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Fiche n° 1295 Los Hongos De Óscar Ruiz Navia Du 5 au 11 Août 2015 Film dramatique colombien — 103 min — 2014 Colombie / Argentine / France / Allemagne VO espagnol sous-titré français Sortie : 27 mai 2015 Récompenses : Prix spécial du Jury, festival de Locarno (2014) Prix du Public, festival de Rotterdam (2014 Meilleur film national, festival de Cali 2014 Synopsis : Dans la journée, Ras est ouvrier dans le bâtiment. Tous les soirs après le travail, il tague des graffitis sur les murs du quartier dans l’est de Cali (Colombie). Ras n’a pas dormi depuis longtemps et commence à rêvasser en plein jour. Quand il vole plusieurs pots de peinture pour finir une immense fresque murale, il est renvoyé. Sans le sou, il arpente la ville à la recherche de Calvin, son ami graffeur qui fait des études d’art et veille avec amour sur sa grand-mère. Los Hongos Óscar Ruiz Navia […] Le street art, c'est leur vie : le seul moyen d'éviter l'ennui, de lutter contre l'ordre établi et d'oublier l'avenir sombre qui se profile. Les deux ados (que le réalisateur appelle affectueusement des hongos — des champignons !) rencontrent quelques passionnés, plus âgés qu'eux, qui leur proposent de les rejoindre pour finir une immense fresque sous un pont. Une nuit, la police charge... Bref moment d'action dans un film contemplatif — presque un documentaire, en fait. Le réalisateur traîne avec ses héros, il filme sa ville natale, Cali, avec brio. Un charme diffus naît de ce périple permanent, un rien alangui, par moments, mais très séduisant. Le personnage qui charme le plus, c'est la grand-mère de Calvin, dont il s'occupe avec une attention touchante. Elle est toute menue, ridée comme une vieille pomme, la maladie va l'emporter, bientôt, mais elle dégage une force, une humanité inaltérables. La scène où, feuilletant un album de photos, elle résume sa vie devant ces deux ados attentifs, est un moment magnifique de tendresse partagée. ———————————— Pierre Murat, Télérama On avait découvert le jeune cinéaste colombien Oscar Ruiz Navia en 2011 avec un très beau film-mantra, la Barra, immersion lente dans un village de pêcheurs au bord de l’océan Pacifique, éloigné de tout, torpide et vacant comme l’était son personnage principal de citadin en fuite, soudain sédentarisé dans ce lieu où il n’y avait rien d’autre à faire que se perdre et disparaître. Avec Los Hongos, changement de décor, on revient à la vie urbaine, dans la ville de Cali, la troisième agglomération colombienne après Bogotá et Medellín, où le cinéaste a grandi et réside…

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Fiche n° 1295 Los Hongos De Óscar Ruiz Navia Du 5 au 11 Août 2015

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Film dramatique colombien — 103 min — 2014 Colombie / Argentine / France / Allemagne VO espagnol sous-titré français Sortie : 27 mai 2015

Récompenses : Prix spécial du Jury, festival de Locarno (2014) Prix du Public, festival de Rotterdam (2014 Meilleur film national, festival de Cali 2014

Synopsis :

Dans la journée, Ras est ouvrier dans le bâtiment. Tous les soirs après le travail, il tague des graffitis sur les murs du quartier dans l’est de Cali (Colombie). Ras n’a pas dormi depuis longtemps et commence à rêvasser en plein jour. Quand il vole plusieurs pots de peinture pour finir une immense fresque murale, il est renvoyé. Sans le sou, il arpente la ville à la recherche de Calvin, son ami graffeur qui fait des études d’art et veille avec amour sur sa grand-mère.

Los Hongos Óscar Ruiz Navia

[…] Le street art, c'est leur vie : le seul moyen d'éviter l'ennui, de lutter contre l'ordre établi et d'oublier l'avenir sombre qui se profile. Les deux ados (que le réalisateur appelle affectueusement des hongos — des champignons !) rencontrent quelques passionnés, plus âgés qu'eux, qui leur proposent de les rejoindre pour finir une immense fresque sous un pont. Une nuit, la police charge... Bref moment d'action dans un film contemplatif — presque un documentaire, en fait. Le réalisateur traîne avec ses héros, il filme sa ville natale, Cali, avec brio. Un charme diffus naît de ce périple permanent, un rien alangui, par moments, mais très séduisant. Le personnage qui charme le plus, c'est la grand-mère de Calvin, dont il s'occupe avec une attention touchante. Elle est toute menue, ridée comme une vieille pomme, la maladie va l'emporter, bientôt, mais elle dégage une force, une humanité inaltérables. La scène où, feuilletant un album de photos, elle résume sa vie devant ces deux ados attentifs, est un moment magnifique de tendresse partagée. ———————————— Pierre Murat, Télérama

On avait découvert le jeune cinéaste colombien Oscar Ruiz Navia en  2011 avec un très beau film-mantra, la Barra, immersion lente dans un village de pêcheurs au bord de l’océan Pacifique, éloigné de tout, torpide et vacant comme l’était son personnage principal de citadin en fuite, soudain sédentarisé dans ce lieu où il n’y avait rien d’autre à faire que se perdre et disparaître. Avec Los Hongos, changement de décor, on revient à la vie urbaine, dans la ville de Cali, la troisième agglomération colombienne après Bogotá et Medellín, où le cinéaste a grandi et réside…

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…Navia a étudié la communication sociale à l’université de Valle, tourné six courts métrages et fondé sa propre boîte de production. Il raconte dans plusieurs entretiens que les nombreux voyages accomplis pour accompagner la Barra dans différents festivals, puis l’année passée à Paris à la Cinéfondation cannoise pour écrire le scénario lui ont procuré un fort désir de revenir vers ses origines et son passé, tout en essayant de capter quelque chose de l’air du présent dans cette ville qu’il va écumer pendant plus d’un an pour choisir un casting de comédiens amateurs.

Fresques. Les deux ados Ras et Calvin apportent donc leur personnalité décisive à la coloration douce du film, ils forment un duo en balade laid-back, l’un sur son skate, l’autre juché sur un vélo, pas un sou en poche, mais toujours habile à voler des pots de peinture sur les chantiers afin de tapisser les murs de la ville de grandes fresques street art. Cali est en effervescence électorale, un nouveau maire, plus jeune, pourrait prendre la ville. On voit deux mondes coexister, la sous-culture urbaine des concerts alter remplis de fracas hip-hop et la forte influence de l’Eglise, omniprésente au côté des gens de pouvoir, cherchant à influer sur les votes par des discours émollients. Il y a une manière de montrer les différentes générations, non pas en lutte mais confrontées aux mêmes difficultés face à un cruel manque de liberté et de moyens, qui n’empêche pas pour autant de décrire comment les uns et les autres ne s’accordent pas sur les solutions à leurs problèmes.

Harmonie. Ras et Calvin sont tous deux fascinés par une vidéo des affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre dans les rues du Caire pendant le printemps arabe. Ils veulent en faire une peinture sur un mur. La police les frappe, eux aussi, bien qu’il s’agisse là d’un acte politique de faible intensité. La question de la liberté revient sans cesse mais Navia imagine moins la rébellion qu’il ne cherche une forme d’harmonie. Si bien que le film est entièrement mystérieux, quoiqu’investi d’un souci d’informer ou de dire la vérité - car la tension entre la protestation et la passivité ne peut s’y résoudre qu’en une longue et hypnotique rêverie sur le devenir. ——————————— Didier PÉRON, Libération

Vous avez recours à tous types d’images dans le film. Il y a un collage d’images de Skype, de Facebook, d’internet, de télévision, de téléphone portable qui correspond au collage pictural que les graffeurs utilisent dans leur pratique.

Toute cette question des images appartient à notre époque. Nous consommons des images en permanence, nous sommes tout le temps collés devant des écrans. Nous vivons dans un monde d’écrans. Il y a quelque chose en commun chez tous les jeunes que j’ai rencontrés pour faire le casting ; c’est cette connexion qu’ils ont en permanence avec les écrans et les outils de communication. Ils voient plus de choses sur internet que dans la rue. D’où l’idée de mettre cette vidéo de Youtube sur la révolution égyptienne dans le film car c’est propre à notre génération. Ou plutôt la génération qui me succède car j’ai déjà la trentaine. Les jeunes de 20 ans ont une manière différente d’appréhender le monde à travers les écrans. Dans la vie, Calvin et RAS passent le tiers de leur temps devant internet. Donc, quand ils sortent dans la rue, ils apportent avec eux toutes ces choses du cyberespace qu’ils vont mélanger au réel. Mélanger tous ces types d’images me paraissait être une manière d’être fidèle à notre époque.

Comme vos acteurs ne sont pas professionnels, comment s’est fait le casting ?Pour moi, le travail de casting est fondamental. Ce travail de recherche, d’exploration, c’est ce qui donne l’au- thenticité au film. J’ai mis un an et demi pour trouver les acteurs. J’ai rencontré Calvin dans son collège et je me suis approché de lui parce qu’il ressemblait à un ami que j’avais quand j’étais jeune. Il m’a raconté qu’il vivait avec sa grand-mère, que ses parents étaient punks et qu’il aimait peindre sur les murs dans la rue. Le père de Calvin est interprété par mon père et la grand-mère par la sœur de ma grand-mère. RAS écoutait Bob Marley, peignait et dégageait un vrai charisme. Il se déplaçait en skate et j’ai intégré cet élément dans le film. Pour Dominique, je cherchais une fille d’un collège bourgeois. J’en ai donc fait plusieurs avant de la rencontrer. Elle correspondait physiquement à l’idée que je me faisais du personnage et voulait de surcroît devenir actrice. Pour Maria (la mère de RAS dans le film), j’ai beaucoup cherché car je voulais une femme qui vienne du Pacifique. Une amie m’a parlé un jour d’une association de femmes qui chantaient et qui avaient été contraintes de quitter la Côte. Maria avait une histoire très dure. Et elle allait aussi à l’Eglise. Elle était exactement ce que je recher- chais. Il y a un côté documentaire dans cette recherche des acteurs qui me plaît beaucoup. Je me nourris de toutes ces rencontres et de tous ces entretiens. J’ai fait ce travail à mon retour à Cali, après avoir été accueilli par la Résidence de la Cinéfondation à Paris où j’avais commencé à écrire le scénario. Mais tout était très stéréotypé et ce n’est vraiment que sur place, en ren- contrant toutes ces personnes, que j’ai pu affiner les idées, les personnages et polir le scénario. ———————————————— Extrait d’une interview du réalisateur

La semaine prochaine, au Cinémateur : Self made, film israélien de Shira Geffen

projeté à l’Amphi.