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Cie Brozzoni 2 rue des Aravis 74000 Annecy – 04 50 45 56 35 – [email protected] CIE BROZZONI LA VÉRITABLE HISTOIRE DU CHEVAL DE TROIE adaptation de l’Enéide de Virgile, Claude Brozzoni traduction, Paul Veyne aux éditions Albin Michel Les Belles Lettres Dossier pédagogique ou partage d’expériences Décor en cours d’élaboration réalisé par des élèves pendant 3 jours de résidence autour de La véritable histoire du Cheval de Troie en Collège avec la Cie Brozzoni

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Cie Brozzoni 2 rue des Aravis 74000 Annecy – 04 50 45 56 35 – [email protected]

CIE BROZZONI

LA VÉRITABLE HISTOIRE DU CHEVAL DE TROIE adaptation de l’Enéide de Virgile, Claude Brozzoni

traduction, Paul Veyne aux éditions Albin Michel Les Belles Lettres

Dossier pédagogique ou partage d’expériences

Décor en cours d’élaboration réalisé par des élèves pendant 3 jours de résidence autour de La véritable histoire du Cheval de Troie en Collège avec la Cie Brozzoni

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L’éducation, la culture, le livre peuvent changer ou bouleverser le cours d’une vie. Depuis la naissance de la Cie Brozzoni en décembre 1987, nous n’avons jamais cessé de parler avec et de respecter notre public, nous l’avons écouté, nous avons partagé un stage, un repas, une discussion, des chants, de la musique, des mots d’auteurs classiques ou contemporains… C’est dans cet esprit de partage des connaissances acquises tout au long de notre expérience d’artiste artisan du spectacle que nous vous proposons ce dossier de La véritable Histoire du Cheval de Troie dédié plus particulièrement aux jeunes et à leur professeurs. Dominique Vallon comédienne en charge du travail pédagogique en direction des publics et des actions artistiques Ce dossier est le fruit d'une parole collectée de Claude Brozzoni metteur en scène, de Guillaume Edé comédien chanteur, de Claude gomez compositeur interprète, de Pascale Robin costumière et d'Elodie Monet scénographe.

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SOMMAIRE des exercices à pratiquer avec des élèves - La distribution ............................................................................................................. 3 - Résumés ...................................................................................................................... 4 - La traduction ............................................................................................................... 5 - Les textes choisis et l’adaptation .................................................................................. 6 - Le jeu .......................................................................................................................... 8 - La mise en scène ....................................................................................................... 10 - La musique ............................................................................................................... 12 - Le costume ................................................................................................................ 17 - La scénographie ........................................................................................................ 19 - La presse ................................................................................................................... 21 - Liste des supports de travail disponibles .................................................................... 22 DISTRIBUTION Texte : Virgile - traduction : Paul Veyne, éditions Albin Michel Mise en scène et adaptation : Claude Brozzoni Composition musicale et chants : Claude Gomez Musicien interprète : Claude Gomez Jeu et chant : Guillaume Édé Scénographie : Élodie Monet Costumes : Pascale Robin Lumière : Nicolas Faucheux

La véritable histoire du Cheval de Troie est une adaptation réalisée par Claude Brozzoni

à partir du livre illustré ci-dessus.

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O mon peuple de Troie, mon peuple de fous,

quatre fois le cheval a cogné les murs, quatre fois un bruit d’armes et de fer a retenti dans son ventre

et nous n’avons rien arrêté.

RÉSUMÉS

L’Enéide de Virgile Enée quitte Troie en flammes, emportant sur son dos son père, le vieil Anchise, et tenant par la main son fils, le petit Iule... ancêtre de Jules César. Il l'ignore encore, mais son destin est d'affronter les mers pour fonder en Italie cet empire destiné à illuminer le monde et l'histoire : Rome. La véritable histoire du Cheval de Troie, notre spectacle La véritable histoire du cheval de Troie n’a-t-elle pas commencé quand la guerre a pris fin ? Une cité détruite, ses habitants massacrés et l’exode. Un exilé justement raconte. Il sait de quoi il parle : lui et son peuple attendent un accueil qui ne vient pas. Sa voix grave et éternelle enflamme le récit de Virgile. Dans ses chants, l’espoir renaît malgré la douleur et l’errance. Le comédien et chanteur, Guillaume Edé, et Claude Gomez, l’accordéoniste mêlent leur souffle à la poésie du texte. Sur la scène se joue l’histoire intime des tragédies épiques. Une histoire forte, contrastée, toujours saisissante.

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LA TRADUCTION A propos de la traduction par Claude Brozzoni et l’Express Le rôle de la traduction et du traducteur dans ton travail. Claude Brozzoni s’exprime en ces termes : Je choisis le traducteur pour sa qualité poétique, non pour sa modernité, pour sa capacité à se mettre au service de l’œuvre et non pas l’œuvre à son propre service. Je n’aime pas quand la langue essaie à tout prix d’être moderne, d’être au niveau de la langue parlée. J’aime quand la langue de la traduction conserve la subtilité de la poésie, son épreuve. Il est grand le mystère de la langue. Ce n’est pas en l’expliquant, ni en la simplifiant, que je peux atteindre à ce mystère qui me dépasse, qui me permet à travers la représentation d’être à l’endroit d’une communion entre l’œuvre, les acteurs et le public. Je trouve que le verbe a une vie propre et qui nous dépasse. Pour la traduction de l’Enéide par Paul Veyne, j’ai eu tout de suite confiance en son travail et c’est certainement aussi ses origines simples, paysannes qui me l’ont rendu proche. Le point de vue de Paul Veyne décrit par le journaliste François Busnel dans l’Express du 07/01/2013 : Pour ce spécialiste de l’Antiquité gréco-romaine et professeur honoraire au Collège de France, une bonne traduction est une bonne trahison. Le travail de traduction ne respecte qu'une seule chose : l'amour de la littérature. Il a décidé de nous affranchir de la sacro-sainte "structure" du texte pour restituer la dimension épique de ce qu'il n'hésite pas à nommer dans sa magnifique préface "un film d'action". Virgile devient alors l'auteur d'un authentique roman d'aventure. Ecrit en vers jusqu'au seuil de l'agonie par Virgile, l'Enéide devient avec Paul Veyne un texte en prose.

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TEXTES CHOISIS ET ADAPTATION par Claude Brozzoni metteur en scène Comment choisis-tu un texte ? Je ne choisis jamais les textes. Ce sont des rencontres inattendues, comme celle que j’ai faite avec le théâtre à l’âge de 25 ans. C’est un peu comme quand on suit un chemin dans la campagne ou en forêt, une inspiration en marche qui conduit à la découverte d’un paysage, d’une personne, d’un souffle, de la beauté. Je me laisse aller à ces rencontres, dans un élan de confiance et d’espérance et le texte arrive à moi comme une évidence, une nécessité, comme si quelqu’un en moi, ou en dehors de moi, me présentait une œuvre et me demandait de la mettre en lumière, de l’incarner. J’ai confiance en cet être qui me réveille pour mettre en scène ce texte, ce roman, cette nouvelle, ce poème ou cette pièce de théâtre. C’est comme si mes ancêtres me demandaient de prendre la parole pour eux, de parler de nos racines humaines, de cette espérance qui a habité chacun d’entre eux. Une voix lointaine que j’écoute et qui guide mes choix comme une main généreuse… Pour les œuvres contemporaines, ce sont des rencontres fortuites, inespérées avec des auteurs, comme avec Peter Turrini, Laurent Gaudé, René Nicolas Ehni, Véronique Laupin... Pour les textes plus classiques, ce peut être une rencontre avec un comédien et le désir de travailler avec lui, ou des œuvres qui s’offrent à moi comme Shakespeare de Victor Hugo qui m’a dirigé vers L’Odyssée et m’a fait faire le voyage artistique de ce poème épique. Je ne peux pas dire que je choisi des textes pour faire du théâtre, mais peut-être est-ce le théâtre qui me choisit pour faire vivre un texte. Comment adaptes-tu pour la scène un texte non théâtral ? Tout d’abord, je le précise bien aussi, quand il s’agit de mettre en scène une pièce de théâtre, je n’adapte rien, je prends le texte tel qu’il est, avec tous ses mots, toutes ses phrases, toutes ses virgules, tous ses points, tous ses personnages… Je le prends comme il est, car il est issu d’une inspiration qui me dépasse. Je pense que c’est dans l’inspiration de ce texte qu’est la vérité, il vit ainsi par sa structure, son souffle et son rythme. Ce n’est pas juste un respect de l’œuvre de l’auteur, mais plus le respect nécessaire et évident de son inspiration. Pour les adaptations, des romans, poèmes ou nouvelles, je travaille de différentes manières. Au début, je faisais plusieurs adaptations du texte, parfois jusqu’à sept, comme pour La mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé. Un peu comme Giacometti lorsqu’il réalisait ses sculptures en partant d’un grand bloc de glaise, il ôtait ce qu’il trouvait « superflu » pour aller au cœur de la terre, pour en tirer ses minuscules sculptures. J’ai adapté des romans d’une durée - à voix haute – de 30h pour les réduire à 2h de spectacle : garder l’essentiel du texte, son action bien sûr, mais aussi et surtout tout l’invisible, le mystère et la beauté qu’il contenait. C’est un véritable travail d’humilité, à savoir que le verbe et le texte sont supérieurs à mon ego, qu’ils dépassent de loin tous mes « trucages » et mon orgueil artistique.

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Puis, j’ai commencé à travailler l’adaptation en écoutant l’acteur lire l’œuvre dans une profération articulée du texte, nettoyée de toutes élisions et liaisons inutiles. Une simple écoute dans la plus grande neutralité, sans mettre ce qu’on appelle souvent du ton, du jeu ou de l’interprétation. Juste être à l’écoute du texte et de son verbe, de leur Intelligence. Au fil du temps, j’ai appris à faire confiance au texte, c’est lui qui me conduit à sa compréhension. Je mets toute ma confiance dans le verbe, et je sais qu’il est vivant, qu’il me guide vers sa propre incarnation. Plus je le fais, plus il se livre, comme si le texte me tenait par la main pour passer de l’autre côté du miroir et ainsi atteindre le mystère de son incarnation. Nous sommes ses vecteurs, l’acteur en est la chair. C’est ainsi que j’ai procédé pour La véritable histoire du Cheval de Troie de Virgile. Je m’ouvre, j’ouvre l’acteur et nous laissons la poésie du texte entrer en nous. Combien de temps cela te prend-il pour réaliser une adaptation ? Pour La Véritable histoire du Cheval de Troie, entre le choix du texte, du chant et l’adaptation finale, cela m’a pris environ trois mois. Mais l’essentiel du travail s’est fait avec l’acteur, Guillaume Edé, autour de la table et ce temps a pris quatre semaines.

Exercice Adapter une nouvelle Choisir une nouvelle courte avec l’aide d’un professeur de français.

Passer du style indirect « il », au style direct « je ».

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LE JEU par Guillaume Edé comédien chanteur Pourrais-tu parler en quelques lignes de ta façon de travailler avec Claude Brozzoni comme comédien/chanteur ? Le travail avec Claude Brozzoni, c’est d’abord l‘engagement physique. Si on devait considérer le comédien comme un instrument d’orchestre, il serait placé dans le pupitre des vents car le personnage qu’on incarne (c’est à dire à qui on prête notre chair) - à moins de jouer un mort - est un être vivant, et si tu ne laisses pas le public entendre la respiration, le souffle, les battements du cœur, eh bien tu mens, tu triches ou tu es à côté de la plaque… Pourrais-tu parler de la façon d'aborder le jeu tragi-comique et la danse dans ce spectacle ? Après qu’on a trouvé la respiration du personnage, par un travail très approfondi sur la ponctuation du texte, on peut chanter, danser, jouer tragique, jouer comique, tout est bon pour prendre le public par la main et partager avec lui un moment de théâtre. Parle-nous du parti pris d'évoquer l'exode et la guerre comme quelque chose qui parcourt notre monde depuis toujours. La très bonne idée de Claude Brozzoni est d’avoir choisi l’Enéide de Virgile, qui est un texte fondateur de notre civilisation occidentale - car c’est l’histoire de la fondation de Rome - et vous savez sans doute que la langue française est directement héritée du latin, la langue des Romains, le latin, langue officielle dans notre pays jusqu’au Moyen Age, langue de l’enseignement, de la justice, du droit, des papiers d’identité. Cette nation latine est partie de rien : vingt bateaux remplis de vaincus, obligés de quitter leur patrie, Troie, ravagée par les flammes. Ce sont ces migrants troyens, rejetés de port en port, qui ont fait ce que nous sommes aujourd’hui, un pays somme toute prospère, que la question des migrants à son tour inquiète et crispe aujourd’hui. Quel est ton ressenti du plateau de la musique et des chants ? La musique est un partenaire inspirant, il faut se laisser transpercer, transporter, transformer, transcender par elle ; et il faut savoir l’écouter et lui laisser sa place, pour pouvoir la questionner et lui répondre. Ici, dans La véritable histoire du cheval de Troie, l’accordéon est un instrument au souffle et à la respiration tellement expressifs, qu’il peut créer le décor du conte et même susciter et souligner les états et les émotions du personnage…

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Au tout début du spectacle, je me fonds avec le chant dans le son et le souffle de l’accordéon à l’unisson, c’est ma première note, la même note que l’accordéon, je la tiens longtemps, je me rapproche au maximum du timbre de l’accordéon, eh bien pendant cette dizaine de secondes, je suis juste un instrument, tout mon corps résonne en accord avec la musique car je suis moi-même musique et sans recourir aux mots, une foule de choses se raconte et la vie apparaît, l’histoire va pouvoir commencer… J’adore ce moment où je me déconnecte de la position de l’interprète donc de l’instrumentiste, de sa conscience, de sa réflexion, de son cerveau, pour simplement vibrer et émettre une onde qui va parvenir au public, le traverser, et j’espère résonner en lui.

Exercice Jeu Imaginer les personnages dont le récitant parle :

Créuse, Iule, Anchise, Hector, Penthus, Laocoon, Priam...

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LA MISE EN SCÈNE par Claude Brozzoni metteur en scène Quelle est ta relation aux acteurs ? Elle est essentielle. Pour chaque texte qui se présente à moi, le choix de l’acteur est aussi fondamental. L’acteur/actrice va être celui ou celle qui incarne le verbe. La relation doit être celle d’une grande confiance, mais aussi d’une très grande exigence. Il doit adhérer à mon travail particulier dans la manière d’aborder le jeu. Il doit comprendre qu’il doit devenir et être le texte, pour pouvoir le porter dans sa totalité. C’est donc par un travail sur la lecture que nous commençons, durant lequel je demande à l’acteur de lire le texte comme je le lis et je l’entends. C’est un travail qui peut parfois paraître très « ennuyeux », mais pour lequel j’ai une grande exigence et pas de laisser aller. C’est un travail dans les limites de la langue et en même temps dans l’inconfort. Un moment où l’acteur comme moi-même oublions nos habitudes, nos tics et nos facilités. C’est dans ces moments de lecture que la relation se construit avec l’acteur, que je sens sa capacité à s’offrir à mon travail, que je sens son humilité par rapport au texte. Tant que cette relation n’existe pas, le jeu ne peut venir. C’est plus tard, lorsque le texte est su dans sa plus grande simplicité, que nous abordons le travail du rythme et l’apprentissage du souffle. C’est un travail qui peut prendre quatre à cinq semaines sur les huit semaines de répétitions. Cela demande à l’acteur une grande confiance en mon travail et mes demandes. C’est comme pour un champ de blé, ce travail sur le texte correspond au labour de la terre et ensuite aux semailles. Comme pour le blé, le jeu pousse seul dans le corps de l’acteur qui s’est accaparé le texte, non seulement dans sa compréhension, mais aussi dans son souffle. C’est toujours très étonnant de voir naître le jeu, là même où ni moi, ni l’acteur, n’avions imaginé aller. C’est tellement surprenant de découvrir le dépassement. C’est de cette confiance, de cette attente qui parfois devient fébrile que naît le Jeu/Je et que l’acteur devient le personnage même qui porte l’histoire. Il faut de la confiance et une grande patience des uns et des autres, metteur en scène et acteurs, pour aller vers cet inconnu. Pourquoi cette verve, ce besoin de tragi-comédie, pourquoi les claquettes ? Je ne sais donc pas d’où vient cette nécessité de faire du théâtre. Je suis simplement un fils d’ouvriers. Je ne vais pas au théâtre, mais je fais du théâtre. Je n’écoute pas de musique, mais mes pièces sont pleines de musique. Certainement que cela vient du Ciel, mais peut-être aussi de mon côté italien, de mes origines populaires, des cérémonies religieuses, de la liturgie, des chants d’amour montagnards. Ma vie a toujours été vécue entre le sourire, les rires et les larmes. Peut-être est-ce cela que je raconte, cela qui m’habite. Le sourire vient directement de mon cœur, du regard souvent tendre que je porte sur les êtres. Le rire vient de l’inconfort que j’ai à vivre la vie, à prendre au « sérieux » toutes ces tragédies qui m’entourent. Les pleurs viennent certainement de toute cette injustice qui a frappé à la porte de mes yeux et de mes oreilles. Les claquettes font partie du bagage de l’acteur Guillaume Edé, comme le chant et j’utilise toutes ses capacités pour les mettre au service de ma manière de faire du théâtre. Ici, c’est l’histoire d’un homme, riche de sa culture archaïque, qui raconte l’histoire de son peuple. Il la conte, la chante, la danse dans ce qu’il y a de plus vrai de lui, dans tous ce que ces ancêtres lui ont laissé comme art de vivre. C’est la respiration de son peuple qui parle à travers lui.

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Pourquoi actualiser, rapprocher de nous le décor, les costumes, le jeu, les chants et la musique ? Pourquoi avoir choisi le parti pris des gens du voyage pour représenter le destin d’Énée ? Parce que les gens du voyage sont certainement les personnes les plus rejetées de notre continent européen, de l’Espagne à la Pologne, en passant par la Roumanie, l’Irlande, la France, l’Italie, l’Allemagne, la Hongrie… Ils sont le peuple le plus détesté, le plus calomnié, le plus injurié, le seul peuple vaincu qui n’est pas guerrier. Ils sont la représentation la plus proche de tous les peuples bafoués. Ils sont à eux seuls le symbole de ce qui est le plus étranger et le plus honnis au fond de nous, ceux que l’on rejette en bordure des villes, près des déchetteries, des bords d’autoroutes. Ils sont la poussière collée à nos chaussures, l’indignité tatouée sur notre coeur. Ils sont plus qu’un peuple rejeté, ils représentent tous les peuples rejetés à la fois.

Exercice Mettre en scène avec votre professeur une séquence de 20 minutes

de notre adaptation découpée en 4 parties.

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LA MUSIQUE par Claude Gomez compositeur des chansons, de la musique du spectacle accordéoniste interprète

Le musicien compositeur Claude Gomez derrière Guillaume Edé comédien

Je travaille depuis maintenant un grand nombre d’années en tant que compositeur et/ou musicien, avec Claude Brozzoni. Ensemble, nous avons réalisé près d’une dizaine de spectacles joués dans un grand nombre de ville en France, en Suisse, en Belgique, en Afrique... Il y a presque systématiquement dans toutes ces œuvres de la musique composée sur des temps de création, c’est-à-dire environ 2 mois de travail en répétitions, et parfois une période de préparation des thèmes musicaux , en amont. Je suis pianiste et accordéoniste. Je suis aussi arrangeur formé au conservatoire de Chambéry et Lyon, Je suis diplômé en Jazz, en Musiques Actuelles et en écriture. J’écris et compose depuis plus de 30 ans pour la chanson, le jazz, pour des installations sonores et pour le spectacle vivant. J’enseigne aujourd’hui à l’Université Savoie Mont Blanc où j’ai en charge le son et la musique à l’image. J’accompagne également la classe de Danse Contemporaine et Modern Jazz.

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3 exercices Musique EXERCICE 1 Analyser la musique d’un spectacle en général Avez vous en mémoire un spectacle où vous avez entendu de la musique (ou un film, si cela paraît plus facile) ? Quel était ce spectacle (ce film) ? Parlez-nous de la musique. D’après vous pourquoi, y avait-t-il des moments avec de la musique, des moments avec des sons ou des passages sans aucune musique ? Que pouvait souligner la musique ? Une atmosphère (mystère, suspense, magie,), un registre (comédie, drame, aventure, surprise, mouvement, mémoire, passé...)… EXERCICE 2 Après avoir vu La véritable histoire du cheval de Troie A votre avis, y a-t-il peu de musique, beaucoup de musique ? Pour quelle raison la musique accompagne-t-elle le texte ? Quel est le rôle de la musique pendant le récit ? Quand la musique apparaît, que souligne-t-elle et à quel moment de l’histoire ? Cette musique a une sonorité : de quel pays ou de quel continent ? A votre avis l’accordéon, est-t-il un bon instrument pour accompagner ce spectacle ? S’il y avait eu d’autres instruments, lesquels auraient pu être complémentaires ? Concernant les chansons, que peuvent-elles raconter ? Avez vous remarqué que le musicien utilise une pédale au pied qui souligne les impacts des armes de guerriers ? EXERCICE 3 Après avoir vu La véritable histoire du cheval de Troie Les élèves visionnent un extrait de la vidéo du spectacle ou travaillent de mémoire et procèdent à l’analyse de la musique avant d’en effectuer une restitution orale. Le collégien devra notamment être capable de parler de ce qu’il a repéré et entendu. En fonction de l’extrait proposé, il pourra identifier les passages musicaux et exprimer une multitude de paramètres et d’adjectifs : - les émotions (triste, gaie, drôle,) - le(s) style(s) de musique, l’époque, - les instruments entendus, instrument seul, petit ensemble, ou grand orchestre - Est-ce rapide, lent, très doux, ou très fort...

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Deux chansons du spectacle

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Exercice Chanter ! Vous pouvez les apprendre et les chanter en classe.

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LES CHANSONS par Claude Brozzoni Metteur en scène D’où viennent-elles ? Que racontent-elles ? Elles proviennent d’une culture imaginée venant de l’Est de l’Europe et ont été écrites par le compositeur Claude Gomez à ma demande. Je souhaitais que cette partie de l’histoire écrite par Virgile, soit portée par une personne issue d’une culture rejetée par l’occident avide de nettoyage et d’uniformité. Nous avons donc imaginé que notre Énée, accompagné de l’accordéoniste Tchavalo, venait de l’est de l’Europe, de ces régions en bordure de Méditerranée, mises au banc de la société depuis des siècles par une culture européenne oublieuse de ses origines antiques. A partir de contes Roms et Macédoniens, Claude Gomez a écrit ces chansons en s’inspirant d’une musique aux sonorités Tziganes. Comme dans de nombreux de nos spectacles, nous avons ainsi créé notre propre mythologie musicale, celle d’un peuple de vaincu qui cherche une place sur la terre Européenne. Seule une des dernières chansons du spectacle 1762 Leto est une vraie chanson macédonienne écrite à la fin du XVIIIème siècle, qui raconte le combat ardent des bulgares macédoniens pour se libérer d’une tyrannie. Elle a aidé les déracinés, le peuple outragé, à se libérer. C’est pourquoi nous avons décidé de la prendre telle quelle. Toutes ces chansons racontent les peines, les souffrances, mais aussi les bonheurs et les joies d’un peuple simple, à la culture riche et populaire issue souvent des civilisations de bergers-musiciens, dont le souhait est d’être des hommes et des femmes qui partagent une vie commune apaisée.

Techniquement parlant : Les chansons appartiennent à la catégorie des Musiques du monde, inspirées de la musique balkanique sur les chants ou le jeux claquetté, avec des moments en contrepoint, plutôt contemporains sur les passages plus narratifs. Le tout joué à l’accordéon chromatique.

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LE COSTUME par Pascale Robin costumière Après lecture du texte, Claude Brozzoni me donne son parti pris de mise en scène et dans ce cas comment l’orientation de celle-ci est tournée vers l’actualité. Je suis donc partie du fait qu’Enée part d’une ville foudroyée par la guerre (Troie). Il est obligé de s’enfuir pour sauver sa vie et celle des siens. C’est un migrant. Il se tient droit, il porte un pardessus, une valise, comme sur un quai : image d’hier, d’aujourd’hui, de demain. Nous avons choisi un passé proche pour cette a-temporalité et l’Europe centrale (zone géographique qui a subi beaucoup de guerres) pour le style du personnage (chemise colorée, costume 3 pièces dépareillées, cheveux longs sur la nuque et fines moustaches). Il a l’allure des gens que l’on n’ose pas regarder ; il est différent. J’ai dessiné une maquette en couleur représentant Guillaume en Enée. Comme j’ai acheté et non fabriqué, il n’y a pas d’échantillons de tissus sur cette maquette. J’assiste à plusieurs répétitions de manière à adapter le costume en fonction des propositions et demandes. Par exemple: - 1 poche en plus, - 1 accessoire indispensable, - 1 changement rapide, etc. Fiches du costume Enée :

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Costume d’Enée finalisé par Pascale Robin, costumière

Exercice établir une fiche costume d’autres personnages du récit : Créuse, Iule, Anchise, Priam…

> Pour faire une fiche « costume » comme les images ci-dessus définir 1. le personnage : - son rang - sa fonction - son caractère - son action - ses enjeux. 2. le contexte : - le rapport aux autres personnages de la pièce - le climat - la nuit , le jour… - le style global (scénographie). 3. Concrètement : - choisir une silhouette sur internet (plus facile que le dessin), l’imprimer, - mettre en couleur cette base (crayons, feutres, gouache...) ou découper dans des magazines des aplats de couleurs et faire des collages sur la silhouette, - écrire le nom du personnage, le moment où il porte ce costume. Ne pas oublier de mentionner les détails qui vous sont chers et non décelables en voyant la maquette du décor !

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LA SCÉNOGRAPHIE par Claude Brozzoni, metteur en scène

Elodie Monet, scénographe

Tentes nomades supports de réflexion pour le décor du spectacle :

Ce sont les tapis qui nous intéressaient, surtout leurs couleurs.

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Petite maquette du décor réalisée en papier

Sa réalisation finale : définition des dimensions et éléments à acheter ou à construire :

1 tapis de 4m50x3m50 - 2 chaises paillées - 1 plancher de 0,9 x 0,9 m Pourquoi le tapis est-il un élément incontournable ? LE TAPIS est pour moi l’espace d’excellence pour raconter une histoire. C’est le lieu de l’aède, du conteur. C’est sur lui que nous pouvons voler et atteindre la douceur de l’histoire, de la parabole racontée. C’est sur lui que l’enfant joue, qu’il mange, qu’il dort, qu’il rêve. C’est sur le tapis que nous passons de la vie réelle à la vie poétique. Un tapis est toujours le lieu de la douceur, celui des mains qui l’ont tissé. Il est le cadeau qu’on offre à un mariage, à un baptême. Il est source d’avenir. C’est un espace très simple et très ancien. Le tapis c’est aussi le monde. J’aime y raconter des histoire ou dire de la poésie. Il me rappelle une enfance lointaine enfouie en moi, chaude et protégée. On ne fait pas la guerre sur un tapis. C’est un espace apaisé de couleurs et de chaleur, un lieu de fraternité où l’on boit le café, où l’on partage un repas, où l’on peut concevoir un enfant. Il est le lieu de l’amour et de l’innocence, de la proximité et de la confiance.

Exercice Réaliser une scénographie, un décor sur 1 séquence de notre adaptation. - Explorer les différentes pistes ou possibilités permettant « d’illustrer » par groupe de 2/3 le texte, le réaliser ensuite en volume à partir de matériaux simples (carton, papier…) et de matériaux recyclés (bouteilles plastiques, bouchons, boîtes à œufs...) Puis, grâce à la peinture, type gouache ou acrylique, ils finalisent leur maquette. - Pour ceux qui ont plus de peine, une simple peinture leur est suggérée

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Articles de presse sélectionnés en annexe LE MONDE LIBERTAIRE. net EVELYNE TRÂN 2 septembre 2019 TEATRORAMA DANY TOUBIANA 24 septembre 2019 TRANSFUGE OLIVIER FRÉGAVILLE octobre 2019

Exercice final Ecrire sa critique du spectacle librement

sans se soucier de ce que pensent le professeur, les autres et nous l’envoyer à [email protected] ou 2 rue des Aravis 74000

Annecy

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Supports de travail disponibles sur internet ou à la demande : - 2 vidéos de présentation du spectacle La véritable histoire du Cheval de Troie – durée 3 minutes et 7 minutes (sur la chaîne youtube de la Cie Brozzoni : https://www.youtube.com/channel/UCl_KXC9POGaJVLa_nxe8cIQ) - Teaser réalisé dans un collège 3 jours de résidence autour de La véritable histoire du Cheval de Troie – durée 10 minutes (sur la chaîne youtube de la Cie Brozzoni) - Revue de presse complète - Vidéo du spectacle en intégralité Si vous souhaitez être aidé par les artistes de la Cie Brozzoni (compositeur, costumière, comédien, metteur en scène) pour réaliser ces exercices pratiques. Prix de l’heure d’intervention : 60 euros HT +++ (frais transport, hébergement et nourriture) ou mettre en place 3 jours de résidence de la Cie Brozzoni dans vos établissement, nous contacter. Contact : Cie Brozzoni 2 avenue des Aravis 74000 Annecy tél 04 50 45 56 35 / [email protected] Auteurs défendus par la Cie Brozzoni 2019 Le Roman de Monsieur de Molière de Mikhaïl Boulgakov / 2018 La véritable histoire du Cheval de Troie d’après Virgile / 2018 De sang et de lumière d’après Laurent Gaudé / 2017 Le voyage d’Ulysse d’après Homère / 2015 C’est la vie de Peter Turrini / 2014 Les Cygnes sauvages de Hans Christian Andersen/2013 Antigone 466/64 d’après Nelson Mandela et Sophocle / 2011 La couronne de plumes de Claude Brozzoni / 2010 Quand m’embrasseras-tu ? textes de Mahmoud Darwich / 2010 Rita ou le mari battu Opéra-Bouffe de Gaëtano Donizetti / 2009 L’Iliade d’après Homère / 2009 La Mort du Roi Tsongor d’après Laurent Gaudé / 2007 Onysos le Furieux de Laurent Gaudé / 2006 Médée Kali de Laurent Gaudé / 2005 Le géant de Kaillass de Peter Turrini / 2004 La cabane dans la forêt d’après Charles Perrault / 2004 1944, ils avaient 20 ans... Oratorio pour les Glières / 2003 Barbe bleue de Charles Perrault / 2002 Heidi est partout de René Nicolas Ehni / 2002 Je suis née sous une bonne étoile de Ilona Lackova / 1999 Tout ce souffle que je retiens nourrit le feu d’après Peter Turrini / 1998 Sous un ciel, mémoire des hommes d’aujourd'hui de Véronique Laupin / 1997 La liberté ou la mort d’après Nikos Kazantzaki / 1996 Eléments moins performants de Peter Turrini / 1994 La Grande Parade au Cabaret de l’Ange Bleu d’après Bertolt Brecht / 1992 Don Quichotte ou le voyage des rêveurs d’après Cervantes / 1992 Quijote ! de Dominique Poncet / 1991 Le Moine de Matthew Gregory Lewis, adaptation Isabelle Famchon / 1990 Bouchaballe de Max Jacob / 1989 Paradis sur Terre de Tennessee Williams. La Cie Brozzoni est en convention avec le Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la Ville d’Annecy. Elle reçoit le soutien du Département de la Haute-Savoie.