sous le capitalisme, le citoyenen face de I'Etat, est une ahstraction, un chiffre.11 en est de même dans les vieilles organisationssyndicales. La bureaucratie, toute l'essence de I'or-ganisation forme un monde supérieur échappant àl'ouvrier, flottant au-dessus de lui comme le ciel.L'ouvrier est en face d'elles un chiffre, une abstrac-tion. Il n'est même pas pour elles l'homme dansl'atelier ; il n'est pas un être vivant, qui veut etqui lutte. Remplacez, dans les vieux syndicats, unebureaucratie constituée par un personnel nou-veau, et en peu de temps vous verrez que celui-eiaussi acquérera le même caractère qui l'élevera,l'éloignera, le détachera de la masse. Les quatre-vingt-dix-neuf centièmes seront des tyrans pla-cés à cöté de la bourgeoisie. Cela résulte de I'es-sence de I'organisation.

Comme c'est différent dans Ies organisationsd'usine ! lei, c'est l'ouvrier lui-même qui décidede la tactique de l'orientation et de la lutte, etqui fait intervenir immédiatement son autorité, siles chefs ne font pas ce qu'il veut. Il esten per-manence au centre-de la lutte, car l'usine, l'ateliersont en même temps la base d'organisation.

Il est, autant qu'il est possible sous le capita-lisme, I'artisan et le maître de sa propre destinée,et comme il en est ainsi de chacun, la malse IIvre

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el dlrlge IOn propre oom ba\. Bien plus, inflnimentplus en tout cas que ce n'était possible dans lesvieilles organisations économlques, tant rétor-mistes que syndicalistes (*).

Par cela même qu'elles font des individus, et parconséquent des masses, les agents directs de lalutte, ses conducteurs et leurs s.ouhens, les .orga-nisations d'usine et l'Union Ouvrière so~t vratmentles meilleures armes pour la r~voluhon, le.s ar-mes dont nous avons besoin, en 1Europe OCCIden-tale, pour renverser sans a~de le capitalisme Ieplus puissant du monde enher.. Mais, camarade, ce ne sont en~ore, au fond, !lued'assez faibles arguments au prrx de la. ~erm~reet fondamentale raison, laquelle est en liaison ~n-time avec les principes auxquels j'ai fait allustonen commençant. Cette raison est décisive pour leK. A. P. D. et pour le parti d'opposition en An-gleterre: ces partis. veulent élever largement leniveau de conscience des masses et des individusen Allemagne et en Angleterre.

A leur avis il n'y a pour cela qu'un seul moyen.Et je voudrais bien vous damander encore unefois si vous connaissez une autre méthode dans lemouvement ouvrier. C'est la formahon, I'éduca-tion d'un groupe qul montre danl sa lutte ce quedolt devenlr la malle. Montrez-moi, cam~r~de, ,unautre moyen si vous en connaisses. MOl, Je n enconnais pas d'autres.

,*) Naturellement, il faut bien comprendre que ~ttenouveIle corrélation d'Indivldualisme et de centralismen'est pas déjà donnée comme un fait achevé, mais est uneréalité en fOmlation, un proceasus qui ne se développeraet n'atleindra son aboutissilIIlent qu'à travers 1", lu~.

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