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8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
1/53
Paléo
Identification de chaînes opératoires lithiques du Paléolithiqueancien et moyenEric Boëda, Jean-Michel Geneste, Liliane Meignen
Abstract
In Western Europe at least, the variability of Lower and Middle Palaeolithic production systems is founded still largely on
the linear succession of pebble tool industries followed by bifaces industries (see the Acheulean) and those characterized
by the débitage of flakes (see the Mousterian), though this succession, as a highly reductory scope. In the present state of
the researches, the systemic approach of the processing sequences that occured during this long time span permits to
identify several fundamental principles ruling tool production that are based on the use of the and/or of the débitage. In this
paper, the different operating sequences are described in succession at different levels of analysis. The operating
sequences among which the différents stages of biface knapping are most detailed, are first dealt with ; they are followed
by the débitage operating sequences with a particular focus on the various Levallois methods ; the original trifacial
operating sequences that have been described so far in South West France assemblages, are studied finally.
Résumé
La variabilité des systèmes de production lithique du Paléolithique ancien et moyen demeure, tout au moins pour l'Europe
occidentale, encore largement fondée sur la succession linéaire, très réductrice, des industries à galets aménagés puis à
bifaces (cf. Acheuléen) et, enfin, à débitage d'éclats (cf. Moustérien). L'approche systémique des chaînes opératoires de
cette longue période autorise, dans l'état actuel des recherches, l'identification de plusieurs principes fondamentaux de
production d'outillages basés sur le façonnage et/ou le débitage. A des degrés d'analyse différents sont décrites,
successivement, des chaînes opératoires de façonnage dont les bifaciales sont les mieux détaillées ; des chaînes
opératoires de débitage avec une attention particulière pour les diverses méthodes Levallois et enfin des chaînes
opératoires trifaciales, originales, décrites pour l'instant dans le sud-ouest de la France.
Citer ce document Cite this document :
Boëda Eric, Geneste Jean-Michel, Meignen Liliane. Identification de chaînes opératoires lithiques du Paléolithique ancien
et moyen. In: Paléo, n°2,1990. pp. 43-80.
doi : 10.3406/pal.1990.988
http://www.persee.fr/doc/pal_1145-3370_1990_num_2_1_988
Document généré le 16/10/2015
http://www.persee.fr/collection/palhttp://www.persee.fr/doc/pal_1145-3370_1990_num_2_1_988http://www.persee.fr/doc/pal_1145-3370_1990_num_2_1_988http://www.persee.fr/author/auteur_pal_51http://www.persee.fr/author/auteur_pal_50http://www.persee.fr/author/auteur_pal_52http://dx.doi.org/10.3406/pal.1990.988http://www.persee.fr/doc/pal_1145-3370_1990_num_2_1_988http://www.persee.fr/doc/pal_1145-3370_1990_num_2_1_988http://dx.doi.org/10.3406/pal.1990.988http://www.persee.fr/author/auteur_pal_52http://www.persee.fr/author/auteur_pal_50http://www.persee.fr/author/auteur_pal_51http://www.persee.fr/doc/pal_1145-3370_1990_num_2_1_988http://www.persee.fr/doc/pal_1145-3370_1990_num_2_1_988http://www.persee.fr/collection/palhttp://www.persee.fr/
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
2/53
PALÉO
- N° 2
-
Décembre
1990
IDENTIFIC TION DE CH INES OPER TOIRES
LITHIQUES
DU
P LEOLITHIQUE
NCIEN ET
MOYEN
Eric Boëda1,
Jean-Michel
Geneste2, Liliane Meignen3
Résumé
: La
variabilité
des
systèmes
de production
lithique du Paléolithique
ancien et
moyen demeure,
tout au moins
pour
l'Europe occidentale,
encore
largement fondée
sur
la
succession
linéaire,
très
réductrice, des industries à
galets
aménagés puis à bifaces
(cf.
Acheuléen) et,
enfin,
à débitage d éclats
(cf. Moustérien).
L'approche systémique des chaînes opératoires
de cette
longue
période
autorise,
dans l état actuel
des recherch es, l identification
de
plusieurs
principes
fondamentaux de production d outillages basés
sur
le façonnage et/ou le débitage. A des
degrés d analyse
différents sont
décrites,
successivement, des
chaînes opératoires de façonnage dont les bifaciales sont les mieux détaillées ; des chaînes
opératoires
de débitage
avec une
attention particulière pour
les diverses
méthodes
Levallois et
enfin
des chaînes opératoires trifaciales, originales, décrites pour l instant dans
le
sud-ouest de la France.
Abstract
:
In Western Europe
at
least, the variability of Lower and Middle Palaeolithic production systems is founded still largely
on
the linear succession
of pebble tool industries
followed
by bifaces industries (see the Acheulean)
and
those characterized by the débitage of flakes (see the Mousterian), though
this succession, as
a
highly reductory scope.
In
the
present
state
of the
researches,
the
systemic
approach
of the
processing
sequences
that
occured
during
this
long
time
span
permits
to
identify
several
fundamental principles
ruling
tool production that are
based
on the use of the and/or of the débitage.
In this paper, the different operating
sequences
are described in succession
at
different levels of analysis. The operating
sequences
among which the
différents stages of biface knapping are most detailed, are first
dealt with
;
they
are followed by the débitage
operating sequences
with
a particular
focus
on the various Levallois methods
;
the original trifacial operating
sequences
that have been described so far in South
West
France
assemblages,
are studied
finally.
1 - INTRODUCTION
1-1
Approche
des chaînes opératoires
En règle
générale,
l'approche des industries
lithiques,
d'un point de vue
naturaliste,
n'a
autorisé qu'une lecture
des
critères
morphologiques
éventuellement
assortis
d éléments
techniques
décrits
et
définis de
manière
abstraite,
car systématique
et
générale. La classification
morphologique des types d'outils
et
des ensembles
lithiques,
qui en
a découlé, fut
souvent faite
au détriment
d'une
lecture
technologique des
systèmes de production de
l'outillage.
Cependant,
c'est
l'approche systémique des industries
lithiques
qui semble permettre
actuellement,
à
travers la
perception
des chaînes
opératoires, une
analyse des
systèmes de production lithique et de
leurs
implications
culturelles,
spatiales
et
économiques.
Néanmoins,
l'approche
et la
détermination
des
chaînes
opératoires du
Paléolithique
inférieur et moyen reste
extrêmement
difficile.
L'une
des
difficultés est directement
liée à l'hétérogénéité des documents recueillis, qui
ne
fournissent
pas, dans la plupart des cas, les
informations
nécessaires à la reconstitution des chaînes opératoires
supposées
présentes.
Une
autre difficulté, et non des
moindres,
se
situe sur un plan méthodologique. En effet,
sur le plan strictement lithique, la seule notion de chaîne
opératoire, pour ces
périodes,
n'est
pas
opérationnelle, car
trop
globalisante. Nous
préférons
lui substituer deux
autres notions
recouvrant
deux champs de recherche
rents mais complémentaires, que nous appellerons
technopsychologique et
techno-économique. L'approche
techno-psychologique
se
propose
de
déterminer les
connaissances
mises en
jeu
dans
tout
système
technique de
production
lithique.
L'architecture
opératoire
peut s'analyser
de façon graduelle
en terme
de concept, méthode,
technique,
processus,
etc. La
détermination
de
ce savoir
humain
ou de
cette
mémoire technique constitue
l'objectif
prioritaire de toute analyse des chaînes
opératoires.
L'aspect
techno-économique
recouvre un champ de
lecture
et
d
analyse différent mais tout aussi ambitieux,
puisqu'il
se
propose d'analyser sous l'angle économique, donc social, le
comportement technique de ces hommes.
Globalisante,
cette
dernière approche
est en
conséquence la plus
soumise
à l'influence de données
archéologiques
extérieures au
domaine technologique
(caractéristiques,
accessibilité
et
formes
de diffusion de la matière
première,
gestion
ergonomique des produits,
etc.). Une
telle approche
tient
un
rôle capital dans les processus d'interprétation de la
variabilité des systèmes de
production
lithique parce qu'elle
implique nécessairement
l'intégration
de données
complémentaires. Cependant, l'acquisition et la manipulation
de celle-ci ne seront pas décrites ici si ce n'est que
succinctement à travers quelques
exemples archéologiques.
Le travail présenté dans cet article
ne
peut pas, et
ne
1 ERA
28
du
C.RA., CN.R.S.,
1
place
Aristide-Briand,
92195
MEUDON
PRINCIPAL
CEDEX
-
FRANCE
2
Direction
des
Antiquités
Préhistoriques d Aquitaine,
6
bis cours de
Gourgue, 33074
BORDEAUX CEDEX
-
FRANCE
3 ERA
28
du C.R.A., CN.R.S., Sophia Antipolis,
06560
VALBONNE
43
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
3/53
veut
pas, être un travail
exhaustif
sur
les chaînes
opératoires
du
Paléolithique ancien
et moyen. En
revanche, il
constitue un premier
pas
vers la détermination de
cette
notion
à
ces
périodes. Dans la plupart des cas,
les
chaînes
opératoires présentées sont donc incomplètes car
elles
représentent
un
état
de
la
recherche.
Pour
des
simplicités
d'expression et de compréhension, nous utiliserons
seulement le
terme
de
chaîne
opératoire
tout en sachant
que,
dans
certains
cas, de terme recouvre plus l'aspect
technopsychologique
ou techno-économique.
1-2 Cadre
spatio-temporel
L'Europe
occidentale
servira
essentiellement de cadre
aux
exemples
analysés et cités. C'est
en
effet dans
cette
zone
qu
ont été le
plus anciennement et
le
mieux
définis les
ensembles industriels du Paléolithique moyen. Des
exemples seront pris au Proche-Orient pour la spécificité de
certaines
chaînes
opératoires
Levallois
(méthodes
récurrentes unipolaires), cela pour des
raisons
strictement
liées
au développement des recherches technologiques. Le
Paléolithique
moyen sera traité dans une perspective
résolument diachronique
en
recherchant des racines dans
les
productions d'éclats et de bifaces de l'
Acheuléen.
C
estdonc une période
couvrant
principalement
1 avant-
dernière glaciation et le début de la dernière jusqu'à
l'interstade wûrmien qui sera prise
en
perspective. Des
références
plus
anciennes seront ponctuellement
utilisées
pour jalonner le développement
chronologique
de ces
chaînes
opératoires.
1.3. Chaînes
opératoires
en présence
En Europe, depuis le Paléolithique inférieur jusqu'au
Paléolithique
moyen,
de nombreuses chaînes opératoires
se
sont
succédées
et
ont coexisté durant des périodes
plus
ou
moins longues. Ce
buissonnement est déjà présent au
Paléolithique inférieur.
Une
vision trop universelle nous a
parfois,
à
tort,
fait confondre période etculture, tel l'
Acheuléen (Boëda à paraître,
Delpech et al.
à paraître).
Devant cette diversité, il a
nécessairement
fallu
clarifier
l'exposé et
sélectionner,
au
sein des
ensembles
en
présence, un nombre
restreint
de
chaînes opératoires
(ou
tout
du
moins
d'éléments
de
chaînes
opératoires).
L'état
des recherches
actuelles ne permet d'ailleurs que
de
détailler
les
plus significatives.
Depuis le
Paléolithique inférieur jusqu'au
Paléolithique moyen, on peut
dresser l'inventaire des chaînes
opératoires jusqu'alors identifiées.
Ces chaînes
peuvent
êtreregroupées selon deux
grands
principes de
taille
:
le façonnage et le débitage.
1-3-1 Chaînes
opératoires
de façonnage
1
- Chaînes
opératoires de galets
aménagés
En général,
elles
ne
sont
qu'évoquées
puisque
nous
ne
disposons d'aucun gisement européen
étudié
dans
cette
perspective.
2
- Chaînes
opératoires
bifaciales
A priori mieux connues,
elles
sont présentes dans
l'Acheuléen, le Micoquien
oriental,
le Moustérien
de tradition
acheuléenne,
le
Bohunicien
et le Szélé-
tien
(cette
liste
n'est
pas
exhaustive).
1-3-2
Chaînes opératoires de débitage
1
- Chaînes opératoires
productrices d'éclats
Elles sont de loin
les
plus nombreuses car présentes
de façon
ininterrompue
durant toute la
préhistoire.
Aussi
font-elles l'objet du plus grand nombre
d études technologiques. La mise en évidence de
schémas opératoires différents nous permetde
distinguer
actuellement
les
chaînes opératoires suivantes
:
- de débitage Levallois,
- de débitage discoïde,
-
de débitage de
type
Quina.
Il
est
évident qu'à l'intérieur même de ces trois
catégories il
existe
une très grande variabilité,
multipliant ainsi le
nombre
de chaînes opératoires
possibles.
2
- Chaînes
opératoires à production
mixte :
lame,
pointe, éclat
Ces chaînes opératoires Levallois ou non ont
souvent
été
décrites pour le Paléolithique moyen au
Proche-Orient. Elles
semblent
exister également en
Europe
où
elles
sont encore mal identifiées.
1-3-3
Chaîne
opératoire trifaciale
Originales, décrites dans le sud-ouest de
la
France,
elles
reposent en priorité
sur
un schéma
opératoire
de
débitage. Mais en phase
finale,
ce schéma inclut une
éventuelle transformation de certains produits en outils
(nucleus par exemple).
Cette
transformation doit être
«programmée» dès le
départ des
opérations de taille. Si
nous
voulions
résumer
cette situation, nous
dirions
que les
hommes préhistoriques ont
tout d'abord effectué
une
opération
de débitage,
suivie
d'une
opération
de
façonnage, réalisée à partir
de
produits spécifiques
obtenus au
cours de
la
première phase.
Chacune
de
ces chaînes
opératoires peut, à elle
seule,
caractériser un ensemble lithique. Mais
il
existe aussi
souvent le
cas
de figure inverse où
plusieurs
chaînes
opératoires sont
en
présence. La caractérisation
d'un
ensemble lithique sera alors basée sur l'importance relative
de ces
différentes
chaînes. Il
importe
alors
de
définir les
modalités de
cette
coexistence
:
elles
peuvent
être
totalement indépendantes et autonomes, ou croisées,
c'est-à-
dire
qu'elles interféreront à un moment
donné
des
opérations. Il existe encore une troisième possibilité à travers
laquelle ces chaînes opératoires sont hiérarchisées
(débitage
puis
façonnage)
(Roche
et
al.
1988).
44
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
4/53
1-4
Chaînes opératoires analysées 2
-
CHAINES OPERATOIRESBIFACI
ALES
Deux
catégories de chaînes opératoires ont été
retenues, qui sont les plus anciennement et les mieux
identifiées dans l'aire géographique et la
période
envisagées : il
s'agit
des chaînes
bifaciales
et
Levallois.
En outre, l'une et l'autre
se
réfèrent à deux grands
principes de fabrication de
l'outillage :
le façonnage et le
débitage. Les
conceptions
techniques sous-jacentes en
sont radicalement
différentes.
Le façonnage
:
il s'agit de l'aménagement d'une
pièce au sein d'une masse de matière investie dès
le
départ de
l'approche
progressive de la forme et
du volume finals.
Le
débitage
: il s'agit
du
fractionnement d'un
volume de matière par une panoplie de méthodes
spécifiques, en différentes unités de
formes et
de
volumes
qui
sont
obtenues
en séries différenciées
ou standardisées, récurrentes ou
Hnéales selon
le
cas.
Ces deux catégories de chaînes opératoires
sont
habituellement utilisées pour
caractériser
technologiquement,
mais
de
manière
abusivement exclusive, respectivement le
Paléolithique inférieur (si ce n'est l'Acheuléen) et
le
Paléolithique
moyen
(si ce n'est
le Moustérien).
La prise
en considération
dans
le
raisonnement
de leur variabilité
et
de leurs modes de coexistence est
donc porteuse
d informations en terme
de complexité.
En effet, la chaîne
opératoire bifaciale
apparue tôt
dans
l'Acheuléen
africain
sera
examinée
ici
uniquement dans
le
cadre européen durant le Paléolithique inférieur du sud-
ouest de la France puis à son aboutissement au
Paléolithique
moyen
où elle coexiste sous divers modes
d associations avec des chaînes de
production
d'éclats.
Les chaînes opératoires
Levallois, dans
certains cas
mieux connues
et mieux
étudiées
dans
toutes leurs
séquences, seront
plus
détaillées depuis l'acquisition de la
matière
première jusqu'à
leur
achèvement
fonctionnel
(emmanchement, utilisation)
(Anderson-Gerfaud
1981,
Beyries 1987, 1988, Shchelinskii in Plisson 1988).
L'étude de la
variabilité des
méthodes Levallois (Boëda
1986,
1988a, 1988b) permet, à
travers la
définition
de
différents
objectifs mentaux, une étude de
la
relation entre
l'intention du tailleur et la démarche
utilisée.
Cette
catégorie de chaîne
opératoire
est
représentative du Paléolithique
moyen
en ce
sens
qu'elle
s'y
développe largement même
si elle existe auparavant.
La représentation des chaînes opératoires
ne
préjuge
en
rien de
leur
ordre d'apparition chronologique. Il
est
évident, comme cela sera
évoqué
plus loin, que le débitage
d'éclats a dû précéder de beaucoup la genèse de la
fabrication bifaciale, que les racines des chaînes opératoires
Levallois
sont anciennes et
qu'elles
coexistent déjà avec la
présence de bifaces, dominante
dès le
début
de
l Acheuléen.
Classiquement, au
sein
des chaînes opératoires
bifaciales, le biface et le hachereau sont les deux principaux
produits recherchés. Mais le terme de biface
recouvre
à lui
tout
seul
des
réalités bien
différentes
qui n'ont
que
très
rarement
été
analysées sur un plan technologique. Il existe
bien des classifications mais essentiellement typologiques
(Alimen et Vignal 1952, Bordes 1961), à la
différence
du
hachereau qui fut l'objet d'un classement
morpho-technique (Tixier 1957, Chavaillon 1965).
Le phénomène bifacial en tant que système de
façonnage s
'opposant
aux
systèmes
de
débitage n'a
que très
rarement fait l'objet de recherche
technologique
globalisante. Les différentes analyses portent en
général sur le
phénomène bifacial Acheuléen considéré sur un plan dia-
chronique
comme
précurseur
et
qui
par
voie de
conséquence devient
le réfèrent.
Mais que deviennent les
industries
du
Micoquien
oriental,
du
Moustérien de
tradition
Acheuléenne, de
l'Acheuléen
supérieur, de l'épi-Acheu-
léen
et les autres industries présentant de très nombreux
outils «à retouche sur face
plane» ? Ces industries se
caractérisent aussi par une production lithique
basée
sur
le
débitage,
elles
sont
donc mixtes. Nous pouvons
alors
nous
interroger
sur le sens à donner à ce mode de production
bifacial. Avons-nous affaire à une
production
autonome et
totalement
indépendante
de
la production
d'éclats ou
bien
à
une production
qui, toute
bifaciale
qu'elle soit, est
régie
de la
même
façon
qu'une
production
d'éclats ? En
d'autres
termes, il nous semble nécessaire
de distinguer
des
schémas
opératoires
où
la pièce
bifaciale
en est
l aboutis sement et
le volume
façonné
l'outil,
et
des
schémas
opératoires
où,
au
contraire,
la pièce
bifaciale
ne
représente qu'un
stade
de configuration nécessaire suivi d'autres stades
d'aménagement.
Dans
ce cas, les pièces bifaciales
sont
conçues
comme
des supports au même titre que des
éclats
et le façonnage
se substitue au
débitage pour
produire des
supports spécifiques.
Cette spécificité est, dans
certains
cas, si puissante que
dans
les industries
lithiques,
où il
n'existe qu'un
schéma
de débitage,
la
retouche
se substitue
au
façonnage
pour produire des pièces «bifaciales» (ex. :
racloir à
retouche sur face
plane).
Par ailleurs, au
même
titre
qu'un système de production
d'éclats, il
existe une
très forte
variabilité morpho-technique
des
supports
bifa-
ciaux
signifiant
l'existence
de méthodes
différentes.
Ces observations
constituent
une base de travail. Mais
les
analyses technologiques mettent clairement
en
évidence une
différence
qui nous
semble
très
importante.
Elle
concerne la façon de concevoir le volume
:
dans le
cas
où
la pièce bifaciale apparaît
comme
un
support d'outils,
la
section de la
partie
de la pièce qui
semble
opérationnelle
est
piano-convexe et dans l'autre
cas
la
section
est
biconvexe.
Nous distinguons ainsi deux
grandes
familles de
chaînes opératoires s'opposant sur la
relation
entre le volume
et
l'outil :
l'un
est
l'outil,
l'autre
le
support.
45
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
5/53
2-1
Chaînes opératoires des
«pièces
bifaciales
tils»
Schéma opératoire
La
production de
«pièces bifaciales outils»
résulte de
l'affinage
d'ébauches
successives
jusqu'à
l'obtention de
la
forme
recherchée
(fig.
I,
n°
1).
Quel que
soit
le
stade
d'exhaustion,
de la première ébauche jusqu'à la pièce
finale,
la configuration volumétrique reste identique. Cette
configuration
est
des plus simples
:
elle consiste
en
deux
surfaces
non
hiérarchisées,
convexes
et symétriques par
rapport à
leur
plan sécant et sagittal. La mise
en
place de
ces deux
surfaces
est
simultanée et investie de la même
fonction
: créer
un bord
actif susceptible
d'être retouché.
Méthodes
Devant la linéarité du processus de fabrication du
«biface
outil», les méthodes mises
enjeu
sontpeu
différenciées . Seule la recherche de
caractères
particuliers
susc itera l'utilisation de
méthodes
différentes. Ces
caractères
concernent :
- le type de delineation (rectiligne ou
sinusoïde),
- les
plans
de
symétrie
(frontal ou sagittal),
- un caractère
naturel
ou prédéterminé
utile
(base
réservées,
dos naturel, tranchant transversal).
De même, en fonction du support
initial
utilisé -bloc,
éclat de
gel,
fragment, éclat ou éclat Kombewa- le stade
d'initialisation
de
l'ébauche
peut être
réalisé
de façons
différentes.
Néanmoins,
quelle que
soit
la
méthode
optée, les
éclats
de façonnage auront strictement le même rôle,
puisque
l'opération de
taille
est
linéale. Ils
seront
facilement re-
groupables en différentes classes morpho-techniques,
chacune d'elles
traduisant le
stade
d'exhaustion de
l ébauche.
Techniques
Les techniques mises
en jeu
sont de deux
ordres :
la
percussion au percuteur dur et la percussion au
percuteur
tendre.
Leur utilisation
peut
être
exclusive
ou associée.
Dans le
cas
d'une
association,
le percuteur dur
est
souvent
utilisé en
premier.
En
effet,
en
fonction
du
volume
et
de
la
morphologie
du bloc, son utilisation
est préférable,
voire
nécessaire.
Acquisition
des matières premières
Dans
le cadre de l'étude des
méthodes,
nous avons
évoqué
le problème de la variété des supports utilisables
pour le façonnage de la première
ébauche.
Il
est
évident
qu'en fonction du
type
de support utilisé, les séquences
opératoires, qui le produisent, seront différentes. Mais ces
différences ne s'analyseront pas de la même manière.
Dans
certains
cas,
elles
s'analyseront
en
terme
de
méthodes
et dans d'autres
cas en terme de
schémas opératoires.
Ces
derniers
sont
en
général des schémas de débitage. En
effet,
beaucoup
de supports sont des éclats qui résultent de
systèmes de production différents (Levallois, Kombewa,
autres...).
Ainsi, certaines chaînes opératoires seront
particulièrement
délicates
à
analyser
car
elles
sont
régies
par
plusieurs schémas
opératoires.
Mais, hélas, force
est
de
constater que ces chaînes opératoires
sont
rarement étudiées
dans
leur
globalité, laissant souvent de côté l'analyse
de
la
séquence
de production des supports. Pourquoi
?
En
dehors
de l'illogisme d'une telle démarche intellectuelle,
au
regard
d'études
de collections (bien
pauvres), il
nous
semble
que la variabilité des chaînes opératoires
bifaciales
se
situe aussi à ce niveau. Les études concernant les
hachereaux sont là pour le
démontrer.
De même, nous devons prendre en compte des
problèmes d'accessibilité et de caractéristiques des
matières
premières
et
considérer
aussi l'organisation spatiale des
activités
techniques
liées à l'acquisition
de
la
matière
première.
Devant la disparité des études concernantce problème
pour ces
périodes,
il
nous
semble préférable de présenter,
sans commentaire, les différentes questions auxquelles il
faut
répondre
:
- Caractéristique de la matière première
:
- Transportable ou
non
transportable. Et par la suite, la
fragmentation sur place des blocs bruts ou leur non
transformation;
- Morphologie :
sélection d'une
morphologie
naturelle
ou indifférence au support.
On peut
mettre
en
évidence,
par
exemple, le
rôle
de
la
sélection d'une morphologie naturelle adaptée à l'objectif
dans
le processus de la chaîne
opératoire
de certaines
industries acheulécnnes : cas de blocs
partiellement
aménagés
à Cagny
et
à Barbas ; façonnage de la
totalité du
volume
du
biface
dans d'autres cas.
La sélection
d'une
morphologie naturelle peut trouver son équivalent
dans
la
production
d'éclats-supports adaptés. Problème de a qualité
technique du matériau
: les choix observés sont-ils
liés
à
des exigences ?
- Accessibilité à
la
matière première :
- Territoire d'exploitation des
ressources
:
- quantitatif nombre de sources exploitées,
-
qualitatif
types
de
matières premières
et
localisation
(local,
proche, éloigné).
- Moyen d'accès à la matière
première
:
- extraction ou collecte.
-
Organisation spatiale
des
activités techniques
liées à
l'acquisition
de la matière première
:
-
Formes techniques du transport de la
matière
première
en blocs, en fragments, en éclats en ébauches
(début de la
transformation
sur place),
-
Existence ou
non
de sites spécialisés dans
l acquisition ou le début de la
transformation
des blocs.
46
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
6/53
Fig. 1 Chaînes opératoires bifaciales
1 : Biface outil
du
gisement
du Dau, Moustérien
de Tradition
Acheuléenne,
d'après Rigaud, 1982 ;
2
: Pièce bifaciale support, Barbas couche
II.
Les
deux bords
convergents présentent
une retouche
continue
3
:
Pièce
bifaciale
support
de
La
Micoque, couche
6.
4
:
Prondnickmesser. Villemaur-sur-Vanne.
47
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
7/53
2-2
Chaînes opératoires des
«pièces
bifaciales
supports»
Schéma opératoire
La
production
de
ces
supports résulte
de
la
mise
en
place
de deux
surfaces
sécantes
dont
l'une
est
convexe
et
l'autre plane. Le plan d'intersection de
ces
deux surfaces
se
confond alors avec la surface plane. Le volume ainsi
construit
comporte deux surfaces hiérarchisées et non
symétriques dans
leur
plan frontal.
En fonction des méthodes optées, l'ordre de façonnage
de ces deux
surfaces
pourra varier
; en
revanche,
elles ne
seront jamais
réalisées
simultanément. Ceci pour la simple
raison que leur construction résulte de l'utilisation et de la
combinaison
de différents enlèvements.
Construire une surface
plane
nécessite qu'elle
soit
conçue
dès le départ des opérations. En effet, il
est
très
difficile
de
transformer
une surface
convexe en
une
surface plane, l'inverse
est
par
contre
nettement plus facile à
réaliser. De même, le façonnage d'une surface
plane est
techniquementplus
difficile
à réaliser, car plus
soumis
aux
accidents d'outre-passage ou de rebroussé. C'est pour
cette
raison
que,
dans
certains cas, afin de contourner cette
difficulté l'homme préhistorique est parti
d'une surface
déjà plane (face inférieure d'éclat, plan
de
clivage d'un
bloc).
Mais pourquoi
utiliser
une surface plane pour en faire
une
autre
surface plane et ceci avant l'aménagement du
moindre bord
actif
?
Cette
situation paradoxale ne se
justifie
pleinement
que
si
l'outil
est
conçu
uniquement
aux
dépens d'un certain
type
de support bifacial. Aumême titre
qu'il existe des
systèmes lithiques producteurs
d'éclats
supports, il
existe d'autres systèmes
dont le support de
base est
une
pièce bifaciale.
Il est évident que les
modalités
d'application
d'une
telle
conception
seront diversifiées.
Nous sommes
en mesure
d'en distinguer actuellement
trois
:
- il s'agit d'un support
particulier
aux
dépens
duquel
sera fait un
outil
particulier. C'est le
cas
par exemple
de certains bifaces du M.T. A. ou encore des racloirs
Quina
à retouche sur face plane. Ces outils sont
généralement
associés
à
d'autres
outils
faits
aux
dépens d'éclats, ces
derniers
conservant leurs
caractéristiques
volumétriques.
Nous sommes donc
en
présence de deux schémas opératoires
:
l'un de
débitage (indépendant), l'autre de façonnage, ce
dernier
étant
réservé pour la fabrication
d'un outil
spécifique
nécessitant une
section
piano-convexe.
Si
nous ajoutons à cela
le
problème
de
l'acquisition
du
support
aux dépens
duquel
sera façonnée la pièce
bifaciale,
nous
constatons alors
que certaines
chaînes opératoires
posséderont plusieurs
schémas
opératoires
en inter-action,
témoignant ainsi de
l extrême
complexité
de certaines
chaînes
opératoires
à
ces
périodes.
-
une forte
proportion d'
outils
est fabriquée aux dépens
de supports bifaciaux piano-convexes.
Dans
ces
conditions, nous observons une certaine variabilité
parmi ces supports.
Mais
seule la notion
de
piano-
convexe
est
invariante. C'est le
cas
de certaines
industries
du
Micoquien
oriental
ou
encore, mais
avec
moins
de
certitude,
certaines
industries
de
FAcheuléen
final
ou
supérieur.
-
une conception intermédiaire
est
perceptible ou
les
pièces
bifaciales seront les
supports d'une catégorie
d'outils : les
racloirs -des racloirs simples et
convergents. C est le cas
de
certaines industries acheuléen-
nes.
Méthodes
Les
méthodes
pourront varier en fonction
:
-
du type
d'outil
recherché
: faustkeilblâtter,
blatt-
spitzcn(fig.
l,n°2),
-
du type de
support
bifacial
:
«biface
micoquien»
(fig. 1, n°
3), «biface M.T.A.»
(fig. 1,
n° 1),
- d' un caractère
naturel
ou prédéterminé
utile (dos) :
prondnickmesser (fig. I,
n°
4).
Elles varieront aussi en fonction
du type
de support
choisi pour
être
transformé en «pièce
bifaciale support».
Techniques
Les
techniques
seront
de deux
ordres :
percussion
directe au percuteur dur et/ou tendre. Suivant les
méthodes
optées,
l'agencement des
méthodes
variera.
Acquisition
de la matière prem ière
Le problème
est strictement identique à celui que
nous
avons
évoqué
pour les «pièces bifaciales outils».
Séquence
d'aménagement
par la retouche
Cette séquence
est importante
puisqu'au
même
titre
que
l'éclat,
en
fonction de la spécificité du
support, il peut
exister une certaine
variabilité
opératoire. L'importance
de
cette
étape n'est
pas non
plus toujours fonction de
l'intensité
de
la
retouche.
En
effet,
dans
certains
cas,
la
pièce bifaciale
est
amenée au plus près de la future forme
de
l'outil.
La
retouche
se
fait
en
général sur la surface convexe,
excepté pour le prondnickmesser ou
cette
retouche
se
fait
sur la surface
piano-convexe.
La pièce bifaciale apparaît
comme un support orienté et
hiérarchisé.
Lorsqu'on envisage les séquences de réaménagement
de
l'outil, on
observe,
à la différence des
outils sur éclats,
que cette remise en forme concerne aussi
bien
la surface
convexe
que
la
surface plane.
Dans le
cas
de
cette dernière
surface, les
éclats de retouche maintiennent la
surface
plane, donc
plutôt
que d'une
véritable retouche,
il
s'agit
du
maintient
du caractère opérationnel du support initial.
48
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
8/53
L'analyse technologique nous permet de
mieux
mettre
en évidence des différences à
l'intérieur
de la grande
famille
du «biface».
Mais ces différences
sont telles qu'il
n'est
plus concevable
de garder un terme unique
et chargé
d'un
tel
sens.
De plus, s'il
nous fallait
encore
un argument
pour
convaincre de
la
nécessité de
raisonner en
des
termes
différents, nous
pourrions
évoquer le
problème bifacial
sous l'angle ergonomique.
Une
«pièce
bifaciale outil»
ne
peut
vraisemblablement
s'utiliser
de
la même
façon qu'une
«pièce bifaciale support»
dont
un
des
bords
est aménagé,
quel que soit
le type de travail
effectué. Il est
donc
délicat
de
continuer
à parler de bifaces pour
l'ensemble ; il
conviendra it de réserver ce terme à des pièces très précises,
correspondant à des schémas opératoires tout aussi précis.
3
-
CHAINE OPERATOIRE TRIFACIALE
Une
nouvelle catégorie de chaînes opératoires
est
actuellement
en cours
d'étude.
Elles
sont
structurées
aux
dépens d'une conception trifaciale du débitage. Cette
conception très particulière fut mise en évidence à partir du
matériel lithique du Pech de
l'Azé
II (C.9, C.8) (Boëda
sous
presse).
Autrefois
décrit
comme
un Acheuléen
méridional
(Bordes
1950, 1971), ce matériel
se
caractérisait par
la présence de bifaces
mal
venus, peu soignés, souvent
nucléiformes, de nombreux éclats -Levallois ou
non-
et
des outils. L'analyse
technologique montre
que ce
matériel
appartient
à un même et seul schéma
opératoire
nommé
trifacial.
3-1
Schéma opératoire
Le schéma
opératoire
trifacial est essentiellement un
schéma de débitage. La
production
d'éclats est
obtenue
aux dépens d'un bloc matrice de
section
triangulaire,
plus
rarement
quadrangulaire.
Les
outils sont
aménagés à
partir
des éclats
et
des nucleus.
Phase
d'initialisation
: création
d'un bloc
matrice
triangulaire
La
mise en
forme du
bloc matrice se
fait
aux
dépens de
petits rognons ou d'éclats de
gel.
Le tailleur
aménage
une
première surface
plane
par de grands enlèvements de
directions parallèles. En fonction de l'état
initial naturel
de
cette surface, elle sera
plus
ou
moins
aménagée. A partir de
cette surface,
la deuxième surface
est réalisée
par des
enlèvements
envahissants.
L'angle compris entre ces deux
surfaces
est
de l'ordre de 70°-90°. La troisième surface
aménagée à
partir
de
la
deuxième
vient
recouper
la
première
et donner une
section
triangulaire à ce
bloc
matrice.
L'angle
compris
entre la deuxième et la troisième surface
est
de l'ordre de
45°.
Le volume ainsi
construit est
délimité par trois
surfaces planes
sécantes.
Une
quatrième surface
peut
être
présente mais
il
s'agit, dans ce cas, du rattrapage de la
troisième surface n'ayant pu recouper la première. La
section
est
alors
sub-triangulaire.
A
ce stade de préparation,
plusieurs
éventualités vont
se présenter
selon l'objectif du tailleur.
M TRICE TRIF CI LE
DEBIT GE
RECURRENT
□ □ □ □
ECLATS
NUCLEUS
TRIFACE
Autres Grands éclats
débordants
0
RETOUCHE
MARGINALE
T
Outils
AMENAGEMENT
PARTIEL
DES
BORDS
AMENAGEMENT
SPECIFIQUE
D'UNE EXTREMITE
û atil s bifaciaux:
partiels sur éclats
o
DL, Eclat appointé
Q_
Eclat
à
tranchant
tr
an s
ver
s
al
I
Trif
ace
Trif
ace appointé
Tiface à tranc liant
transversal
_ Triface divers
49
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
9/53
Phase de debitage
Cette
phase
opératoire
représente le plein debitage.
Le debitage
se fait aux dépens des deuxième
et
troisième
surfaces
qui servent
alternativement
de
surfaces
de
plan de
frappe.
La
première surface est
rarement
exploitée
comme surface de debitage,
en revanche elle peut servir
de
surface de plan de
frappe.
L'exploitation du
bloc matrice
se fait
par
des
enlèvements envahissants de
direction
centripète et cordale (fig. 2, n° 1 et 2).
Par
enlèvement de direction
cordale, nous
entendons
des
enlèvements
d'axe déjeté
par
rapport au centre
du
nucleus à la différence des
enlèvements
de direction
centripète dont l'axe passe
par
le centre
du
nucleus.
Nous
avons été amenés à
opérer
cette distinction car la
direction
choisie a des
conséquences
non négligeables
tant sur
les
critères morphotechniques
de l'éclat obtenu
que
sur
l enchaînement
des
éclats. De direction cordale,
les
éclats
présentent
un
débordement
mais
l'axe
de debitage n'est
pas identique à
l'axe morphologique (le
différenciant
ainsi
de l'éclat débordant sensu
stricto).
Sur la surface débitée,
le
débordement (re)crée
des
convexités latérales
favorisant la poursuite du debitage.
Du fait de la
combinaison d'enlèvements
de
direction
cordale et centripète, la surface
est
toujours maintenue
dans le même état technique rendant
possible
la production
d'éclats
successifs
relativement envahissants. Les
enlèvements de direction
cordale
permettent aux enlèvements
centripètes de ne
pas
réfléchir grâce aux
convexités
qu'ils
aménagent. Excepté le débordement de certains
enlèvements,
il
ne
semble pas
exister
de caractères techniques
aussi standardisés sur les autres produits.
La
production
d'éclats par surface débitée nous
semble répondre à une recherche de productivité plutôt qu'à
une
quelconque notion
de standardisation des futurs
supports d'outils.
Cette
productivité est rendue possible par le
parallélisme
des plans de fracturation des éclats les uns
par
rapport aux autres.
Ce parallélisme
permet de maintenir
une surface de debitage
piano-convexe sans
cesse
renouvelée.
Cette conception
trifaciale
du debitage
est
de type
récurrent
car
chaque
enlèvement
exerce
un contrôle sur
la
surface
à débiter.
Chaque enlèvement
est prédéterminant.
Ils sont
de
même
prédéterminés. Cette prédétermination
est
uniquement due à l'enchaînement d'enlèvements de
direction
centripète
et cordale. Donc d'une certaine
manière, du fait de
l'entretien
de
cette
surface
permettant
d'obtenir un maximum d'éclats, la
morphologie
et
les
caractères techniques de ces
derniers
étaient évidemment
connus voire même recherchés.
Un tel schéma
opératoire
peut
produire des éclats dits
Levallois (fig. 3A). Mais au regard du schéma
opératoire
trifacial, ces
éclats
ne sont
pas
Levallois dans le sens
technologique. En effet, du fait que nous sommes
obligés
d'utiliser
une terminologie déjà existante, il
existe
des
risques de confusion.
Il
faut
distinguer
deux
aspects :
l'un
typologique et l'autre technologique. Un éclat peut très
bien
être typologiquement Levallois sans pour cela être
technologiquement
Levallois. Cela
n'a
rien de surprenant
puisque la production d'éclats Levallois n'est pas
spécifique
d'un
debitage
Levallois.
De
la même
façon
les
pointes
pseudo-Levallois
ne
sont
pas spécifiques d'un
debitage
discoïde,
les
lames
ne
sont
pas spécifiques d'un
debitage
de type
Paléolithique supérieur,
etc.
Seule l'étude des
conceptions
sous-jacentes qui
régissent le
debitage
permet
de
définir celui-ci et,
par
là même,
de déterminer les objectifs recherchés.
Les nucleus
résiduels
ont conservé,
tout
le long du
debitage,
un volume trifacial identique à la matrice de
départ
produisant
ainsi des
enlèvements
de
dimensions
variables mais
qu'il
est
aisé
de regrouper
par
catégories
techniques.
Une de
ces catégories peut
consister
en
de
grands
enlèvements débordants
et,
dans
certains
cas,
outrepassants
(fig.
3B). Ces enlèvements résultent de
l'utilisation
de
méthodes particulières
que
nous
ne
détaillerons
pas
ici.
Ces éclats sont aménagés dans un
second
temps
en outils.
Le bulbe et le talon sont éliminés créant alors un
bord
tranchant. La delineation des bords
est
convergente ou
parallèle, créant ainsi
soit
une pointe,
soit
un tranchant. La
partie
opposée correspond au débordement et n'est que
très peu modifiée.
Ces éléments sont appelés pièces appointées et pièces
à tranchant
transversal
et non
pas
bifaces ou
hachereaux.
L'intentionnalité
de
tels
supports
est à envisager bien
qu'ils
puissent
résulter d'accidents de taille. Néanmoins,
ils s'inscrivent parfaitement dans le schéma de
taille
que
nous
avons
décrit
précédemment.
De
tels
éclats
de
dimensions plus modestes furent produits en quantité et
retouchés. Aussi, pourquoi les plus grands ne le seraient-ils
pas ? Au
Pech de l'
Azé,
où
ces objets
furent
retrouvés,
ils
sont
tous
aménagés en outils.
Phase d'aménagement des nucleus
Le debitage de
certains
nucleus
est
conduit de
telle
manière que ces
derniers possèdent
une silhouette plus
allongée tout en
conservant, par ailleurs, la même
conception volumétrique trifaciale (fig. 2, n° 3 et 4). Une fois cette
silhouette particulière obtenue,
on
constate un
aménagement partiel
du
nucleus.
Cet aménagement
consiste
à
créer
un appointement
aux
dépens d'une des
extrémités ; ce
travail
peut
être succinct ou
important.
Ces
pièces, au
Pech
de
l'
Azé II, furent considérées
par
F. Bordes
comme
des
bifaces nucléiformes,
justifiant
à eux
seuls
la
notion
d'Acheuléen méridional.
La mise
en évidence
d'industries lithiques régies par
de tels schémas opératoires de debitage éclaire
différemment cette
période
confuse
qu'est l' Acheuléen. D ans
le cas
présent, le debitage
s'organise
aux dépens
d'une
matrice
trifaciale. Le nucleus ainsi conçu gardera
cette
forme
caractérisée
tout le
long
du debitage.
Cette
persistance
témoigne d'un système technique parfaitement adapté aux
50
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
10/53
Fig.
2
Chaîne
opératoire
trifaciale
1 et 2
:
Nucleus issus d'une
matrice trifaciale.
Pech de l'Azé
II, couche
9
;
3 et 4
:
Nucleus
aménagé :
triface appointé. Pech de l'Azé II, couche 9.
Les
pointillés,
du
plus
gras
au
plus
fin,
représentent les
différentes
opérations techniques.
Le
dernier
correspond
au
stade
d'aménagement du nucleus
en outil.
51
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
11/53
Fig.
3
Chaîne
opératoire
trifaciale
A : Eclats de
debitage
du Pech de
l'
Azé II,
couche
9.
Les enlèvements 4, 5,
6
et
7
présentent un dos aménagé
Dans
le case
4
et 5, l'axe de
debitage
et l'axe du dos divergent. Les enlèvements
6
et
7 sont
des
éclats
débordants classiques le dos
st
parallèle
à l'axe de debitage.
B
: Eclat
débordant
: Pech
de
l'
Azé
II, couche
9.
Il
s'agit d'un
éclat plus
large
que
long
présentant
un
débordement
latéral
e
stade
d'aménagement,
représenté par
des
pointillés
clairs,
consiste en une élimination
du
bulbe,
un
aménagement
partiel
u
débordement
et
la
régularisation
des
bords.
L'ensemble
de
ces
modifications semble
conférer
à
cet
éclat
débordant
un
ens fonctionnel précis.
52
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
12/53
objectifs connus
aussi
bien quantitatifs
que
qualitatifs.
Cette caractéristique trifaciale n'est
pas isolée,
d'autres
gisements
présentent
ce phénomène mais le
niveau
d analyse entre gisements n'étant
pas encore équivalent,
nous
devons
suspecter
les
différences
d'utilisation
de
cette
matrice trifaciale.
4
-
CHAINE OPERATOIRE
LEVALLOIS
Les
chaînes opératoires
Levallois furent
les
premières
chaînes
de débitage
à
être décrites. Mais de sérieux
problèmes
de
reconnaissance
des produits et des systèmes
opératoires
sous-jacents persistaient.
L'essentiel des
définitions
proposées jusqu'à maintenant reposait sur deux notions
capitales
:
prédétermination et production
d'un
seul
éclat
caractérisé. En proposant
comme objectif
'éclat et
comme
concept la prédétermination, les différentes définitions
limitaient
considérablement
leurs possibilités
d investigations.
Elles
postulaient
intrinsèquement une invariabilité
dans l'objectif, un unique
éclat, et
la
spécificité de
la notion
de prédétermination au Levallois. Voulant mettre l'accent
sur l'originalité de cette méthode, l'outil de
reconnaissance proposé était réducteur. En conséquence, il n'était
pas en mesure de mettre
clairement
en évidence une
variabilité attestée
par
tous
les préhistoriens. Seule une
analyse technologique
était,
nous semble t-il, capable de
mettre en avant la
diversité et
la complexité
du
champ
d'application
du débitage
Levallois. Mais
pour devenir
opérationnels
dans
le
champ
archéologique, il
nous
fallait
nécessairement
formaliser différemment ce mode
de
débitage
dissociant
les mots
Levallois-prédétermination-tech-
nique-méthode
en leur
redonnant une
valeur sémantique
propre.
4-1
Concept opératoire
Levallois
Le concept opératoire Levallois
est
structuré à
partir
de
deux notions
interactives :
la conception volumétrique du
nucleus et son mode d'exploitation.
A
chacune de ces deux
notions correspondent des
critères
techniques spécifiques
dont il résultera une
production
d'enlèvements
définis
et
variés.
La
définition
que
nous proposons
résulte
de
l interaction de
six critères indissociables (Boëda 1986 ; 1988a, b
et
c ;
1990)
:
1 - Le volume du nucleus
est
conçu en deux
surfaces
convexes asymétriques,
sécantes,
délimitant
un plan
d intersection.
2
- Les
deux surfaces
sont hiérarchisées : l'une est
conçue comme
surface productrice d'enlèvements
définis
et variés, la deuxième surface
est
conçue
comme
surface
de
plans
de frappe des enlèvements
définis.
Leurs rôles
ne
peuvent
être interchangés lors d'une même séquence de
production d'enlèvements prédéterminés.
3
- La
surface de débitage
est
aménagée de
telle
façon
que
les produits obtenus
à ses
dépens
soient déterminés.
Les
critères
techniques de prédétermination des
ments
consistent
en l'aménagement
de
convexités
latérales et distales sur
cette dite
surface. Ces
critères
ont pour
rôle
de guider l'onde de
choc
de chaque enlèvement
prédéterminé.
4
- La
surface
de
préparation
des plans de frappe est
aménagée
de
telle façon
que les
enlèvements
prédéterminants et prédéterminés puissent répondre aux objectifs
fixés. Ces aménagements sont
spécifiques
des méthodes
optées
pour le
détachement
des
enlèvements
prédéterminés
5
-
Les
plans
de fracture des enlèvements
prédéterminés sont
parallèles
ou
subparallèles
au plan d'intersection
des deux surfaces.
6
-
La technique de débitage
est
exclusive
tout
au long
du schéma opératoire Levallois. Il
s'agit
de la percussion
directe
au
percuteur
de
pierre.
Mais il faut savoir que ces critères résultent
chacun
d'une
option
parmi
un
ensemble
de
possibles.
Il
existe
d'autres
conceptions
volumétriques, d'autres
hiérarchisations, d'autres techniques
ou encore
d'autres modes
d exploitation, etc.
L'originalité du débitageLevallois, tel
que
nous l'avons
perçu à propos des gisements
étudiés,
résulte de la
présence de ces
différents
critères et surtout de leur
combinaison.
4-2
Description
de la chaîne
opératoire
Séquence
d'acquisition de
la matière première
L'approche techno-économique des chaînes
opératoires permet la prise en
considération de
paramètres
qui,
dès
l'amont
de la séquence de débitage et de fabrication de
l'outillage, vont contribuer
à la détermination des
objectifs. Peu de
paramètres
physiques paraissent déterminants
à ce stade. Les plus contraignants sont l'accessibilité des
matériaux dans l'environnement et la dimension de
ces
derniers.
Il faut donc rappeler ici que la discussion des
conditions d'accès à la matière
première,
son
abondance
et sa
disponibilité doivent être
évaluées, avant
toute
autre chose.
La
méthode
d'analyse
en
sera
la
même
que celle
évoquée
plus haut pour
les chaînes opératoires bifaciales.
Parmi les caractéristiques
de
la matière
première
qui
sont
à rechercher,
c'est
la morphologie
et
la
dimension
des
unités
volumétriques qui sont primordiales. La dimension
des blocs
conditionne
en
effet directement
le
fractionnement de
ces derniers en
unités plus
petites,
aptes au
transport, et
peut expliquer
ainsi l'absence de produits
corticaux
parmi les
vestiges techniques des
phases
initiales d'une
chaîne
opératoire.
Enfin,
la dimension de la
matière
première peut être
l'
objet
d'
une
recherche
particulière
pour
l'obtention de produits aux caractéristiques
morphotechniques et dimensionnelles appropriées à des
usages
et
à
des
outils
au
fonctionnement
spécifique.
Dès
cette
phase, ce qui
est
le plus régulièrement
53
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
13/53
DEBITAGE LEVALLOIS
A ECLAT(S)
PREFERENTIEL(S)
DEBITAGE
LEVALLOIS RECURRENT
Fig. 4
A : Débitage Levallois méthode à éclat préférentiel. Premier
enlèvement.
B : Débitage Levallois méthode à éclat préférentiel, deuxième
enlèvement.
Le débitage de cet enlèvement
peut se
faire sans un réaménagement de la surface de débitage.
C
:
Débitage
Levallois
méthode
récurrente
unipolaire, première série
d'enlèvements.
D
:
Débitage
Levallois méthode récurrente
unipolaire,
deuxième
série
d'enlèvements après réaménagement de la
surface
de débitage.
54
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
14/53
observé sur
les
gîtes de matières premières
situés
à quelque
distance des lieux d'habitat, c'est une
série
de
comportements visant à tester la matière première puis,
éventuellement, à entreprendre l'orientation du volume du nucleus et
à initialiser la mise en forme de ce
dernier.
Les
enlèvements
caractéristiques
sont
essentiellement
des éclats
corticaux,
entames
et
semi-corticaux.
Enfin, le grand intérêt d'une
approche
techno-économique
détaillée
dès la
phase d'acquisition
de la matière
première
réside dans
les
possibilités de mise en
évidence
d'une répartition spatiale des activités techniques et des
phases
de la
chaîne
opératoire. Ces phases
peuvent
se
distribuer
et paraître
organisées
dans des lieux éloignés
les
uns
des
autres. Ce sont
les
discontinuités
observées
dans
les chaînes opératoires qui sont les plus
informatrices
à cet
égard. Il peut s'agir de discontinuités
spatiales
qui sont
liées
à des sources d'approvisionnement différentes
; elles
résultent de l'observation de matières
premières
variées au
sein
d'un
même
ensemble
lithique.
Des
discontinuités
chronologiques interviennent aussi dans le déroulement
d'une
chaîne
opératoire. Elles
se traduisent
alors par des
différences de représentation entre
les phases
d'une même
chaîne
opératoire
pour un type de matière première donné.
Ainsi, des chaînes opératoires sont mieux représentées par
leurs stades initiaux sur des ateliers de débitage et par leurs
stades terminaux dans des sites d'habitat où les produits de
débitage sont seulement transformés en outils etretouchés.
Ces
discontinuités
permettent d'interpréter,
grâce
à la
notion globale
de chaîne opératoire, les témoins positifs et
négatifs observés dans un site de points de vue
s imultanément
spatiaux,
fonctionnels
et
comportementaux.
En ce
qui
concerne le phénomène de
diffusion,
la
distance
de
transport
d'un
matériau
influe
largement sur
l'image de la chaîne
opératoire
restituée à l'arrivée
sur le
lieu d'abandon. Au-delà de ce
principe général,
il est clair
que
de réelles
stratégies
ont
été
adoptées
au Paléolithique
inférieur
et moyen par
des
groupes
devant
faire face
à des
nécessités d'approvisionnement
permanent
en produits
lithiques
tout
au
long
de
leurs déplacements
et de
leurs
activités. Des notions d'anticipation des
besoins, dans le
temps et l'espace,
ont,
dès
lors,
pu
voir
le jour
(Geneste,
1985, 1986,
1989.
Séquence
de
production
des
supports
:
méthodes,
technique
et procédés techniques
Méthodes
La méthode renvoie à l'étape de
production
:
elle
est
la
liaison entre la représentation abstraite de l'objectif et sa
concrétisation.
Toute méthode consiste en la mise en place
de l'ensemble des critères techniques précédemment
décrits ainsi
qu'à
la gestion de la surface de débitage
c'est-à-
dire que nous aurons autant de
méthodes
différentes
qu'il
y aura d'objectifs
qualitativement
et quantitativement
différents et tant
qu'il
y
aura
des
façons
différentes
pour
obtenir un même
objectif.
Sur
la base des objectifs quantitatifs recherchés, deux
grands
ensembles de méthodes
peuvent
être distingués
(fig. 4):
-
un premier
ensemble
de méthodes
dont l'objectif
correspond à l'obtention
d
'un
unique éclat
préférentiel
par
surface
préparée.
C'est-à-dire que la
surface
de débitage
du
nucleus
est
exploitée
par
un
seul
éclat.
Si
l'on
désire
obtenir
d'autres éclats,
il
sera
nécessaire
de remettre
en
place une
surface
de débitage.
Ces
méthodes ainsi que le
nucleus sont dits à
éclat
préférentiel. Parmi cet ensemble
de méthodes,
il
nous faut établir une
distinction
entre des
méthodes dites prédéterminées et d'autres con jecturales.
Cette
distinction repose
sur l'intentionnalité et
l investissement
technique réel. En effet,
les
méthodes dites
déterminées correspondent à des
méthodes
où l'objectif
est
déterminé
précisément
avant toutes opérations. Par
contre,
les
méthodes
dites
conjecturales
ne sont en réalité que des
mises
à profit de
situations.
C'est-à-dire que
le
tailleur
sait
qu'à
ce
moment
précis
il
peut obtenir
un
certain
type
d'éclat. Mais les
conséquences sur
le nucleus
n'étant
pas
négligeables, cela
présuppose
d'une certaine manière
que
le
tailleur connaît pertinemment les
conséquences
techniques de son acte.
- un deuxième ensemble de
méthodes,
dont l'objectif
correspond à l'obtention de plusieurs éclats prédéterminés
pour une même surface de préparation Levallois,
est
la
méthode dite récurrente car les critères techniques sont mis
en place de manière à ce que la surface de préparation
Levallois
soit conçue
pour obtenir une
série
récurrente
d'éclats. Le terme de récurrent désigne une relation de
cause
telle
que la séquence
revient
à
son point
de
départ.
Tout enlèvement
provenant d'une
même série récurrente
est fonction des
enlèvements
précédents. En
d'autres
termes, ils
sont
prédéterminés
puisqu'ils
utilisent les critères
de prédétermination
et
prédéterminants puisqu'ils en créent
de
nouveaux
lors de
leur
détachement.
Ces
deux
grands ensembles
de méthodes sont gérés par
le biais
de modalités diversifiées dans
l'organisation des
enlèvements
de préparation et de gestion
des
nucleus
:
gestion unipolaire
parallèle (fig.
6), unipolaire
convergente,
bipolaire (fig.
7) et
centripète (fig.
8).
Ces
différentes
méthodes peuvent ou non coexister
entre
elles
dans
un
même
ensemble
lithique.
Nous
distinguons alors des systèmes de production linéaux et
récurrents.
Nous entendons par système de
production
linéal
toute
production
régie uniquement par des méthodes à
éclats
préférentiel (fig. 5).
Nous entendons par système de
production
récurrent
toute
production
régie par des méthodes récurrentes. Il
existe,
dans certains cas, des systèmes
mixtes
où les
méthodes sont
récurrentes
et préférentielles ; mais au lieu
de
créer
un troisième système, nous
préférons
regrouper
ces cas dans un système récurrent. En effet, les
méthodes
à
éclats
préférentiels
sont
souvent
des
méthodes dites
conjecturales et
correspondent à
une
dernière
séquence
55
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
15/53
non
récurrente d'éclats.
La variabilité des chaînes opératoires Levallois va
s'opérer à
différents niveaux
:
-
dans
les produits
recherchés,
- par l'aspect
quantitatif
de l'objectif (méthodes
préférentielles,
méthodes récurrentes),
-
par
le
mode
de
gestion
des nucleus
(organisation
des
enlèvements),
-
par
les
méthodes présentes.
L'aspect
quantitatif
de
l'objectif peut
être
appréhendé
encore
à un
autre niveau
de variabilité
:
c'est le
nombre
de
séquences d'exploitation du nucleus.
En effet, ou bien une séquence a
été réalisée
sur un
nucleus correspondant donc à l'exploitation
d'une
seule
surface de préparation (ce qui
se produit
le plus
souvent
dans le
cas
des
méthodes
linéales, exemple Ault), ou
bien
une
même
séquence de débitage
est plusieurs
fois répétée
correspondant à l'exploitation de
plusieurs
surfaces de
préparation
successives,
entrecoupées
à chaque
fois
de
phases
de remise
en
forme de surface de débitage et des
plans
de frappe (ce qui
se
produit le plus souvent dans le
cas
des méthodes
récurrentes
mais pouvant aussi exister dans
le
cas des
méthodes
linéales,
exemple
Saint-
Just-La-Chaus-
sée)
(Kelley
1954).
Ces
différents
phasages de la séquence de production
des produits Levallois et les différentes
méthodes
sont
identifiables
archéologiquement par la présence de
produits
caractéristiques définis
selon
des critères
technologiques , morphologiques et/ou dimensionnels :
-
nucleus
à
unique éclat
préférentiel,
- nucleus récurrent,
- enlèvement prédéterminé Levallois I,
II, III,
-
enlèvement débordant.
Dans
le
cas
des méthodes
récurrentes
où la méthode de
débitage
est
plusieurs fois répétée, les supports produits
vont
se
répartir en classes morphométriques distinctes
(mêmes produits
mais
de
dimensions
successivement plus
petites), vont être
obtenus
en plus grande quantité pour un
même bloc
(productivité plus
importante).
D'autre part,
les nucleus
correspondants
vont se
caractériser
par un fort
degré d'exhaustion.
Technique
La technique
de détachement de
tous les
éclats
est
unique : il s'agit
de
la
percussion
directe
au
percuteur
dur.
Cette technique
est
indépendante de la conception
volumétrique et du
mode
d'exploitation et c'est
pour l'une
de
ces raisons que
ce
critère est
pris
en compte
dans la
définition
du débitage Levallois.
A
la
même époque,
d'autres techniques étaient
également
connues tant
pour
la
fabrication de pièces
bifaciales
que pour la retouche des
éclats
supports.
Dans
ces deux cas,
la
percussion directe au
percuteur tendre est très
souvent
attestée
soit
par
la
présence
d'éclats
caractéristiques,
soit par
l'existence
des
outils
de fabrication :
retouchoirs
en os.
L'option, percussion
directe
au percuteur, n'est
aucunement dépendante de la conception Levallois. D'autres
techniques
auraient permis
de détacher
des
éclats mais
inversement cette
technique,
adaptée à cette
conception
Levallois,
permet
d'obtenir un
certain
nombre de
caractéristiques
qui n'auraient
pas
pu
être
obtenues
avec
unepercussion tendre.
De
même, contrairement
à
ce
qui
est
communément
admis, une
très
grande variabilité existe à
propos de
cette technique.
En effet, une quantité de
facteurs
techniques -gestes, poids du percuteur, nature de
celui-ci (calcaire, basalte,
quartz,
quartzite,
silex),
maintient du nucleus, etc.- combinés de façons
différentes
permettent d'obtenir
des
caractères
techniques différents
aux dépens des
faces
inférieures
d'éclats pour une même
surface
supérieure.
Procédés techniques
Les
procédés
techniques mis en
évidence
concernent
la
préparation
du futur talon des éclats.
-
Cas du
chapeau de gendarme :
-
deux
encoches
latérales sont
réalisées
sur le
plan
de
frappe à partir d'arêtes de la surface de débitage
; elles
dégagent une proéminence sur
laquelle
sera appliquée la
percussion dégageant l'éclat. Ce procédé
assure
une
meilleure transmission de l'onde de fracture et surtout la
concentre et l'oriente
;
-
au cours d'une
même
opération, le début
des nervures
de
la
surface
de
débitage
est
le plus
souvent
aminci par
deux points d'enlèvement triangulaires.
-
Procédé
d'égrisage
du
bord
du
plan de
frappe
avec
un
abraseur qui enlève ou réduit une corniche trop
proéminente
permettant
ainsi une meilleure percussion ou une
percussion
plus tangentielle sur un plan de frappe ainsi
plus convexe à sa partie supérieure.
Séquence d'aménagement
par retouche
L'importance de cette
étape
n'est pas seulement
fonction de
l'intensité
de la
retouche.
Il semble
que,
dans
certains
cas, la morphologie recherchée et des
caractéristiques du
support
puissent être
obtenues
directement au
cours du débitage, réduisant ainsi, au strict
nécessaire,
la
phase
d'aménagement
par
la
retouche.
C'est
ce qui
est
observé dans
les industries
moustériennes
de
débitage
Levallois
(Biache-Saint-Vaast,
grotte
Vaufrey, Mousté-
rien
du Proche-Orient
:
Kebara)
où le
degré
d'élaboration
du caractère prédéterminé
est
resté tel
que
la nécessité
d'une séquence de retouche
importante ne se fait pas
sentir.
Peu marquée, la retouche
ne
fait
que
parfaire un
produit en
régularisant sa morphologie, son
contour
ou son
tranchant. Ainsi,
les
pointes moustériennes et
les
racloirs
convergents sont faits sur des pointes Levallois et
des
éclats Levallois triangulaires
; les
racloirs transversaux sur
des éclats corticaux ou des éclats de mise
en
forme larges.
En
conséquence,
en
termes
de complexité,
la
discrétion
de la
séquence
de transformation
ne
préjuge
en
rien de la
56
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
16/53
0
cm
Fig. 5
Méthode
Levallois
linéale
Nucleus de Bagarre,
d'après
Boëda
1988a.
57
8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
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8/17/2019 Identificaciión de Las Cadenas Operativas. Talla Discoide y Levallois
19/53
complexité
de la
chaîne
opératoire car elle
a été
investie, au
préalable, d'une
autre
manière, dans la conception
d'un
produit
prédéterminé.
Au
contraire, dans le Charentien de type
Quina,
la
retouche
est
une séquence
importante
qui compense,
en
quelque
sorte,
la
faible
prédétermination
des
supports.
Le
début
de
la
séquence de retouche
joue un rôle très
important. La
retouche
régularise le support
dans un premier
temps et permet d'
initialiser, de façon caractéristique,
les
séries de retouches suivantes.
D'autre part, dans un grand nombre d'industries,
les
produits Levallois semblent être sélectionnés comme
supports d'outils. Parfois même, certains éléments
caractéristiques
d'une
phase
de la
chaîne
opératoire sont assez
systématiquement
choisis comme
supports
d'outils
spécifiques mais d'une manière qui n'est
pas
exclusive. A
Biache-Saint-Vaast, par exemple,
les
enlèvements III du
système unipolaire sont préférentiellement destinés à des
pointes
moustériennes
alors
que les
enlèvements
I
du
système bipolaire sont plutôt sélectionnés pour servir de
supports à des racloirs
convergents.
Séquence d'utilisation des outils
Les travaux
effectués
au
microscope en
lumière
réfléchie, sur une série de sites
moustériens
français
(Corbe-
hem,
Arcy-sur-Cure,
Marillac, Pié Lombard
et
la
grotte
Vaufrey), ont mis en évidence
deux faits majeurs
:
l absence
de
traces d'utilisation
sur une
large partie
du
matériel
et l'importance du travail du bois.
Ces
premières recherches
ont
abouti
par ailleurs
à
la
conclusion
d'une
absence de relation entre typologie et
matière
travaillée
sauf pour les encoches et les denticulés
(Beyries 1987,
1988).
Cependant, des résultats récents,
obtenus sur
le site de
Biache-Saint-Vaast,
couche
Ha, semblent apporter des
éléments plus pertinents
qu'il nous
semble intéressant de
signaler ici (Beyries
1988).
Dans
le
niveau
Ha de
Biache,
comme nous l'avons vu précédemment, E. Boëda a mis
en
évidence, sur la base
d'un
échantillon, un
choix
de
supports spécifiques
:
dans la
chaîne
de
fabrication,
et en
particulier pour
les
pointes moustériennes,
se
sont
les
enlèvements
III
du
schéma
unipolaire qui
sont
assez
systématiquement sélectionnés en tant que supports (Boëda
1988a).
Les études tracéologiques ont porté uniquement
sur la catégorie la mieux représentée dans le niveau Ha de
Biache :
racloirs
et
pointes
moustériennes.
Brièvement exposés
ici, les résultats
obtenus sur
ce site
indiquent, pour chaque
catégorie
d'outils considérée,
une
homogénéité
morphotechnique
plus
ou
moins
prononcée
selon
les
groupes
mais
toujours présente.
Racloirs non
convergents simples
et doubles.
Les
supports
sélectionnés
sont
des
produits
Levallois
indifférenciés.
La
partie active
de
l'outil
correspond
à
la
zone
retouchée.