AELC 2012 Rapport Jury

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    Concours du second degr Rapport de jury

    Session 2012

    AGREGATION DE LETTRES CLASSIQUES

    CONCOURS EXTERNE

    Rapport de jury prsent par

    Madame Catherine KLEIN

    Les rapports des jurys des concours sont tablis sous la responsabilit des prsidents de jury

    Secrtariat Gnral

    Direction gnraledesressourceshumaines

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    SOMMAIRE

    Composition du jury P. 3Droulement des preuves P. 4Programme 2012 P. 6

    Rapport de la Prsidente P. 7Bilan de ladmissibilit P. 10

    Bilan de ladmission P. 11

    Ouvrages mis gnralement la disposition des candidats P. 12

    EPREUVES ECRITES DADMISSIBILITE P. 14

    Thme latin P. 14

    Thme grec P. 26

    Version latine P. 36

    Version grecque P. 45

    Dissertation franaise P. 51

    EPREUVES ORALES DADMISSION P. 65

    Leon P. 65

    Interrogation portant sur la comptence Agir enfonctionnaire de lEtat et de faon thique et responsable P. 78

    Explication dun texte franais postrieur 1500 P. 82

    Expos de grammaire P. 92Explication dun texte antrieur 1500 P. 100

    Explication dun texte latin P. 104

    Explication dun texte grec P. 112

    PROGRAMME 2013 P. 117

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    COMPOSITION DU JURY

    Prsidente : Catherine KLEINInspecteur gnral de l'ducation nationale,

    Vice-prsident : Franois ROUDAUTProfesseur des universits, acadmie de Montpellier,

    Secrtaire gnral : Martin DUFOURInspecteur d'acadmie-Inspecteur pdagogique rgional, acadmie de Paris.

    Membres du jury :

    Elonore ANDRIEU : matre de confrences des universits, acadmie de Bordeaux,Sandrine BERTHELOT : professeur de chaire suprieure, acadmie de Versailles,Bernadette BROCHET : professeur de chaire suprieure, acadmie de Toulouse,Bruno BUREAU : professeur des universits, acadmie de Lyon,Dominique DEMARTINI : matre de confrences des universits, acadmie de Paris,Armelle DESCHARD : matre de confrences des universits, acadmie de Bordeaux,Eric DOZIER : inspecteur d'acadmie - inspecteur pdagogique rgional, acadmiedOrlans-Tours,Sandrine DUBEL, matre de confrences des universits, acadmie de Clermont-Ferrand,Michel FIGUET, inspecteur d'acadmie - inspecteur pdagogique rgional, acadmie deLyon,Jean-Marie FOURNIER, professeur des universits, acadmie de Paris,Violaine GERAUD, professeur des universits, acadmie de Lyon,Christian GOUILLART : professeur de chaire suprieure, acadmie de Strasbourg,Jean-Philippe GUEZ : matre de confrences des universits, acadmie de Poitiers,Philippe HAUGEARD : matre de confrences des universits, acadmie de Strasbourg,Laurence HOUDU : professeur de chaire suprieure, acadmie de Paris,Sylvie JUSTOME : inspecteur d'acadmie-inspecteur pdagogique rgional, acadmiede Bordeaux,Sophie LEFAY : matre de confrences des universits, acadmie dOrlans-Tours,Philippe LE MOIGNE : matre de confrences des universits, acadmie de Montpellier,Marie-Laure LE PETIT : inspecteur d'acadmie-inspecteur pdagogique rgional,acadmie de CrteilFlorence MERCIER-LECA : matre de confrences des universits, acadmie de Paris,Bernard MINEO : professeur des universits, acadmie de Nantes,Jean-Michel MONDOLONI : professeur agrg, acadmie de Corse,Denis PERNOT : professeur des universits, acadmie dOrlans-Tours,Camille ROSADO : professeur de chaire suprieure, acadmie de Lille,Mireille SEGUY : matre de confrences des universits, acadmie de Crteil,Emmanuel WEISS, matre de confrences des universits, acadmie de Nancy-Metz,Francine WILD : professeur des universits, acadmie de Caen.

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    DEROULEMENT DES EPREUVES

    Epreuves crites dadmissibilit

    1. Thme latinDure : 4 heures ; coefficient 6.2. Thme grecDure : 4 heures ; coefficient 6.3. Version latineDure : 4 heures ; coefficient 6.4. Version grecqueDure : 4 heures ; coefficient 6.

    5. Dissertation franaise sur un sujet se rapportant un programme duvresDure : 7 heures ; coefficient 16.

    Epreuves orales dadmission

    1. Epreuve en deux partiesDure de la prparation surveille : 6 heures 30Dure de lpreuve : 1 heure 15Coefficient : 11

    Premire partie : leon portant sur les uvres inscrites au programme, suivie dun

    entretien avec le juryDure de la leon : 40 minutesDure de lentretien : 15 minutes

    Seconde partie : interrogation portant sur la comptence Agir en fonctionnaire de lEtatet de faon thique et responsable Dure de la prsentation : 10 minutesDure de lentretien avec le jury : 10 minutes

    2. Explication dun texte de franais moderne tir des uvres au programme (textespostrieurs 1500), suivi dun expos de grammaire portant sur le texte et dun

    entretien avec le juryDure de la prparation : 2 heures 30Dure de lpreuve : 1 heure (dont 45 minutes pour lexplication de texte et lexpos degrammaire, et 15 minutes pour lentretien avec le jury).Coefficient : 9.

    3. Explication dun texte dancien ou de moyen franais tir de luvre (ou des uvres)au programme (texte antrieur 1500), suivie dun entretien avec le juryDure de la prparation : 2 heures.Dure de lpreuve : 50 minutes (dont 35 dexplication et 15 dentretien).Coefficient : 5.

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    4. Explication dun texte latin.Dure de la prparation : 2 heures.

    Dure de lpreuve : 50 minutes (dont 35 dexplication et 15 dentretien).Coefficient : 8.

    5. Explication dun texte grec.Dure de la prparation : 2 heures.Dure de lpreuve : 50 minutes (dont 35 dexplication et 15 dentretien).Coefficient : 8.

    Sagissant des preuves orales de latin et de grec, le tirage au sort dtermine pourchaque candidat laquelle sera passe sur programme, laquelle sera passe horsprogramme.

    Pour la leon et les explications, les ouvrages jugs indispensables par le jury sont mis la disposition des candidats ; la liste propose plus loin (p.12) est indicative etprsente globalement, sans les distinguer, les ouvrages mis disposition pour laprparation de lexplication de texte et pour celle de la leon.

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    PROGRAMME 2012

    Programme de littrature franaise

    - Broul, Le Roman de Tristan. Classiques franais du Moyen ge (dition Champion,revue par L. M. Deffourques).- Franois Rabelais, Quart Livre, in Les Cinq Livres, La Pochotque, d. J. Card, G.Defaux et A. Simonin, 1994, p. 871 1231.

    - Jean de La Fontaine, Fables, livres I VI, d. Jean-Charles Darmon, Les classiquesde poche, n1198, 2002 (compris les Ddicace , Prface , Vie d'sope et Monseigneur le Dauphin , pages 35-61)- Saint-Simon, Intrigue du mariage de M. le duc de Berry , Mmoires, avril-juillet 1710(P. Dandrey et G. Gicquiaud), GF Flammarion, n124 8, 2005.- Guy de Maupassant, Contes du jour et de la nuit, d. P. Reboul, Folio classique, 1984.La Maison Tellier, une partie de campagne et autres nouvelles, d. L. Forestier, Folioclassique, 1995.- Jean- Luc Lagarce, Derniers remords avant l'oubli, Juste la fin du monde, Besanon,Les Solitaires intempestifs, 2004 et 2005.

    Programme de littratures grecque et latine

    Auteurs grecs

    - Apollonios de Rhodes, Argonautiques, III (CUF, dition postrieure 1993).- Eschyle, Les Sept contre Thbes(CUF).- Xnophon, Le Banquet - Apologie de Socrate(CUF), conomique(CUF).- Achille Tatius, Le Roman de Leucipp et Clitophon(CUF).

    Auteurs latins

    - Horace, Satires, I et II, 1 3 inclus (CUF).- Ovide, Les Mtamorphoses, XIV (CUF).- Tacite, Annales, I et II (CUF, dition postrieure 1990).- Boce, La Consolation de Philosophie, traduction J.-Y. Tilliette, Le Livre de poche( Lettres gothiques , 2005) ; Boethius, De consolatione philosophiae, d. C.Moreschini, Munich, K.G. Saur, 2005 (Leipzig, 2002), livres I-III.

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    RAPPORT DE LA PRESIDENTE

    Pour la seconde anne, nous avons eu lheureuse responsabilit de prsider leconcours externe de lagrgation de lettres classiques. Les conditions dhbergementparfaites (permises par la proviseure du lyce Montaigne, Paris, et toute son quipe,ainsi que la remarquable qualit professionnelle et humaine du jury ont assur larussite de la session 2012 et permis, nous croyons pouvoir laffirmer, le recrutementdexcellents futurs professeurs ; au-del de cet objectif, le concours aura t pendant lesoraux un temps privilgi de rflexion et dchange sur la littrature franaise, latine etgrecque entre professeurs, inspecteurs, et candidats tudiants ou non, qui laisse bienaugurer de la comptence de ces derniers.

    Les tendances observes lan dernier, et qui nous avaient fortement inquite,semblent devoir sinverser : alors que lcart entre le nombre des inscrits et celui desprsents entre 2007 et 2010 sestimait 70% des prsents par rapport aux inscrits, ilstait considrablement accru en 2011, passant 44% des prsents par rapport auxinscrits. En mars 2012, le rapport est plus favorable, svaluant 50% des prsentspar rapport aux inscrits ; autrement dit, on peut estimer laugmentation des prsents parrapport aux inscrits de 12% par rapport 2011 ; ou la baisse des absents par rapportaux prsents 13% par rapport la mme anne 2011.

    Anne Nombre dinscrits Nombre de prsents % prsents/inscrits

    2007 399 272 68%2008 365 263 72%2009 328 238 73%2010 298 212 71%

    2011 314 138 44%2012 342 172 50%

    .Les chiffres montrent nanmoins que, si lcart entre les inscrits et les prsents estmoins lev quen 2011, il reste important, de lordre du simple au double, et demande tre explicit : inscriptions multiples ? difficult obtenir le M2 ? acqurir lescertifications en langues vivantes et en informatique ? Un tel claircissement nouspermettrait certainement de mieux connatre le profil des tudiants qui se prsententaujourdhui au concours externe de lagrgation de lettres classiques.

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    De mme, limpression fcheuse dune baisse de niveau dans la discipline, qui avaitt prouve par le jury en 2011, se sera attnue cette anne. Et la prsence,retrouve, des normaliens nexplique pas tout. La barre dadmissibilit a t fixe 6,1

    pour 115 admissibles, ce qui, si nous avions retenu le mme nombre dadmissibles quelanne dernire (96), nous aurait donn une barre de 6,93 (alors quelle tait en 2011de 6,35). Pour ladmission, la barre a t fixe 8,85 pour 60 postes ; elle aurait t de9,58 pour 50 postes pourvoir comme lan dernier (pour une barre en 2011 de 8,77).

    Ajoutons pour mmoire que la moyenne gnrale des admissibles est de 9,46 ; que 115admissibles ont t retenus, soit 65% des prsents.

    La moyenne gnrale des admis pour les seules preuves dadmission est de 12,27.La moyenne gnrale des admis pour les preuves dadmissibilit et dadmission estde 11,68.

    Le pourcentage dadmis par rapport aux prsents est de 33,33%.

    Saluons les rsultats du cacique du concours 2012 qui a obtenu une moyennegnrale de 15,73 ; les huit premiers laurats obtiennent une moyenne comprise entre16 et 14 ; les 16 suivants ont une moyenne comprise entre 14 et 12. Les deux tiers desadmis se situent au-del dune moyenne de 10.

    Lanne 2013 devra confirmer cette tendance la hausse, quantitative et qualitative. Ilest certain que les effets de la fin de la priode transitoire dans la mise en uvre de lamasterisation se font heureusement ressentir.

    Une autre tendance du concours est le nombre significatif de professeurs certifis,souvent en exercice, qui choisissent de se prsenter au concours externe plutt qulinterne, et avec une russite certaine : 27 certifis (dont un tiers en exercice) ont tadmissibles, 11 ont t reus lagrgation ; 7 sont devenus bi-admissibles. Cettevolution doit encourager les autres professeurs certifis sengager dans laprparation, active et volontariste, du concours. Lentreprise est certes difficile maispossible, et de toute faon formatrice. Et si les professeurs certifis disposentgnralement de moins de temps que les tudiants pour prparer lcrit, ils ont enrevanche acquis un savoir enseigner qui leur donne des atouts indniables pourrussir les preuves dadmission.

    Rappelons la possibilit pour les candidats de se prsenter la fois au concours delagrgation et celui du CAPES. Les prsidents se concertent chaque anne pourpermettre aux candidats admissibles aux deux concours de passer les preuves. Cetteanne, la premire au CAPES a t reue 35au conc ours de lagrgation.

    Vous allez trouver ci-aprs les rapports qui, pour chaque preuve orale et crite, ont trdigs par lun des membres du jury. La lecture de ces rapports sera particulirementclairante pour vous et vous fournira une multitude de conseils qui vous aideront vousprparer au mieux au concours de 2013.

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    Bilan de l'admissibilit

    Concours :EAE AGREGATION EXTERNE

    Section / option : 0201A LETTRES CLASSIQUES

    Nombre de candidats inscrits : 342Nombre de candidats non limins : 172 Soit : 50.29 % des inscrits.Le nombre de candidats non limins correspond aux candidats n'ayant pas eu de note liminatoire (AB, CB, 00.00,

    NV).

    Nombre de candidats admissibles : 115 Soit : 66.86 % des non limins.

    Moyenne portant sur le total des preuves de l'admissibilit

    Moyenne des candidats non limins : 0305.87 (soit une moyenne de : 07.65 / 20 )

    Moyenne des candidats admissibles : 0378.27 (soit une moyenne de : 09.46/ 20 )

    Rappel

    Nombre de postes : 60Barre d'admissibilit : 0244.00 (soit un total de : 06.10 / 20 )

    (Total des coefficients des preuves d'admissibilit : 40 )

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    Bilan de l'admission

    Concours :EAE AGREGATION EXTERNE

    Section / option : 0201A LETTRES CLASSIQUES

    Nombre de candidats admissibles : 115Nombre de candidats non limins : 110 Soit : 95.65 % des

    admissibles.Le nombre de candidats non limins correspond aux candidats n'ayant pas eu de note liminatoire (AB, CB, 00.00,

    NV).

    Nombre de candidats admis sur liste principale : 60 Soit : 54.55 % des nonlimins.

    Nombre de candidats inscrits sur liste complmentaire : 0Nombre de candidats admis titre tranger : 0

    Moyenne portant sur le total gnral (total de l'admissibilit + total de l'admission)

    Moyenne des candidats non limins : 0787.67 (soit une moyenne de : 09.72 / 20 )

    Moyenne des candidats admis sur liste principale : 0946.48 (soit une moyenne de : 11.68 / 20 )

    Moyenne des candidats inscrits sur liste complmentaire : (soit une moyenne de : / 20 )

    Moyenne des candidats admis titre tranger : (soit une moyenne de :

    / 20 )

    Moyenne portant sur le total des preuves de l'admission

    Moyenne des candidats non limins : 404.46 (soit une moyenne de : 09.86 / 20 )Moyenne des candidats admis sur liste principale : 0502.96 (soit une moyenne de : 12.27 / 20 )Moyenne des candidats inscrits sur liste complmentaire : (soit une moyenne de : / 20 )Moyenne des candidats admis titre tranger : (soit une moyenne de : / 20 )

    Rappel

    Nombre de postes : 60

    Barre de la liste principale : 0717.00 (soit un total de : 08.85/ 20 )

    Barre de la liste complmentaire : (soit un total de : / 20 )

    (Total des coefficients : 81 dont admissibilit : 40 admission : 41 )

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    Conclusion

    Le concours externe de lagrgation de lettres classiques est un concours qui fonctionne bien , dans la mesure o le nombre de candidats et leur niveaupermettent de pourvoir sans difficult aucune les postes qui lui sont attribus. Si lcartde bonne sant entre le concours externe de lagrgation de lettres classiques(recrutement ais de 60 candidats pour 60 postes en 2012) et le concours externe duCAPES de la mme discipline ( recrutement laborieux de 92 candidats pour 170 postes)ne peut manquer dtre aujourdhui un sujet de grande proccupation pour lInstitution,les professeurs et inspecteurs membres du jury de lagrgation ne peuvent, eux, que serjouir de constater quen dpit des conditions de prparation au concours souventalatoires en acadmie, les candidats demeurent trs motivs et sont prts fournir lesefforts ncessaires pour acqurir un niveau de connaissance et de comptence qui

    demeure trs honorable, y compris chez le dernier admis, et qui est parfoisexceptionnel.

    Ce rapport ne saurait reprendre les conseils gnraux que nous donnions dans lerapport 2011, et auxquels nous renvoyons les candidats (tous les rapports des concoursde recrutement sont dsormais publis sur le site du ministre de lducation nationale).

    En revanche, nous souhaitons achever ce propos en reprenant quelques lignes quenous crivions lan dernier :

    Le concours de lagrgation de lettres classiques est un fort beau concours, qui

    slectionne des candidats au profil particulirement quilibr. Linstitution scolaire abesoin aujourdhui de ces professeurs agrgs de lettres classiques qui, silsnenseignent pas tous le latin et le grec, notamment leur entre dans le mtier,sauront nourrir et enrichir leur enseignement de la littrature franaise de leurconnaissance des littratures grecque et latine, mettre en perspective les traitsessentiels des langues grecque et notamment latine avec le franais et dautres langueseuropennes, mobiliser leur connaissance des textes de lAntiquit pour clairer, dans ladistance et la proximit, les questions poses par le monde contemporain, bref quisauront assurer la vitalit de cette discipline singulire, porteuse un degrincomparable dinterdisciplinarit.

    Par son haut niveau dexigence scientifique, le concours externe de lagrgation delettres classiques saura donner aux futurs enseignants les lments ncessaires laconstruction de ces comptences. Les candidats doivent en tre convaincus, cest cehaut niveau dexigence qui est la premire garantie de la qualit des professeurs quelinstitution scolaire va recruter, et par suite, de la qualit des lves qui auront leprivilge de bnficier de leur enseignement.

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    OUVRAGES MIS GENERALEMENT A LA DISPOSITION DES CANDIDATS

    Atlas de la Rome antique, Scarre, AutrementAtlas du monde grec, Levi, NathanBiblede Jrusalem, CerfDictionnaire Bailly, HachetteDictionnaire culturel de la Bible, NathanDictionnaire de la Bible, Bouquins, LaffontDictionnaire de la langue franaise du 16, E. Huguet, d. C. BlumDictionnaire de la langue franaise, Littr (7 volumes)Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, PUFDictionnaire de l'ancien franais, Greimas

    Dictionnaire de l'Antiquit, Bouquins, LaffontDictionnaire de potique et de rhtorique, Morier, PUFDictionnaire de rhtorique, Molini, PocheDictionnaire des lettres franaises, Pochothque (5 volumes ; rappel : le XIXna past publi)Dictionnaire du franais classique, DuboisDictionnaire du moyen franais, GreimasDictionnaire tymologique de la langue franaiseDictionnaire GaffiotDictionnaire Grand RobertDictionnaire historique de la langue franaise(2 volumes)

    Dictionnaire Petit Robert1(noms communs)Dictionnaire Petit Robert2 (noms propres)Elments de mtrique franaise, Mazaleyrat, A. CollinGradus, Les procds littrairesGrammaire grecque, Ragon, Dain, De GigordGrammaire homrique, 2 volumes, PUFGuide grec antique, HachetteGuide romain antique, HachetteHistoire de la littrature chrtienne ancienne grecque et latine, Tome 1 ; De Paul Constantin, Labor et fides, Claudio Moreschini-Enrico NorelliHistoire de la littrature grecque, Sad, Trd, Le Boulluec PUF

    Histoire gnrale de l'Empire romain(3 volumes)Histoire grecque, Glotz (4 volumes)Histoire grecque, Orrieux - Schmitt, PUFHistoire romaine, Le Glay, Voisin, Le Bohec, PUFInstitutions et citoyennet de la Rome rpublicaine, HachetteLa civilisation de l'Occident mdival, ArthaudLa civilisation grecque l'poque archaque et classique, ArthaudLa conqute romaine, Piganiol, Peuples et civilisations, PUFLa littrature latine, Nraudeau, HachetteLa Rpublique romaine, Que sais-je ?La vie dans la Grce classique, Que sais-je ?

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    La vie quotidienne Rome... Carcopino, HachetteLa vie quotidienne en Grce au sicle de Pricls, HachetteLe mtier de citoyen sous la Rome rpublicaine, Gallimard

    Le monde grec et l'Orient(2 tomes) PUFLe sicle de Pricls, Que sais-je ?L'Empire romain / Le Haut Empire, Le Gall- Le Glay, PUFL'Empire romain, Albertini, Peuples et civilisations, PUFLes grandes dates de l'Antiquit, Delorme, Que sais-je ?Les institutions grecques lpoque classique, C. Moss, A. ColinLittrature franaise(9 volumes) ArthaudLittrature latine, Frdouille, Zehnacker, PUFNaissance de la chrtient, DesclePrcis de littrature grecque, J. de Romilly, PUFRome l'apoge de l'Empire, Carcopino, Hachette

    Rome et la conqute du monde mditerranen(2 volumes), PUFRome et l'intgration de l'Empire /Les structures de l'Empire romain, PUFSeptuaginta,id est Vetus Testamentum graecum, Alfred Rahlfs R. Hanhart, d. AlteraSyntaxe latine, KlincksieckThe Greek New Testament, d. E. Nestle- K. Aland, StuttgartTrait de mtrique latine, Klincksieck

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    EPREUVES ECRITES DADMISSIBILITE

    RAPPORT SUR LE THEME LATIN

    tabli par Jean-Michel MONDOLONIavec la collaboration de Bernadette BROCHET

    Le texte de lpreuveLa religion romaine *

    On a dit que ctait une religion de politique. Mais pouvons-nous supposer quunsnat de trois cents membres, un corps de trois mille patriciens se soit entendu avecune telle unanimit pour tromper le peuple ignorant ? et cela pendant des sicles,sans que, parmi tant de rivalits, de luttes, de haines personnelles, une seule voix sesoit jamais leve pour dire : Ceci est un mensonge. Si un patricien et trahi lessecrets de sa caste, si, sadressant aux plbiens qui supportaient impatiemment lejoug de cette religion, il les et tout coup dbarrasss et affranchis de ces auspiceset de ces sacerdoces, cet homme et acquis immdiatement un tel crdit quil ftdevenu le matre de ltat. Croit-on que, si les patriciens neussent pas cru lareligion quils pratiquaient, une telle tentation naurait pas t assez forte pourdterminer au moins un dentre eux rvler le secret ? On se trompe gravement surla nature humaine si lon suppose quune religion puisse stablir par convention et

    se soutenir par imposture. Que lon compte dans Tite-Live combien de fois cettereligion gnait les patriciens eux-mmes, combien de fois elle embarrassa le Snatet entrava son action, et que lon dise ensuite si cette religion avait t invente pourla commodit des politiques. Cest au temps de Cicron que lon a commenc decroire que la religion tait utile au gouvernement ; mais dj la religion tait mortedans les mes.

    Prenons un Romain des premiers sicles ; choisissons un des plus grandsguerriers, Camille, qui fut cinq fois dictateur et qui vainquit dans plus de dix batailles.Pour tre dans le vrai, il faut se le reprsenter autant comme un prtre que commeun guerrier.

    FUSTEL DE COULANGES, La Cit antique (III, XVII).* Traduire le titre.

    Quelques remarques gnrales

    Le texte qui tait propos aux candidats lors de la session 2012 sinscrivait dansla moyenne des exercices usuels et des difficults quun agrgatif prparantsrieusement le concours doit tre amen rencontrer et matriser. On trouvaiten effet, dans cette rflexion de Fustel de Coulanges, un certain nombre de toursquun il de latiniste exerc avait tt fait de reconnatre, tant il est vrai que lauteur,

    admiratif de la cit et de lhistoire de Rome, parat avoir crit une prose imitant celledes crivains latins.

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    De ce point de vue, un tel thme sest avr fort slectif, dans la mesure o il apermis au jury de distinguer ds les premires lignes quelles copies taientfamiliarises avec les tours idiomatiques de la langue classique. Plus globalement,de solides connaissances en matire de subordonnes hypothtiques, de styleindirect, de proposition infinitive ou dinterrogation indirecte taient requises, ce qui,

    allant de pair avec quelques finesses dinterprtation sur lesquelles nousreviendrons, rendait le thme redoutable pour ceux qui sy lanaient sans unminimum de rigueur et de concentration.

    Est-ce parce que, chez trop de candidats, de telles qualits ont fait dfaut ? Outrop de temps a-t-il t perdu sur les premires phrases du texte ? Toujours est-il quela moyenne des prsents de cette anne est de 7,18/20), lgrement en recul parrapport aux annes prcdentes, est dcevante (pour rappel, les moyennes desdernires sessions taient : 8,09 en 2011, 7,72 en 2010, 7,84 en 2009 et 7,58 en2008). La moyenne des admissibles est de 731. Le fait est que nous avons dplorun nombre important de copies inacheves ou trs faibles, ce que dmontre plusexactement la statistique suivante : 36,7% des copies ont une note infrieure ou

    gale 05/20. Pour complter ce bilan chiffr, 32,20% des candidats ont obtenuentre 05,5/20 et 09,5/20 ; quant aux copies dont la note est gale ou suprieure 10,elles reprsentent un peu moins de 31,10%. De tels rsultats peuvent tre lus dedeux manires : un regard pessimiste observera que plus des deux tiers descandidats (presque 69%) nont pas obtenu la moyenne ; mais outre que, lintrieurde cet ensemble, on trouve des situations trs diffrentes, il faut relever, dunemanire plus encourageante, quun bon tiers des candidats a prsent un thmeallant du satisfaisant lexcellent, avec quelques copies fort lgantes qui ont fait lesdlices du jury. Nous ne pouvons quencourager ceux qui doivent encore samliorer profiter des conseils que cette session nous a inspirs, et que nous allons tenterdexposer succinctement.

    Tout dabord, quelques mots propos de la prsentation. Nous sommesdsols de devoir aborder des dtails qui devraient tre matriss depuis longtempslorsquon arrive lagrgation, mais une copie de thme latin doit tre claire. Quest-ce dire ? Rdiger en prenant soin de sauter une ligne est une premire videnceque bien trop de copies ont oublie, notre grande surprise. De mme, certainsthmes ont bahi le jury, tant entirement crits en majuscules. Une criturelisible et norme, vitant les ratures (quand il ne sagissait pas, chez certains, derendre des copies extrmement sales dfaut lourdement pnalis), est le minimumque le jury soit en droit dattendre ; combien de fois avons-nous d nous consultersur telle ou telle graphie, sans trop savoir quelle forme le candidat avait voulu crire !

    Il est inutile de prciser combien ce type dobscurit peut pnaliser une copie, et cestpourquoi nous demandons aux candidats de rserver un temps indispensable, lorsde la rdaction, cette prsentation claire et lgante. Pour ce faire, il est galementrecommand de laisser, de part et dautre des marges, un espace denviron uncentimtre car les candidats doivent savoir que, souvent, il nest pas simple pourles correcteurs de dchiffrer en fin de ligne telle dsinence nominale ou verbale.Enfin, nous demandons aux futurs agrgatifs de nous faire le plaisir dcrire enutilisant une encre trs sombre, de manire viter lvaporation impressionniste, silon peut dire, de certains termes critiques.

    Nous souhaitons galement faire connatre aux candidats notre perplexit proposde multiples mots coups dune manire abrupte ou impropre en fin de ligne.

    Nous demandons donc une relecture attentive afin dviter ces procds rudes, cequi nous renvoie la disposition claire et intelligible que le thme doit (re)prsenter.

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    Pour ce qui est des lacunes grammaticales que nous avons constates, nousne pouvons que rpter les recommandations des rapports prcdents. Unepremire vidence : comment russir un thme dagrgation si lon ne matrise pas laconjugaison ? Nous avons ainsi t frapps par le nombre de fautes de temps oude mode, dautant plus svrement sanctionnes quelles affectaient souvent le sens

    du texte. Au demeurant, certains candidats sont alls chercher en la matire desbarbarismes que nous osons peine rpter (*fuissetur, hlas aperu plusieurs fois,sera lunique exemple que nous donnerons), ou ont tent de pallier leurs ignorancesen employant des formes rares et injustifies (nous pensons ltrange closion dequelques parfaits surcomposs, par exemple dans la premire phrase, o le simpleet naturel dicta est a souvent t peru tort comme trop peu expressif !). Nousaurions galement beaucoup dire propos de la morphologie des noms ou desadjectifs (le pauvre plebeiusa ainsi t fort maltrait dans maintes copies), mais cestsurtout la confusion entre les cas qui nous a souvent inquits, notamment loccasion de la redoutable expression un Snat de trois mille patriciens , qui adonn lieu de multiples erreurs sur lesquelles nous reviendrons lors des remarques

    de dtail. Plus trange encore, lemploi de formes comme *istaec a t relev, etsanctionn, au mme titre que lemploi de la syncope (*creasset pour creauisset,*saeclum pour saeculum, et bien dautres exemples rencontrs). Rappelons auxcandidats quil leur faut crire le latin le plus pur possible, en liminant ce qui, mmeprsent dans la langue classique, appartient un registre marginal, relch oufamilier.

    Nous lavons dit plus haut, ce thme prsentait un ensemble de rflexionsorganis en priodes faisant la part belle lexpression du conditionnel dans le cadredun style indirect. Pour dlicate que soit lacquisition de structures comme puto eosvicturos fuisse si fortiter pugnauissent, celle-ci est attendue du jury - et ce futprcisment en de tels endroits que nous avons pu classer les copies en distinguantcelles qui maniaient avec aisance ce type de discours. De mme, regret auquelsemble ne jamais pouvoir chapper tout rapporteur de thme latin, la syntaxe durflchi a souvent fait lobjet de confusions fort gnantes, qui entranaient le plussouvent des contresens. Nous recommandons galement aux futurs candidats debien connatre les emplois de ladjectif verbal ainsi que la syntaxe de la relative, pourne rien dire de la pierre de touche de tout latiniste : le style indirect.

    Un autre conseil, qui se trouve de rapport en rapport et qui savre une nouvellefois fort prcieux, est duser bon escient de ses connaissances grammaticales pourprciser le sens du franais. Prenons un exemple simple : le texte comportait uncertain nombre dinterrogations directes, et il fallait bien distinguer quelle particule

    employer ; on sait que prendre numpour nonneconduit purement et simplement un contresens, cueil que nont pas toujours vit maintes copies. Le thme latin estainsi la restitution dun texte dont on a analys et peru le sens, et cest cettedimension explicative qui donne un tel exercice sa noblesse et ses exigences.

    Un dernier mot propos dun manque criant de familiarit avec la langue latinechez bon nombre de candidats, et qui restera pour nous lune des impressions lesplus marquantes de la session. Par exemple, on peut fort bien traduire legouvernement par quelque chose comme gubernatio ou rectio: il sagit l determes cicroniens attests dans le dictionnaire ; mais une habitude plus dveloppedu latin amne rapidement privilgier des tours mieux adapts au texte comme respublica, loin de ces vocables abstraits qui apparaissent le plus souvent dans des

    uvres philosophiques. De mme, on pouvait rendre une telle tentation par unnom : nous avons trouv tous les termes possibles et peu recommandables, de

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    tentatio libido, voire impetus, l o le plus naturel cupiditas(et surtout pas cupido,non classique) simposait. Nous aurons loccasion de reprciser ce point dans lesremarques de dtail, mais insistons dores et dj sur la ncessit dcrire enrecourant un latin classique, lgant et, surtout, simple. Tout bien rflchi,lexercice du thme latin ne consiste-t-il pas exprimer avec clart et simplicit la

    complexit dun texte franais ? Cest la rflexion que nous proposerons la sagacitdes futurs candidats !

    Analyse de dtaila) La religion romaine

    Le nom commun du titre pouvait se traduire par le logique religioou par le plurielplus fin res diuinae. En revanche, le terme pietastait moins pertinent. Nous avonsaccept la restitution minimale et un peu plate De religione Romana, mais lescandidats devaient alors bien prendre garde la majuscule de ladjectif,obligatoire en latin contrairement lusage franais. Pour les puristes, et dans lamesure o le dbat sur lordre normal entre nom et adjectif en latin est impossible

    trancher au vu de la grande libert dont fait preuve la langue latine sur ce point (ona coutume de privilgier le sens nom + adjectif, mais les textes sont loin de ledmontrer), nous avons accept De religione Romanaaussi bien que De Romanareligione.

    Ceux qui souhaitaient rendre le titre dune manire plus lgante en utilisant unesubordonne interrogative indirecte ne devaient pas oublier demployer le subjonctifparfait et, ce qui a t moins vu, de procder lattraction au fminin (en accordavec religioou res diuinae) de linterrogatif ; nous avons en effet dplor maintes foisla maladresse *quid (/quale) religio fuerit, la rgle haec est uirtus (ou ici : quae situirtus) ayant malencontreusement t nglige.

    Une ultime remarque propos de titres non traduits, en dpit de la consignedu sujet ; ou uniquement composs dun tour au nominatif. Ce sont l des erreurs decandidats mal entrans, proscrire absolument.

    b) On a dit que ctait une religion de politique. Mais pouvons-nous supposer quunsnat de trois cents membres, un corps de trois mille patriciens se soit entendu avecune telle unanimit pour tromper le peuple ignorant ?

    La traduction du tour on a dit a t quelquefois fort surprenante, allant du pire(le parfait surcompos dicta fuit, totalement hors de propos) au maladroit (dictumest), en passant par des contresens fcheux (diximus, qui laisse donc penser queFustel de Coulanges fait partie de ceux qui affirment ce contre quoi il va

    prcisment slever tout au long du texte !). Un lecteur familier de la langueclassique avait tt fait de reconnatre une structure impliquant la constructionpersonnelle du verbe dclaratif, du type Homerus dicitur caecus fuisse. Ici, il fallaittoutefois bien rendre le pass, donc crire dicta est(et non dicitur), et ne pas oublierde traduire le dmonstratif (ctait) : quelque chose comme haec religio dicta estconvenait. Dans notre corrig, nous avons opt pour une solution plus lganteenglobant la premire phrase dans une structure concessive, ce qui est souventrecommand ; mais ce ntait nullement une obligation pour les candidats.

    Une copie commence par un relatif de liaison (*quae religio) : cest une erreurdouvrir un thme de la sorte, car la prsence du terme dans le titre ne justifie pas celien avec un texte antrieur et inconnu.

    Venons-en maintenant un des problmes qui sest pos avec le plus dacuit :la traduction une religion de politique . Ici, nous pouvons vrifier quel point le

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    thme latin est un exercice de comprhension du texte franais, dans la mesure o ilfallait rflchir, la lumire de la pense exprime par Fustel de Coulanges, afin dedterminer la bonne acception. Lide est que la religion est perue comme utilitaire,adapte la commodit des puissants qui sont la tte de ltat, faite par et poureux en quelque sorte. Dans cette perspective, des traductions recourant aux adjectifs

    publica ou ciuilis (et nous avons hlas rencontr plus dune fois le mcaniquepolitica) ou des tours comme particeps rei publicaeou ad rem publicam firmandamtaient faux, car ne restituant aucunement la perspective dune religion faite pour uneseule caste. Un tour comme ad commoditatem unius ordinis(/ordinis amplissimi) oulemploi de conducere taient possibles et montraient que le candidat avait biencompris le texte.

    Linterrogation pouvons-nous supposer ? , qui induisait une rponsengative, devait tre formule laide de la particule num, un tour comme ancredamus ? tant galement acceptable ; lemploi de linterrogatif quis suivi dusubjonctif, prsent (quis credat ?) ou parfait (quis crediderit ?) tait une autrepossibilit, cette dernire tant celle que nous avons choisie dans notre corrig. Fort

    trangement, beaucoup de copies nemploient aucune particule interrogative, ce quia t sanctionn. Pour le verbe supposer , point ntait besoin daller chercherdes termes suspects du point de vue de lusage classique (comme coniectare;mme putare est non classique en ce sens - et suspicari, souvent employ, nerestitue pas du tout lide) : sumere, fingereou mme faceresuffisaient.

    Pour exprimer lide d un snat de trois cents membres et d un corps detrois mille patriciens , une certaine familiarit avec la langue classique permettait detrouver le naturel et lgant senatores trecentos numero ( limitation de Csar :equites quindecim milia numero, exemple donn par le dictionnaire), littralement : des snateurs, trois cents par le nombre . Nous sommes dsols de rappeler quetrecenti, qui se dcline, tait ici le bon terme, l o un certain nombre de copies ontrecouru limpropre ter centum(voire, dans deux cas limpossible *tres centum). Iltait naf et maladroit de vouloir tout prix rendre le terme corps , souvent traduitpar les inappropris corpuset membra. Le tour senatus+ gnitif, beaucoup plus rare,a t tout de mme accept. Nanmoins, il fallait alors veiller dcliner milia (envitant le barbarisme frquent qui a amen beaucoup de copies mettre deux l) et faire dpendre de ce terme un gnitif, de manire obtenir senatus trium miliumpatriciorum(mot mot : un snat de trois milliers de patriciens ) ; loption tria miliapatriciorum tait galement possible. Sans doute gnes par une telle lourdeur etignorant le tour csarien que nous venons de mentionner, beaucoup de copies ontessay de construire senatusavec les tours compositus exou constare ex: ctait

    mritoire, mais trs maladroit. Plus pointilleux encore, certains candidats ont voulurendre un snat par ltrange expression quidam senatus, qui ntait nullement sa place ici. Notons enfin que pour traduire les patriciens , nous avons acceptpatriciiaussi bien que patres, mais sanctionn optimates, trop vague ici.

    La proposition infinitive introduite par lide de supposer que a t souventmal rendue, principalement en raison de fautes de temps : cest bien linfinitif parfaitquil fallait, et il ne fallait pas oublier de rendre avec une telle unanimit :consensisse tanto consensu allait bien ; il tait galement possible de recourir autour una mente consensisse, avec lemploi dunarestituant peu ou prou lide d unetelle .

    La proposition dpendant de se soit entendu a trs souvent, notre grande

    surprise, fait lobjet dune confusion regrettable, du fait du voisinage du tour unetelle : beaucoup, pensant que pour dpendait de lexpression une telle

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    unanimit , ont donn leur traduction un sens conscutif (sur le mode : itaconsensisse ut) totalement hors de propos. Cest bien dune proposition finale quilsagissait, et il y avait deux manires principales de la traduire, qui ont pourtant tsouvent imprcises. Si lon optait pour la subordonne au subjonctif introduite par ut,il fallait en effet prendre garde la concordance des temps et en mettre le verbe

    limparfait (par exemple : ut deciperent) ; lautre possibilit, lemploi de ladjectifverbal, rclamait encore plus de concentration, en raison de laccord indispensablead decipiendam plebem (on sait que le maintien du grondif *ad decipiendumplebemest impossible).

    Quelques copies ont ajout la confusion en construisant le verbe consentiredune faon fautive : rappelons que, suivi dune proposition infinitive, il exprime lidedtre daccord pour dire quelque chose, ce qui changeait radicalement lideexprime dans le texte.

    c) et cela pendant des sicles, sans que, parmi tant de rivalits, de luttes, de hainespersonnelles, une seule voix se soit jamais leve pour dire : Ceci est un mensonge.

    La pense, relance par et cela , dpendait bien entendu toujours du verbe supposer , et il fallait donc poursuivre en employant la proposition infinitive :toute rupture de cette structure a t svrement sanctionne. Pour rendre etcela , il tait sans doute meilleur de gloser un peu (par exemple, avec : eosque idfecisse), plutt que demployer lelliptique et problmatique et ea, le latin tant sur cepoint bien moins souple que le grec .

    Pendant des sicles appelait naturellement lexpression per tot saecula ouper complura saecula(voire : per saecula), lomission de pertant fautive. Quelquestours tranges et inappropris (*saeculis?!; *in saecula?! *per multis aetatibus?!)doivent rappeler aux candidats de bien revoir lexpression de la dure.

    Pour traduire sans que , les deux solutions les plus courantes sont demployernecou utau sens conscutif (littralement : dans des conditions telles que). Attentiondans ce dernier cas, puisque la ngation de la proposition doit alors sexprimerpleinement, ut se maintenant : ut nulla uox convenait donc. Aprs mre rflexion,nous avons dcid daccepter cette traduction littrale, de prime abord trangepuisquelle personnifie une abstraction ; nous avons en effet considr que si le latinnaime certes gure ce genre de procd, il nignore pas non plus la mtaphoreexpressive. Si on tait gn par le substantif vox, on pouvait aussi biencrire quelque chose comme : ut nemo exstiterit qui clamaret. En tout cas, le tempsdu subjonctif final rendant le franais pour dire ne pouvait tre que limparfait, enraison de la rgle de la concordance des temps laquelle nous renvoyons les

    candidats.Une remarque propos de la traduction de tant de : cest totqui convenait (etnon talis ou tantus, qui nexpriment pas du tout le nombre). Pour les rivalits,certaines copies, presses, ou peu familires avec certaines subtilits de la langue,ont recouru trop vite riualitates, qui ne semploie quen matire de rivalitamoureuse ; ctait l une interprtation singulire du texte, que nous laissons laresponsabilit des candidats, mais qui savre fort discutable !

    Enfin, pour rendre ceci est un mensonge , il tait prfrable dopter pour unstyle indirect, mme si le style direct na pas t sanctionn. Quelque chose commeid mendacium esse pouvait convenir ; bizarrement, certains ont (sur)traduit encrivant : id totum est falsum , lide de totumnapparaissant aucunement dans le

    texte franais.

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    d) Si un patricien et trahi les secrets de sa caste, si, sadressant aux plbiens quisupportaient impatiemment le joug de cette religion, il les et tout coupdbarrasss et affranchis de ces auspices et de ces sacerdoces, cet homme etacquis immdiatement un tel crdit quil ft devenu le matre de ltat.

    Premire remarque propos de cette longue phrase : il ne fallait pas oublier de

    lamener laide dun mot de liaison. Gnralement, trop de thmes manquent deces mots-charnires pourtant indispensables, et les candidats doivent savoir quecela est sanctionn chaque phrase.

    Le tour siet trahi, et acquis introduit un systme conditionnel lirrel du pass, que le latiniste exerc rendra immdiatement par lemploi dusubjonctif plus-que-parfait. Aucune autre solution ntait possible ici, sauf changerle sens du texte. Concrtement, il y a donc deux protases ( sil et trahi, sil leset dbarrasss ) quil tait intressant de restituer telles quelles en latin, avec larptition de si(ici, Fustel de Coulanges ayant lui-mme calqu sa pense sur le tourlatin) ; en ce qui concerne lapodose et acquis , la proposition conscutive quelleamne ( un tel crdit quil ft devenu ) pouvait se rendre de deux manires : on

    pouvait recourir au subjonctif imparfait, avec lide dacqurir (du crdit) au pointde devenir , mais il est vrai que cette possibilit acceptable pouvait donnerlimpression de rompre avec le systme conditionnel ; aussi le subjonctif plus-que-parfait, poursuivant sur la lance de lirrel du pass (littralement : de sorte quilserait devenu ), tait la solution la plus naturelle, et sans doute la plusrecommandable. Nous avons accept les deux interprtations. En tout cas, lesubjonctif parfait, souvent rencontr, tait ici fautif.

    Quelques erreurs fcheuses sur le rflchi nous amnent avertir les candidatsden revoir srieusement la syntaxe : occulta ordinis sui tait la seule versionpossible ; en cas demploi dune relative, il ne fallait alors plus de rflchi : siaperuisset quae ordoeiustacebat.

    Comment rendre la relative qui supportaient ? Lindicatif est la solution la plussimple, qui insiste sur la ralit du fait. Mais nous avons galement accept lesubjonctif (imparfait, donc, en vertu de la concordance des temps), non pas tant aveclide de reconnatre une douteuse attraction modale dlicate justifier en dernireanalyse, quen nous disant quune relative au subjonctif avait ici pour elle uneindniable valeur dterminative et conscutive (on parlerait donc de plbiens dontla nature tait telle quils supportaient impatiemment ce joug).

    Le tour sadressant aux plbiens a pos quelques problmes. Le plussimple tait dutiliser le participe, par exemple adloquens plebeios (dautres verbesque nous avons souvent rencontrs, comme referre, loqui, exhortariou adire, taient

    moins convaincants en loccurrence) ; certains ont compliqu en optant pour despropositions introduites par dum, cumou ut, ce qui changeait un tant soit peu le sensdu texte.

    Nous voudrions attirer lattention des candidats sur un certain nombre de fauxsens ou de maladresses que peu de copies ont su viter. Ainsi, il tait fcheux deconfondre les sacerdoces (sacerdotia) et les prtres (sacerdotes) ; pour rendre lessecrets il fallait viter des termes absolument non classiques comme arcana ousecreta; pour exprimer lide de dbarrasser , pourquoi aller chercher le potiqueet postclassique exsoluere? Un tel crdit pouvait tre traduit par tanta (voiretalis; mais certainement pas par limpropre *tam magna) gratia: nous avonsfrquemment vu ici fides ou potentia, ce qui ntait plus tout fait le dtail de la

    pense. De mme, le latiniste habitu lire les textes classiques traduirainstantanment lide dtre le matre de ltat par lexpression bien connue potiri

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    rerum, de prfrence aux tours plus que laborieux rector rei publicae fieri, rempublicam tenere ou dux (/dominus/princeps/caput?!) rei publicae esse. Nousretrouvons ce que nous avions dit en prambule : celui qui est la tte de ltat estlgitimement un rector, mais ce genre dexpression abstraite est extrmement moinsfrquent que lusuel potiri rerum. Pour exprimer lide de devenir, une solution

    possible, et plus simple que le recours fieriou euadere, consistait conserver latournure rerum potirien lui adjoignant ladverbe mox.Enfin, quelques finesses supplmentaires, lattention des candidats les plus

    perfectionnistes, peuvent tre ajoutes : pour traduire un patricien , il fallait icirecourir au tour si quis inter patricios (ou e patriciis), qui rendait linsistance surlorigine du dlateur : labsence de quis ainsi que son remplacement par unus ouquidam modifiaient sensiblement le sens du texte. Et pour exprimer lide delibration, il tait souhaitable dutiliser une prposition correspondant auprverbe : par exemple, eximere ex, de prfrence une autre prposition ou lablatif seul - ex devenant bien entendu e si le mot suivant commenait par uneconsonne. Quon nous pardonne ces nuances, mais il nous semble quelles peuvent

    aider les candidats crire dans un latin plus pur.

    e) Croit-on que, si les patriciens neussent pas cru la religion quils pratiquaient,une telle tentation naurait pas t assez forte pour dterminer au moins un dentreeux rvler le secret ?

    Mme remarque que prcdemment en ce qui concerne linterrogation : lemploide nonne constituait un contresens. An credas ? ou num credi potest ? taientrecommands, et il tait galement possible ici dutiliser la premire personne dupluriel (num credimus ?). Exceptionnellement, labsence de mot de liaison taitpermise, afin de rendre le caractre abrupt du questionnement.

    Nous retrouvons un nouveau systme conditionnel lirrel du pass, rendredonc par le subjonctif plus-que-parfait dans la protase (lapodose est une infinitive,comme nous allons le voir plus bas). Attention la ngation de si: si nontait unegrosse faute, seul nisitait possible.

    Lexpression cru la religion a pos bien des problmes. Lemploi de credereen ce sens est maladroit : nous lavons trouv avec les cas les plus divers,expressions allant du solcisme au trs mal dit : credere *religionem, *religione, deis,religioni (dans ces deux derniers emplois, nous nincriminons pas credere + datif,tour usuel, mais son caractre inappropri lide du texte). Les bons latinistes onttrouv lexcellente expression fidem adiungere+ datif, le complment idal semblantici tre le pluriel religionibus, compris comme dsignant un ensemble de pratiques

    religieuses. Quant la traduction de pratiquaient , une familiarit mme moyenneavec la langue classique permettait assez vite de trouver le verbe colere. De mme,la tentation sexprimait par cupiditas, et non par les douteux cupido (nonclassique), temptatio(latin ecclsiastique !), libidoou impetus.

    La relative quils pratiquaient ne pouvait tre quau subjonctif, carlensemble de la priode, introduit par croit-on que ? , tait donc un style indirect.Ce qui entranait un ensemble dlicat restituer : un systme conditionnel contenudans une proposition infinitive. Nous incitons les candidats connatre par cur cegenre de transposition (quon peut rsumer par exemple ainsi : dico eum, nisi aegerfuisset, ad nosuenturum fuisse), dont nous avons parl en introduction. Dans cecontexte dirrel du pass, il va sans dire que la subordonne finale pour

    dterminer ne pouvait tre une autre forme que le subjonctif imparfait.

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    Pour rendre pas assez forte pour , commenons par carter ltrange adjectiffortis, tout fait hors de propos ici, et pourtant vu diverses reprises. Cest le tourtantusutqui est conseiller (il fallait alors accorder ladjectif la forme que prenaitcupiditas dans la phrase), de prfrence satisut, qui a davantage le sens de suffisant pour . Il y avait diverses faons de formuler cette ide (voir une autre

    variante dans le corrig que nous proposons) et nous y avons t attentifs, ensanctionnant toutefois des maladresses comme satis magnus ou des incongruitsmanifestes comme *tam magnus.

    Ultime remarque sur un trange contresens commis par plusieurs copies : aumoins un ne se traduit pas par unus minime, cette expression signifiant aucontraire absolument pas un seul ! Le tour bien connu ne unus quidem, quiamenait faire passer la phrase sur un mode ngatif assez lgant, tait possible,de prfrence aux maladroits si quisquis aliusou unus e ceteribus. Voil un nouvelexemple qui montre combien la connaissance de structures simples permet dviterdes piges auxquels les correcteurs navaient mme pas pens.

    f) On se trompe gravement sur la nature humaine si lon suppose quune religionpuisse stablir par convention et se soutenir par imposture.

    Une nouvelle fois, il fallait veiller utiliser un mot de liaison. Pour traduire on ,il tait acceptable et plus simple demployer la premire personne du pluriel ; un tourimpersonnel comme erratur(nous avons beaucoup croisla faute de temps erratumest) posait un problme ds la suite avec si lon suppose , moins de poursuivrepar un autre passif impersonnel un peu lourd. Naturel tait aussi le tour errat, quifingit/credit/ponit, en veillant viter le subjonctif dans la subordonne.

    Ladverbe gravement a t traduit de diverses faons, certaines fautives(graue?!) et dautres maladroites (grauiter). L encore, pourquoi ne pas penser auxtermes les plus simples de la prose classique et opter pour ualde, uehementeroumaxime? De mme, une religion nest certainement pas una religio(dont le sensest : une seule religion ).

    Pour les verbes stablir et se soutenir , il fallait veiller employer lepassif, au moins dans le premier cas, par exemple : si putamus religionem sustineri(ou, mieux encore : condi). Nous avons dplor bon nombre de copies qui, utilisantun infinitif actif, sombraient alors dans le contresens. Pour le second infinitif, un actifcomme perstare convenait, de prfrence stare ou constare; un passif commeteneri, aperu chez quelques-uns, tait acceptable.

    Enfin, pour rendre par convention , il tait dommage de ne pas chercher uneexpression permettant de restituer le rythme binaire exprim avec par imposture .

    Aussi pouvons-nous proposer quelque chose comme per pactum et per fraudem.Des ablatifs comme conuentione, consensu ou, encore moins bon, compositione,taient maladroits.

    g) Que lon compte dans Tite-Live combien de fois cette religion gnait les patricienseux-mmes, combien de fois elle embarrassa le Snat et entrava son action, et quelon dise ensuite si cette religion avait t invente pour la commodit des politiques.

    Cette fois, lemploi de la premire personne du pluriel pour exprimerlimpersonnel constituait un grave contresens, puisque lauteur ne sinclutvidemment pas dans le nombre de ceux qui doivent tre dtromps. Si lon voulaitviter lemploi peu convaincant de quisou de homines, solutions rencontres dans

    plusieurs copies, on pouvait rgler le problme de diffrentes manires, par lemploidu subjonctif jussif ( la deuxime personne du singulier) ou dun systme

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    hypothtique lindicatif, avec la principale au futur et la subordonne au futurantrieur (prfrable au futur simple). Compter pouvait tre rendu par le naturelnumerare, plus concret que ratiocinari, plus frquent que computare (qui paratsurtout semployer absolument en langue classique) et moins confidentiel que reri.

    Le tour dans Tite-Live permettait une nouvelle fois de dceler les candidats

    qui ont une frquentation rgulire du latin : cest apud Titum Liuium qui est lameilleure expression. Si lon voulait compliquer les choses, in Titi Liuii opere (oulibris, ou scriptis) tait possible malgr tout. Il fallait en tout cas tcher dviter latransposition franaise in Tito Liuio, demploi trs rare avec un nom dauteur et pluttrserve aux titres (cest toujours la recherche du latin le plus pur qui doit guider lescandidats !). On pouvait crire le nom complet Titus Liuiusou opter pour Liuius, maisla solution btarde T. Liuiusntait pas acceptable, ces abrviations tant viter enthme autant quen version.

    Combien de fois (quotiensou quam saepe, et certainement pas quot, erreurtrange trop souvent lue) amenait une proposition interrogative indirecte et,partant, des subjonctifs, obligatoirement au parfait ici. Entrava son action a t

    rendu souvent fort maladroitement, avec lemploi de termes comme actioou actum,ou des verbes onerareet distrahere. L encore, le recours une structure comme ledouble datif (impedimento esse ou incommodo esse), bien identifie par lesmeilleures copies, offrait une solution commode et lgante. Le terme politiques a gn bon nombre de candidats ; beaucoup ont compris que le texte parlait de lapolitique ou de la chose publique, et ctait une grosse erreur : il sagissait bien dedsigner les personnes au pouvoir, et une relative comme qui rem publicam gerebant(ou gererent) tait plus prcise que les potentes, magistratusou oratoresque nousavons souvent rencontrs.

    Que lon dise ensuite si permettait de vrifier une nouvelle fois lesconnaissances des candidats en matire dinterrogative indirecte indiquantlantriorit. Dans la mesure o cette subordonne dpendait dun verbe au prsent,cette antriorit ne pouvait sexprimer que par le subjonctif parfait ; contrairement un usage franais qui a tromp ici un bon nombre de candidats, le latin ne peut eneffet jamais employer dans ce cas le plus-que-parfait. Nous renvoyons les candidats la syntaxe de ce type de subordonne.

    h) Cest au temps de Cicron que lon a commenc de croire que la religion tait utileau gouvernement ; mais dj la religion tait morte dans les mes.

    Il ne fallait pas oublier dinsrer au dbut de cette phrase un mot de liaison, qui atrop souvent manqu. Nous avions ici un nouveau tour frquent que les candidats les

    plus familiariss avec le latin ont trouv aisment : Ciceronis memoria taitlexpression la plus lgante, qui permettait dviter les laborieux tours cum Cicerouiueret/uiuebatou eo tempore quo Cicero uixit. Nous avons accept aetate/aetatibusCiceronis (avec un ablatif surtout sans prposition), mais lexpression Ciceroneregnante( ?!) a provoqu notre stupfaction.

    Lexpression du commencement a engendr bien des erreurs. Nous rappelonsque, dans le cadre dun thme latin, le verbe inciperene semploie jamais au parfait(malgr, il est vrai, quelques occurrences fort rares dans la prose classique) et quilfaut alors utiliser coepi. Si, comme ctait ici le cas, ce verbe doit tre suivi duninfinitif passif, la seule forme possible devient coeptus sum. On pouvait donccrire quelque chose comme: religio coepta est credi; mais de prfrence ce tour

    embarrass, le plus simple ntait-il pas dutiliser un adverbe comme primum, dans le

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    cadre dune structure comme : tunc primum religio credita est, littralement : cestalors que pour la premire fois, on considra la religion ?

    Le gouvernement renvoyait ici la res publica, des termes abstraits commegubernatio ou trop vagues comme ciuitas tant viter. On pouvait utilisersimplement ladjectif utilis avec le complment au datif rei publicae; possible tait

    galement un tour comme utilis ad rem publicam gerendam(/administrandam), si lontrouvait que le seul rei publicaetait trop abstrait.Limage finale dune religion morte dans les mes ne devait pas tre traduite

    littralement, car cette mtaphore tait trs maladroite en latin et, en dpit de ce quenous avons dit dans la section c, vraiment trop hardie ici; lemploi dexstinguere(auplus-que-parfait) tait possible ; de prfrence avec la prposition ex, en vertu de cequi a t prcis la fin de la section d.

    i) Prenons un Romain des premiers sicles ; choisissons un des plus grandsguerriers, Camille, qui fut cinq fois dictateur et qui vainquit dans plus de dix batailles.Pour tre dans le vrai, il faut se le reprsenter autant comme un prtre que comme

    un guerrier.Limpratif initial a t traduit de diverses faons. Un subjonctif (de supposition)

    tait une bonne ide, un impratif possible au mme titre quun tour hypothtique. Leverbe pouvait indiffremment tre la premire personne du pluriel ou la deuximedu singulier. Des premiers sicles a t un tour fort maltrait dans lensemble :superioribus aetatibusou pristinis saeculis(avec lemploi de uiuebatou de uixit) taitpossible il faut l encore bannir toute ide de prposition dans ce type de structure.Logique, succincte et lgante tait aussi une expression comme Romanus pristinus.

    Trop de thmes ont confondu, propos du segment un des plus grandsguerriers , le superlatifavec le comparatif pour que nous navertissions pas lescandidats : cest le type derreur de concentration qui cote cher et quil fautproscrire. Au demeurant, lide tait trs maladroitement rendue par maximus:clarissimusou praestantissimustaient prfrables ; mais peut-tre le tour Camillus,quo pauci clariores fuerunt (sur le modle de lexemple bien connu : Cicero, quonullus melior est orator) rendait-il lide dune manire plus latine, et permettait cettefois demployer le comparatif.

    Dans plus de dix batailles a galement t problmatique, beaucoup decopies ayant vainement tent de contourner la difficult avec des expressionsvagues comme decem ac multo magis proeliis ou in multis proeliis! Lemploi deplusquamtait possible mais maladroit. Ampliustait une excellente solution, avecun tour comme amplius decem proeliis(un peu moins bien : in decem proeliis). Il ne

    fallait pas oublier dindiquer un complment dobjet comme hostesaprs lide devaincre, car lemploi absolu de ce verbe est trange pour le latin.Nous avons trouv de nombreuses possibilits intressantes pour rendre

    lexpression pour tre dans le vrai ; une fois cart limpropre re uera, unehypothtique introduite par sitait possible, pourvu que celle-ci ft lindicatif. Demme, en ce qui concerne autant comme que comme , nous avons accepttamquam, tantum quantumet ut sic, et, pour guerrier , bellatoraussi bienquimperator(mais pas le non classique pugnator).

    Toute expression correcte est recevable, pourvu quelle sappuie sur un usageattest et quelle reflte la pense du texte original. Ce sera le dernier mot de cettesynthse : le jury est ouvert toutes les interprtations et nattend pas une traduction

    unique, charge pour les candidats de faire preuve de bon sens et de montrer quilssavent un tant soit peu de latin.

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    Proposition de traduction

    Num Romani religionibus suis fidem adjunxerint

    Quamquam fuerunt qui dicerent illam religionem ideo inuentam esse ut ordiniamplissimo conduceret, quis tamen crediderit senatores trecentos numero, uelpatricios tria milia numero una mente consentire ad plebem rudem decipiendam,eosque id ita fecisse per complura saecula ut, inter tot simultates, tot contentiones,tot inimicitias, nemo umquam exstiterit qui clamaret illud mendacium esse ? Nam siquis e patriciis ordinis sui occulta prodidisset, si, adloquens plebeios, qui istiusreligionis uincula aegre ferebant, repente eos illis auspiciis sacerdotiisque leuavissetet liberauisset, ille uir profecto statim tantam gratiam adeptus esset ut mox rerumpotitus esset. An credas nisi fidem patricii adiunxissent religionibus quas colerent,eiusmodi cupiditatem tam parvo momento futuram fuisse ut ne unus quidem ad remprodendam induceretur ? Valde quidem errat de hominum natura, qui credit

    religionem per pactum condi et per fraudem permanere posse. Nam si quis in Liviiscriptis numerauerit quam saepe illae religiones patriciis ipsis offecerint, quam saepesenatoribus incommodo impedimentoque fuerint, tunc utrum eae ad illorum qui rempublicam gerebant commoditatem inuentae sint necne iudicare poterit. Ciceronisuero memoria tunc primum ad rem publicam administrandam utilem esse religionemhomines crediderunt; quae tamen iam ex animis exstincta erat.Quin etiam, ut prisci Romani exemplum proponatur, Camilli dico, quo pauci laudebellica clariores fuerunt, qui dictator quinquies fuit deuicitque hostes amplius decemproeliis, si uero quaeris qui tantus uir fuerit, ille non minus sacerdos quam imperatorhaberi debet.

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    RAPPORT SUR LE THEME GRECtabli par Jean-Philippe Guez

    Texte de lpreuve

    Les entretiens de Salammb avec Schahabarim, leunuque grand-prtre de la Lune 1

    Souvent il voyait bien quelle se fatiguait suivre sa pense. Alors il sen retournaitplus triste ; il se sentait plus abandonn, plus seul, plus vide. Des mots trangesquelquefois lui chappaient, et qui passaient devant Salammb2 comme de largesclairs illuminant des abmes. Ctait la nuit, sur la terrasse, quand, seuls tous lesdeux, ils regardaient les toiles, et que Carthage stalait en bas, sous leurs pieds,avec le golfe et la pleine mer vaguement perdus dans la couleur des tnbres. Il luiexposait la thorie des mes qui descendent sur la terre, en suivant la mme routeque le soleil par les signes du zodiaque. De son bras tendu, il montrait dans leBlier la porte de la gnration humaine, dans le Capricorne, celle du retour vers lesDieux ; et Salammb2 sefforait de les apercevoir, car elle prenait ces conceptionspour des ralits ; elle acceptait comme vrais en eux-mmes de purs symboles etjusqu des manires de langage, distinction qui ntait pas, non plus, toujours biennette pour le prtre.- Les mes des morts , disait-il, se rsolvent dans la lune comme les cadavresdans la terre. Leurs larmes composent son humidit ; cest un sjour obscur plein defange, de dbris et de temptes. Elle demanda ce quelle y deviendrait.- Dabord, tu languiras, lgre comme une vapeur qui se balance sur les flots ; et,

    aprs des preuves et des angoisses plus longues, tu ten iras dans le foyer dusoleil, la source mme de lIntelligence !

    Gustave FLAUBERT, Salammb.

    Lpreuve de thme grec 2012 a paru mieux russie aux correcteurs que celle de landernier. La moyenne des admissibles est de 7,02, celle des prsents de 6,97.Laprogression est sensible, surtout dans le haut du paquet. La meilleure copie a obtenula note de 17,5/20, contre 16,5 lan dernier. Surtout, 32 candidats ont mrit une notegale ou suprieure 12 ; en 2011, 15 dentre eux seulement avaient atteint cersultat. Cette amlioration sexplique certainement, en partie, par le plus grand

    nombre de candidats. Mais le texte de Salammb leur a aussi sembl plusabordable, peut-tre, que celui de Ponge. Il tait emprunt au chapitre X, dans lequelSalammb, sous lemprise du prtre, est rituellement offerte au Python sacr, enprlude son expdition secrte dans le camp des mercenaires. On y entend unereconstitution des spculations astrologiques de lpoque hellnistique reconstitution sinon rigoureuse, du moins certainement vraisemblable, sous la plumede celui qui avait accumul, pour faire revivre Carthage, une prodigieuse rudition.Faire revenir cet univers la langue grecque dont il est indirectement issu tait donclgitime. Mais par ailleurs, la prose de Flaubert proposait au traducteur ses propresdifficults, et ses propres piges. Lisse au premier abord, elle contenait en ralit demultiples ambiguts ou raccourcis dexpression quon tait oblig de clarifier. En

    particulier, elle mettait au dfi de rendre adquatement les images ; quest ce quuneparole qui passe comme un clair ? Dans une telle comparaison, que sommes-

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    nous censs voir au juste ? Le thme prouve la comprhension dun texte. Il imposegalement de bien connatre les possibilits respectives du franais et de la proseattique ; car on tait oblig parfois dattnuer la flamboyance potique de Flaubert,pour ladapter la langue conventionnelle du thme et son prosasme.

    Avant de discuter en dtail les problmes soulevs par le texte, nous voudrionsattirer lattention sur quelques dfauts dordre gnral. Les futurs candidats ontintrt bien identifier ces erreurs courantes afin de ne pas les reproduire dans leurspropres thmes. Dabord, comme tous les ans, les correcteurs souhaitent remercierles candidats qui ont fait leffort de rendre une copie lisible et are ; ils demandentaux autres de les imiter, et en particulier de SAUTER DES LIGNES. Une videnceensuite : la tche propose aux candidats est de traduire le texte, tout le texte, rienque le texte. Il sagit donc, dun ct, dtre attentif ne rien omettre, aucun adverbeou adjectif notamment. Cette anne, les expressions il voyait bien , vaguementperdus , vrais en eux-mmes , toujours bien nette ont souvent fait les fraisde ce genre dinattention. On a regrett aussi limprcision ou la dsinvolture de

    certaines traductions ; regarder n'est pas voir , par exemple, et le grec nemanquait pas de verbes de vision mieux adapts que le simple pour voquerles deux personnages contemplant les toiles. Mais le dfaut inverse, frquemmentconstat, consiste surcharger ou surtraduire un texte qui pourtant se suffit trsbien lui-mme. Pourquoi, par exemple, inventer des liaisons qui nexistent pas, en

    commenant sa traduction par , ou en introduisant des

    , des , des non seulement mais encore qui necorrespondent rien ?

    Sur le plan de la syntaxe, quelques erreurs rcurrentes ont frapp les correcteurs.Beaucoup de candidats, ignorant apparemment que la dsinence verbale suffit engrec indiquer le sujet du verbe, se sentent tenus dexprimer systmatiquementcelui-ci (par un dmonstratif notamment), y compris quand la phrase ne contient niinsistance ni ambigut. Intrinsquement maladroite, cette manie conduit en outre

    de vritables solcismes, par exemple quand au nominatif est suppos jouer lerle de pronom personnel. Les priphrases inutiles ont aussi provoqu de

    regrettables accidents, comme lorsque leunuque tait dsign par qualitquun Grec ne lui et certes pas reconnue. Dune manire gnrale, les correcteurs

    aimeraient rencontrer moins souvent le dmonstratif , , , dont les copiesusent et abusent, alors quil sert exclusivement dsigner lenvironnement immdiatdu locuteur, et en loccurrence ne pouvait srement pas renvoyer la lune ou auxconstellations du Zodiaque. Par ailleurs, il se trouve que le texte amenait utiliser

    beaucoup de noms fminins : Carthage, lme, la lune, le bras , et bien sr lajeune fille elle-mme. Or, un nombre impressionnant de candidats ont t victimes deltourderie classique consistant accorder au masculin les adjectifs ou participesassocis. Perte de points bien vitable, dont les candidats avertis se mfieront lavenir. Enfin la session 2012 comportait une nouveaut que les correcteurs

    voudraient signaler : lutilisation de + temps secondaire de lindicatif, en

    indpendante, pour exprimer la rptition. Tour improbable, certes recens par lesgrammaires, mais fort rare dans les textes, et que le jury a eu la surprise de voir

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    revenir copie aprs copie. Un simple indicatif convenait tout aussi bien, a fortiori silon narrivait pas placer correctement la particule *

    ) : esprons quil ne sagissait que dune mode passagre.

    Il faut dire un mot, pour clore cette rubrique, de la morphologie. Les copiesprsentaient, naturellement, leur lot de barbarismes, mais la session 2012 ntait passpcialement dplorable de ce point de vue. Signalons quand mme ceux quiportaient sur des phnomnes ou des mots trs courants, et constituaient doncmalgr tout, pour les correcteurs, de mauvaises surprises. Cest dabord limparfait

    de - qui ntait gure connu ; mal form ds les premiers mots du texte, ilproduisait sur le lecteur une fcheuse impression. Les prsents athmatiques,comme toujours, ont occasionn des dgts, en particulier, toujours au temps

    secondaire, ( des mots lui chappaient ) ou ( il montrait ). Dans

    le verbe utilis pour traduire il ne savait pas distinguer , , laugmentsest souvent retrouv dans des positions fantaisistes.Bref, la mconnaissance de la morphologie verbale, comme chaque anne, a tparticulirement prjudiciable aux candidats. Il tait plus surprenant de voir autant de

    fautes commises sur laccusatif pluriel des toiles , , o le nom abien souvent rim avec son article.

    Nous entrons maintenant dans le dtail du texte, en donnant pour chaquesegment une traduction possible, titre dexemple.

    Souvent il voyait bien qu'elle se fatiguait suivre sa pense. Alors il s'enretournaitplus triste ; il se sentait plus abandonn, plus seul, plus vide. .

    , .

    Le dbut du texte tait relativement simple, mais il fallait viter quelques pigesposs par le vocabulaire. Se fatiguer , en particulier, ne pouvait se traduire par + participe, car comme lindiquait une lecture attentive des dictionnaires,cette tournure ne signifie avoir de la peine/des difficults que chez Homre ; lesprosateurs de lpoque classique lutilisent uniquement pour dire se lasser de , cequi ntait pas le sens ici. On devait donc tourner autrement, avec un adverbe ou unelocution adverbiale, par exemple : elle suivait sa pense trs difficilement, avecbeaucoup de peine, etc.

    Suivre sa pense admettait parfaitement , bien attest dans ce sensintellectuel.

    Quant lexpression il voyait bien que, elle pouvait se traduire telle quelle +

    participe ou ; encore fallait-il savoir conjuguer - limparfait. Mais il tait

    sans doute plus grec dutiliser un tour personnel du type + participe, il

    tait manifeste/bien visible quelle .Un tel tour permettait galement dviter la difficult du temps utiliser dans une

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    ventuelle compltive dpendant de . Beaucoup de candidats ont opt, tort,

    pour le prsent , croyant certainement pratiquerlabsence de concordance des temps requise dans le style indirect. Nanmoins, lesdifficults de Salammb sont prcisment donnes non comme un effet de la

    perception du prtre, mais comme une ralit objective qui nchappe pas celui-ci ;en dautre termes, il ny a pas de style indirect ici, et cest bien limparfait quisimposait dans la compltive.

    Dans la seconde partie du segment, se sentaittait assez dlicat rendre.

    , qui note la perception dun fait objectif, ou tout autre verbe deperception ou dintellection, ne convenait pas : cest plutt dun affect, dunedisposition subjective, quil sagit ici. Les correcteurs ont donc prfr les traductions

    ayant eu recours la famille de ou encore lexpression +

    adverbe. Mme si lon admettait la traduction par , un nombre trs

    important de candidats ont commis le latinisime consistant construire ce verbe avecun pronom rflchi laccusatif ; il faut leur rappeler quen grec, on nexprime pas lesujet de linfinitive ou de la participiale sil est le mme que celui de la principale, etque les adjectifs ou participes qui le qualifient se mettent alors au nominatif. Dans

    lnumration qui suit a souvent t relev le syntagme fautif * .Rappelons la rgle du thme en la matire : on peut, et lon doit

    former le comparatif en - mme si le superlatif en - est seul attest, et

    vice-versa ; les tours en / ne sont admissibles que si ni le comparatif,ni le superlatif morphologiques ne sont attests. Dernire recommandation,

    dordrestylistique : dans toute numration, il convient dune part de ne pas romprelhomognit des termes, en mlangeant par exemple adjectifs et participes ; et delautre, de mettre en facteur commun ce qui peut ltre. Toute rptition du type

    * , etc. produisait un effet fastidieux,tranger lconomie de la langue grecque.

    Des mots tranges quelquefois lui chappaient, et qui passaient devantSalammb comme de larges clairs illuminant des abmes. C'tait la nuit, sur laterrasse, quand, seuls tous les deux, ils regardaient les toiles, et que Carthage

    s'talait en bas, sous leurs pieds, avec le golfe et la pleine mer vaguement perdusdans la couleur des tnbres. ,

    . ,

    ,

    ,

    .

    Le second segment posait des problmes plus dlicats. Dabord, commentcomprendre ici lexpression lui chappaient? On pouvait lui donner un sens fort, et

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    entendre que le prtre ne se rendait pas compte quil prononait des mots

    tranges ; la traduction la plus exacte utilisait alors

    , plutt que ladj. , qui suppose quelque chose comme unecontrainte ; ou comprendre plus simplement que Salammb des mots

    schapper de sa bouche . Dans la mesure o la phrase, et la suite du texte engnral, semble pouser plutt le point de vue de la jeune fille, la secondeinterprtation tait peut-tre la meilleure, et autorisait une traduction plus simple avec

    ). Le verbe permettait de conserver,dans une certaine mesure, lambigut de lexpression. Quant aux paroles passantcomme des clairs, elles exigeaient aussi un choix : soit on admettait lide dundplacement physique des mots, soit on en restait, plus prudemment, celle dun

    surgissement soudain, avec un verbe comme

    ). Nanmoins la hardiesse de limage, mme

    en franais, encourageait ici coller au texte. Sur le plan de la syntaxe, en revanche,le grec, dans les limites du thme en tout cas, nautorisait pas leffet de styleconsistant coordonner une pithte (tranges) et une relative (qui passaient).Ne peuvent tre coordonns que des lments strictement parallles (verbeet verbe, nom et nom, proposition et proposition, etc), et les squences du type

    * ntaient pas admissibles.La phrase suivante a cot des points un trs grand nombre de copies en raisondune incomprhension du franais. Beaucoup en effet ont ignor le Ce de

    Ctait la nuit, ou lui ont donn un rfrent vague, en se contentant dcrire

    . La phraseperdait alors son sens. Il convenait au contraire de souligner la valeuranaphorique du dmonstratif, qui renvoyait aux mots-clairs de la phraseprcdente : ctait la nuit , quand . Diffrentes possibilits soffraient pour les deuxsubordonnes qui suivent. Une temporelle introduitepar ou une autre conjonctionconvenait pour la description des deux personnages sur le toit ; auquel cas loptatifde rptition simposait, ds lors que les entretiens en question sont dcrits par lenarrateur comme une scne rcurrente. Mais le gnitif absolu tait certainementprfrable pour la seconde partie de la phrase, voquant les lments inanims dudcor. Les candidats ont souvent t gns par le problme de lacoordination entreces diffrents lments, au point parfois dinterrompre la phrase pour commencerune nouvelle indpendante (ctait la nuit, quand ils regardaient les toiles ; etCarthage stendait sous leurs pieds). Il sagissait dun refus dobstacle , qui desurcrot modifiait le sens et leffet de la phrase de Flaubert. En loccurrence, les deux

    fautes viter taient la rptition du mot subordonnant * au lieu

    de ,, et la coordination de deux lments htrognes(subordonne un mode personnel et gnitif absolu). Concernant la mer et le golfeperdus dans les tnbres, les correcteurs nont pas admis les traductions trop

    littrales par un verbe du type : dans ce qui constitue lvidence untableau, se perdre a le sens de disparatre , devenir flou, indistinct . De

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    mme, avecfonctionne ici comme une sorte de coordination, et ne pouvait donc trerendu littralement par une prposition comme .

    Il lui exposait la thorie des mes qui descendent sur la terre, en suivant la mme

    route que le soleil par les signes du zodiaque. De son bras tendu, il montraitdans le Blier la porte de la gnration humaine, dans le Capricorne, celle duretour vers les Dieux ;

    .

    ,

    .

    Pour tre traduite prcisment, cette phrase exigeait quon scarte quelque peu dufranais. Sur le plan du vocabulaire, il fallait renoncer traduire thorie par ,qui ne semploie pas dans cette acception lpoque classique. De mme, lesyntagme lathorie des mes, traduit tel quel , au moyen dun gnitif adnominal,produisait peu de sens : on devait expliciter le desavec + gnitif (la thorie quiconcerne les mes).Par ailleurs, le groupe prpositionnel ainsi constitu dfinissait alors la thorie en

    question, et devait donc absolument tre enclav : ; il enallait dailleurs de mme pour le retour vers les dieuxun peu plus loin. En outre, silon pensait immdiatement un participe pour traduire des mes qui

    descendent, en ralit il ne sagissait pas de la meilleure solution ; en effet, unexamen plus pouss montrait quon a ici affaire une relative dun type inhabituel, niexplicative (on ne peut pas la supprimer), ni dterminative (la thorie concerne toutesles mes, et non une sous-catgorie dont la relative donnerait la dfinition), de sorteque ni le participe circonstanciel ni le participe substantiv ne conviennent vraimentici. En dfinitive, la traduction la fois la plus simple et la plus claire consistait expliciter ce dont la phrase de Flaubert est comme lexpression ramasse : il luiexposait la thorie selon laquelle les mes .Nouveau pige dans la phrase suivante, o il fallait probablement se garder deprter dansson sens littral : le prtre ne montre pas la porte lintrieur de laconstellation, mais indique que la constellation reprsente ou constitue une porte.

    Une comprhension trop littrale tait sans doute lorigine aussi de lidesaugrenue, mais qui a eu beaucoup dadeptes, dutiliser un gnitif absolu pourtraduire de son bras tendu ( son bras ayant t tendu ?) Mais la principaledifficult tait dordre stylistique, et consistait organiser le paralllisme final envitant les redites et les maladresses. Dans cette proposition participiale ddouble,il convenait de procder logiquement, en isolant les lments communs aux deuxvolets ( il montrait que tait la porte ), puis en distribuant les autres (le Blier, de

    la gnration/le Capricorne, du retour) dans un systme ; restait ensuite

    placer les particules et en seconde position de leur volet respectif, sans setromper puisque cest prcisment cette position qui rend le systme intelligible.

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    et Salammb s'efforait de les apercevoir, car elle prenait ces conceptions pourdes ralits ; elle acceptait comme vrais en eux-mmes de purs symboles etjusqu' des manires de langage, distinction qui n'tait pas, non plus, toujoursbien nette pour le prtre.

    , ,

    .

    Cest le lexique qui posait ici problme, et notamment la traduction de symboles,

    ne convenant sans doute pas en prose classique. Parler d images ou de mtaphores constituait une logique solution de repli. Manires de langagencessitait aussi quelques rflexions, mais les diffrents tours avec que la

    plupart ont utiliss taient admissibles. Sur le plan de la syntaxe, il ny avait pas degrosse difficult. On pouvait attendre des candidats quils connaissent la construction

    des verbes deffort + subjonctif ou indicatif futur, lun ou lautre passantventuellement loptatif oblique).Quelques erreurs ont t commises propos du non plus final ; celui-ci quivalaitcertes en franais un mme , mais en contexte ngatif, le grec interdisait

    dutiliser et imposait . Il fallait enfin sabstenir de donner comme complment

    le rciproque , qui impliquait ncessairement le sujet du verbelui-mme. Cest par imprcision ou ngligence, en dfinitive, que beaucoup de

    candidats ont ici perdu des points. Faute de trouver une traduction satisfaisante deralits, par exemple, ils se sont souvent contents dcrire que ces conceptionstaient vraies , ce qui, outre linexactitude, les obligeait se rpter propos despurs symboles. Dautres ont nglig de traduire certains mots pourtant trs simples,commejusqu, bienou toujours. En eux-mmes, en particulier, a frquemment tomis : lexpression platonicienne simposait en loccurrence.

    - Les mes des morts , disait-il, se rsolvent dans la lune comme lescadavres dans la terre. Leurs larmes composent son humidit ; c'est un sjourobscur plein de fange, de dbris et de temptes.

    , , .

    .

    La premire question rgler, ici, concernait lembrayage narration / style direct.Certains candidats ont contourn la difficult en faisant passer le discours deSchahabarim au style indirect ; mme correctement ralise (car elle posait dautresproblmes), cette transformation leur a valu une pnalit. La particule de liaison,quelle quelle soit, ne se rencontre jamais dans lincise ; elle ne doit pas davantage

    figurer lintrieur du style direct, ce qui reviendrait coordonner deux discours sesituant des niveaux diffrents.

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    La seule solution consiste lui faire prcder le passage au style direct, en crivant

    par exemple , , , ou bien encore , , . Sur le plan duvocabulaire, se rsoudre fonctionnait ici comme un synonyme de sedcomposer ou se dissoudre , et appelait donc une traduction par un compos

    de , comme lont vu la majorit des candidats. Cependant, la prpositionchoisie pour rendre dansne pouvait tre , que le grec utilise alors pour indiquer

    les lments rsultant de la dcomposition. Quant cadavres, , dont cest le

    sens premier, et qui sopposait clairement , tait une meilleure solution que

    , surtout si ce dernier avait dj t mobilis pour les mes des mortsLa phrase suivante contenait en franais une ambigut que le grec obligeait

    lever : lhumidit en question est naturellement celle de la lune, non de la terre. Le

    dmonstratif , qui renvoie au nom le plus lointain, permettait dtre tout faitclair condition de ne pas oublier de lenclaver, comme cest la rgle pour lesdmonstratifs en fonction de possessifs. Inversement, on commettait un contresens

    en commenant la phrase par un relatif de liaison ), comme certainscandidats en ont eu la mauvaise ide. Surtout, beaucoup dentre eux, pigs par lasimplicit apparente de la phrase, ont propos ensuite une traduction trop littrale du

    type . Il fallait au contraire viter de maintenir leslarmes en position de sujet, et donner la phrase la tournure passive que le grecprfre. En outre, le parfait tait meilleur que le prsent ici : mme si lhumidit, dansles lucubrations du prtre, est continuellement produite par les larmes, cest la

    dfinition dun tat, plutt qu la description dun processus en cours, quon a iciaffaire. Un dmonstratif neutre ntait pas indispensable pour traduire cest, mais lecas chant, les correcteurs ont apprci quil soit attir au genre de son attribut

    plutt que . Enfin, mieux

    valait viter de traduire sjour par un terme trop concret, en particulier quifaisait trop imaginer un difice quatre murs.

    -Elle demanda ce qu'elle y deviendrait. D'abord, tu languiras, lgre comme une vapeur qui se balance sur les flots ; et,

    aprs des preuves et des angoisses plus longues, tu t'en iras dans le foyer dusoleil, la source mme de l'Intelligence !

    .

    , ,

    , .

    La phrase franaise est ici parfaitement claire, mais cest le grec, cette fois, qui

    produisait un sens ambigu si lon traduisait trop littralement : comment savoir, dansun nonc comme , qui interroge, et au sujet de qui ?

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    Lambigut tait leve si lon prcisait soit lauteur, soit le destinataire de la question,

    sans oublier celui des deux interlocuteurs quelle concernait (do . Pourtre tout fait complet, il ne fallait pas oublier non plus de traduire y (ce quelle ydeviendrait), que beaucoup de candidats ont nglig ; certains ayant

    malencontreusement choisi ladverbe , qui ne peut renvoyer qu lespace dulocuteur ( ici ), la pnalit quils ont reue a t applique aussi aux ngligents.Sur le plan du vocabulaire, plusieurs points mritaient rflexion dans cette fin de

    texte. Poser une question se dit en grec , et non qui signifie rclamer quelque chose (un service, un objet) faux sens extrmement rpandu.n retiendra aussi que pour ce verbe, les prosateurs classiques utilisent laoriste

    thmatique , et non le sigmatique . Dans labsolu, le mot traduisait parfaitement vapeur, mais le contexte rendait de beaucoup prfrable le

    fminin . Le verbe se balancer a donn lieu quelques ( tre

    pes sur une balance ) cas dcole des dgts causs par le dictionnaire dethme, quand on lutilise de faon myope. Pour lIntelligence, on devait prendre soin

    dcarter les termes comme , qui dsigne plutt la sagesse pratique, etchercher plutt du ct des facults purement cognitives.

    Ainsi divinise, cette Intelligence voque certainement le dAnaxagore. Lefoyer, enfin, sentendait bien ici au sens optique ou physique de point central , centre rayonnant ; mais , que la majorit des candidats ont choisi, fonctionnaitassez bien aux deux niveaux, abstrait et concret.Du point de vue de la syntaxe, les correcteurs ont rencontr certaines erreurs bien

    vitables. deviendrait, par exemple, a parfois t rendu par un potentiel +optatif), les candidats ayant apparemment vu l un vritable conditionnel, et non uneffet de concordance propre au franais dans le style indirect. La squence despreuves et desangoisses plus longuesa t mal rendue par des candidats tropinattentifs lordre des mots ; plus longues se trouvant en facteur commun,ladjectif grec devait tre plac enconsquence, sans exclure lun des deux termes

    comme dans un tour du type . Dans tulanguiras, lgre comme une vapeur, ladjectif a souvent fait lobjet dune simpleapposition, quand le grec exige quon utilise unparticipe pour en faire un attribut ou . Autre exemple decalque avec la juxtaposition des deux groupes prpositionnelsdans le foyer, la

    source mme. En traduisant la squence telle quelle * ,on commettait une asyndte, mais coordonner les deux termes aboutissait parailleurs un contresens, le deuxime ( la source mme ) ayantpour fonction deprciser le premier ( le foyer ) sans en tre distinct. Pour chapper auproblme,on disposait de plusieurs solutions, une relative par exemple (cf. ci-dessus), ou

    encore un attribut avec participe larticle tant alors interdit

    .

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    Les correcteurs souhaitent conclure ce rapport en insistant sur le pourcentageconsidrable des erreurs qui proviennent, non de la manipulation du grec lui-mme,mais bien dune mauvaise comprhension du franais. Bien sr, les candidats seheurtent aux difficults de la langue grecque : morphologie verbale, gestion de lasubordination et de la coordinatio